On nous annonce aussi de la pluie et une fraîcheur relative, et d'ailleurs la veille il pleut. Après une grosse semaine d'entraînement à 120km en 5 jours, un samedi pluvieux c'est parfait pour récupérer un peu avant la course, où il devrait pleuvoir aussi. Mais bon, c'est Melbourne, on ne peut jamais se fier à la météo, tout peut changer d'un instant à l'autre. Effectivement le matin venu (après une panne de voiture à 5km du départ et la fin du trajet en stop...), il ne fait frais qu'au départ, puis le ciel gris se découvre peu à peu et tourne au bleu vif avec un bon soleil et des températures qui grimpent bien.
Je me place relativement proche de l'avant du peloton sur la ligne de départ, en espérant ne pas être bloquée par les embouteillages sur les single trails à venir, mais tout le monde part vite. J'essaye de suivre le rythme autour de moi sur cette première section toute de creux et de bosses, avec quelques marches en bois, du sable, du single trail parsemé de racines et autres pièges... On passe ce qui ressemble à un ravito mais personne ne s'arrête et je suis le mouvement. Du coup je suis en sur-régime dans les montées et je me retrouve coincée dès que ça descend. Je passe le panneau 5km en 27mn, oups, peut-être un peu rapide... Après 7 ou 8 km une montée un peu plus longue étale un peu le peloton et j'en profite pour lever le pied.
Le parcours est super varié. Après ce début vallonné, suit une longue section quasiment plate sur de larges pistes forestières pour 4x4. C'est facile de maintenir un bon rythme et je profite des portions de descentes pour relancer un peu et doubler. Je réussis aussi à me casser la gueule, pasque si je m'ouvre pas un genou sur un trail c'est pas drôle. Une roulade sur le côté et je repars. Beaucoup de bénévoles nous encouragent, de gamins nous distribuent des bonbons, puis arrive un autre ravito et cette fois je m'y arrête pour boire un coup de powerade, trop chaud pour manger du solide.
On traverse ensuite une zone infestée de Phytopanthera, et on doit passer sur des tapis imbibés d'un produit nettoyant avant d'en sortir pour attaquer d'abord une descente, puis un replat où on longe un magnifique étang, retenue de barrage ("dam what's a view!"), puis la grosse montée du parcours : Arthur's seat. Une première montée raide en plein soleil, avec toujours les panneaux humoristiques de Rohan ("yes it's a hill, get over it", ou "I know I can, I know I can"). C'est dans cette montée qu'on croise les premiers coureurs du 56km qui reviennent déjà vers l'arrivée. 200m de déniv plus haut la vue s'ouvre sur la mer en-dessous de nous, et la plage de Dromana. C'est tellement beau que je ne peux pas m'empêcher de m'arrêter pour prendre des photos. C'est là que KathyMac arrive dans l'autre sens (parcours en aller-retour) et se marre "je vois que tu as le temps de prendre des photos".
Après cette petite pause touristique, le meilleur moment du parcours : ze big descente. Un sentier technique avec de grosses marches irrégulières, des coureurs fatigués à doubler, d'autres à croiser (ceux qui ont 5-10km d'avance sur nous et reviennent déjà), alors que je dévale à pleine vitesse en essayant de ne pas trop penser au retour : il va falloir tout remonter bientôt... ça ne dure pas très longtemps puis on arrive sur la route vers Dromana. Encore une immense descente avec la baie qui s'offre à nous en contrebas. Juste à ce moment là un énorme bateau passe tout près de la côte, la vue est sublime. Pas de photo cette fois, trop occupée à dévaler à donf :-)
Il faut ensuite avaler quelques centaines de mètres de bitume plat pour arriver au checkpoint de milieu de parcours. 3h13 pour ces premiers 28km. Je bois encore beaucoup, et prend un gel à la pomme. Je remplis aussi ma poche à eau, qui a l'air de fuir un peu, pas grave, ça rafraîchit... 4' d'arrêt et je repars dans l'autre sens, en trottinant sur le faux plat qui remonte. 500m plus haut je croise Bernie qui arrive dans l'autre sens, 10' derrière moi environ. On traverse un pont sur l'autoroute en contrebas, que je n'avais même pas remarquée à l'aller, trop concentrée sur la vue. Puis c'est reparti pour les chemins, et la remontée d'Arthur's Seat.
Bon, les grosses marches irrégulières, c'est plus rigolo en descente qu'en montée. Je profite du paysage et avance quand même à un bon rythme, en discutant brièvement avec un triathlète de la péninsule. Après les embouteillages du début de course, je suis maintenant quasi seule sur le parcours par moments. Je commence aussi à doubler du monde. En haut d'Arthur's Seat un dernier regard sur la vue sur la mer, un bout de plat, et c'est la descente raide vers MacLarens Dam. Je double une coureuse dans la descente, puis elle me redouble alors que je prends des photos de l'étang, puis je la rattrape à nouveau alors qu'on remonte en faux plat.
