AFFUTAGE PARFAIT
Quand on a des objectifs de performance comme les miens (faire mieux que les 10h et quelques de l'an dernier ^^), on se doit de mettre toutes les chances de son côté. Donc vendredi soir un petit Body Combat à la salle, suivi d'une nuit quasi blanche pour cause de torticoli délocalisé dans l'épaule, suivie d'une journée à gambader entre marché de Noël et Décathlon, ponctuée quand même d'une sieste pour récupérer de la nuit blanche et préparer la suivante. Le trajet en voiture donne une occasion de plus de récupérer, rallongé par les embouteillages à l'approche du stade Gerland où un match est justement sur le point de commencer, histoire de rajouter un peu de monde sur les 10000 coureurs qui arrivent aussi tous en même temps.
SAINT-ETIENNE
SAINT-ETIENNE
Une fois garés, on ré-embarque, en navette bus pour le stade de Saint-Etienne,
retrait rapide des dossards-chasubles, et direction la pasta party, la même que l'an
dernier : des pâtes dans une barquette plastique et une sauce rationnée à
la cuillère près, du pain, des bananes et compotes, de l'eau gazeuse.
On enchaîne sur une sieste dans un coin, ou plutôt de vaines tentatives parce qu'il fait super froid (dur de chauffer un hall de gare...). On change d'endroit pour s'éloigner des murs pas isolés, puis on change de vêtements, on réessaye de dormir sous les gradins mais cette fois ce sont les micros qui hurlent et grésillent la remise des trophées du trail dans le hall voisin, super intelligent, nulle part on est tranquille pour dormir. Du coup on passe au hall 1 regarder le sketch délire de Yoann Métais sur l'UTMB, puis les films et rêver devant les pubs de faire tous-les-trails-de-tout-le-monde-tout-entier, et à essayer de dormir (et même y réussir plutôt bien). On finit quand même par réaliser que ça boucle et qu'on a vu 3 fois chaque film donc comme il reste encore plein de temps, retour au hall 2 pour (devinez) une sieste. Bref, quelques heures assez floues passées à pas mal osciller entre les 2 halls et (tenter de) siester.
Puis c'est l'heure de se mettre en tenue de course pour déposer les sacs au camion, dehors dans le froid, et avoir un premier aperçu de ce qu'on va endurer. Autant dire qu'on ne s'attarde pas dehors, retour devant l'écran pour l'échauffement groupé façon fitness sur la super musique de Pirates des Caraïbes, ça me met une pêche d'enfer, je saute partout, ça y est je suis en mode course !
DEPART
Bien échauffés par la musique, c'est bientôt l'heure de sortir dans le froid glacial de la nuit noire obscure. OK, j'exagère :-) en fait je suis agréablement surprise par la supportabilité de la température. Avec le stress du départ et la chaleur humaine (on joue les manchots, ou les sardines dans une boîte de conserve à ciel ouvert, au choix) on n'a pas le temps de penser à la température. On se dirige tant bien que mal dans notre sas de départ (7-9h, l'objectif très large de la très grande majorité des coureurs...) dans les bouchons (une constante sur cette course) et on y attend le départ, donné après un speech de Christine Arron. Il nous faut quelques minutes pour passer la ligne de départ, puis c'est parti.
PREMIERE SECTION
On commence par 7 km de bitume dans la ville, je me sens super bien, Mickaël a proposé de faire la course ensemble donc il n'a pas encore disparu devant comme une fusée :) On court à bonne allure sur une succession de mini-bosses, juste interrompus par une pause technique (la quarante douzième au moins). On a vite bien chaud, même aux mains. Après cette demi-heure de plat, on attaque les choses sérieuses.
