mardi 27 août 2013

Verticale du Diable - 6h du diable

Le week-end du 27-28 juillet avait lieu aux 2 Alpes un week-end qui avait tout pour me plaire :

  • samedi : la Verticale du Diable, un genre de double KMV, avec 1900m de D+ sur 7 km (garmin)
  • dimanche : les 6h du Diable, où il faut accumuler le plus de montées possible sous le téléphérique, la descente se faisant dedans pour récupérer (garmin)
  • site de la course : SMAG
Un week-end 100% D+ donc, avec zéro descentes. Tout ce que j'aime a priori, et pourtant je me suis inscrite à ce "trail des cons" ;-)

SAMEDI
Samedi à midi (pourquoi nous faire partir en plein cagnard?), départ de Venosc, au bord de la rivière pour être le plus bas possible. Une petite soixantaine de fous prend le départ de la verticale du diable. J'ai oublié ma musique, mais pas mes bâtons !

On commence par monter droit sous le téléphérique, jusqu'à déboucher dans le village haut de Venosc dont on traverse les petites rues, touristes aux terrasses des restos et tout. Le bitume nous réfléchit bien la chaleur étouffante. On continue à monter en petits lacets sur un sentier sympa jusqu'à la station des 2 Alpes. Premier ravito à la gare de ce premier téléphérique. Je suis largement en avance sur la barrière horaire d'1h15 de montée.

Puis on traverse la station, petit bout de descente où je relance en courant, jusqu'au pied du téléphérique du diable. Et là on attaque droit dans la pente herbeuse. J'ai enfin trouvé pire que les Aravis. C'est du raide, très très raide, il n'y a pas de chemin, chacun fait sa trace où il veut et comme il veut. Pas grand monde autour de moi (ils sont tous partis bien plus vite). Et bizarrement, tout va bien, je gère pour ne pas être dans le rouge, je ne vais pas très vite, et du coup je suis contente d'être là. Des rafales d'un vent violent nous rafraichissent agréablement après le sauna du départ. De temps en temps la pente herbeuse croise la piste, on fait quelques pas sur du plat, bienvenus pour avoir quelques appuis complets du pied et se reposer les mollets, et j'en profite en général pour boire quelques gorgées. Puis on débouche sur la piste au niveau de la gare supérieure du téléphérique du Diable, le ravito est une petite table adossée à un pylone.

Je mange et bois et refais le plein du bidon, puis repars avec 2 gars, un chti pas habitué à la montagne, et un dossard "serre-file" mais pas d'aujourd'hui, il y a encore du monde derrière. On monte direct dans le pierrier, le bénévole du ravito nous avait dit qu'il y avait 2 options : droit dans les pierres, ou sur les lacets sur le côté, selon l'aisance. Vu comment les pierres roulent sous nous on part un peu plus sur le côté. ça commence à devenir vraiment dur, mélange d'altitude et de fatigue, mais au moins on n'a plus trop chaud. Je me retrouve toute seule à grimper, grimper, quand enfin je vois du monde assis au sommet de Tête Moute. 

Une banderole, quelques bénévoles qui prennent mon numéro de dossard (le 1 ^^ vive l'ordre alphabétique), et je peux m'arrêter. Même pas à bout de souffle, plutôt l'impression d'avoir vraiment beaucoup (trop ?) géré la montée. Temps total 2h37. Il reste 4 ou 5 personnes derrière moi, et pourtant je suis 5e femme et 3e senior ^^ Je passe un temps fou à admirer le paysage à 360°, avant de redescendre vers l'autre téléphérique, qui nous ramènera en bas. Je raccompagne un coureur anglais, enrhumé avec en plus le mal d'altitude. Ravito en haut puis redescente sur les 2 Alpes. Et mal de crâne carabiné le soir, mais qui passera avec une bonne nuit de sommeil.

DIMANCHE
Départ prévu des 2 Alpes à 10h du matin. Je monte par le premier téléphérique (camping de la cascade à Venosc, rejoint en bus Transisère depuis Bourg d'Oisans) et attend devant la gare en siestant sur un banc, quand un bénévole vient me chercher. A cause des vents violents, ce téléphérique ne tournera pas aujourd'hui, donc on fera les 6h sous le téléphérique de Venosc, plus bas. On aura donc plus chaud, mais la montée est moins raide et plus courte. A 10h30 on se "masse" (à 70 personnes dont un peu plus de filles qu'hier) sur la ligne de départ, mais un problème informatique retarde encore le départ d'une dizaine de minutes.

