mardi 29 août 2017

Ut4M Xtrem 2017 - Massif 4 Chartreuse !

Je ressors de la base vie avec Hélène qui m'accompagne un peu à vélo (j'en oublie encore une fois de relancer ma montre). Je m'inquiète de Bernard avec qui on s'était dit qu'on ferait un arrêt court à SNE, alors que finalement le kiné m'a pris du temps, j'imagine que lui est déjà reparti, mais Hélène me dit qu'elle l'a vu et prévenu de mon départ, cool. Puis je marche un peu avec Olivier qui me retrouve plus haut pas loin de sa maison (là où j'avais vu Catherine l'an dernier), avant de quitter les lumières de la ville pour m'enfoncer dans la nuit. Je ne me rappelais plus que c'était si long pour atteindre le départ de la montée, je prends mon temps, je récupère encore avant la grosse montée qui arrive. Pas eu le temps d'y réfléchir d'ailleurs (et c'est pas plus mal). Je mets finalement 1h rien que pour arriver au départ du chemin. Le démarrage est très raide, et je commence cool. Quelques gars arrivent derrière moi, je leur propose de doubler, ils déclinent, apparemment mon rythme leur va très bien. Ils me proposent quand même de me relayer devant si je veux mais je décline, je préfère donner mon propre rythme. 

La montée patine un peu mais moins pire que je craignais. Par contre je réalise que je n'ai pas du tout assez mangé à SNE (4 sushis... pas de soupe, pas de pâtes, pas de sucre, même pas de café...) et que je n'ai rien repris en poche non plus, il va falloir tourner à l'économie, parce que le Habert est encore loin, c'est la section la plus longue je crois. Je me fais un shot de caféine, et je descend bonbon caféiné sur bonbon caféiné (les sachets distribués avec les dossards, dont Joel m'en a filé quelques uns au PC course avant le départ, goût cola j'aime pas mais tant pis, c'est de l'énergie et j'ai plus que ça), mon ventre gargouille à n'en plus finir, je crève de faim en fait. Mais je suis toujours locomotive. 

Puis j'envoie Resistance de Muse à fond dans l'iPod, mon cerveau se met en veille et mes jambes se réveillent. Je commence à envoyer, le rythme accélère, derrière ça décroche peu à peu (il y a 2 frangins + quelques autres), puis le frangin craque et ils font une pause, je finis seule. Je ne tiens pas rythme jusqu'au bout, panne de sucre, ça s'éternise, je n'en vois plus le bout, de temps en temps une loupiote au-dessus de moi me donne un faux espoir, mais ce n'est qu'encore un lacet. En plus je commence à perdre en lucidité, la fameuse 2e nuit dehors, le sommeil contre lequel on ne peut pas grand chose, le manque de sucre peut-être aussi, et les cailloux commencent à prendre vie, j'y vois divers animaux, et même Totoro. Puis enfin voilà le sommet, personne pour nous y accueillir. Il pleut de nouveau un peu. Je passe une fille (relayeuse) arrêtée pour enfiler ses vêtements chauds, je m'arrête 5 mètres plus loin après avoir hésité un peu, lui dis que je vais l'imiter, et enfile mon pantalon de pluie (la veste c'était déjà fait). C'est que j'ai quelques mauvais souvenirs de frigorification avancée l'an dernier, à ne pas reproduire.

On monte encore un peu, nuit noire, je regrette la vue sur Chamechaude que j'aime tellement à cet endroit. Mais j'ai 4 bonnes heures de retard sur le coucher de soleil (et 4 heures d'avance sur le lever aussi). Xavier me rattrape, un ancien local qui habite maintenant dans le sud. Ensemble on débouche dans l'Emeindras, dans le noir total, un brouillard à couper au couteau, on ne voit même pas les balises, elles sont beaucoup trop éloignées (j'appelle même le PC course pour leur dire), on navigue un peu au jugé jusqu'à voir des lumières rouges vers la cabane, c'est Romain Lapastek, je lui redis pour les balises, il me répond que c'est pour ça qu'ils sont là.
L'Emeindras de jour quelques heures plus tard, pour donner une idée du brouillard...
Sous l'ombre majestueuse de Chamechaude

On continue dans la gadoue, ça patine mais on ne se noie pas comme l'an dernier, faut juste faire très gaffe. Le chemin est loin d'être rectiligne, j'y perds mes repères déjà mis à mal par la nuit et le brouillard au point qu'un moment je me demande s'ils sont en train de nous faire redescendre directement sur le Sappey. En fait on contourne une propriété privée avant de rejoindre le chemin qui grimpe vers le Habert. Je m'accroche à Xavier pour ne pas me retrouver toute seule, de peur de me perdre. Puis je reconnais enfin, on passe sous la clôture signalée par une balise et on attaque le raidillon dont je ne garde pas des bons souvenirs :-) Et là d'un coup ma frontale s'éteint net, c'est bien la première fois qu'elle me fait ça. Xavier se retourne et m'éclaire un instant, suffisant pour retrouver ma 2e batterie (je sais exactement où elle est de toutes façons). Puis il voit arriver du monde derrière et continue pendant que je galère un peu à changer la batterie puis repars avec... Bernard ! qui m'a finalement rattrapée, avec un autre gars. Heureusement que la nuit n'est plus très longue, car cette fois je n'ai plus d'autre batterie.