VERGLAS
Vers le kilomètre 7 ou 8 on attaque une première montée sur bitume, avec un invité surprise : le verglas. Une première glissade tout à fait inattendue et on change de foulée pour assurer chaque appui. Ce qui ne m'empêche pas quelques kilomètres plus loin, une fois arrivés sur des chemins de terre, de m'étaler sur une belle glissade latérale. Je suis debout dans la seconde sans douleur mais avec le gant trempé et boueux, dommage... 100m plus loin je refais la même, ça devient pénible, mais toujours plus de peur que de mal. Mais à peine plus loin je remets ça et cette fois ci c'est le genou et le tibia droit qui atterrissent tout droit sur un caillou, aouch. Je repars mais au ralenti, avec une douleur qui me vrille l'os du tibia, mais je me dis que ça va vite passer. Jusqu'à ce que je re-glisse sur yet another plaque de verglas et retombe, sur les fesses cette fois. Et je reste par terre passablement énervée, sauf que ça a rapidement tendance à inquiéter les gens, un coureur qui ne se relève pas, donc il faut bien repartir. Mais je passe en mode escargot fatigué qui a un genou en moins (oui c'est un escargot avec des genoux, enfin un seul maintenant) et qui en a marre d'être comme un con sur une patinoire en baskets. Gore-tex les baskets, mais quand même. En fait beaucoup de coureurs ont prévu les yaktrax ou autres dispositifs anti-glisse sous les baskets, jalouse... D'autres ont moins de chance, on passe déjà un premier blessé emballé dans une couverture de survie, les pompiers viennent le récupérer sur une civière. Pas de bol, il n'aura même pas atteint le premier ravito...
RAVITO CHAOS
Le premier ravitaillement n'est heureusement pas loin, je fonce au thé chaud, enfin tout est relatif. Pas la chaleur du thé, forcément bouillant par rapport à la température extérieure, mais par contre la vitesse de fonçage est grandement limitée par le chaos ambiant : quelques milliers de coureurs (au bas mot ^^) se pressent dans une tente beaucoup trop petite pour eux et se bousculent sans remords pour accéder à LA table où quelques pauvres bénévoles dépassés peinent à servir tout le monde. Il nous faudra quasi 20 mn pour nous extirper de ce ravito après avoir tout juste réussi à obtenir une tasse de thé et quelques tranches de pain d'épices.
HISTOIRE SANS FIN
Et c'est reparti pour une section d'une douzaine de bornes jusqu'au "fameux" ravito de Sainte-Catherine. Des chemins verglacés, des flaques de boue, des congères de neige fraîche où on s'enfonce à mi-mollet, des plaques de verglas, des congères de neige, des chemins enneigés pour éviter des flaques de boue, des chemins verglacés pour éviter des congères de neige, le tout avec un tibia et un genou qui se battent en duel pour savoir qui crie le plus fort. On avance donc de flaque de boue en plaque de verglas, de congère de neige en flaque de boue, ad libido, et à chaque difficulté sur le parcours, un immense bouchon se forme, et on fait la queue pour patauger dans la gadoue, ou la neige, ou les deux.
Avec tout ça, les kilomètres défilent à l'allure d'un escargot neurasthénique, et en plus les panneaux nous en enlèvent ! Quand ma montre indique 26km on passe le panneau 25km. Peu de temps après le panneau annonce le ravito de Sainte-Catherine (officiellement au km 28) alors que ma montre donne 27 km. A n'y rien comprendre... Enfin quelle que soit la distance, on aura mis 2h de plus pour y arriver... 2 verres de soupe à peine chaude descendus d'une gorgée à la table, j'attrape quelques biscuits à la confiture et c'est reparti, vite, fuyons...
MI-COURSE MOUVANTE
Comme au ravito précédent, le redémarrage après la pause dans une tente chauffée ravive ma douleur au genou/tibia. Il me faut du temps pour repartir vraiment. Je guette sur ma montre le 35 km qui marquera la mi-course, pendant ce qui semble des heures, seulement pour tomber juste après sur un panneau 34 km. Et sur le ravito de Saint-Genoux, enfin, ou déjà. Je ne m'attendais pas à un ravito si proche du précédent (vu qu'on n'a aucun road book digne de ce nom, on fait la course un peu à l'aveugle, et pas seulement parce qu'il fait nuit...).
L'HISTOIRE SE REPETE
Saint-Genoux, donc (protecteur des miens ?). Encore un ravito sur-bondé, une bousculade géante entre des coureurs qui perdent toute tenue pour attraper un biscuit. J'attrape quelques tranches de fromage et ce que je crois être un genre de biscotte ; en fait il me faudra quelques minutes pour me rendre compte que je suis en train de manger du fromage sur des cookies au chocolat... :-) combinaison étrange mais pas mauvaise ^^ Je passe aussi le buff polaire par dessus le buff tissu qui a gelé autour de mon cou là où il était mouillé, les gants aussi, mouillés à force de tomber dans la neige et la boue, sont gelés rigides... mais pas le temps de changer pour une des 3 autres paires de gants dans mon sac, on s'éclipse aussi vite que possible, et de nouveau mon genou a refroidi, ou réchauffé, et il refait la gueule, et comme il faut.
