Réveil à 4h, un peu mieux que la veille, et couchée plus tôt. Du coup je me réveille même avant le réveil. En plus le sac est déjà prêt. D'abord prévu d'aller en voiture jusqu'à l'arrêt de bus au bout du maxi-village (un peu la flemme de me taper 3 km maintenant, un peu tôt pour s'échauffer), mais finalement on part dans l'autre sens direction Doussard directement. Une heure de sieste dans la voiture et ça commence à s'animer autour et dans la salle des fêtes. Dehors les montagnes qui nous attendent sont magnifiques dans les premières lueurs du jour, mais c'est aussi le moment le plus froid de la journée, alors je vais vite me mettre au chaud dans la salle. Des bénévoles nous servent du thé et en buvant le mien je fais la rencontre de Sylvain qui vient de Paris mais porte le buff du TTT ! Je retrouve aussi Matthias.
7h moins pas grand chose, il est temps d'aller se placer sur la ligne de départ, on sent comme une perte de motivation depuis la veille :-) d'ailleurs ça part bien tranquille malgré le début à plat sur bitume... Cette fois c'est nous dossards violets qui partons devant, et serons pris en chasse par les marathoniens qui partiront à 8h sur le même parcours. C'est sympa cette répartition des courses qui permet d'avoir toujours du monde sur le parcours. Dès le début je double un peu, motivée à courir plus vite que la veille (maintenant que je suis échauffée ^^), mais je me suis un peu trop couverte (partie avec gilet léger et gants) et j'ai vite chaud quand on attaque la montée. Je perds un peu de temps à enlever les gants et les manches, on me double, puis je trouve mon rythme et j'entame une longue partie de Pacman ! Comme annoncé par Thierry, le chemin monte régulièrement vers le col de la Forclaz, pente pas trop raide, juste bien pour moi, mais super étroit en bord de ravin, et je me fatigue pas mal à doubler tous les petits trains bloqués sur un faux rythme par une locomotive que personne n'ose ou n'arrive à doubler... ça m'occupe bien et quand j'arrive en haut au Col de la Forclaz tout va bien, un arrêt express au point d'eau et c'est reparti. On me dit qu'on va aux chalets de l'Aulp (j'avais compris "chalets de l'eau") et au col des Nantets (et pas des Nantais).
Chalets de l'eau, ils auraient bien porté leur nom aussi : on monte le long d'un torrent, sur un sentier bien gadouilleux, d'abord dans les arbres puis à ciel ouvert. On voit les chalets au-dessus de nous, et je me fais un gel quand je commence à fatiguer dans la pente qui se raidit. Notre chemin débouche ensuite sur une piste avec beaucoup de spectateurs (et une voiture qui a tellement de mal à négocier les creux et les bosses de la piste 4x4 qu'on monte quasi aussi vite qu'elle). Une fois aux chalets, je recroise
Sylvain du TTT, avant de le perdre au bénéfice de la micro descente qui suit, juste le temps de souffler avant d'attaquer la montée finale vers le col des Nantets. Cette fois on est dans les alpages, et ça monte de plus en plus raide dans l'herbe, c'est magnifique. Et d'un coup on entend des cris derrière, "laissez passer", "attention", et on voit débouler le premier marathonien ! On a fait 15km en 2h30, il est parti 1h derrière nous et s'est donc fait tout ça à 10km/h de moyenne, sans compter que c'était loin d'être plat... Bravo les gars ! Plusieurs autres suivent et à partir de là on se fait de plus en plus régulièrement passer par les dossards jaunes du marathon.