J'essaye maintenant de suivre Bernard mais mon releveur revient à la charge, j'ai l'impression de me prendre des décharges à chaque pas, je ne sais plus comment poser le pied pour ne pas avoir mal. Du coup tout le monde me sème et j'arrive seule au Habert, peuplé de nombreux coureurs et peut-être encore plus nombreux bénévoles. Je m'assied sur le banc dehors pour manger une soupe et boire un café ("un sucre ou pas? - deux sucres!"), le sommeil commence aussi à me tomber dessus sévèrement. Deux bénévoles me parlent, je suis à la rue et j'ai du mal à répondre, finalement les deux m'apportent un café, j'en boirai un seul, un autre coureur sera ravi de boire l'autre. Puis je repars après un arrêt express, il s'agit de ne pas s'endormir sur place, et Bernard m'attendait aussi pour repartir, il a froid. Il faut dire que ça se refroidit sévèrement. Je ne regrette pas le pantalon de pluie, je remonte aussi mes manchettes et descends les manches de la veste, il faut se réchauffer un peu le temps de faire repartir la machine. Plusieurs gars profitent de notre départ pour suivre aussi, mais je dors debout et je les perds très vite sur ce sentier quasi plat qui devrait être facile. Sauf qu'il patine à mort, et qu'en plus je ne vois plus rien, j'hallucine complètement maintenant. Des images floues psychédéliques se superposent à l'image du chemin, je cligne des yeux et dois parfois m'arrêter le temps de voir où je vais. A un moment je vois même ma musique se matérialiser devant moi, c'est assez bizarre et difficile à décrire comme sensation, des ondes et des vagues dansent en rythme sur le chemin. Je vois aussi des gens partout alors qu'il n'y a personne. J'envoie un message à Antho qui m'attend au Col de Porte pour qu'il monte un peu à ma rencontre, mais il doit encore dormir (une activité somme toute assez normale à 5h du matin ^^).

Et puis d'un coup, le café fait effet, et je me réveille net. J'accélère d'un coup, dans les limites permises par la gadoue, faudrait pas se casser un truc maintenant. Je rattrape du monde, m'étonne de ne pas croiser Antho, me dit qu'il doit monter lentement. J'arrive déjà sur la piste de ski finale quand je le croise enfin. Manque de bol il n'a pas de caféine sur lui, mais il me passe une pompote. On s'arrête 2 mn pour se dé-couvrir un peu, j'ai maintenant bien trop chaud, je vire le pantalon qui retourne dans mon sac avec 1kg de gadoue en bonus. Et on y va, on rattrape bientôt tous les coureurs qui m'ont semée depuis le Habert, dont Bernard et son binôme, et qui admirent ma ressuscitation. Puis on se challenge d'en rattraper d'autres partis avant, et on double encore et encore, ça fait plaisir. Ce qui fait moins plaisir c'est les tours et les détours dans les hauts du Sappey alors qu'il y a un chemin direct... Dans la dernière bosse on double une relayeuse que je rassure sur la suite. Piero m'envoie un message m'annonçant que je suis 5e fille, une demi-heure derrière Ilaria qui était 4e, avant le Habert. 

Il fait encore un peu sombre mais le jour n'est plus très loin, et je me dis que pour le lever de soleil au Saint-Eynard c'est raté (c'est maintenant, mais sous les nuages on ne voit rien de toutes façons). Je finis par refiler ma frontale à Antho et on termine la descente vers le Sappey, on n'y est pas encore arrivés que je décide d'en repartir avant 7h.

La descente finale est sur bitume, on peut lâcher les chevaux, puis on traverse la route pour rejoindre le camping, et le nouveau ravito (toujours tenu par Caroline) qui a déménagé cette année dans la salle des fêtes, bien plus grande que le foyer de ski de fondJe passe la porte à 6h45 et on retrouve Hélène. A cette heure-ci il n'y a pas encore grand monde et la grande salle est bien vide : le Master 100km est quasi terminé, les XTrem sont encore éparpillés jusqu'en Belledonne derrière moi, et les coureurs du 40km et du Challenge n'ont même pas encore pris le départ à Saint-Nazaire. Le rush viendra plus tard, quand je serai déjà loin, ouf. Même si c'est toujours agréable de croiser les coureurs des autres distances (et notamment les "challengers" que j'ai regretté de ne jamais croiser cette année), je déteste la cohue, je préfère ma tranquillité. On me dit que je suis maintenant 4e fille, j'ai donc dû dépasser Ilaria sans la voir, elle devait dormir dans le Habert (elle arrivera au Sappey 1h plus tard).
Rechargement des batteries au Sappey !