On enchaîne sur une sieste dans un coin, ou plutôt de vaines tentatives parce qu'il fait super froid (dur de chauffer un hall de gare...). On change d'endroit pour s'éloigner des murs pas isolés, puis on change de vêtements, on réessaye de dormir sous les gradins mais cette fois ce sont les micros qui hurlent et grésillent la remise des trophées du trail dans le hall voisin, super intelligent, nulle part on est tranquille pour dormir. Du coup on passe au hall 1 regarder le sketch délire de Yoann Métais sur l'UTMB, puis les films et rêver devant les pubs de faire tous-les-trails-de-tout-le-monde-tout-entier, et à essayer de dormir (et même y réussir plutôt bien). On finit quand même par réaliser que ça boucle et qu'on a vu 3 fois chaque film donc comme il reste encore plein de temps, retour au hall 2 pour (devinez) une sieste. Bref, quelques heures assez floues passées à pas mal osciller entre les 2 halls et (tenter de) siester.
Puis c'est l'heure de se mettre en tenue de course pour déposer les sacs au camion, dehors dans le froid, et avoir un premier aperçu de ce qu'on va endurer. Autant dire qu'on ne s'attarde pas dehors, retour devant l'écran pour l'échauffement groupé façon fitness sur la super musique de Pirates des Caraïbes, ça me met une pêche d'enfer, je saute partout, ça y est je suis en mode course !
DEPART
Bien échauffés par la musique, c'est bientôt l'heure de sortir dans le froid glacial de la nuit noire obscure. OK, j'exagère :-) en fait je suis agréablement surprise par la supportabilité de la température. Avec le stress du départ et la chaleur humaine (on joue les manchots, ou les sardines dans une boîte de conserve à ciel ouvert, au choix) on n'a pas le temps de penser à la température. On se dirige tant bien que mal dans notre sas de départ (7-9h, l'objectif très large de la très grande majorité des coureurs...) dans les bouchons (une constante sur cette course) et on y attend le départ, donné après un speech de Christine Arron. Il nous faut quelques minutes pour passer la ligne de départ, puis c'est parti.
PREMIERE SECTION
On commence par 7 km de bitume dans la ville, je me sens super bien, Mickaël a proposé de faire la course ensemble donc il n'a pas encore disparu devant comme une fusée :) On court à bonne allure sur une succession de mini-bosses, juste interrompus par une pause technique (la quarante douzième au moins). On a vite bien chaud, même aux mains. Après cette demi-heure de plat, on attaque les choses sérieuses.
VERGLAS
Vers le kilomètre 7 ou 8 on attaque une première montée sur bitume, avec un invité surprise : le verglas. Une première glissade tout à fait inattendue et on change de foulée pour assurer chaque appui. Ce qui ne m'empêche pas quelques kilomètres plus loin, une fois arrivés sur des chemins de terre, de m'étaler sur une belle glissade latérale. Je suis debout dans la seconde sans douleur mais avec le gant trempé et boueux, dommage... 100m plus loin je refais la même, ça devient pénible, mais toujours plus de peur que de mal. Mais à peine plus loin je remets ça et cette fois ci c'est le genou et le tibia droit qui atterrissent tout droit sur un caillou, aouch. Je repars mais au ralenti, avec une douleur qui me vrille l'os du tibia, mais je me dis que ça va vite passer. Jusqu'à ce que je re-glisse sur yet another plaque de verglas et retombe, sur les fesses cette fois. Et je reste par terre passablement énervée, sauf que ça a rapidement tendance à inquiéter les gens, un coureur qui ne se relève pas, donc il faut bien repartir. Mais je passe en mode escargot fatigué qui a un genou en moins (oui c'est un escargot avec des genoux, enfin un seul maintenant) et qui en a marre d'être comme un con sur une patinoire en baskets. Gore-tex les baskets, mais quand même. En fait beaucoup de coureurs ont prévu les yaktrax ou autres dispositifs anti-glisse sous les baskets, jalouse... D'autres ont moins de chance, on passe déjà un premier blessé emballé dans une couverture de survie, les pompiers viennent le récupérer sur une civière. Pas de bol, il n'aura même pas atteint le premier ravito...
