vendredi 28 juin 2013

Trail des Balcons de l'Obiou 2013

Dimanche 23 Juin 2013, Trail des Balcons de l'Obiou au départ de Mens (38).
Dossard 500 tout rond, avec Mickael dossard 508. 
  • trace Garmin
  • trace Runkeeper
  • site de la course
  • photos de l'organisation
  • résultats : pas encore en ligne. 2e SEF, 5e femme, 37e au scratch, en 5h02 pour 36km et un peu moins de 2000m+
PETIT MATIN
Petit village sympa, remise des dossards dans la salle des fêtes, avec en cadeau un petit sac et une bière du Mont Aiguille. Le temps de reposer tout ça à la voiture, de se préparer, de tomber les manches longues (il fait encore un peu frais...) on va attendre le départ près de la halle du marché sur la place de la fontaine. Un concurrent resté coincé dans les toilettes de la salle des fêtes a mobilisé quelques bénévoles pour faire sauter le verrou à la scie circulaire, et retardé le départ d'un petit quart d'heure :-) Mais heureusement le soleil a fini par percer et nous réchauffe agréablement. On s'attend même à avoir chaud. Le briefing nous annonce 11km roulants avant de commencer à monter, des paysages superbes en haut, et un petit détour pour éviter un glissement de terrain, qui porte la distance totale à 34km au lieu de 33. Et vers 8h15, c'est parti.

ROULANT
11km roulants, ce n'est pas forcément le départ idéal pour moi, avec des gars qui partent comme des bourrins et qui vont forcément prendre beaucoup d'avance avant même que les choses sérieuses commencent, sachant qu'il ne restera déjà plus que 20km pour refaire le retard, autant dire aucune chance. Je commence donc par suivre Mickael qui impose un bon rythme, d'autant que ça part en légère descente à travers le village, on est facilement à 14-15km/h en descente, et 10 sur le plat. 


On est sur des larges pistes à travers champs, le Mont Aiguille et le Trièves tout autour de nous, sous des nuages quand même assez bas et un ciel plutôt menaçant. Je m'aide déjà des bâtons pour ne pas trop fatiguer les jambes, et ça se passe bien. Un premier ravito à 5km (déjà !) où je descend un ou 2 gobelets de grenadine, et c'est reparti. J'ai lâché Mickael qui a dû s'arrêter plus longtemps que moi pour boire. La piste commence à monter un peu plus en lacets, je vois Mickael un peu en-dessous. Je suis au même niveau qu'un gars en noir et rouge qui alterne comme moi entre marche et course, et 2 filles qui ne font que trottiner mais ne vont pas pour autant plus vite que nous. Un bénévole m'annonce 7e femme, et à partir de là je tiens le compte.


MONTEE
3 km plus loin un ravito en eau, et un autre encore 3km après, puis ça attaque enfin la montée, et ça monte assez sérieux direct donc je m'inquiète un peu. Michel me rattrape juste après une traversée de cascade à "gué" mais pas au sec, j'arrête ma musique et on discute 5mn puis il me dépose sur place ^^ il monte bien, et sans bâtons. Je dépasse le gars en rouge et les 2 filles (je suis donc 5e fille maintenant) et continue à monter aussi vite que je peux sans me mettre dans le rouge. Peu après c'est Mickael qui me rattrape au moment où on quitte la piste forestière pour partir à gauche sur un petit sentier qui monte plus raisonnablement. Un couple de randonneurs nous laissent passer, moi d'abord, Mickael déjà un peu derrière. Peu à peu un petit train se forme : deux gars qui nous rattrapent mais ne veulent pas doubler, et les gars qu'on double et qui s'accrochent au train. Et bientôt une autre fille en vue ! j'essaye de ne pas accélérer juste pour la doubler, on va déjà plus vite qu'elle, rien ne sert de se fatiguer plus que ça. Et effectivement on finit par la doubler et la lâcher (4e fille ! ^^). 

Un peu plus haut je commence à fatiguer et Mika prend le rôle de la locomotive, tellement bien que j'ai un peu peur de me faire lâcher, alors je m'accroche comme je peux, et mange des fruits secs (souvenir des Aravis) ou pâtes de fruits (du dernier ravito) pour garder de l'énergie en continu. Néanmoins quand on arrive vers le haut de la montée je commence à voir un peu des étoiles, alors je mange encore un truc, je m'accroche et j'attends que ça passe. 


PLATEAUX
La longue montée dans les arbres a fini par déboucher sur les hauts plateaux de l'Obiou, mais aussi dans les nuages, on n'y voit plus rien, on grimpe sur une bonne piste, un gars nous double et nous lance "vous apprécierez le panneau" un peu plus haut : effectivement le panneau directionnel au croisement juste au-dessus dit "courage, c'est beau" :-D on ne peut qu'imaginer... Au moins, on a pas trop chaud, comme je fais remarquer à Mickael. La piste débouche dans des pâturages perdus dans le brouillard, l'ambiance est assez féérique. Un bénévole au niveau d'un refuge / bâtiment fantôme qu'on voit apparaître au dernier moment nous annonce la suite, Mickael hoche la tête sans comprendre ou sans enregistrer, et les suivants n'ont pas entendu, tout ce que j'ai retenu c'est qu'il y a un morceau de montée raide dans le champ. Du coup je renseigne les autres coureurs d'après mon Garmin : on a déjà fait 1100 m de montée, et il doit rester encore 300m de montée avant le col de l'Aiguille.

Je reprend la position de locomotive, en mode super concentrée. Une petite sente s'élève au dessus du pâturage, on n'y voit rien du tout. Suivre le chemin est devenu une chasse au trésor, on guette la prochaine trace de peinture vert fluo, la prochaine rubalise, qui émerge du brouillard au dernier moment. Les autres coureurs sont des fantômes dès qu'ils sont à quelques mètres. En plus on se retrouve en plein vent bien frais, beaucoup s'arrêtent pour passer des manches longues, moi je n'ai que mon kway et pas envie de le mettre, pour transpirer dedans alors qu'il ne pleut même pas (mais c'est pas loin on dirait...). On reste en hauteur pas mal de temps, j'imagine que le paysage autour de nous doit être grandiose, mais il faut se contenter de l'imaginer, dommage... Tout en haut il y a 2 bénévoles, qu'on commence par entendre, puis on entend et on voit leur couverture de survie flottant au vent, ils ne doivent pas avoir chaud... Ils pointent notre dossard, et on plonge de l'autre côté, provisoirement à l'abri du vent. Ouf, parce que j'avoue que je me pelais un peu. On longe de grandes falaises rocheuses, des grottes, sur un tout petit sentier (en via ferrata on aurait baudrier et longe pour être là ^^), avec seulement du brouillard à droite, et je me demande ce qui donne plus le vertige, entre voir le vide, ou l'imaginer derrière l'épais brouillard ? moi je trouve ça assez vertigineux ce néant blanc juste à portée de main... mais j'adore ce sentier !