Puis c'est parti. Première montée je me rends compte que mon pti dej est déjà trop loin et que j'ai faim. Je monte un peu en hypoglycémie, et j'ai l'impression que tout le monde est parti super vite, je suis vite larguée. Tant pis, je gère, je pousse sur les bâtons et attend que ça passe. Bonne surprise, j'arrive en haut en 47 mn et commence à faire des calculs foireux sur le nombre de montées que je peux caser dans la journée. 7 peut-être ? Si j'arrive à maintenir du 45mn/montée. Même 6 ça serait bien. J'espère encore que je vais aller plus vite après cette première montée d'échauffement. Deuxième montée, 48', ok en fait je ralentis, ça ne sera pas possible d'en faire 7. Il commence déjà à faire trop chaud, je tombe le t-shirt dans le téléphérique à la redescente. Troisième montée, 52'. Je me tiens à mon programme de ravito : j'attrape des tucs et du fromage au ravito du haut pour les manger dans le téléphérique pendant les 8mn de descente, ainsi que de l'eau et des morceaux de fruits. Et je comprends enfin qu'il ne faut pas s'arrêter au ravito du bas, l'arrêt comptant dans le temps de montée (alors que l'arrêt au ravito du haut compte dans le temps de descente, qui est soustrait du temps total à la fin de la journée).

Quatrième montée, je commence à fatiguer, il fait chaud, je cherche l'ombre, j'attaque avec Stéphane puis le lâche quand je trottine le passage de plat habituel dans le village. 55' en haut. Cinquième montée, je rattrape une fille qui monte avec un mec, arrêtés à une fontaine. Elle me dit que j'ai bien monté pour la rattraper (je l'avais perdue dès la 1e montée). Elle en est aussi à sa 5e montée et veut s'arrêter là. Je les passe et continue. Vers le haut j'entend des commentaires et commence à stresser pour la barrière horaire de la dernière descente en téléphérique, je veux encore faire une sixième montée. J'accélère sur la fin, passe l'immense maillot à pois du meilleur grimpeur déployé dans l'herbe sur le côté (et lourdement arrimé au sol contre le vent), trottine même les escaliers, et débouche au ravito en 53'. Mais là, pressée de repartir, je néglige le ravito, n'avale pas grand chose, et repars direct après un plein de mon bidon, me disant qu'il n'en reste qu'une à gérer et ça va aller. 

Sixième montée, effectivement je gère... je veux juste la passer en moins d'une heure. Le gagnant en maillot jaune fluo me double encore en trottinant, une fille qui le fait en duo pareil. J'avance comme je peux mais évidemment j'ai faim. Je ne trottine que difficilement les passages plats, essaye quelques coupes de lacets (on passe comme on veut, le plus vite en haut, tous les moyens sont permis ^^). Puis Laure, la fille que j'avais doublée, me rattrape et grimpe juste devant moi. Finalement voyant que j'étais partie pour une 6e montée, elle a décidé d'y aller aussi. Un gars s'accroche derrière nous et on monte à 3 pendant un moment, Laure m'encourage à avancer. Puis sur la fin elle place une accélération pour "montrer qu'on court encore", je suis incapable de suivre, j'arrive épuisée au ravito juste derrière elle. 59' et quelques. 

Laure finira première senior mais elle est déjà partie et ne récupère même pas son prix, et il n'y a rien pour les 2e... Un peu dégoûtée de rater le podium de ma caté pour 2mn à peine. Sur le podium femmes, une seule à réussi à placer 7 montées, les 2 autres en ont fait 6, la 2e ayant doublé la 3e au prix d'un sprint final qui l'a laissée à 2 doigts de tomber dans les pommes à l'arrivée. Laure est 4e et moi 5e, donc, ayant mis une quarantaine de minutes de plus (sur plus de 5h de course effective) pour boucler les 6 montées.