Alors qu'on approche du sommet, le terrain tourne à l'aiguille rocheuse, qu'on commence par contourner sur une petite vire avec câble sur quelques mètres, puis par grimper, marches de pierre, câble pour se tracter, et tout en haut on voit (et on entend) des chèvres et leurs cloches. C'est tellement beau que je sors la gopro pour filmer en même temps que j'avance, bâtons dans une main, caméra dans l'autre, et le câble... dans la 3e ? Christian arrive derrière moi et me propose de me filmer "si je fais un bisou à la chèvre" : OK ! un petit passage d'"escalade" avec câble, on met les mains, quelques marches de pierre, un pas hors du chemin pour faire un bisou à la chèvre :-D ça fait marrer les gars en haut qui me disent que je suis la 1e à leur faire un bisou, j'aurai au moins été première quelque part ;-)
Et là ça redescend je lâche tout ! et je perds tous les gars qui étaient autour de moi... un petit sentier dévale dans l'herbe puis rejoint une large piste où je vais à fond, et tant pis pour les quadris qui commencent à couiner, pas tout à fait remis d'hier encore. On croise quelques marcheurs qui montent, nous encouragent, nous félicitent, jusqu'à un vieux randonneur obèse aigri qui monte de front avec sa femme et bloque toute la largeur de la piste. Il ne s'écarte pas d'un cm, et à moins de sauter dans le bas côté et ses gros cailloux on peut pas trop s'écarter non plus, mais il n'hésite pas à me rentrer exprès dedans tout en m'engueulant d'un "priorité à la montée", et quand on (les autres coureurs, spectateurs, et bénévoles aux alentours) essayons de lui faire entendre raison, il nous rétorque "vous avez qu'à pas courir". OK, un aigri qui aime pas les coureurs, il a mal choisi son jour parce qu'il a pas fini d'en voir passer, là... Un peu contrariée par l'incident, je finis par me remettre dans ma descente, où les marathoniens me servent de lièvres. Il faut oublier les quadriceps pour aller vite, mais est-ce que je ne risque pas de le payer plus tard ? on verra plus tard :-)
Un point d'eau nous attend en bas, ça tombe bien je commence à être juste en eau (je porte 1 litre en 2 bidons, presque tout bu dans la montée). Puis on attaque ce qui sur le profil avait l'air de 3 mini bosses presque plates, mais force est de constater que tout est une question d'échelle... Je rencontre Sébastien qui commence par s'accrocher à moi en descente, puis me tire quand je galère en montée. On discute et les 3 bosses passent finalement plutôt bien, puis on bascule dans la descente sur Menthon, qui se termine sur la route où on croise ceux qui repartent du ravito... c'est toujours déprimant de se dire qu'on va devoir refaire ça à l'envers... Je fais un arrêt super-express au ravito : je bois de l'eau gazeuse et du gatorade (woohoo, cette fois je suis arrivée assez tôt pour qu'il en reste), fait le plein des 2 bidons d'eau, emporte 2 gels et des abricots secs, et quand je ressors derrière Sébastien je me rends compte que je n'ai rien mangé. Mais comme il fait déjà plutôt chaud je n'ai pas franchement faim.
Il est environ 10h du matin. Je suis Sébastien qui m'attend un peu pour la montée. A la sortie du ravito un bénévole nous a annoncés 140e, du coup il veut faire le top 100, et courir la fin en moins de 2h... j'avais estimé qu'il faudrait 3h, donc on dit finalement 2h30 ^^. Il planifie que s'il me sème en montée je le rattraperai en descente et on finira ensemble à Annecy. On commence par monter sur bitume à travers la ville, une pente ni assez raide pour marcher ni assez plate pour courir... On longe ensuite le magnifique château de Menthon, à visiter une autre fois. Puis effectivement il me sème assez vite dans la montée du Veyrier. Une montée d'abord régulière avec des replats réguliers pour souffler, un rythme qui me convient bien, jusqu'à ce que ça tourne franchement au mur... Là ça devient vraiment dur, je me fais un 2e gel et je m'accroche, en discutant un peu. Un coureur un peu je-sais-tout m'annonce que la descente qui vient est mortelle pour les genoux, et qu'il faut bien une heure : ça fait tilt, et je me lance le défi de la faire deux fois plus vite ^^. Même les marathoniens ont du mal dans cette montée, c'est rassurant. D'ailleurs à un moment on croise 2 randonneurs qui descendent, ils encouragent un marathonien qui craque complètement, plié en 2 dans la montée : "regarde, c'est juste là le sommet !", ils sont morts de rire devant la tête du pauvre gars. Mais donc on est quasi en haut !