DESCENTE
Je commence à prendre beaucoup d'avance quand le sentier commence à descendre, petite trace à travers les prairies, je fais gaffe aux marques de balisage mais il y en a vraiment assez pour ne pas se perdre, d'autant qu'il reste de la peinture verte plus usée qui doit dater de l'édition de l'an dernier. Le sentier traverse un torrent de rochers, dans un sens, puis dans l'autre, et repart à flanc de montagne sur une large piste très caillouteuse, avec le vide à main droite. Je manque me casser la gueule en doublant un gars mais je me rattrape. Un mec en t-shirt vert me rattrape, on joue au chat et à la souris un moment. J'ai complètement lâché tous les autres gars du petit train, Mika compris. Après avoir bien descendu pendant un moment on recommence à grimper, mais heureusement c'est court. Puis on attaque une bonne descente, et en plus on sort un peu des nuages, enfin.

Du coup je me lâche, et j'ai rallumé la musique, sauf que mon téléphone a un peu pris l'humidité et fait n'importe quoi : pause, start, pause, start, musique hachée... Et puis d'un coup bam, je m'étale en trébuchant sur yet another rock, qui n'a pas roulé sous mes pieds, trop gros. Pourtant j'avais les bâtons en main, je les utilisais, mais ils n'ont pas servi, peut-être même desservi en fait. Les 2 gars que je suivais de près entendent le bruit de la chute, les pierres qui roulent avec fracas, les bâtons qui tombent, ils se retournent pour voir si tout va bien, et attendent que je me relève. Le check up révèle que je me suis rouvert les 2 mains à peu près exactement au même endroit qui venait tout juste de se refermer après un mois... le genou a pris aussi un peu mais rien de gênant, même pas mal. Bon, je prends les bâtons dans la main gauche, je pisse le sang de la main droite, je décide que je les laisserai au prochain ravito parce que là je ne peux plus m'en servir de toutes façons. Et je repars dans la descente en suivant les 2 mecs. 

DEUXIEME BOSSE
Le ravito est en bas de la descente, on y arrive bientôt, et je leur demande tout de suite s'ils peuvent me garder mes bâtons : pas de problème. Puis nettoyage des mains à l'eau, ils me filent du sopalin. 


La 5e fille (qu'on avait doublée dans la montée) passe au ravito, prend du sopalin, et continue illico, zut :-) Je prends le temps de bien essuyer mes mains, de manger des tucs avec du fromage, de reprendre 3 pâtes de fruits pour la route, et je me remets en route assez rapidement aussi. Je passe le 1er gars qui enlève son kway, et le 2e qui monte moins vite que moi. Finalement même pas besoin des bâtons. On grimpe face au sommet qu'on vient de redescendre, dont on voit le bas émerger sous les nuages, avec même un peu de soleil. ça monte sec sur un petit sentier en lacets, et je pousse pour rattraper la fille devant moi. Je ne tarde pas à l'avoir en vue, puis j'arrive à sa hauteur, on discute 2 mn (elle vient de l'Alpe d'Huez) et je continue. La montée ne devrait pas être très longue, mais elle est assez raide, et j'ai un peu l'impression d'être au ralenti par moments, voire presque à l'arrêt. Mais personne ne me rattrape, donc je dois pas avancer si mal. 

Puis ça devient de l'escalade, il y a 2 passages où il faut mettre les mains, équipés de câbles, et il faut grimper sur le rocher, un peu style Chamechaude (du coup je suis bien contente de ne plus avoir mes bâtons), trop fun. Bon, à part que j'ai un peu mal aux mains, mais quand même, trop fun. Les 2 gars de tout à l'heure sont juste derrière moi. En haut deux bénévoles sont assis dans l'herbe, je leur dis que c'était fun :-) et on continue à grimper plus tranquillement sur les crêtes herbeuses, à nouveau dans les nuages. Un poteau sommital orné d'une rubalise, un panneau du trail "fini la bavante, bonjour la descente", et hop je lâche les chevaux dans une descente dans l'herbe, avec 3000 marques creusées dans la terre, à peine assez larges pour y mettre un pied, mieux vaut courir dans l'herbe, à plat.

DESCENTE TECHNIQUE
Puis on quitte l'herbe, panneau "descente délicate", et on attaque les rochers, un super sentier bien technique à souhait, un peu raide, un peu tricky, des cailloux, des sauts, des relances, un peu genre la descente de Chamechaude, et j'avale ça à fond, je m'éclate ! A un moment un passage de désescalade me fait penser à Mika qui avait repéré une section de descente un peu verticale sur le profil : la voilà ! ^^ J'adore, et je continue à fond. Puis je vois Michel en dessous de moi et j'accélère encore un coup pour le rejoindre. "ça c'est de la descente !" je lui lance en arrivant sur lui, mais il n'a plus de jambes, contractures, donc je le laisse trottiner et je continue. Le sentier s'aplanit bientôt et s'enfonce en sous-bois, plus sombre, sur un tapis de feuilles mortes qui amortit bien. D'un coup je tombe sur une bosse qui fait bien mal, on remonte un petit 30m de déniv, ça casse les jambes qui étaient bien passées en mode descente. 

FORET
Je suis toute seule dans la forêt, avec ma musique, à mon allure. Je décide de ne pas me laisser aller à écouter les signaux de fatigue. Il serait tellement plus confortable de marcher, c'est sûr, mais j'ai décidé de faire la course en mode compétition, alors il faut y aller ! Je n'ai personne devant à suivre ou à rattraper, je suis vraiment toute seule. Puis je débouche sur une large piste, il faut remonter 10m, il y a plein de gens et une caravane, ils sont attablés en train de manger, et au-dessus d'eux les falaises, "waouh!" Je crois à un ravito mais non, ils m'annoncent le prochain relais à 2km et l'arrivée à 7km (ce qui porterait le total à 36 au lieu de 34 au lieu de 33... mais bon, je suis pas pressée, si ? ^^) Je leur demande aussi s'il y a du monde devant à rattraper, mais ils n'ont pas l'air de bien comprendre ce que je veux dire, et me répondent juste que oui bien sûr, déjà la moitié des coureurs sont passés. Certes, mais la plupart je ne les rattraperai pas, donc je m'en fiche. Et je repars. Je continue à manger régulièrement un fruit sec ou une pâte de fruit, et à boire quelques gorgées d'eau par ci par là, et je guette ce fameux ravito. 