RAVITO CHAOS
Le premier ravitaillement n'est heureusement pas loin, je fonce au thé chaud, enfin tout est relatif. Pas la chaleur du thé, forcément bouillant par rapport à la température extérieure, mais par contre la vitesse de fonçage est grandement limitée par le chaos ambiant : quelques milliers de coureurs (au bas mot ^^) se pressent dans une tente beaucoup trop petite pour eux et se bousculent sans remords pour accéder à LA table où quelques pauvres bénévoles dépassés peinent à servir tout le monde. Il nous faudra quasi 20 mn pour nous extirper de ce ravito après avoir tout juste réussi à obtenir une tasse de thé et quelques tranches de pain d'épices.
HISTOIRE SANS FIN
Et c'est reparti pour une section d'une douzaine de bornes jusqu'au "fameux" ravito de Sainte-Catherine. Des chemins verglacés, des flaques de boue, des congères de neige fraîche où on s'enfonce à mi-mollet, des plaques de verglas, des congères de neige, des chemins enneigés pour éviter des flaques de boue, des chemins verglacés pour éviter des congères de neige, le tout avec un tibia et un genou qui se battent en duel pour savoir qui crie le plus fort. On avance donc de flaque de boue en plaque de verglas, de congère de neige en flaque de boue, ad libido, et à chaque difficulté sur le parcours, un immense bouchon se forme, et on fait la queue pour patauger dans la gadoue, ou la neige, ou les deux.
Avec tout ça, les kilomètres défilent à l'allure d'un escargot neurasthénique, et en plus les panneaux nous en enlèvent ! Quand ma montre indique 26km on passe le panneau 25km. Peu de temps après le panneau annonce le ravito de Sainte-Catherine (officiellement au km 28) alors que ma montre donne 27 km. A n'y rien comprendre... Enfin quelle que soit la distance, on aura mis 2h de plus pour y arriver... 2 verres de soupe à peine chaude descendus d'une gorgée à la table, j'attrape quelques biscuits à la confiture et c'est reparti, vite, fuyons...
MI-COURSE MOUVANTE
Comme au ravito précédent, le redémarrage après la pause dans une tente chauffée ravive ma douleur au genou/tibia. Il me faut du temps pour repartir vraiment. Je guette sur ma montre le 35 km qui marquera la mi-course, pendant ce qui semble des heures, seulement pour tomber juste après sur un panneau 34 km. Et sur le ravito de Saint-Genoux, enfin, ou déjà. Je ne m'attendais pas à un ravito si proche du précédent (vu qu'on n'a aucun road book digne de ce nom, on fait la course un peu à l'aveugle, et pas seulement parce qu'il fait nuit...).
L'HISTOIRE SE REPETE
Saint-Genoux, donc (protecteur des miens ?). Encore un ravito sur-bondé, une bousculade géante entre des coureurs qui perdent toute tenue pour attraper un biscuit. J'attrape quelques tranches de fromage et ce que je crois être un genre de biscotte ; en fait il me faudra quelques minutes pour me rendre compte que je suis en train de manger du fromage sur des cookies au chocolat... :-) combinaison étrange mais pas mauvaise ^^ Je passe aussi le buff polaire par dessus le buff tissu qui a gelé autour de mon cou là où il était mouillé, les gants aussi, mouillés à force de tomber dans la neige et la boue, sont gelés rigides... mais pas le temps de changer pour une des 3 autres paires de gants dans mon sac, on s'éclipse aussi vite que possible, et de nouveau mon genou a refroidi, ou réchauffé, et il refait la gueule, et comme il faut.
ABANDON ? - MAIS POURQUOI ?
Du coup Mickaël qui me voit souffrir commence à
insister pour que j'abandonne, ou pour qu'on abandonne. L'appel du bus
chauffé est effectivement très fort, mais je résiste à la double voix,
celle du fond de ma tête et la sienne par-dessus. Du coup je me mets
dans ma bulle, avec toujours la musique dans une oreille, et je déconnecte le reste. J'ai déjà
assez de mal à gérer ma propre voix qui demande si la blessure n'est
pas grave, si je ne devrais pas être raisonnable et arrêter. Je pense à Jérémy qui
me menaçait si je continuais de nouveau à courir sur une blessure au
dernier 24h de Grenoble ; je pense même qu'il me féliciterait
d'abandonner, un argument de plus pour l'appel du bus. Mais je résiste.