Je décide de faire une pause express et de repartir avant 7h. Juste le temps de refaire les niveaux d'énergie parce que je me suis fait peur dans la longue section précédente, n'ayant rien mangé à SNE et pas emporté assez. Petit déj à base de sushis, donc (y a pas d'heure pour les sushis ^^), et d'un shot de caféine. Impossible de trouver les autres dans les multiples sacs trimballés par mes assistants, va falloir prévoir un truc plus organisé la prochaine fois ! J'embarque aussi un n-ième sachet de bonbons caféinés et une pâte de fruits. Au passage je me décharge de quelques éléments inutiles : batterie vide, polaire supplémentaire prise pour la nuit, bidon vide, etc. J'ai trouvé mon sac bien trop lourd depuis le départ, mais je ne sais pas trop où gagner du poids sans rogner sur la sécurité...? En une dizaine de minutes je suis repartie.

Je commence par traverser le village en marchant le temps de digérer. Ambiance bucolique et paisible, le village est calme et encore désert en ce tout petit matin, sous un ciel gris et nuageux, pas de beau lever de soleil aujourd'hui. Le balisage me fait traverser la cour de l'école avant de rejoindre le foyer de ski de fond et le départ du sentier du Saint-Eynard. J'y dépasse un gars occupé à pisser sur le panneau directionnel, et attaque la montée à un bon rythme, j'ai étrangement la forme, je me sens bien, j'ai l'envie. Et puis la montée est d'abord assez facile, bitume vers Pillonières, j'en profite pour lire quelques SMS arrivés sur mon téléphone qui n'arrête pas de vibrer depuis le départ. Mon père a mobilisé tous les oncles et tantes, Stef me fait toujours autant marrer, et surtout ma soeur me dit que je vais "faire péter les 40h cette fois, non?". Après réflexion ça pourrait être jouable, l'an dernier j'ai mis 4h depuis le Sappey, cette année il m'en reste 3. Je lui répond que j'essaye et que je pète le feu. Puis on attaque le sentier et je range le téléphone, ça devient bien plus raide, va falloir pousser sur les bâtons. Devant moi un petit groupe en ligne de mire, je m'en rapproche, puis ils s'éloignent à nouveau, on fait l'accordéon. Je n'arriverai pas à les rattraper avant d'atteindre la crête juste au niveau du fort, en moins d'une heure quand même. 

Quelle vue de là-haut ! Quelques nuages, formés par l'humidité du matin, jouent à saute-mouton avec les collines en face de nous, cachant à moitié la ville encore endormie. La plupart des coureurs s'arrêtent prendre des photos, mais je continue ma route. Si je dois faire moins de 40h, il va s'agir de pas traîner en route. Et là je tombe sur Hélène et Antho en train de se garer au fort, je prends tout juste le temps de les saluer, Antho m'emboîte le pas pour descendre dans les douves, encore un détour (pour nous éviter de longer le fossé et de risquer de tomber dedans, m'a-t-on expliqué ensuite) avec du déniv bonus, puis on gravit la dernière bosse pour émerger au sommet des escaliers. Une photo rapide et j'attaque la descente pendant qu'Antho retourne à la voiture, je le taquine en lui disant de se dépêcher de redescendre au col de Vence s'il veut pas m'y rater, game on :-)
Sommet du Saint-Eynard, ça sent bon l'écurie (et le fauve, aussi, faut bien l'avouer)
Et je pars dans la descente, commençant par dévaler les escaliers. Le haut du sentier est assez technique et caillouteux, et l'humidité n'arrange rien. J'y vais très (trop) prudemment, trouille bleue de me casser la gueule maintenant alors que j'ai (presque) assuré mon podium. En même temps je m'en voudrais trop d'arriver en 40h et quelques petites minutes sans avoir tout tenté. Donc je finis par réussir à me lâcher et dévaler la descente. Il y a plein de monde, principalement du Master, tous s'écartent en m'entendant arriver et me laissent passer, beaucoup m'encouragent au passage, et réciproquement je leur dis toujours quelques mots, c'est agréable. Je croise aussi quelques randonneurs qui montent. Je descends de plus en plus vite au fur et à mesure que le chemin devient moins technique et que je gagne en confiance. A part une petite glissade bien rattrapée dans un virage, aucune frayeur, mes jambes répondent encore parfaitement, même pas mal ! Je déboule à la barrière en 20mn chrono, pas mal :-) plusieurs bénévoles me font traverser la route et m'envoient grimper dans le champ en face pour éviter de longer la route, cette fois je ne prends même pas le temps de râler ou de me poser des questions, je file, j'avale la bosse, et je recommence à courir dans l'herbe jusqu'au parking et son ravito.
Photo by Piero, si c'est flou c'est parce que j'allais trop vite ;-)

Hélène et Antho sont déjà arrivés, je les aperçois à ma gauche de l'autre côté de la barrière, puis un bénévole m'arrête pour me badger, je suis un peu perdue, j'hésite, quand j'entends une voix me lancer "t'arrête pas Carole !". C'est exactement ce que je veux faire, en fait, continuer sans m'arrêter. Je me retourne pour trouver la source de la voix, en vain, en fait c'était Piero, et je repars en trombe sans même l'avoir vu... oops ! 