RETOUR A LA CIVILISATION
Le sentier en forêt arrive sur un pré, qu'on longe en bordure de haie, derrière une rubalise, puis on entre dans un village. Là le balisage est beaucoup plus épars, très peu de flèches sur la route, mais bon, ça doit être par là. Bonne descente sur route, puis du plat, puis je vois enfin un gilet jaune (largement plus de 2km...), et caché derrière une haie, le sentier part à droite et une table de ravito propose même des cerises ! mais je n'en prends qu'une, verse de la grenadine dans mon verre d'eau, un 2e, un quartier d'orange, j'embarque des pâtes de fruits et je repars. Ils m'ont dit que les précédents sont passés il y a à peine 1 ou 2mn, arrivée à 5km, donc j'essaye de les rattraper. Un petit pont de bois, un sous-bois, et toujours personne en vue. Puis enfin je rattrape un gars, Gilles, dans une grande descente caillouteuse que je prends complètement à fond avec "unfaithful" version remix body combat à plein volume dans les oreilles, ça motive bien, du coup je le double à toute vitesse en le saluant au passage (après l'arrivée, il me dira qu'il n'avait "jamais vu ça" quelqu'un descendre comme ça ^^).

PERDUE ? SPRINT FINAL
Et puis mauvaise surprise j'arrive en vue de... Michel ! Que j'avais déposé dans la descente il y a une dizaine de km. Je lui demande s'il a coupé, il ne pense pas, mais d'autres personnes l'ont doublé plusieurs fois, dont une autre fille "la blonde", et là je me dis zut, je me suis plantée de chemin et je me suis fait reprendre une place :-/ Du coup j'accélère mais carrément, c'est de la route qui chauffe bien sous le soleil de midi (plutôt 13h++ en fait) mais ça fait du bien. Ma trace Garmin me révèlera plus tard que j'ai fait les 2 derniers km en 4'30" de moyenne, pas mal ^^Je suis en sprint dans les rues du village, on m'annonce 500m, 300m, je m'étais même pas rendu compte que c'était déjà la fin, je fonce sous les yeux de quelques spectateurs qui y vont tous de leurs applaudissements, et hop, le couloir entre des barrières sous l'arche d'arrivée, le speaker qui m'annonce, note mon grand sourire, et précise qu'"en plus elle est 2e de sa catégorie". Le chrono annonce 5h02, et ma première pensée en parallèle de "waouh ça c'est plutôt un bon temps" est "zut, j'ai failli être en-dessous de 5h". Et je suis aussi 5e fille, parce que la 5e m'a doublée en suivant Michel sur son raccourci et est arrivée quelques minutes à peine avant moi (avec je sais pas combien de km de moins du coup)... donc j'étais bien 4e. 



Gilles arrive quelques minutes après moi et me refélicite pour la descente, en posant pour une photo finish.


Le bénévole photographe m'invite à plonger dans la fontaine "c'est la tradition" donc je vais y rejoindre les autres coureurs, il fait grand soleil, l'eau fraîche fait un bien fou, j'y plongerais bien en entier, et le photographe nous mitraille toujours. 

Pendant ce temps les arrivées se succèdent, je vois la fille blonde arriver quelques minutes après moi, soulagement. Puis c'est Mickael qui passe la ligne 20mn plus tard, il s'est fait mal au genou. Pour le repas on se contente du ravito (tucs et fromage, et une tranche de pain d'épice).

A 14h c'est la remise des prix, 17km puis 33km, je monte sur le podium comme 2e SEF, la 1e est la gagnante de la course femmes (35mn devant moi), la 3e est la fille de l'Alpe d'Huez que j'avais passée 2 fois. 


Michel est premier (et seul) V3, mais cette fois il y a aussi un V4. Puis il y a plein de lots en trop distribués au tirage au sort (je regagne un lot ^^), et 2 personnes gagnent leur poids en farine bio du Trièves (via une gigantesque balance suspendue à la poutre du plafond de la halle). J'ai pas envie de partir, je sauterais bien partout, et je remonterais bien au col de l'Aiguille maintenant qu'il est au soleil, mais heureusement que Mickael est là pour freiner mes ardeurs. Parce qu'en fait, l'aprem on monte à la Bastille en voiture pour une glace, et au Jalla à pieds, et j'ai zéro énergie restante... complètement vidée. Par contre le lendemain matin petit footing de 3km sous la pluie froide et venteuse dans le parc Mistral, et aucune douleur aux jambes, tout va bien, bonne forme ! Prête pour le Grand Duc dans une semaine...

CONCLUSION
Conclusion : course géniale, super bien organisée, super bien balisée, pas trop de monde, ambiance très familiale, bénévoles super sympas, remise des prix très drôle et on a été bien gâtés, vraiment une super journée, et j'y retourne l'an prochain !

Bonus : l'état des dégâts à l'arrivée :-)

jeudi 27 juin 2013

Aravis Trail 2013

Site de la course : http://www.aravistrail.fr/


BRIEFING
Le parcours fera en fait 37 km et 2900m+, agréable surprise, alors qu'on s'attendait à 4000m+ ! c'est beaucoup plus accessible. On retrouve Thierry derrière la rubalise de départ après passage d'un sas où rien n'est vérifié (heureusement, car je n'ai pas jugé utile de porter la lampe frontale pourtant listée dans le matériel obligatoire commun pour toutes les courses, du 74 km au 20km... bizarre).

DEBUT
Après la petite remontée bitumée vers le centre de Bouchet Mont Charvin, en peloton, dans laquelle je suis Mickael bien que je trouve qu'il démarre trop vite (11 km/h), on attaque vite le chemin, en file indienne, et je regrette déjà de n'avoir pas démarré plus vite... on double comme on peut les retardataires qui se détachent du peloton principal. Thierry nous passe assez tôt, et on ne le reverra plus jamais.