CONCLUSION
Maintenant j'aime bien monter :-D ou en tous cas j'ai moins peur. Et ça tombe bien, parce que je ne vais faire que ça prochainement.
La suite du programme :
  • Vendredi 30 Août (oui oui, après-demain) à 16h30, départ de l'UTMB, et ses 10000m de dénivelé positif. Arrivée prévue dimanche 1e Septembre, à l'aube même pas encore iridescente si possible, après un tour complet sous le soleil !
  • Samedi 7 - dimanche 8 Septembre : ascension du Mont Blanc par le refuge du Goûter. Météo au grand beau pour l'instant :-)
Pendant l'UTMB suivez moi sur Live Trail

jeudi 22 août 2013

Trail des Passerelles du Monteynard


EN BREF
  • le site de la course : ici
  • les résultats : ici (dossard 104, 62e/178, 5e femme/24)
  • photos officielles zoom et d'autres photos ici
  • video officielle sur vimeo
  • la trace GPS de Mika (le mien ayant planté) : Garmin
LA VEILLE
La veille, j'avais trouvé que c'était une bonne idée de ne pas dormir, de partir à 1h du matin de Grenoble à pieds, de monter à Chamechaude pour admirer le lever de soleil sur le jour de mon anniversaire, puis de redescendre en courant à fond. 38 bornes d'échauffement la veille d'un maratrail, j'avais jamais fait, alors on verra bien ce que ça donne. De retour chez moi à 10h du matin, j'essaye de faire la sieste, mais anniversaire oblige, mon téléphone n'a pas arrêté de sonner, donc j'ai passé la journée à demi-comater entre mon lit et le parc Mistral, et à manger pour reprendre des forces. Mais du coup le réveil à 5h du matin le jour de la course est assez difficile.

AVANT LA COURSE
Le parking était annoncé "loin, prenez vos précautions, 1km de marche", comme l'an dernier, sauf que l'an dernier il n'y avait finalement "que" 5 ou 600m, alors que cette année il y a près de 2km jusqu'à la salle de remise des dossards (surtout qu'on la rate et on doit faire demi-tour). Du coup on est tellement à la bourre (alors qu'on avait prévu super large) qu'on est obligés de retourner en courant chercher la voiture (vive l'échauffement) pour la garer sur le parking payant tout proche du départ de la navette bateau. On fait la traversée sur le pont, banc mouillés et vent frais, alors que l'intérieur est chauffé et agrémenté d'odeurs de café et de pains au chocolat. A la table en face de nous sont assis 2 couples et un gars super maigre complètement frigorifié qui tremble de tous ses membres. Une des filles mentionne qu'aujourd'hui elle ne vise pas le podium, mais on sent qu'elle y sera quand même, bonnes têtes de gagnantes toutes les 2.
La traversée est assez longue puis le bateau nous dépose enfin sur l'autre rive du lac où se situe le départ. Avec toutes ces émotions je suis pas de super humeur, pas vraiment envie de faire la course, pas dans l'ambiance. le briefing annonce 1km de trop (mais j'entend pas) puis ça part sur de la route pour une start loop

SECTION 1 - des bosses et des bosses
On court d'abord ensemble avec Mika. Les 2 filles du bateau nous passent assez au début, l'air tranquille, confirmant mes impressions à Mika qui n'était pas encore convaincu. Puis il me sème lui aussi dans la montée. Je cavale dans la première descente dans la forêt pour le rattraper (et pour le plaisir) et je double plein de monde. Et plus j'en double plus je suis motivée. 

Puis j'arrive à un bénévole qui nous indique un virage serré à gauche, effectivement c'était facile de le rater. Le chemin nous envoie remonter une petite bosse bien raide, et je vois Mika (ou un autre t-shirt vert) juste au-dessus, 4 ou 5 personnes devant, et je me dis "zut, pas loin". Le bénévole m'encourage, me dit que je suis 6 ou 7e fille, mais "la première féminine, elle est dopée, c'est sûr ! elle s'est même pas arrêtée [de courir] pour monter". Et pourtant, elle est raide celle-là. D'ailleurs je me fais doubler immédiatement par une autre fille et je me compte donc 8e. Puis j'entend le bénévole "engueuler" les gars qui arrivent derrière moi "j'ai dit à gauche, faut écouter", parce qu'ils ont raté le tournant quand même.