Je reprends ma course et dévale le bout de route jusqu'au démarrage de "l'autoroute de la Bastille", cette piste (et GR) qui monte jusqu'à Bec Aigu, dernier point culminant, encore 150m de déniv avant de descendre descendre descendre jusqu'à Grenoble. J'attaque la montée en surveillant ma montre, l'heure, le temps restant, la vitesse moyenne qu'il me faudrait maintenir pour passer sous les 40h, ça va être chaud jusqu'au bout. Je ne sais même pas combien de kilomètres il me reste exactement : 10? 11? En soi ça ne fait pas une grande différence, mais pour mon objectif de 40h il me reste 1h30 et j'aurais bien voulu savoir. Il paraît qu'il y avait des panneaux de distance à chaque ravito, mais je n'en ai pas vu un seul (le premier qui dit que je suis passée trop vite...aura peut-être bien raison sur ce coup-là ^^). C'est quand même bête de voir tout un tas de trucs qui n'existent pas et de rater les panneaux indicateurs... Enfin bon, du coup je monte aussi vite que je peux en poussant régulièrement sur les bâtons, au moins je n'aurai pas de regrets, et je m'arrête au premier panneau de rando pour checker la distance jusqu'à la Bastille. Non sans avoir d'abord croisé un dinosaure dans le bas côté. Si si, un dino, un diplodocus je dirais à vue de nez. Bref, je fais de l'ultratrail et j'ai pas dormi depuis 48h... (Et j'ai des neveux fans de dinosaures).

Je marche à fond en poussant sur les bâtons, j'avale un truc pour être sûre de maintenir le niveau d'énergie jusqu'au bout. Je crois bien que je suis fatiguée mais l'adrénaline (et quelques litres de café qui me vaudront pas mal de pauses techniques toute la nuit) me tient réveillée. Par contre mon cerveau fait des siennes, et j'hallucine complètement, à un point que j'ai du mal à distinguer le vrai du faux. Après le diplodocus qui pointait le bout de son long cou à ma gauche dans le fossé (dont j'ai eu peu de mal à me convaincre qu'il était faux), je prends chaque balise pour les gilets fluos de bénévoles postés là. Je vois des personnes partout, appuyées aux arbres, allongées dans le bas côté, alors qu'il n'y a absolument personne, je suis seule au monde. On grimpe en pente douce entre les arbres, Grenoble est complètement cachée dans les nuages, je suis dans un tunnel hors du temps. 

J'avance aussi vite que je peux, et après 26mn de montée voilà Bec Aigu et son gros cairn, marquant le début de la descente finale. Maintenant il va falloir envoyer pendant un bon moment, il me reste une heure pour arriver. Je gère quand même le début de la descente, avec des passages bien glissants, les rochers lissés et polis par la grosse fréquentation du GR, humides de la pluie de la nuit. Je croise quelques personnes qui montent, je demande même à l'un d'eux si "c'est encore loin la Bastille?", il me fait tout le topo de la suite, je n'ose pas lui dire que je connais en fait, je retiens juste qu'il reste 2km. D'ailleurs je débouche bientôt sur la piste du Jalla, ça commence à sentir bon cette histoire. Dans mon iPod j'ai mis la playlist spéciale finish et je chante avec (et non non non, il ne s'est même pas remis à pleuvoir). Et soudain c'est comme un retour à la civilisation : après avoir été globalement toute seule sur toute la traversée, voilà que je rattrape énormément de monde, quelques dossards rouges (XTrem 170km) et beaucoup de dossards oranges (Master 100km). La plupart marchent et attendent que la fin se passe, je les encourage tous au passage. Je déboule sur le parking du Père Gras, on suit la route pour revenir à la Bastille, pas d'arrêt au panneau "Arrivée à 5km", pas le temps, faut filer. 
Dans la descente de la Bastille, concentrée !

On croise aussi maintenant de plus en plus de coureurs du dimanche (ou du samedi en l'occurrence) qui montent à la Bastille, certains totalement indifférents à tous ces coureurs boueux crottés qui boitillent la descente, alors que d'autres ralentissent à notre passage, nous regardant avec respect ou admiration et nous applaudissant, ça change de ma descente de l'an dernier à 4h du mat, et ça fait plaisir. Je dévale carrément la fin, doublant encore 2 ou 3 gars qui pourtant trottinaient, j'attrape la rambarde pour mon dernier virage serré, l'équilibriste sur la ligne verte Ut4M inutile cette année mais qui n'a toujours pas complètement disparu, et me voilà sur les quais. Deux bénévoles (bien réels ceux-là) me font traverser la route, je traverse le pont, et voilà les berges. Toujours obnubilée par mon objectif, je ne sais pas trop combien il reste, 2 km ? 3 ? Et une vingtaine de minutes. A moins de marcher maintenant ça devrait le faire.