La première section est assez vallonée, et boueuse. On court quasi tout le temps, en s'aidant des bâtons, et on avance bien. Puis le sentier commence à s'élever sérieusement en forêt. A un moment je trouve qu'on "s'endort" et lance un dépassement d'un petit groupe qui n'avance pas assez, puis du suivant... plutôt en forme ! 
Je ne mange rien dans toute cette première section (bien que j'aie 1 mule bar sucrée et 2 barres salées dans mes poches) par contre je meurs de soif, je n'arrête pas de boire mais je rêve d'un verre de sirop de citron bien glacé (ou plusieurs d'ailleurs ^^). Des bénévoles sont là à un détour de chemin avec de gros bidons bleus pleins d'eau fraîche (tout droit sortie du Reblochon, qui doit être un ruisseau du coin ^^) et des gobelets. J'en descend 2 difficilement tellement elle est froide, ça anesthésie le palais.

On suit une large piste rocailleuse, pas de risque de gadoue ici. On arrive au pied de l'arête sèche de l'an dernier, mais on contourne pour monter plus loin par un sentier tout neuf taillé à la pioche 10 jours plus tôt juste pour nous ^^ ça monte quand même bien raide, mais bien moins que l'an dernier, et je suis surexcitée, je montre à un gars derrière (qui nous posait des questions) par où on était montés en 2012. Arrivés sur la crête on la suit un peu, en passant par la croix, puis on se fait la même descente que l'an dernier. Je pars devant en laissant Mickael suivre à son rythme, je me retourne juste de temps en temps pour vérifier qu'il suit. 

MILIEU
Le premier ravito est un peu plus bas sur une route où les parcours bifurquent. Les coureurs du 20 km qui nous avaient rejoints sur la section précédente, partiront à droite direct vers Thônes, alors qu'on filera à gauche pour une 2e montée. Mika ne tarde pas à m'y rejoindre, il s'est fait peur en se tordant la cheville mais sans dégâts heureusement. Je descend verre de grenadine sur verre de grenadine, bien frais, et aussi 2 morceaux d'un gâteau délicieux, genre de crumble avec des pommes, des noix dedans, mais bien lourd ! il ne vaut mieux pas en abuser. Le redémarrage est déjà assez difficile, on repart tranquillement en marchant un peu sur la route qui descend, le temps de digérer, de faire passer une vague envie de vomir (j'ai eu l'estomac assez retourné pendant toute la course). Mais on reprend vite la course pour suivre le mouvement autour de nous.

On ne fait que descendre pendant longtemps avant d'attaquer la 2e montée. Les annonces des bénévoles sont plutôt encourageantes, pile justes pour la distance, mais plutôt en dessous par rapport au dénivelé attendu... En plus il y a des ravitos "sauvages" partout, des bénévoles de la course, ou des gens qui ont mis une table dans leur jardin, et qui nous servent à boire, des fruits secs (cette fois je prend une réserve : pommes, cranberries, et divers trucs trop bons), pulco citron bien frais ! c'est génial d'avoir autant de monde qui s'implique pour la course et qui nous accueille avec le sourire. Au 2e ravito solide je ne fais plus la même erreur et prend du salé, je me force à avaler 2 tucs pour éviter les crampes imminentes dans cette chaleur. A un moment on passe une tente blanche, on croyait à un n-ième ravito sauvage mais en fait c'est 2 gars qui font un barbecue et nous demandent si on aurait pas du sel pour leurs grillades. On leur propose celui de notre sueur, avant de quitter la piste en bifurcant à droite sur un petit sentier qui s'enfonce en descente dans la forêt.

REMONTEE
Quand on attaque enfin la montée, je m'attend à en avoir pour +1000m d'un coup, et je gère. D'autant que Mika commence à fatiguer, coup de chaleur sans doute. On se fait doubler dans la forêt par un gars qui a le collant boueux des fesses aux pieds, il commente que c'est roulant, et on répond "glissant aussi, apparemment" :-) il dit qu'il aime bien y aller "en sanglier". Puis on le perd assez vite.

Je lance aussi ma musique pour m'encourager, et paf regain d'énergie ! :-) On double quelques gars qui ont l'air de fatiguer aussi, et puis surprise, un bénévole debout au sommet d'un palier à l'ombre dans la forêt (avec un masseur qui dort à côté de lui) (il ne lui manque que les cloches ^^) nous annonce avec enthousiasme "encore 250m de montée, puis un sentier en balcon". On monte encore même pas ça, et on débouche en montagne, dans un cirque rocheux, et Mika gagne sa pause pour changer de t-shirt en échange d'un abricot sec (je n'avais rien embarqué au ravito...) et de temps pour que je mitraille le paysage :) puis on repart, on redouble les mêmes gars, je pète le feu, je me mets à courir sur le petit single rocailleux, revoilà le plateau rocheux qui m'avait tant plu l'an dernier sous la Tournette. J'adore ! :-D

Et on arrive à un refuge avec 2 bénévoles qui nous pointent et une fontaine d'eau glacée. Remplissage de camelback (je change l'eau tiède à goût de plastique pour de l'eau fraîche), photos, discussion avec le bénévole quand on voit passer une fille qui ne prend même pas le temps de s'arrêter, mode compétition... (la 1e féminine doit être en train de finir à Thônes, "mais je suis sûre qu'elle a pas pris de photos !" ^^). Mika est claqué, le bénévole lui commente que j'ai l'air en pleine forme par contre :) Je prends pas trop d'eau puisqu'il ne reste qu'une petite dizaine de km tout en descente. D'ailleurs je commente au bénévole que l'an dernier ils nous ont rajouté 1000m+ et cette année ils nous les ont enlevés, pour compenser. On va pas s'en plaindre, même si je serais bien restée encore toute la journée sur ce plateau rocheux entouré de montagnes enneigées à 360°.

DESCENTE FINALE
Et c'est parti, Mika me dit de me lâcher (il avait déjà essayé dans la montée mais je préférais l'attendre jusqu'en haut, et aussi en garder bien sous le pied pour la descente finale, ne pas tout donner trop tôt), et c'est ce que je fais. Je pars à fond les ballons sur un petit single à flanc de montagne, dans des paysages grandioses, qui descend rapidement vers la vallée. J'ai tôt fait de rattraper la fille "en mode compétition", puis des gars, une fille avec qui on avait discuté au refuge, d'autres gars, et encore... je m'éclate, même si la pente est très raide et caillouteuse (la même où Olivier s'était fait mal au genou l'an dernier, mais c'était encore le début de la course à l'époque), plus je double et plus j'accélère. J'ai les quadriceps qui brûlent grave, je me demande s'ils sont proches de la crampe ou de la rupture, mais en tous cas j'ai mal !