Je me fais doubler par un gars en maillot jaune-orange que j'avais passé à la descente, qui me dit "dis donc t'es impressionnante toi en descente. Tu descend comme une balle. J't'ai entendue arriver, vue passer, et pfuit plus personne" "si seulement ça pouvait aller aussi bien en montée", je répond. On discute un peu puis il me sème lui aussi.

Jusqu'à ce que le chemin débouche sur une route en descente, "yahoo", je pars à fond et rattrape le gars qui commente à ses collègues "tu vois je t'avais dit qu'elle reviendrait vite". Je leur dit qu'ils me rattraperont dans la montée (bientôt l'heure de la grosse montée vers le Sénépi, 1000m d'un coup) mais il me dit que c'est pas sûr "nous aussi on fatigue   - pas tant que moi" j'ai le temps de répondre avant d'être loin. Je double encore plusieurs personnes en essayant de me convaincre qu'elles ne me prennent pas pour une folle de courir à fond comme ça dans la première descente alors qu'il reste encore 40 bornes... Mais après tout moi je trouve qu'elles vont trop vite en montée, chacun son truc.

RAVITO 1
Quand j'arrive au 1er ravito, Mika y est déjà, il propose de m'attendre 2mn, il ne m'en faut pas plus pour boire, boire, manger 2 quartiers d'orange, boire, saisir 2 poignées d'abricots secs à mettre dans mon sac, boire, et repartir avec lui sur la route.

EN ALLANT VERS "ZE" BOSSE
On monte tranquillement encore pour l'instant. D'un coup une petite montée raide dans des gravillons, je m'attend à déboucher sur une route mais non, c'est la vieille voie de chemin de fer de la Mûre ! On nous l'avait annoncé au briefing. C'est rigolo en fait, pendant 2mn, mais ensuite ça devient vite assez pénible. Les appuis se font au choix sur les vieilles planches de bois trempé glissantes, ou sur les gros graviers entre les planches, sachant qu'en plus de ça l'espace entre elles n'est jamais le même, et j'enchaîne les petits pas irréguliers. Devant Mickael a l'air d'avoir trouvé un bon rythme et il prend de l'avance, pendant que je galère un peu derrière. Puis soudain la voie de chemin de fer se retrouve en viaduc, suspendue à flanc de montagne au-dessus de centaines de mètres de vide, avec une vue impressionnante sur le lac et les gorges en contrebas, et ce petit détour technique prend tout son intérêt ! On passe ensuite dans un tunnel, puis la voie de chemin de fer ne dure plus très longtemps, on descend à travers le talus pour retrouver le chemin en contrebas sur la droite. Mika m'a attendu 2 mn le temps que j'arrive et on continue à grimper ensemble. Puis je le perds, je me fais aussi rattraper par l'équipe jaune-orange, et je me retrouve toute seule à grimper dans la forêt.

RAVITO AQUEUX
Peu de souvenirs, jusqu'à l'arrivée à un ravito en eau dans une clairière. J'y descend gobelet après gobelet de sirop de citron bien frais, et la bénévole me propose d'en remplir mon camelback, j'accepte et je fais bien, je tourne au sirop (beaucoup) + abricots secs (un peu) pour le reste de la course, il fait trop chaud pour avoir faim.
Des gamins à la sortie du ravito proposent un "apéro gratuit" en tendant leur casquette, je jette un oeil en m'attendant à y trouver des bonbons, mais ce sont des chips, berk, du coup je décline en commentant au gars derrière que ça donne vraiment pas envie, lui non plus apparemment. Puis je regrette en me disant que j'aurais eu besoin de sel, les crampes ne sont déjà pas loin avec toute cette chaleur. Je suis déjà trempée de sueur, bien qu'on monte à l'ombre.

"ZE" BOSSE - LA MONTEE DU SENEPI
Puis à mesure qu'on monte, le paysage change, et on commence à monter dans l'herbe une bosse de terre assez raide en plein soleil. C'est joli, on se croirait dans la garrigue, les petites fleurs, l'odeur des herbes alentours, et je me dit que c'est tellement moins raide que les Aravis (mon réflexe à chaque fois maintenant). J'avance lentement mais sûrement, en écoutant 2 jeunes gars derrière moi discuter, l'un avait hésité à faire le maratrail parce qu'il est trop jeune, mais en fait ça va, et maintenant il hésite à se mettre au trail. L'autre le conseille, il faut en garder sous le pied pour la suite, peut-être pour ça qu'ils ne semblent pas vouloir doubler... puis en haut quand la pente s'adoucit il partent en sprint sur le faux plat... "gardes-en sous le pied" qu'il disait...