Marcher justement, ça commence à s'imposer, ça fait plus de 2h que je suis à fond. Je rêve aussi de me débarrasser de mes bâtons pour courir un peu plus librement. Je m'accorde quelques pas de marche, répit bienvenu. Puis je me trompe de sentier, le balisage nous fait descendre au plus près de l'eau, remonter, redescendre, par réflexe j'avais pris la piste cyclable en haut, mais quelqu'un me crie que je me suis trompée. Plus loin je me retrompe et descends trop bas cette fois, mais je croise un coureur du GUC qui me rappelle sur le bon chemin. Allez, concentration ! Puis je croise Cécile, ma sauveuse de l'an dernier. Je lui refile mes bâtons, et elle court quelques pas avec moi avant de me donner rdv au Palais des Sports. J'accélère encore, mais mon sac pèse, la fatigue pèse. Enfin on remonte quelques marches vers la piste cyclable, on passe le tunnel, on traverse la voie de tram pour rentrer dans le parc. Heureusement j'ai vu le parcours et je sais qu'on se paye encore un tour bonus du parc. Tour d'honneur qui pourrait être très cool avec un peu de public pour nous encourager, mais là il n'y a vraiment personne, un ou 2 promeneurs de chiens et quelques joggeurs matinaux. J'ai droit à quelques applaudissement d'une famille qui attend sans doute un autre coureur. Devant moi j'ai un coureur (du Master) en ligne de mire, il me sert à ne pas me perdre dans le parc (si si c'est possible) et de lièvre, j'accélère encore un coup, mais je n'arriverai pas à le rattraper. Je croise mon voisin Sébastien qui a abandonné sur le challenge. Le parcours contourne les marches pour prendre la rampe d'accès au Palais des Sports. Les deux gardes de la sécurité me laissent passer, je longe l'extérieur du Palais, toujours pas de musique, je leur avais demandé un accueil en musique mais ils ne peuvent pas savoir où j'en suis (pendant ce temps ils guettaient mon arrivée, échangeant sur facebook avec ma soeur, "plus que 8mn"). Puis j'arrive à l'entrée du tunnel, illuminé en vert. 
Le public, c'est à 21h pour le dernier arrivant. Le tunnel était vide quand je suis arrivée.

Un bénévole m'arrête en plein élan pour badger mon dossard, puis me dit "encore 8 mètres" (dont je me demande s'ils sont comptés dans les 169 km 200 annoncés du parcours), alors je repars en courant, direction le chrono géant qui affiche en gros chiffres rouges "39h 55mn et quelques secondes". C'est gagné. Je le crois pas. Et avec 5mn de rab. Gros shoot d'endorphines !

Je sais pas trop où est la ligne d'arrivée en fait. Jusqu'à ne pas pouvoir aller plus loin. Hélène, Antho, Mowgli sont là dans la zone d'arrivée. Puis ils lancent la musique et on se refait une arrivée à 3, pour le fun.


Après ça je m'écroule, pendant quelques secondes je me dis que je pourrais bien m'endormir sur place, mais en fait l'adrénaline au taquet m'en empêche.

Puis j'ai droit à une interview by Mowglie (me demandez pas ce que je lui ai raconté), faut dire à cette heure-là y a un finisher toutes les heures environ, on est bien éparpillés. On m'offre une rose comme à toutes les finisheuses, puis je récupère le T-shirt et la veste finisher. 

Je vois arriver Bernard quelques temps après moi, puis Marc venu m'accueillir mais qui avait suivi l'estimation officielle qui me voyait arriver vers 10h30. J'ai un peu affolé les compteurs sur cette dernière section, on me dit même que je l'ai courue plus vite que le gagnant de la course ! J'en reviens pas, mais après avoir extrait un classement sur la section, je suis effectivement 14e à quelques minutes du meilleur temps et devant le vainqueur, j'adore. 

Passage express chez moi pour une douche mais impossible de fermer l'oeil, à la place je découvre les dizaines de messages sur facebook, et apprend aussi que les 2 Z'Amoureux sont en fait toujours en course, erreur de pointage ! La meilleure nouvelle de la journée, yay ! Du coup retour au Palais des Sports pour un passage au ravito de fin de course (ravioles ! après avoir fini les sushis en guise d'entrée ^^ faut dire que j'ai perdu 2-3 kgs dans cette histoire), puis au stand Life+, puis chez le kiné, puis dans la piscine de cryothérapie où je tombe sur Vivien, encore un collègue coureur. Pendant ce temps les arrivées des copains se succèdent, Nelly, Joel, Lionel le petit frère Bozon, etc. Finalement j'arriverai à rentrer faire une petite sieste en fin d'aprem avant de revenir accueillir Alain et Anne les z'amoureux fabuleux, toujours le sourire après plus de 50h là-haut.