Mais je m'éclate quand même. Puis la piste s'enfonce dans la forêt, à l'ombre. Je redouble "hey mister sanglier !", puis le sentier semble déboucher dans un champ, et je me demande si je me suis trompée de chemin, j'attend 1 mn ou 2 pour voir si les 2 gars que je viens de passer arrivent, mais non, j'hésite à faire demi-tour mais finalement je vois une rubalise et je continue, sors de l'ombre pour traverser un bout de champ et déboucher dans un village où on court sur la route. Toujours pas trace des 2 gars que j'avais doublés. Par contre je redouble 2 gars en bleu qui couraient pourtant bien et sont surpris de m'entendre d'un coup juste à leur hauteur les saluer, ils sursautent bien, puis passer mon chemin à fond (avec une petite accélération supplémentaire histoire de dire ^^). Je me demande aussi si j'ai une chance de rattraper Thierry, mais en vain.

Pas mal de route dans cette dernière section, mais ça permet de se lâcher alors j'apprécie quand même. Puis un petit sentier coupe un lacet, puis re de la route, je débouche à fond dans un virage avant un pont où une bénévole doit insister pour me montrer que je dois faire un demi-tour avant le pont pour prendre un sentier qui longe l'eau :-) je la remercie vivement et continue en courant. Le chemin s'aplanit et ça devient dur de rester motivée à courir, d'autant que je passe du monde qui marche, en leur lançant des encouragements au passage.


ARRIVEE
Puis on débouche déjà dans Thônes, et je vois l'arche d'arrivée, j'ai les jambes pour faire un sprint, mais il n'y a personne à doubler, et puis ce n'est pas une course de route, je trouverais ça bizarre d'y aller à fond genre pour gagner 3 secondes, mais en fait c'est juste pour le fun. J'accélère donc juste un peu mais pas trop, entre les barrières où des spectateurs ou coureurs ayant déjà fini m'encouragent et applaudissent. Au passage de l'arche d'arrivée un bénévole distribue des lots finishers (agréable surprise, bonus par rapport à l'an dernier !), puis je me dirige vers le ravito pour attendre Mickael qui arrive un peu plus tard. On prend le repas post-course sur l'estrade avec Thierry avant de se diriger vers les massages puis de rentrer à Grenoble en passant par le sommet de la Bastille :-)

CONCLUSION
Plein d'améliorations par rapport à l'an dernier ! le t-shirt coureur est un vrai t-shirt technique, avec même une touche de orange ^^ le parcours était mieux mesuré (cette fois on nous a enlevé du déniv). On n'a toujours pas fait la Tournette, mais l'organisation a assuré un parcours de repli qui passe, larges pistes rocailleuses et quelques sections de bitume pour éviter la gadoue. On est partis plus tôt pour éviter la chaleur (on se l'est payée quand même, mais avec beaucoup de sections ombragées en sous-bois).
Et les points déjà positifs l'an dernier sont conservés, une super organisation, un balisage impec, des paysages de folie (ça, ça n'a pas changé), des bénévoles super sympas et motivés (et mieux informés, pas de pieux mensonges cette année ^^), les agriculteurs / éleveurs locaux qui nous ont ouvert leurs terrains, et tous ces ravitos sauvages au coin d'un chemin ou dans un fond de jardin.
Quand même juste une question : pourquoi imposer la même liste de matos obligatoire pour les coureurs du 20, 42 et 74 km ? Enfin l'an prochain je testerai peut-être enfin la grande distance :-) (et la Tournette, qui sait)

Maratrail de Chartreuse (3e jour sur 3)

Trace sur Runkeeper
Trace sur Garmin
Résultats sur stationdetrail


JOURS PRECEDENTS
Jour 1 : kilomètre vertical avec final dans la neige, et redescente en courant aussi sec pasqu'il n'y a pas de navette et qu'il fait très très froid en haut, et en plus il pleut.
Jour 2 : ateliers trail, 5 ateliers répartis sur une boucle d'une dizaine de kilomètres, et le reste de la journée passée à bouquiner.

REVEIL
Réveil accidentel à 4h30 du mat', plutôt que de lutter en vain pour me rendormir, je reprends mon bouquin mis en pause la veille au soir (recherche grand-mère désespérément) au profit du sommeil nécessaire (quoique la journée n'avait finalement pas été particulièrement éprouvante, avec 4h ou 5h de lecture le matin, et moins de 2h sur les ateliers trails l'aprem, puis re 2h de lecture avant le dîner, puis Carrom et re-2h de lecture après le dîner. On ne lit jamais autant que dans un gîte sans télé...). Pti dej à 6h30, il y a déjà pas mal de monde en bas en fait. Pas très faim, j'avale difficilement 2-3 petites tartines de confiture et un verre de pseudo jus d'orange, puis traîne en feuilletant un livre de photos d'Alsace jusqu'au départ de la voiture de nos voisins d'hôtel à 7h15.

7h30, je pose mes affaires au vestiaire, dernier SMS avant le départ (je laisse le téléphone au chaud et au sec, bien m'en a pris), puis je sors prendre un peu la température avant le départ prévu à 8h. Et elle est fraîche. En cycliste + t-shirt court + t-shirt long, buff, gants et k-way dans le sac. Je regarde un peu le parcours de repli sur la carte, mais il n'y a pas le profil, pas d'indication de kilométrage entre les ravitos, juste les 2 barrières horaires qui donnent une idée (midi à la Correrie, 15h au Col de Porte), et un total annoncé à 40 km pour 2200m de dénivelé. 

BRIEFING
7h50, on commence à se réunir autour de l'arche de départ (toujours cette même arche bleue qui apparaît à tous les départs des trails du trophée RaidLight Chartreuse, que j'aurai bientôt tous faits sur 2 ans). On a droit à un briefing sur les conditions météo, la neige en altitude, le parcours de repli dans sa n-ième version (j'en avais discuté avec une bénévole au vestiaire hier, elle revenait du balisage du parcours de repli version n-1, en paire, ils n'avaient pas pu passer par le chemin prévu, trop dangereux déjà à 2, et en avaient conclu que s'ils y faisaient passer 400 coureurs ils allaient en perdre la moitié, "au sens propre". D'où la re-modification du tracé) qui fera finalement 42km. Le gars nous décrit le départ avec une start-loop d'un petit kilomètre dans Saint-Pierre pour étirer un peu le peloton avant d'attaquer un tout petit chemin, pour éviter les embouteillages, puis passage par le chemin du KMV, il y aura de la boue, puis arrivée à la Correrie (vers le monastère de la Grande Chartreuse) et passage devant le premier ravito auquel on peut bien sûr s'arrêter déjà, mais en fait on y repasse tout de suite "après une petite boucle de 5 km". Là il faudra s'arrêter et recharger avant d'attaquer "la grosse montée du parcours", le 2e ravito au Col de Porte, puis ce sera "principalement descendant" avec deux bosses "pas significatives", puis la montée finale vers l'arrivée. Puis on nous demande de nous rassembler derrière la ligne, et d'un coup, c'est parti.