On débouche dans les pâturages vers 1550m, il en reste 150 pour le sommet du Senepi, mais on redescend dans l'herbe, on voit la file des coureurs remonter juste en face. Pas le temps de passer complètement en mode descente si je ne veux pas m'écraser dans la montée qui suit bientôt, mais je double quand même quelques gars vite fait et m'arrête de courir à hauteur d'un autre au moment où la montée recommence, à côté d'une barrière et d'une cabane avec 2 bénévoles. Ca remonte sur de la piste rocailleuse, je mets ma musique pour la première fois de la course, et ça me motive, je me sens en forme, et je commence à remonter du monde en montée ! Je passe 2 des gars de l'équipe nord-isère jaune-orange, l'un a du mal, l'autre lui dit de s'accrocher et qu'il l'attend en haut. En contrebas les vaches nous jouent un concert de cloches, leur son cristallin monte vers nous, chacune semblant avoir une note différente.

On est sur une piste en plein cagnard et je me dis que sans doute les autres vont commencer à souffrir de la chaleur plus que moi (j'ai sorti la casquette aujourd'hui et ça a été efficace, pas de mal de crâne, ça et le fait d'avoir bu vraiment beaucoup, encore plus que d'habitude). Les gars que j'encourage en passant se plaignent de la chaleur. Je continue à avancer et soudain je vois Mika juste au-dessus de moi et l'entend m'encourager. "Bah alors?" je me moque, genre comment ça se fait que j'ai réussi à te rattraper ? il me faut encore quelques lacets pour remonter petit à petit les coureurs entre nous et le rattraper vraiment, je trottine même quelques mètres, sous les yeux étonnés / fatigués d'un gars que je dépasse (mon interprétation bien sûr ^^).
J'arrive à sa hauteur alors qu'on est presque en haut, et on finit ensemble à un bon rythme. Il a mal au genou et surtout au dos, ses nombreuses pauses dans la forêt pour s'étirer expliquent sans doute mon retour :-)

SOMMET DU SENEPI - 29 km - 3h50 de course
Comme annoncé Mayou attend en haut depuis ce matin (il y avait un prix du meilleur grimpeur pour le premier en haut). Je le salue en commentant que c'est bien beau, il met 30 secondes à me reconnaître. Puis on marche encore un peu en crête dans l'herbe, et je commence à me réjouir de la descente, ça va être fun, alors que Mika s'attend plutôt à une torture (la suite lui donnera assez raison. Apparemment autour de lui c'était des parisiens qui n'avaient jamais vu une descente, galère et chutes à gogo.)

"ZE" DESCENTE - DESCENTE DU SENEPI - 1000m D- sur 5 km
Dès que ça commence à descendre, Mika m'encourage à en profiter, je lance un "au-revoir" joyeux et démarre à fond. Et je commence aussi à compter les gens que je double. Une dizaine assez vite, puis 11, puis 1 gars et 2 filles qui m'encouragent tellement chaleureusement, s'écartant pour me laisser passer avec le sourire, que je me demande si elles sont dans la course ou juste des randonneuses de passage, un regard en arrière, 3 dossards jaunes. Du coup me voilà 6e fille. Au début une toute petite sente bien raide de terre et d'herbe, puis on débouche sur une large piste rocailleuse qui réfléchit la chaleur de midi. ça descend fort dans les gros cailloux, et il faut regarder où on met les pieds pour ne pas trébucher (pas envie de m'étaler dans la caillasse comme à l'Obiou). Je suis principalement toute seule, mais je compte toujours les gars que je passe, de plus en plus espacés, 16, 17, 19...