S'en suivent les podiums, beaucoup plus rapides que l'an dernier, ouf. Je repars avec un trophée remis par Seb le directeur de course en personne. 

Je retrouve aussi enfin Denis qui m'avait attendu avec le café à Chamrousse jusqu'au dernier moment, du coup on partage une bière (enfin, un Canaille Spirit dans mon cas ;-) ). L'an prochain je reviens dans l'équipe de balisage !

Et la journée se termine en dansant jusqu'à 1h du matin et le vidage des lieux par les vigiles, j'arrivais plus à m'arrêter.

Le lendemain matin formatage des ordis Ut4M au Palais des Sports (l'Ut4M est une grande famille, tu croises les gagnants de l'édition précédente qui te servent à manger ou te donnent ton dossard, les bénévoles courent, les coureurs aident, c'est génial, franchement faut venir). Et l'aprem séance de cryothérapie dans le lac de Laffrey entre finishers heureux.

Aucune courbature, juste le releveur qui râle un peu. Reprise du footing le mercredi vers les passerelles du Monteynard, et dossard le dimanche sur le tour du lac de Paladru (14km vallonnés en 1h08, je crois que j'ai la pêche !).

Débriefing : organisation au top (le premier qui tape sur la direction de course parce qu'ils ont détourné la course peut aller demander à ceux qui étaient à Chamrousse sous l'orage ce qu'ils en ont pensé, ou je peux aussi lui expliquer la vie), super balisage (à part l'Emeindra mais c'est la faute des vaches qui ont mangé nos balises, berk), supers bénévoles tout sourire dans le froid, sous la pluie, perdus tous seuls dans la montagne, malgré des coureurs pas toujours très réveillés ou souriants. Le seul hic c'est ce parcours de repli à la distance mal évaluée, il faut absolument publier le parcours de repli envisagé et les données (distance et déniv) exactes. Envoyer des coureurs sur "11km de descente" quand il y a en fait 17 à 20km avec 300 à 500m de montée (selon les avis), c'est limite dangereux et au minimum ça sappe sérieusement le moral. Pour le reste rien à redire !

Au final une course FA-BU-LEUSE, je me suis éclatée pendant presque 40 heures, j'ai pris mon pied presque d'un bout à l'autre (ou alors ma mémoire a déjà fait son oeuvre de sélection ?), sous la pluie, sous le cagnard, dans la boue, dans les cailloux, dans les montées, dans les descentes, de jour, de nuit, c'était juste génial, et j'y retournerais bien au plus vite. Dans environ 360 jours par exemple (que c'est long...). Pour faire encore mieux ?

lundi 28 août 2017

Ut4M Xtrem 2017 - Massif 3 Belledonne (enfin presque...)


Après cette pause à Rioupéroux en plein cagnard (c'est ça d'être trop superstitieuse pour rentrer se mettre au frais ^^), je repars en 20mn, en oubliant d'abord de relancer ma montre. Yves n'est pas là cette année, dommage, il s'occupe de la direction de course là-bas au Parc Mistral. Antho et Marc m'accompagnent sur 50m, le temps de me mettre sur le chemin qui part maintenant juste pile en face du ravito, plus besoin de redescendre 200m sur la route pour le trouver. Le démarrage est raide, mais y a juste à serrer les dents et avancer. Il fait bon il fait chaud et je suis seule au monde entre les arbres. Les quelques gars arrivés en même temps que moi à la base vie doivent y rester plus longtemps. J'y vais lentement mais sûrement, en pensant à une seule chose : Denis qui m'attend un peu plus haut. Je suis quasi seule, seuls 1 ou 2 coureurs me passent. Je croise un gars qui descend, il m'annonce qu'on ne va plus à la Croix de Chamrousse, coupée aussi à cause des orages. Mélange de soulagement de gagner un peu de déniv, et de déception de couper encore une fois mon massif préféré... Il m'annonce aussi que je suis "bientôt" en haut, mais je n'écoute jamais ce genre d'indications, trop subjectif, trop aléatoire.