START LOOP
On commence par suivre une voiture qui nous mène dans les rues de Saint-Pierre à bonne allure, mais j'essaye déjà de ne pas me laisser emporter. Surtout que pour commencer, on ne fait que monter, tranquillement mais quand même. Puis arrivés sur les "hauteurs" on redescend vers l'arche de départ, là je lâche à peine plus mais ça suffit à redoubler des coureurs. Ce n'est qu'une fois sur le plat après Raidlight que je me met à réfléchir sur l'opportunité de me "placer" en bonne position pour n'être pas trop ralentie dans la montée, tout en hésitant, ne voulant pas moi-même ralentir les autres (à ce jeu-là je finis toujours pas sur-estimer les autres et me retrouver ralentie, mais bon...). Donc finalement je me contente de trottiner à mon rythme, et en quelques centaines de mètres on arrive déjà au petit chemin boueux.

SAINT-PIERRE - MONASTERE - 11.42km +1008m -1038m 1h39
Le single track bifurque à gauche de la route, c'est celui de l'atelier 5 d'hier. Une longue file de coureurs s'est déjà formée, mais à ce niveau du peloton il s'agit plutôt de marcheurs. Je commence par suivre le rythme imposé, un ou deux gars essayent de doubler absolument pour se retrouver tout aussi bloqués mais juste devant moi au lieu de juste derrière... Un peu plus haut, ça s'élargit et je peux doubler ceux qui ralentissent trop pour rester dans le rythme d'un groupe qui me convient. A la chapelle on redescend par un morceau du KMV, bien boueux, bien gras, bien glissant, et je ne manque pas de m'étaler sur les fesses dans la gadoue, mais aussitôt relevée et repartie. 20mn de course et déjà mouillée. Puis on continue à monter sur des petits sentiers, avec redescente sur une portion de la route qui monte aux Essarts, où je me lâche bien pour recoller aux gars devant. Jusqu'à ce qu'on coupe les lacets de la route par une descente à travers champs puis sous-bois, dans les deux cas bien boueux avec glissades multiples à la clé. De retour sur la route on part sur une piste qui s'éloigne de Saint-Pierre en s'élevant (plus ou moins) tranquillement. Alors que j'écoute mon ipod, je me fais doubler par une paire de jeunes gars dont l'un visiblement en pleine forme et très joyeux me lance que si j'écoute de la musique, je n'entends pas les oiseaux. Je lui fais une réponse dubitative, il fait un temps à ne pas mettre un oiseau dehors, mais il insiste que là, justement, il y a la gaélette cendrée, "elle est en migration". "Tu m'étonnes, elle cherche le soleil". Et elle s'est trompée d'endroit. Puis ils repartent, le gai luron décidant tout à coup de sprinter la bosse qui suit...

S'ensuit une large piste forestière qui fait du bien après les galipettes dans la gadoue. Je retrouve les joyeux drilles de loin en loin, généralement dans les descentes :-) Je fais aussi un bout de route avec un Parisien tout de Salomon vêtu qui me demande si ça va être roulant comme ça tout le temps. Puis je le perds lui aussi dans une descente. On finit par déboucher sur la route parfois creusée dans le rocher, impressionnante, on traverse un pont, puis on grimpe sur un sentier qui suit la route de haut, section à double sens, avec un panneau "entrée dans la zone de silence du monastère de la grande chartreuse". Du coup je coupe même mon ipod et continue tranquille, on croise juste une personne ou 2 à la fin de la section à double sens, qui nous ramène sur la route.

Après une dizaine de kilomètres à ce rythme tranquille, j'arrive en galopant en vue du Monastère de la Grande Chartreuse, j'y jette un oeil rapide, histoire d'admirer le bâtiment, quand même, puis ramène mes yeux sur la descente dans les ornières de boue qui ont remplacé le sentier herbeux, ravagé par quelques centaines de coureurs avant moi. Un sourire pour la photographe, et j'arrive sur le parking de la Correrie où se trouve le premier ravito. Me remémorant le briefing (pas la peine de s'y arrêter la 1e fois, vous y revenez après une petite boucle de 5km), j'y fais quand même un mini-détour (bien m'en a pris...), le temps d'attraper 5 abricots secs et de repartir aussi sec. 


MONASTERE - MONASTERE - 1h22 8.9km +656 -653
On commence par une large piste, je mange et je bois. Sur le côté, jaillissant du mur de roche, un puissant jet d'eau probablement bien glacée (pas qu'on soit en manque de fraîcheur cela dit) crie "buvez-moi, buvez-moi" avant de retomber avec moultes éclaboussures dans le bassin de pierre recouvert de mousse verdâtre qui crie "non potable, non potable". Je passe mon chemin en sirotant l'eau de mon camelback et en tournant et retournant 10000 formulations possibles de la phrase précédente dans ma tête (il faut bien s'occuper) :-)
Au niveau d'un grand panneau sur un "parking" avancé pour les randonneurs, on attaque un petit chemin que je reconnais d'une rando au Grand Som avec Benoit, mais on bifurque vite, le Grand Som étant inaccessible à cause de la neige. On part à droite sur un tout petit sentier herbeux au pied de la muraille de roche, avec un bénévole au début qui nous dit de prendre notre temps sur ce coup de cul, bien manger et bien boire, y aller tranquille. Je mange mes abricots secs justement, et on commence à monter. Je me fais régulièrement doubler, mais je double beaucoup moins régulièrement. Derrière moi j'entends le cliquetis des bâtons qui me suivent, puis me passent, puis disparaissent, laissant la place au cliquetis des bâtons suivants, jusqu'à ce que je repère un gars jaune fluo loin derrière qui ne semble pas se rapprocher de moi, alors que les 2 devant ont déjà disparu à l'horizon. J'avance donc seule, toujours sans musique, dans le silence et la forêt boueuse au sol jonché de branches. 