Ca me motive à avancer parce que ça devient dur, j'ai vraiment très mal aux cuisses, de temps en temps je fais quelques pas en marchant pour récupérer. 20, 21 coureurs (dont 2 filles) doublés dans la descente. Et les jambes en vrac, je me demande si j'ai pas un peu ruiné mes chances pour la suite et si je risque pas de m'écraser totalement dans les montées à venir, vu qu'il reste encore 3 bonnes bosses. Mais bon, on verra bien le moment venu !

RAVITO 2 - 34 km
Puis la piste débouche sur la route, des bénévoles, et une table de ravito à côté d'une fontaine dans le village. Et là : la fille du bateau et son mec ! Je l'ai rattrapée :-) J'arrive au ravito en disant "ça fait du bien !" en parlant de la super descente qu'on vient de s'enquiller, et elle me répond "oui elle était chiante cette descente", en croyant que je parlais du ravito.

Je ne m'attarde pas, trempe ma casquette dans la fontaine, bois, rallonge mon camelback à l'eau (pour laisser du citron pour les suivants), me force à avaler un tuc pour le sel mais délaisse les sandwichs complets qui attendent sur des assiettes. Abricots secs, quartiers d'orange, et je quitte le ravito devant la fille. 5e donc :) elle ne tarde pas à me suivre.

PASSERELLES
Je repars sur la route, en suivant un gars, et trempe gaiement ma casquette dans une autre fontaine avant de la remettre sur ma tête, me disant que je peux y aller vu que je n'ai pas mon téléphone je ne crains pas l'eau, puis ça me dégouline dans les yeux et je manque y laisser une lentille...

Je reconnais bientôt le chemin qui descend à la première passerelle, là où l'an dernier j'avais entendu des bénévoles suggérer que j'étais dans les derniers de la course. Mais cette année j'en suis très loin, et je me sens forte. Je rattrape un des jeunes de la bosse de tout l'heure, qui descend bien moins vite que moi. Puis j'arrive sur ma super descente en tous petits lacets avec vue plongeante sur la passerelle (à fond!), et passe la traversée en marchant (obligatoire) et en profitant du paysage, l'eau d'un bleu-vert profond qui donne envie de plonger, loin en-dessous de nous tout au fond de la gorge.

BOSSE 1/3 - ENTRE LES PASSERELLES
Puis on remonte une première bosse vers la route au sommet entre les 2 passerelles. Je reconnais ce passage pour l'avoir fait à l'entraînement le jour de l'ouverture de la pêche, sauf qu'à l'époque c'était infaisable à cause de la boue, alors qu'aujourd'hui c'est sec, desséché même. 
J'encourage une fille qui monte très difficilement devant moi, elle a un dossard vert du 29km, et me dit que c'est son tout premier 29km. Je la passe mais je continue à l'encourager régulièrement pour toute la fin de la bosse. On débouche sur la route où nous attend un ravito, un peu d'ombre, à boire. Puis je la lâche vite dans la descente en face. Là aussi la boue a séché, le chemin est défoncé, il y a de grosses bosses de boue séchée c'est rigolo mais il faut faire gaffe aux appuis.

Puis on commence à voir plein de touristes sur la section entre les 2 passerelles, dans la forêt, alors que je descend toujours à fond. Il y a de plus en plus de monde alors que les coureurs des 29 et 15 km ainsi que les randonneurs nous ont aussi rejoints. Je passe tout un groupe de randonneurs qui se serrent tous à droite pour me laisser passer, j'ai à peine à ralentir, super ! merci. En plus on est à l'ombre, ça fait plaisir, j'adore cette section. Mais déjà une autre petite descente en petits lacets de graviers glissants avec vue plongeante sur la 2e passerelle, celle qu'on avait faite à la reco avec la TTT. En sprintant :-) Mais aujourd'hui je traverse en marchant entre les touristes.