Je croise un premier militaire et lui demande de prévenir Denis que j'arrive, à la radio. Puis je croise une AMM qui me dit qu'elle lui fait un SMS pour le prévenir, mais qu'il vient d'être remplacé par Régis. Puis je tombe sur Régis au niveau des cordes fixes qui sécurisent le sommet, zut, raté... Après ce passage technique et raide où il faut mettre les mains pour passer, la fin de la montée est un peu moins raide sur le plateau de l'Arselle, entre les panneaux qui signalent les pistes de ski de fond où je me balade parfois l'hiver (je ne reconnais absolument pas le paysage, ça change tellement entre 2 saisons), puis je vois enfin la tente blanche du ravito. Hélène m'y attend, qui me dit que Denis est parti il y a une demi-heure (il est environ 16h, j'ai mis 2h à monter les 1200m depuis Rioupéroux). Jan avec qui j'étais au PC course mercredi est bénévole là. 
L'étoile de Belledonne, pour Stoof le Ouf de Strava :-)

séance de Life+ sur la cheville

Une pause s'impose, j'ai vraiment mal à la cheville maintenant, j'ai même envoyé un sms à Hélène pour lui demander de prendre son Life+, on fait un passage sur ma cheville, puis un sur mon releveur. Je change aussi de chaussures pour mettre les siennes (ma paire de Tecnica spéciale cailloux n'étant pas trop adaptée pour courir 25 bornes de piste forestière sur le parcours de repli). De ma chaise je vois le ciel bleu azur et j'ai du mal à croire que des orages arrivent bientôt, mais de l'autre côté de la tente apparemment ça se couvre à vitesse grand v et Jan me dit que ça va pleuvoir dans 10mn. Du coup je repars après avoir déjà un peu trop traîné, en espérant atteindre quand même le Recoin avant que ça pète vraiment. Le Life+ a fait de la magie sur ma cheville, je ne sens absolument plus rien, je suis bluffée. Par contre pour le releveur c'est raté, à se demander si c'est pas l'os qui a pris, parce que je douille toujours autant.

On traverse la station dans l'herbe, on croise des chevaux, les ados qui les mènent nous encouragent, puis une grosse montée (un mur) se dresse devant nous. Je grimpe derrière 2-3 gars puis on arrive sur la large piste de Roche Béranger, coucou Chamrousse ! Je sens l'humidité dans l'air et je décide de sortir mon kway et l'enfiler avant d'avoir froid, ré-entendant les conseils de ma frangine ^^. Je resserre aussi mes lacets pour pouvoir dévaler la piste comme il faut. Et là d'un coup un énorme coup de tonnerre résonne dans toute la station, je sursaute à bondir au plafond (très bas soudainement), le ciel tremble tout entier, et dans la foulée des murs d'eau s'abattent sur nous. Ils doit être environ 17h20 soit exactement la minute annoncée pour les orages par le bulletin météo, jolie précision. La casquette vissée sur la tête et la capuche par dessus, je dévale la piste, passant d'autres coureurs qui se sont abrités sous les arbres pour chercher leur veste, j'ai bien fait d'anticiper ! Ensuite ça se complique. Les balises nous font couper dans l'herbe détrempée, on voit à 1m devant, je cherche mon chemin. Beaucoup de balises se sont soit envolées, soit écroulées, soit roulées en boule dans l'herbe mouillée, on ne voit absolument pas où on va. Je trouve mon chemin comme je peux, je jardine, plus personne ne me suit bizarrement. Puis ça se calme peu à peu, et quand je tombe sur Thierry du GUC, signaleur abrité sous son parapluie sur la piste au croisement par où on repassera en sortant du ravito, il ne pleut presque plus. Il m'indique le ravito dans la grande salle du Recoin, j'y arrive vers 17h45, sous quelques dernières gouttes.

J'arrive devant la salle avec un grand sourire jusqu'aux oreilles et lance aux bénévoles / spectateurs debout dehors «j'me suis pris une de ces rincées !», presque morte de rire, la pluie m'a bien rafraîchie, mais ils ont dû me prendre pour une folle. Première chose je leur signale que le balisage ne tient plus la route, un ou 2 bénévoles se proposent d'y aller, j'ai presque honte de les envoyer dehors sous la pluie, mais je m'inquiète que les suivants se paument.

Puis Hélène m'accueille et me dit que la course est neutralisée, à moins que ça soit les bénévoles qui m'ont badgée, j'ai pas compris tout de suite. Il a fallu me répéter qu'on n'avait pas le droit de repartir pour l'instant. C'est frustrant alors que l'orage semble être passé et que le ciel se dégage carrément. Mais apparemment à Grenoble c'était vent violent, une vraie tornade, arbres déracinés, le chaos. Je vais m'allonger sur l'estrade à côté d'autres coureurs, j'essaye de profiter quand même de la pause pour manger, boire, etc.