Pourquoi ? Comment ?
Cette fois c'est la distance marathon que je guette avec impatience, je me re-casse la gueule 3-4 fois, ici un genou dans la neige, là une chute sur le cul qui fait super mal dans le dos et la nuque, et ravive la douleur pré-course à l'épaule, alors que je faisais justement très gaffe... Je la qualifie de "chute de trop" mais me relève et continue. En plus de tout ça il se met à neiger une première fois en pleine nuit, mais heureusement c'était une fausse alerte, ça ne dure pas longtemps. Pas que ça change grand chose, trempés pour trempés...
Cette fois c'est la distance marathon que je guette avec impatience, je me re-casse la gueule 3-4 fois, ici un genou dans la neige, là une chute sur le cul qui fait super mal dans le dos et la nuque, et ravive la douleur pré-course à l'épaule, alors que je faisais justement très gaffe... Je la qualifie de "chute de trop" mais me relève et continue. En plus de tout ça il se met à neiger une première fois en pleine nuit, mais heureusement c'était une fausse alerte, ça ne dure pas longtemps. Pas que ça change grand chose, trempés pour trempés...
PILOTE AUTO
Je continue donc toujours en pilote automatique dans ma bulle à l'abri des incitations (nombreuses et répétées) à abandonner, en me demandant en boucle "mais pourquoi est-ce que je fais ça ?". Incapable de trouver une réponse, je retourne la question dans tous les sens. Il y a bien sûr le fait que je sais que le confort immédiat de l'abandon laissera très vite place aux regrets. L'envie de ne pas créer un précédent de "c'est trop dur, j'abandonne", aussi, très néfaste les précédents négatifs, il vaut bien mieux créer un autre "c'était dur mais j'ai survécu", beaucoup plus utile au prochain UTMB. Je m'y projette d'ailleurs, avançant en pilote automatique au milieu d'autres fantômes, exactement comme en fin (ou milieu...) d'UTMB, je m'imagine au milieu des mêmes fantômes, dans quelques mois, quelque part autour du Mont-Blanc, sur des sentiers autrement plus difficiles et pentus. Car au moins une chose est sûre, rien ici aujourd'hui n'est suffisamment raide pour être vraiment difficile, surtout à la vitesse à laquelle on est réduits par le verglas. D'ailleurs la vitesse du vainqueur le montre bien : on pouvait courir tout le temps. Ou bien il avait pensé aux patins à glace ;-)
Je continue donc toujours en pilote automatique dans ma bulle à l'abri des incitations (nombreuses et répétées) à abandonner, en me demandant en boucle "mais pourquoi est-ce que je fais ça ?". Incapable de trouver une réponse, je retourne la question dans tous les sens. Il y a bien sûr le fait que je sais que le confort immédiat de l'abandon laissera très vite place aux regrets. L'envie de ne pas créer un précédent de "c'est trop dur, j'abandonne", aussi, très néfaste les précédents négatifs, il vaut bien mieux créer un autre "c'était dur mais j'ai survécu", beaucoup plus utile au prochain UTMB. Je m'y projette d'ailleurs, avançant en pilote automatique au milieu d'autres fantômes, exactement comme en fin (ou milieu...) d'UTMB, je m'imagine au milieu des mêmes fantômes, dans quelques mois, quelque part autour du Mont-Blanc, sur des sentiers autrement plus difficiles et pentus. Car au moins une chose est sûre, rien ici aujourd'hui n'est suffisamment raide pour être vraiment difficile, surtout à la vitesse à laquelle on est réduits par le verglas. D'ailleurs la vitesse du vainqueur le montre bien : on pouvait courir tout le temps. Ou bien il avait pensé aux patins à glace ;-)
HUMOUR
La plus grande difficulté vient bien du
terrain, alternance de plaques de verglas, de congères de neige fraîche
profonde, de flaques de neige mi-fondue, de gadoue bien mouillante. Sous
la neige qui tombe, on arrive au pied d'une montée sur sentier bien
boueux, d'abord de la boue profonde dans laquelle on s'enfonce au risque
d'y perdre une chaussure, recouverte d'une fine pellicule de neige
fraîche ("un gâteau au chocolat avec du glaçage" lance Mickaël
derrière), puis le sentier se transforme en torrent de boue ("coulis de
chocolat", ajoute-t-il, c'est l'hypoglycémie qui parle), impossible de rester au sec.