BOSSE 2/3 - COTE ROUGE
De l'autre côté de la passerelle on passe au-dessus des tables de pique-nique puis on quitte la grosse piste pour monter à gauche dans la forêt. A cet endroit nos chemins se séparent avec le 15km qui continue sur la piste (et c'est aussi le lieu pour la barrière horaire imposée en cours de course pour les derniers, qui ont pris beaucoup plus longtemps que prévu initialement). Au début je monte tranquillement avec mes bâtons, en essayant de gérer la fatigue pour ces 2 dernières montées, mais je me met à avoir des crampes dans les bras, complètement raidis, j'en ai du mal à pousser sur mes bâtons. Par contre mes jambes ont déjà récupéré de la longue descente du Sénépi, je m'inquiétais pour rien (ou plutôt j'ai bien fait d'en profiter et de compter sur ma vitesse de récupération, Kyuubi inside ^^)

C'est la montée de Côte Rouge, avec le point de vue sur le magnifique paysage en haut. La montée est raide mais heureusement assez courte, je m'accroche et grimpe sans trop pousser sur les bâtons (pas le choix). Je double quand même de plus en plus de filles, mais toutes avec les dossards verts du 29 km. Je vois le dénivelé s'accumuler à ma montre et se rapprocher dangereusement du total annoncé. Du coup je commence à me demander si ce n'est vraiment que la 2e bosse, ou peut-être déjà la 3e et dernière (ah les calculs foireux dans les moments difficiles, ça occupe). Mais vu que je suis entourée de dossards verts du 29km, et qu'eux ne font pas notre 3e bosse (qui est un détour sur la carte du parcours...), c'est forcément la 2e seulement. Donc il en reste une, et elle est grosse de mémoire... 

Puis j'arrive enfin en haut, prête à attaquer la super descente technique de la reco. Je me dis que c'est l'occasion de prendre de l'avance, et j'y vais à fond. La signaleuse en haut me dit que la descente est technique, je répond "oui je la connais", elle me conseille d'être prudente (les accidents ça arrive toujours quand on croît connaître et qu'on fait moins gaffe, après tout). C'est ce que je fais, mais quand même à fond :-)

En bas j'arrive sur le petit single, puis le passage technique avec désescalade d'un passage rocheux au-dessus d'un croisement surpeuplé, plein de monde plus un signaleur. Je ralentis un peu pour laisser le gars devant moi finir de descendre tout doucement prudemment, puis je déboule, saute en bas et enchaîne avec le virage à gauche que le signaleur a à peine le temps de m'indiquer :-) "Le 45 km à gauche", je m'en rappelle de la reco, le 15 km part à gauche avec nous, le 29 km tourne à droite pour skipper notre dernière bosse.

BOSSE 3/3
Et me voilà toute seule dans la forêt sur un tout petit single, les autres autour de moi étaient tous sur le 29km. D'abord un peu de plat, puis ça commence à monter, monter, et encore monter. On a déjà largement dépassé le total de dénivelé annoncé, et du coup je ne sais pas trop combien de temps ça va encore durer... Du coup quand j'arrive sur une bénévole sur le côté de la piste je lui demande combien il nous reste : réponse "4-5 km". Mon Garmin donne déjà 44.5km, ça fera donc 49... Quelques mètres plus loin une autre bénévole, je repose la question histoire d'avoir un 2e avis, et elle est plus optimiste, me répond "20mn". "Ca dépend de la vitesse ça !" je lui répond, mais elle ne sait pas me dire de distance. Bon du coup je me défie de finir en moins de 20mn, parce que si ça ne fait que descendre je dois bien pouvoir aller plus vite que prévu, non ? :-) J'en suis à 6h53 de course. 

Sauf que, bien sûr, ça ne fait pas que descendre, ça continue à monter, encore et encore, et en plus alors que je me retourne voir derrière moi, je vois la fille du bateau qui est revenue ! du coup j'accélère, j'essaye de trottiner un peu, sinon je marche vite, et elle ne me rattrape pas.
Puis enfin on passe devant la maison d'un gars, presque dans son jardin (à la reco on y était passés mais pas 1300 coureurs d'un coup quand même), une piste dans l'herbe avec le paysage autour, c'est magnifique. Et surtout enfin ça descend ! je vais pouvoir reprendre de l'avance.

Cette fois on trouve le single final (on l'avait raté à la reco) qui plonge en sous-bois, balisé et avec une signaleuse en haut, qui m'annonce "prudence, c'est raide". Premier réflexe "cool, c'est à mon avantage pour semer ma poursuivante" :) mais finalement ça ne descend pas très raide. Au début. Puis d'un coup, ça plonge ! Je glisse un peu (terre mouillée au sol), et je ressors mes bâtons pour m'aider, sans ralentir. 