DOUTES
Puis je commence à me faire doubler très régulièrement par un profil différent, de gars qui passent toutes les bosses en courant sans ralentir et disparaissent en 2 mn. Il me faut un bon moment pour commencer à me poser des questions sur la normalité de me faire doubler par des gars qui courent aussi bien, à ce stade de la course (c-à-d, ils auraient déjà dû me doubler il y a bien longtemps). 
Entre ça et le fait que les kilomètres défilent sans me ramener à la Correrie, que je croyais rejoindre en 5km, je commence à m'inquiéter de m'être trompée de chemin et d'avoir raté la fameuse bifurcation entre les 2 parcours, celle que "même en marquant au sol, en mettant des panneaux, plein de balises, et un bénévole pour surveiller, à chaque fois y en a qui se trompent". Et vu que ma capacité à me perdre est presque légendaire... ^^  

Mais en même temps je trouve une explication possible à ces dépassements, c'est les 2e coureurs de relais dont le 1e coureur était moins fort, et je m'interroge sur la position du point de passage de relais n°1, me rappelant Adrien qui prévoyait 1h pour faire sa section et passer le relais à Jacques à 9h. ça ne colle pas. D'autant qu'il n'y avait que 2 ou 3 équipes inscrites, donc ça tombe à l'eau. Je ne pense pourtant pas avoir raté le moindre tournant, et limite ça m'arrangerait si c'était le cas. Je n'avance pas très vite, je n'ai même pas fait la moitié du parcours, si ça se trouve il est mal mesuré de toutes façons (comme souvent), c'est que de la boue, il pleuviote, on voit pas les montagnes entre les nuages, j'en ai marre, et ça me dérangerait pas d'arriver plus tôt à Saint-Pierre. En plus ça m'éviterait de faire attendre mes collègues marseillais qui vont sans doute finir beaucoup plus tôt en relais que moi sans relais. Je finis par remettre ma musique, tant pis pour la zone de silence, et je continue à avancer. Quoi faire d'autre de toutes façons ?

Et il me faut encore un autre bon moment pour trouver une meilleure explication pour les doubleurs : il s'agit des coureurs du petit parcours, qui sont partis une heure après nous, et qui commencent à nous rattraper. Ils auront donc mis 2h pour faire la vingtaine de kilomètres qui m'ont pris 3h. Evidemment je me pose des questions sur la distance, étant donné que leur trail devait faire 19km en tout, et qu'on en est déjà à 19++ perdus je sais pas où... Mais un coup d'oeil à la couleur bleue (au lieu de rouge) de leur dossard me confirme qu'il s'agit bien des premiers gars du petit trail.

DESCENTE
L'avantage d'une boucle, c'est que tout ce que tu montes, tu le redescends. Et donc une fois arrivés en haut de la bosse, on redescend. Là j'essaye d'accroche les gars devant, mais ils savent courir ces petits. Sans compter que c'est toujours aussi boueux, et maintenant aux centaines de coureurs du "grand trail" passés avant moi, s'ajoutent ceux du petit. Je fais donc une jolie glissade non contrôlée pour éviter une branche d'arbre et m'étale dans la gadoue et les cailloux. Il me faut 20 secondes pour me relever, et me rendre compte au passage que le bruit derrière moi que j'attribuais à un poursuivant (et que j'essayais donc de distancer) provenait en fait plutôt des rebonds de mon sac à dos (je pouvais toujours essayer... ^^). Du coup je ralentis un peu, jusqu'à un bout de route goudronnée où je prend en chasse un duo de gars qui galopent bien. Je lâche les chevaux pour les suivre, jusqu'à un autre coup de cul et un passage entre des arbres, où un bénévole sorti de nulle part me sort quelque chose à base de "4km" qui ne passe pas la barrière de mes écouteurs. De toutes façons je refuse de croire qu'il reste 4km jusqu'au ravito, sur une boucle d'un total de 5km qui en a déjà fait 8. Et heureusement c'est moi qui ai raison : on débouche bientôt sur la route, des spectateurs me confirment que la Correrie est juste au dessus, et j'abandonne même la marche pour trottiner un peu la petite montée jusqu'au ravito. Ouf. 

RAVITO - 5'
évidemment depuis le temps, il n'y a plus d'abricots secs. Mais j'ai surtout soif en fait, j'ai déjà pas arrêté de boire sur cette section, bizarre car d'habitude le froid me coupe la soif. J'attaque donc par 3 verres de sirop coup sur coup, l'eau est glacée. Pour le solide il y a du nougat, j'en prends une poignée dans la poche pour la route (à suivre : la grosse montée du parcours). Puis je re-remplis ma poche à eau et repars tranquillou en mangeant du nougat.


MONASTERE - COL DE PORTE - 3h04 15.84km +1321m -849m
On commence par le petit chemin à double sens qui longe la route, où là je croise tous les coureurs "normaux", voire attardés, du petit trail (beaucoup de filles en fait). Après la section à double sens, on retrouve la route et je guette la fameuse bifurcation, l'endroit où les 2 parcours se séparent, le petit rentrant directement à Saint-Pierre pendant que le grand va taquiner le Charmant Som et la Pinéa avant de revenir par le col de Porte. Le briefing avait bien insisté qu'il serait dommage de la rater et de se priver des 20km supplémentaires qu'on a signé pour faire. Dommage, oui...

Comme prévu on attaque donc de suite la longue, très longue montée. Ce qui était moins prévu c'est qu'elle était encore plus longue qu'annoncé. D'abord sur un monotrace en lacets en sous-bois, je suis devant un petit groupe de gars fatigués. On discute de temps en temps de la distance qu'il reste, et surtout du dénivelé qu'il reste. Sans doute plus beaucoup d'après les calculs de mon GPS. Et pourtant... On continue à monter, à s'élever, au-dessus de la forêt. Du coup on quitte enfin la gadoue et je trouve avec joie un petit sentier rocailleux à travers du bon pierrier. On continue à grimper de plus en plus haut, et je me demande jusqu'où ils nous emmènent... On a déjà allègrement dépassé le cumul de dénivelé total prévu, et on grimpe encore. On arrive assez rapidement dans de la neige, un bon tapis bien épais qui recouvre le pierrier depuis le sommet. On avance dans le brouillard complet, tout est blanc autour de nous, le sol enneigé comme le ciel, on n'y voit rien. Du coup la température s'est aussi beaucoup rafraîchie, d'autant que le vent souffle fort, et j'ai plutôt froid. Autour de moi la plupart commencent à sortir polaire et gore-tex, mais je n'ai pas envie de m'arrêter. Je commence à réfléchir à l'absurdité d'être là, dans mon petit short moulant et mon t-shirt, en pleine montagne dans des conditions pas faciles, et je me dis que je n'y suis pas vraiment à ma place... Le froid aidant, j'arrête de manger et de boire, et forcément la fatigue se fait sérieusement sentir.  Heureusement on arrive enfin au pied du Charmant Som (panneau de rando "sous le sommet" à près de 1800m d'altitude), en plein brouillard, gros vent, températures négatives. De là je me dis qu'on ne devrait plus faire que descendre jusqu'au col de Porte, et je retrouve un peu de pêche.