Du coup au bout d'un moment je passe en mode "mouillé pour mouillé,
autant traverser en plein dedans", d'autant que les pieds sèchent assez
rapidement et ont le temps de se réchauffer (je valide à fond mes
chaussettes au séchage ultra-rapide et mes chaussures au gore-tex hyper
efficace ^^). L'humour aide à faire passer le temps, et de ce point de vue je suis servie, accompagnée d'un humoriste breton en baskets. Un peu plus loin, on passe dans l'herbe, moins glissante, pour éviter du verglas ou de la boue, et j'entends derrière moi : "L'herbe c'est bien, j'aime l'herbe." (jusque là tout va bien, je m'apprête à acquiescer) "D'ailleurs je suis pour sa légalisation". :-D Du coup je me contente de rigoler et d'avancer. Sur l'herbe :-)
LUMIERES
Quand on prend la peine d'y
prêter attention, l'ambiance est quand même magique. La lune est encore
presque pleine (décroissante depuis peu), un immense serpent de
frontales illumine le chemin (on sait tout de suite si on va monter ou
descendre bientôt), et sur les côtés le paysage est recouvert de neige
fraîche, tout est blanc et luit dans l'obscurité. Il se met à neiger
assez tôt dans la matinée, vers 6h, mais ça ne me dérange pas, j'aime
bien la neige, et puis c'est quand même beaucoup mieux que la pluie, ça mouille moins. On
est certes tous dans la même galère, mais aussi tous partie du même
serpent qui relie les 2 villes. D'ailleurs on commence à voir les
lumières de Lyon in the distance, une immense
ville qui scintille de 1000 lampadaires, un nuage de lueurs jaunes
orangées à l'horizon. Horizon qui commence aussi à s'illuminer des
premières lueurs du jour à venir. Le ciel d'abord noir devient violet,
bleu nuit, puis gris clair sans passer par la case "ciel bleu". Puis
carrément blanc quand il se met à neiger de plus en plus fort. De toutes façons on n'a pas quitté une seule fois le k-way depuis le départ. A ce
moment il fait déjà bien jour, j'ai depuis longtemps remisé la frontale
dans une poche du sac, sans m'arrêter, mais de nombreux coureurs l'ont
oubliée sur leur tête.
SECOND SOUFFLE
Profitant de ce second
wind, on décide de zapper carrément le ravito de Soucieu au km 47. Pour
la première fois je n'ai pas vu les kilomètres passer un par un, je
n'avais pas regardé mon écran depuis le marathon. On contourne donc la
tente sans y rentrer, tous les autres s'arrêtent, la fatigue commence à
peser pour la plupart. Il fait quand même faim et je prend le temps
d'avaler quelques biscuits (ou les miettes qui en restent après les
chutes) gardés dans ma poche de sac depuis le dernier ravito. Je descend
aussi un shoot de V concentré, qui combiné avec le lever du jour me
ressuscite complètement, alors qu'autour de nous ce ne sont que fantômes
et coureurs fatigués. On rattrape vite d'autres coureurs, on court
régulièrement, on marche au moindre danger, et on remonte dans le
classement (pas que le classement soit bien important, mais juste pour
dire que tout le monde autour ne fait plus que marcher et qu'on n'a pas
de problème à doubler encore et encore). Surtout que c'est pas tout à fait comme si on s'était beaucoup fatigués à maintenir un rythme de folie en début de course...
Alors que je me crois débarrassée du verglas, à la fois par la "chaleur" du jour et par la fréquence croissante de bitume, on arrive à un croisement avec un camion de pompiers, et plusieurs bénévoles et pompiers qui nous indiquent où passer au mètre près, en précisant que "il y a eu de nombreux accidents ici". On veut bien les croire. On contourne donc une fois de plus le chemin en marchant en bordure du champ voisin, sur la terre complètement gelée.