On traverse une zone plantée d'étranges palmiers, puis passage par les tapis nettoyants, et les phytopanthera, et... bref, la même chose mais à l'envers. Quoique en fait on ne suit pas exactement le même chemin, à l'aller on avait dû éviter les coureurs du 28km, partis en même temps que nous mais de l'autre côté, et on s'était donc croisés à distance sur des chemins différents. Cette fois on les poursuit sur le même chemin, mais ils ont sans doute tous fini depuis bien longtemps maintenant. Autour de moi il n'y a que des coureurs fatigués du 56km. Alors qu'on remonte une longue volée de marche je double des épaves, genou en vrac, jambes qui ne répondent plus, crampes, pliés en deux et montant au ralenti.
Il est 11h ou midi et le soleil commence à bien cogner. Ma casquette emportée pour me protéger de la pluie trouve une autre utilité, et c'est pas plus mal. Par contre je tombe en panne d'eau... il ne reste que 5 ou 6 km de course et je ne suis même pas sûre qu'il y ait encore un ravito. Du coup je ralentis inexorablement. Heureusement alors qu'on traverse des champs (encore un paysage différent), on passe un bénévole qui me donne un peu d'eau et m'annonce le prochain ravito à 500m, Boneo Road. Je m'y arrête pour boire quelques gobelets de powerade, et Kai, coureur blessé devenu bénévole me propose de remplir mon camel. J'ai l'impression que c'est une perte de temps si proche de l'arrivée, mais en même temps ça serait dommage de finir déshydratée.
Puis c'est reparti sur les mêmes single tracks du début. Chemin vallonné, racines à gogo, je trébuche plusieurs fois mais ne tombe pas. Pas mal de marches d'escaliers, des boardwalks suspendus dans la végétation, des petits ponts de bois, et plus personne autour de moi. Pour la première fois je me mets à douter du parcours, me remémorant les mésaventures d'un coureur perdu l'an dernier à quelques kilomètres de l'arrivée. Mais je suis bien sur le bon chemin, les marqueurs oranges et les coureurs que je rattrape en témoignent. Je vais moins vite qu'à l'aller, plus vraiment la motivation de forcer, personne autour de moi pour me servir de lièvre, donc je marche la moindre bosse et trottine le reste du temps.
Sur le dernier km je retrouve la pêche, je joue au yoyo avec 2 gars, je les double, m'arrête pour prendre une photo, me fais rattraper, puis les redouble, etc. J'arrive sur un spectateur tout déçu qui attendait sa femme "qui a aussi une casquette rouge". Il me propose de me prendre en photo, je pose devant la mer et le phare en contrebas, les 2 gars arrivent et mon photographe commente qu'il fait tout pour me retenir :-) mais je les redouble aussitôt. Il ne reste plus que quelques petites bosses sablonneuses à passer puis on commence à passer des spectateurs qui attendent des coureurs, on entend le micro de la zone d'arrivée. On passe un point de vue, on arrive sur la large piste qui mène au parking, j'accélère encore un peu. Evidemment ça finit par une montée, entre les spectateurs, je ne peux quand même pas marcher maintenant !
Le speaker annonce mon nom, "finisher of the UTMB in 40h37, that's a long time!", ouais, j'ai fait ce que j'ai pu... :-p Ah, oui, pour s'inscrire au 2bays trail run il fallait une course qualificative, donc j'avais mis l'UTMB :-) Un premier tapis de chronométrage, je me demande si c'est la ligne d'arrivée, il n'y a plus d'arche à cause du vent violent. Mais la ligne est encore un peu plus loin, le temps d'un petit sprint final entre les spectateurs accoudés aux barrières, ça me rappelle l'UTMB tiens justement. En un peu moins dur quand même ;-)
Je passe la ligne, on me remet une médaille, et voilà, c'est déjà fini... Je repartirais bien dans l'autre sens j'avoue. D'ailleurs c'est ce que je fais. J'emporte une pomme et une limonade du ravito et retourne au point de vue 300m plus loin pour attendre Bernie. Il arrivera finalement une bonne heure plus tard juste avant la barrière horaire de 8h de course. Kathy a fini 5e fille il y a bien longtemps, après avoir "craqué" sur la fin : elle a marché pour la 1e fois après 50km de course...
Conclusion, une super course avec des terrains variés, des paysages magnifiques, des volontaires enthousiastes, des baliseurs qui ont de l'humour, et un grand soleil. Gérée sans jamais être dans le rouge, rythme tranquille, il faudra que j'apprenne à me mettre dans le rouge un jour !
- Le site de la course ici
- Les résultats (26e fille sur 56, pas de catégories d'âge, 145e scratch sur 239 finishers)
- Pas de trace gpx, ma montre a réussi à perdre le fichier... :-/
- Et les photos pour faire voyager mes potes du TTT
Et bien.... Belle course dis moi! Et du coup tu as fait du fractionné avec toutes ces pauses photos :) Merci de nous avoir fait partager ces paysages et cette ambiance.
RépondreSupprimerBonne récup.