On débouche sur le sommet que je reconnais pour l'avoir fait l'an dernier à la même époque, mais sous la neige ! c'est magnifique ! vue sur le lac, soulagement d'être en haut. Puis on enchaîne sur un chemin de crêtes qui n'en finit pas de faire des bosses où on croit être en haut mais on repart... On fait toute la crête, puis on replonge en sous-bois, et enfin je reconnais l'arrivée du KMV : un bénévole bippe nos puces et on attaque enfin la descente finale. Je note que j'en suis à 5h47 de course (il est midi 47 donc), et j'attaque, à fond, en doublant dès que je peux (parfois difficile, certains ne laissent pas passer). Je me fais plaisir, je double même les marathoniens, et des trains entiers de gars qui veulent juste arriver. Par contre personne ne me double, à part un marathonien qui coupe les lacets. Je trébuche sur des racines ou rochers et manque tomber 2 fois mais mes quadris tiennent encore bien heureusement. Je croise quelques randonneurs qui s'écartent en m'encourageant, un peu honte de faire pousser tout le monde pour moi, heureusement après le parking il n'y a presque plus personne. Un moment d'hésitation sur la direction quand on croise un chemin plus large, puis je reconnais la descente de vendredi. Je dévale le dernier raidillon pour terminer la descente en 30mn pile ! Gagné ! :-D
Sur ma lancée je traverse la route où un gendarme arrête les voitures pour nous, et arrive au bord du lac, on m'oriente vers le ponton, on court sur le ponton de bois, yahoo, j'adore ! trop cool. Bon par contre maintenant il faut se taper un bon dernier km de bitume plat, en ville. Mais j'ai encore plutôt la pêche, et j'ai droit à pas mal d'applaudissements des gens qui prennent un bain de soleil ou d'eau du lac, ou qui se baladent, alors je cours vite, enfin bien à 11km/h ^^. On doit encore faire tout le tour du maxi village, là un gars me double en sprint alors je le suis, pour un sprint final sur l'herbe avant de revenir sous l'arche d'arrivée. Ils nous ont déroulé le tapis rouge, avec un montée raide pour arriver sur une estrade juste sous l'arche, et redescendre de l'autre côté en manquant me casser la gueule ^^
J'ai réussi moins de 2h30, et en plus je retrouve Sébastien arrivé peu de temps avant (j'ai pas réussi à le reprendre en descente finalement, il devait avoir pas mal d'avance, faut vraiment que je progresse en montée) qui me montre mon classement : 98e et 6e senior femme sur l'étape 2 : top 100, c'est fait ! :-D On a remonté plus de 40 places, j'y croyais pas.
Le temps de récupérer ma bouteille de gatorade et mon gilet finisher (un genre de veste de jogging de pas top qualité sans aucune poche, plutôt décevant...), direction le ponton en bois pour un séance de cryothérapie dans l'eau du lac, en encourageant les coureurs qui continuent d'arriver pendant plusieurs heures. Difficile de quitter cette belle ville d'Annecy, mais vers 18h je m'y résous enfin. Pas trop fatiguée de la course, c'est finalement le retour en voiture et le stress du copilotage qui auront raison de moi. Autant dire que je me suis couchée tôt ensuite !
Prochaine course prévue :
le Grand Duc de Chartreuse ! Cette fois-ci il s'agira de faire la même distance et dénivelé mais en une seule fois, et avec des barrières horaires serrées, qui m'ont sortie
l'an dernier... : revanche à prendre !