Alors que je me crois débarrassée du verglas, à la fois par la "chaleur" du jour et par la fréquence croissante de bitume, on arrive à un croisement avec un camion de pompiers, et plusieurs bénévoles et pompiers qui nous indiquent où passer au mètre près, en précisant que "il y a eu de nombreux accidents ici". On veut bien les croire. On contourne donc une fois de plus le chemin en marchant en bordure du champ voisin, sur la terre complètement gelée.
LA VILLE S'EVEILLE
Au petit matin on traverse le village de Chaponost où les "gens normaux" se réveillent à peine. Tout est blanc, recouvert de neige, magnifique, et il continue de neiger. C'est Noël, je suis comme une gamine. Je ramasse de la neige sur une voiture pour une bataille de boules de neige, on se marre, je suis de nouveau contente d'être là.
HYPOGLYCEMIE - dernier RAVITO
Sur la section suivante je reconnais des sections de l'an dernier (là où j'avais
discuté avec un gars qui avait mal au genou), ça descend, descend,
descend, des fois ça remonte aussi un peu. Mais le dernier ravito de Beaunant se fait attendre, encore plusieurs kms après
le village de Chaponost, et beaucoup trop loin du précédent à cause du ravito zappé à Soucieu. En plus il n'est pas au km 57
comme prévu mais plutôt quasi 60. A défaut de manger, je croque l'embout de mon camelback jusqu'à reussir à
lui soutirer goutte après goutte du précieux liquide, avant d'enfin
obtenir un flux d'eau bien froide. Yahoo, ça fait du bien ! L'eau,
c'est quand même vachement bon :-) Puis la faim commence à bien
s'installer, pour Mickaël comme pour moi, donc on mange nos derniers biscuits pour tenir jusqu'à Beaunant.
Au ravito, c'est une grande tente ouverte, des tables, une bonne dizaine de portaloos. J'y fais une longue pause au chaud en envoyant les premiers messages depuis le départ (j'annonce notre arrivée prochaine à Jérémy), puis on repart pour la dernière section. Mes pieds commencent à être sensibles avec toute cette humidité, les ampoules ne sont pas loin (même si je suis presque immunisée maintenant).
Au ravito, c'est une grande tente ouverte, des tables, une bonne dizaine de portaloos. J'y fais une longue pause au chaud en envoyant les premiers messages depuis le départ (j'annonce notre arrivée prochaine à Jérémy), puis on repart pour la dernière section. Mes pieds commencent à être sensibles avec toute cette humidité, les ampoules ne sont pas loin (même si je suis presque immunisée maintenant).
SPRINT FINAL
A la sortie du ravito, la
fameuse montée des aqueducs de Beaunant nous attend : pente à 20% par endroits, la
belle affaire :) C'est un peu la Hacketts road locale. Mais aujourd'hui elle ne me paraît pas bien difficile, power walk jusqu'en haut avec Mickaël en doublant encore et toujours. D'autant qu'à partir du sommet il n'y a plus que du bitume, et plus que de la descente (et du plat).
Je me lâche complètement en sprint dans les descentes, puis attend Mickaël, puis repart, mais trop vite on arrive en bas, sans jamais
passer par la même magnifique longue descente de l'an dernier (en fait
au lieu d'être sur le boulevard on a trop vite pris les escaliers pour
descendre dans les petites rues...). Moi qui n'attendait (presque) que ça, je suis déçue !
QUAND ON ARRIVE EN VILLE
On arrive donc sur les quais, et là il faut se motiver pour ne pas se laisser aller à marcher. Les jambes sont lourdes, il faut forcer pour avancer, ça n'a plus le fun de la descente, ni des chemins, autour c'est moche, on passe dans une zone industrielle. Mais on arrive aussi en ville, les voitures klaxonnent pour nous encourager, et on n'est plus très loin. J'ai une bonne surprise en réalisant qu'il ne reste que 4 km jusqu'à l'arrivée, ils n'ont donc pas raccourci que la descente mais aussi l'interminable section plate à travers les quais de Lyon. Et je décide qu'il est interdit de marcher jusqu'au finish. Sauf bien sûr traversée de pont (glissant) ou montée d'escaliers (montants). Mais à part ça je cours. Je manque lâcher Mickaël qui me dit au-revoir en ralentissant, mais je le remotive.