On descend par la réserve Natura 2000 et ses dalles glissantes, avec pour seule alternative pour les éviter le passage dans l'herbe boueuse déjà labourée de profondes ornières non moins glissantes par les centaines de coureurs précédents. Un coureur qui a dû rater un appui est emballé dans sa couverture de survie sur le côté, déjà entouré des secours. Je passe mon chemin avec prudence, on est bien loin de la cavalcade en mode chamois sur ce sentier beaucoup plus amusant par temps sec. On arrive sur la route et je nous imagine déjà avaler facilement les 6 ou 8 km de bitume qui nous séparent du Col de Porte, mais la route est encore totalement enneigée et pas très praticable. Et en plus on la quitte très vite pour un petit sentier qui la surplombe. Je commence à reconnaître les crêtes de Montfromage qui vont vers la Pinea, et qu'on a pratiquées en ski de rando cet hiver. On s'y croirait d'ailleurs toujours, en hiver. Enfin bon, un sentier en crêtes, ça peut avoir quelques bosses, mais c'est globalement plat, non ? eh bien non, pas vraiment. D'un coup j'arrive au pied d'un mur de neige, incrédule, mais les 2 coureurs qui évoluent 30m plus haut me confirment qu'il va bien falloir monter. Le moral en prend un coup, mais je continue à avancer, petit pas par petit pas. Un panneau de rando nous annonce le col de Porte à 9km, les autres coureurs autour de moi n'y croient pas, mais je sais que c'est correct. Prenons notre mal en patience. Je mange un peu et continue par les crêtes, on perd quand même un peu d'altitude dans les sous-bois boueux de la Pinea. Je suis déjà soulagée de voir qu'ils ne nous font pas passer au sommet de celui-ci ! La fin de la descente est aussi gadouilleuse que prévu, mais on débouche enfin sur la route au niveau de la station de ski et du resto des 3 sommets. Et cette fois-ci on reste sur la route jusqu'au col, où se situe le 2e ravito, au niveau du foyer de ski de fond, au pied de Chamechaude complètement invisible dans l'épaisse couche de nuages imperçable. 


COL DE PORTE - RAVITO 2 - 5 mn
Enfin un ravito, ça fait du bien. J'avale n'importe quoi sur la table, tout ce que je trouve qui a l'air intéressant, du fromage sur du pain d'épice, du nougat, un abricot sec, un verre de sirop avec de l'eau glaciale, dans le désordre. J'ai besoin de reprendre des forces. Je retrouve et salue Michel, le même V3 qui est de tous les trails en Chartreuse. Un bénévole très encourageant nous demande s'il reste encore des gens derrière nous... A priori oui, pas mal. Je demande avec grande hésitation combien de distance il reste jusqu'à l'arrivée, ayant peur d'être déçue de la réponse, mais il ne reste que 7 km, ouf. Et principalement en descente, à part la bosse finale de la montée de la Diat, qu'on commence à connaître pour l'avoir pratiquée 10 fois les 2 derniers jours. Bon, c'est pas tout ça mais il va falloir les avaler quand même ces 7 derniers km, et il fait froid à l'arrêt. J'attrape donc encore quelques provisions de nougats et repars au plus vite. 


COL DE PORTE - SAINT-PIERRE - 1h07 9.29km +220m -671m
On tourne tout de suite à gauche juste avant les pistes de ski de Chamechaude. Le sentier est un torrent, il y a le choix entre courir dans l'eau qui le dévale, ou dans l'herbe boueuse des côtés, et quitte à être mouillée, je cours à grandes éclaboussures en plein dans l'eau. Ayant un peu peur de me perdre sur ce large chemin peu marqué, je vise les gars qui ont quitté le ravito juste avant moi et essaye de les rattraper. Ce que je ne tarde pas à faire quand la pente s'accentue et que je lâche tout pour enfin m'éclater un peu. Je double pas mal de binômes, peu de monde court seul, je retrouve un second souffle et me met à chanter une fois seule dans la forêt. 

Bientôt on commence à voir Saint-Pierre de l'autre côté de la vallée au fond de laquelle coule la Diat, et on se rend bien compte qu'il va falloir tout descendre et tout remonter, et qu'il reste encore une trotte. D'ailleurs les panneaux de rando me confirment que les 7 km étaient bien sous-évalués (comme d'hab). Enfin maintenant on n'est plus à ça près, j'appréhende la montée plus que la distance. On court encore dans la neige, même à assez faible altitude, et je reconnais des morceaux du trail hivernal. Puis la fin (de la descente) du kilomètre vertical et ses lacets serrés, avant qu'il débouche au niveau de l'espèce de tyrolienne. On est maintenant tout en bas, et il va falloir remonter... J'ai bien fait de ne pas hésiter à me mouiller les pieds tout à l'heure, parce qu'on n'a maintenant plus le choix : on traverse 2 fois de suite des torrents, les pieds dans l'eau jusqu'aux mollets. Au moins ça nettoie un peu les chaussures ! Puis on attaque la remontée bien sèche (au sens figuré uniquement...) de l'autre côté pour retrouver la route de la piscine de la Diat, et de là la montée finale bien connue. 

Ce n'est qu'en arrivant juste derrière la salle des fêtes avec le virage sec vers la ligne d'arrivée et l'impossibilité de tout sprint que je reconnais aussi le finish du trail hivernal. Je me remets à trotter sur les derniers mètres, juste pour dire, et passe enfin la ligne en 7h20 pour 45+ km.


SAINT-PIERRE
Après une douche à Raidlight (chaussures comprises) pour enlever 3kgs de gadoue, je retourne à la salle des fêtes pour la remise des prix autour d'un gratin dauphinois. Et j'ai droit à un podium surprise en tant que 5e fille sur le combo 3 jours maratrail.