Et d'un coup je rattrape le premier gars de l'équipe aux maillots oranges, qui me reconnaît et me laisse passer en m'encourageant. Puis je passe un 2e gars avec un bob juste en dessous, qui me demande "mais quel est ton secret ?!". "J'adore les descentes ! mais là je t'avoue, j'ai mal, j'ai vraiment très mal". J'avais retrouvé mes jambes pour les bosses précédentes (montée comme descente) mais celle-ci m'achève. ça descend droit dans la pente, passages presque verticaux, en plus ça glisse, alors je souffre, mais j'avance. 

DERNIERE LIGNE DROITE
Puis on arrive sur la grosse piste caillouteuse finale, panneau qui indique le belvédère à 1.9 km, où on rejoint les autres courses (d'ailleurs je rattrape des coureuses du 29 km qui ont pourtant zappé notre dernière bosse). J'ai vraiment du mal à avancer, il fait super chaud, je redoute le coup de cul final sur la route de l'an dernier mais je vois qu'on débouche au-dessus, ouf. Je rattrape la fille de tout à l'heure (dont c'est le 1er 29 km) qui est déjà encouragée par son copain qui court à côté d'elle avec un gros appareil photo. Je les rattrape, mais j'ai envie de marcher, cette fois c'est elle qui m'encourage à m'accrocher à eux, je recommence à courir et les suis, puis ça descend sur la route, et je reprends de l'avance. Je manque le chemin qui quitte la piste à droite, ils se mettent à plusieurs pour me rappeler sur le bon chemin :) on arrive en bas sur la route, on longe le parking, des plots nous réservent la moitié de la route, je vois enfin l'arche sur la plage, si proche, qui semble si loin ! une dernière petite descente dans les graviers vers la plage, je prends de la vitesse, puis soudain zut c'est du sable, je m'enfonce, mais je refuse d'arrêter de courir si près du but, puis de l'herbe, je trébuche, une fois, 2 fois, je suis complètement épuisée, je passe la ligne, juste le temps d'attraper le gobelet souvenir tendu par un gamin, et je m'écroule par terre.

ARRIVEE
Un jeune bénévole vient me demander si ça va, récupère ma puce, et me propose de l'eau.
Rapidement je me dis que je serai quand même mieux à l'ombre, et vais métaler dans l'herbe un peu plus loin. Tout tourne, je respire super vite, j'ai vraiment poussé la machine sur ce coup-là.

Le temps de reprendre un peu mon souffle je vais demander les résultats : 61e, 5e femme, 3e senior. Cool :-) Du coup je vais me poser (à l'ombre) devant le podium où ils sont en train de faire la remise des prix du 29km. Discute avec un marseillais qui est 3e V2M, et avec une fille arrivée 3 mn après moi (je l'ai pas vue de toute la course pourtant) qui est 3e V1F. Mika arrive une vingtaine de minutes plus tard. Mais on attendra la remise des prix pour rien parce qu'ils ont décidé qu'ils ne récompensaient pas les seniors, qu'ils confondent avec le classement scratch. Bizarre, sur des trails de telles distances où la majorité du podium est généralement constituée de V1. Bien dégoûtée... 

Du coup on se requinque aux sandwichs jambon-fromage au ravito en attendant de voir arriver des coureurs, mais certains sont encore très très loin d'arriver. Le parcours était plus long et plus technique que prévu, et les derniers vont encore mettre un moment avant de finir.

CONCLUSION
Super tracé, beaucoup mieux que l'an dernier, avec quelques points forts. En particulier le chemin de fer de la Mûre (la vue valait la difficulté de courir dessus) et les 2 passerelles à traverser, et le vrai sommet du Senepi dans les pâturages, et les supers descentes techniques sur des singles perdus. Merci à la TTT pour le tracé et le balisage impeccable !

Côté moins bien, le coup de "non on fait pas de podium seniors, c'est le scratch", en plus sur des courses de trail où les V1 se classent souvent devant les seniors. Résultat les V1 ont été récompensés 2 fois (au scratch et par caté) et les seniors qui ne sont pas classés au scratch ne sont pas récompensés du tout... Un peu dommage (j'aurais bien voulu ramener un joli trophée moi aussi... :-/ )