Puis arrive la dernière ligne droite (qui fera un km de plus que prévu) et j'aspire à courir un peu toute seule pour finir dans ma bulle, mais comme je n'arrive plus à semer Mickaël qui a senti l'écurie ^^, je le laisse lui partir en sprint devant, et attaque le mien un peu plus loin, de la bonne musique dans les oreilles. A l'entrée du stade il y a foule de spectateurs massés autour des barrières, je sprinte dans le virage sous leurs applaudissements et encouragements, et arrive sur le tapis rouge (à moins qu'il soit bleu) qui conduit dans le stade. Il faut passer une petite bosse qui manque bien me faire trébucher, puis c'est l'arche finale et je m'arrête enfin de courir. Pas en super forme, un peu claquée :-) le temps de récupérer un t-shirt finisher je m'écroule par terre un peu plus loin, allongée de tout mon long sous le plafond étoilé.
QUAND ON ARRIVE EN VILLE
On arrive donc sur les quais, et là il faut se motiver pour ne pas se laisser aller à marcher. Les jambes sont lourdes, il faut forcer pour avancer, ça n'a plus le fun de la descente, ni des chemins, autour c'est moche, on passe dans une zone industrielle. Mais on arrive aussi en ville, les voitures klaxonnent pour nous encourager, et on n'est plus très loin. J'ai une bonne surprise en réalisant qu'il ne reste que 4 km jusqu'à l'arrivée, ils n'ont donc pas raccourci que la descente mais aussi l'interminable section plate à travers les quais de Lyon. Et je décide qu'il est interdit de marcher jusqu'au finish. Sauf bien sûr traversée de pont (glissant) ou montée d'escaliers (montants). Mais à part ça je cours. Je manque lâcher Mickaël qui me dit au-revoir en ralentissant, mais je le remotive.
Puis arrive la dernière ligne droite (qui fera un km de plus que prévu) et j'aspire à courir un peu toute seule pour finir dans ma bulle, mais comme je n'arrive plus à semer Mickaël qui a senti l'écurie ^^, je le laisse lui partir en sprint devant, et attaque le mien un peu plus loin, de la bonne musique dans les oreilles. A l'entrée du stade il y a foule de spectateurs massés autour des barrières, je sprinte dans le virage sous leurs applaudissements et encouragements, et arrive sur le tapis rouge (à moins qu'il soit bleu) qui conduit dans le stade. Il faut passer une petite bosse qui manque bien me faire trébucher, puis c'est l'arche finale et je m'arrête enfin de courir. Pas en super forme, un peu claquée :-) le temps de récupérer un t-shirt finisher je m'écroule par terre un peu plus loin, allongée de tout mon long sous le plafond étoilé.
RECUP
ça fait vraiment du bien d'enlever
les chaussures et chaussettes trempées, le t-shirt et la polaire humides
(on transpire même par -5°C apparemment), et de passer une polaire (il
ne fait pas si chaud dans le stade prétendûment surchauffé) et le T-shirt finisher par dessus. Plus le dossard de nouveau histoire d'avoir
accès au repas post-course (un sac en papier avec un sandwich et une
barquette de salade). Ils distribuent aussi du Red Bull à tout va, mais
je fais une pause de caféine :-) et l'offre à Mickaël pour la route.
Nos paniers repas à la main, on regagne (difficilement) la voiture, pour 2h d'autoroute sous la neige pour regagner (non moins difficilement) Grenoble. Je commence par m'endormir, puis me réveiller en admirant le paysage tout blanc et la neige qui tombe, youpi ^^, mais moins sympa pour le(s) conducteur(s)...
Nos paniers repas à la main, on regagne (difficilement) la voiture, pour 2h d'autoroute sous la neige pour regagner (non moins difficilement) Grenoble. Je commence par m'endormir, puis me réveiller en admirant le paysage tout blanc et la neige qui tombe, youpi ^^, mais moins sympa pour le(s) conducteur(s)...
Arrivée chez moi je découvre enfin les dégâts sur le genou (rouge
et bleu...), prend une (très courte) douche bouillante jusqu'à une coupure d'eau
chaude qui tombe bien, et m'endort jusqu'au dîner, puis re jusqu'à mon TD de
lundi matin. Et lundi soir j'étais à la salle de sport pour un Body Attack. Recovery...?
complete! :-D
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