Mais en même temps je m'impatiente, j'ai peur qu'ils nous arrêtent pour de vrai. Je finis par appeler Antho pour avoir des news, quand la bénévole du chrono annonce que si on veut on peut repartir. Là je suis un peu prise au dépourvu, mais je ne demande pas mon reste, je me carapate aussitôt, avec un autre gars qui me sème vite. Je me retrouve toute seule sur le parcours de repli, large piste forestière qui descend entre les arbres, le soleil brille derrière le rideau de branches, la lumière est belle, la vie est belle, ma musique est belle, je prends mon pied. On nous a annoncé 12 km et 300m de D+ jusqu'à Freydières, ça devrait aller vite, et j'ai même une chance d'attaquer la Chartreuse de jour, je me réjouis. Les premiers 6km de descente passent vite, une cinquantaine de minutes et je traverse une route avec des signaleurs qui annoncent encore 6km. Après ça remonte un peu, léger, et ça redescend, ça oscille en balcon sous Belledonne, le paysage est pas folichon mais au moins ça avance vite, ça fait du bien aussi d'avaler les kilomètres de temps en temps. Encore 4km comme ça, je m'attends donc à atteindre bientôt Freydières, d'autant qu'en altitude on est pas mal (dans les 1300m comme Freydières). Mais là on arrive sur une autre route, et une bénévole devant sa voiture nous annonce encore 7km. Avec l'autre coureur qui m'a rejointe on la regarde avec de gros yeux, en lui disant que en haut c'était 6km, elle répond juste "je sais". Je pense qu'elle a dû s'en prendre plein la gueule depuis tout à l'heure...

Bon, pas le choix, c'est parti pour 7 km alors. Bernard m'a rejointe, mais mon moral a pris un sacré coup. Cette piste est moche, longue, interminable (comme quoi la beauté est bel et bien dans l'oeil de celui qui la voit, parce que c'est la même piste que je trouvais si belle 8km plus tôt). On descend encore vachement, on passe un point d'eau improvisé (un bénévole tout seul avec quelques packs de flotte, qui a aussi dû se faire allumer par quelques coureurs au sujet des indications kilométriques foireuses, nous on s'est contentés de le remercier pour l'eau), puis une fois qu'on est 3 ou 400m en-dessous de Freydières, hop on remonte, un mur (Claude me demandera plus tard ce que j'ai pensé de son parcours de repli, euh, comment dire... ^^). J'en peux plus je cale, j'en ai marre marre marre. Je pensais torcher cette section en gagnant du temps sur mes prévisions, et au final je suis maintenant en retard sur mon planning. Il va faire nuit avant qu'on atteigne Freydières si ça continue. En haut du mur un gars nous annonce le ravito dans 10mn, puis un autre gars plus loin dans 5mn, puis les minutes défilent et toujours rien, et en plus je ne reconnais même pas les lieux, et pour cause, on arrive par en-dessous. On est même obligés de sortir les frontales avant d'y arriver, il est quasi 21h. Enfin le voilà ! 

Moi qui voulait passer sans m'y arrêter, après plus de 2h de course depuis le Recoin (et mine de rien c'est fatigant, marcher dans les cailloux c'est plus reposant que courir en fait des fois) j'ai bien besoin d'une pause. Je m'assied sur un banc face au ravito et demande une soupe, le bénévole me sert une espèce de truc blanc collant crémeux épais avec des vermicelles dedans, j'ai pas réussi à identifier ce que c'était (je lui ai demandé il m'a répondu "vermicelles", ok), mais qu'est-ce que c'était bon ! Je descend un énorme bol servi dans un fond de bouteille, avant de repartir avec Bernard. Retour sur le parcours officiel, que je connais, mais que j'ai l'habitude de voir de jour. On commence par remonter un peu en face, mais ça passe bien, la pause et la soupe ont fait leur effet. Puis on descend en trottinant tranquille dans les bois, c'est humide mais ça va encore. Et on est tous les 2 contents de ne pas être seuls dans cette galère.

Alors qu'on est sortis des bois et qu'on traverse un bout de civilisation, je vois l'horizon s'illuminer sur ma gauche, Bernard n'a rien vu, on se persuade que j'ai rêvé. Sauf que je rêve une 2e fois, une 3e fois, et on finit par se rendre à l'évidence : retour des orages. Le ciel s'allume tout autour de nous, le tonnerre gronde d'abord au loin puis de plus en plus proche, l'humidité monte. Je sors ma veste préventivement encore une fois, puis on se prend la pluie, heureusement un peu abrités sous les arbres. Par contre la visibilité en prend un coup, entre l'obscurité nocturne et les rideaux d'eau qui renvoient le faisceau de la frontale, on ne voit pas très loin. Le terrain est aussi de plus en plus gras, surtout le sentier-ornière vers le bas que je m'étais bien amusée à dévaler (au sec) l'an dernier. Cette section semble interminable, on mettra finalement un peu plus d'1h30 pour atteindre le Versoud. 

Hélène m'attend comme promis au ravito-surprise du Versoud. La table est décorée d'une rangée de marshmallow. Je m'y appuie (écroule ?) et regarde le ravito d'un air absent, je suis vidée. Une bénévole me demande ce que je veux, je ne sais pas si je réussis à lui répondre un truc intelligible, et je n'en sais rien, rien ne me tente. Je picore finalement quelques amandes, passe mes bâtons à Hélène qui me suit en vélo, et repars avec Bernard. Il faut se motiver pour courir encore et encore, mais déjà il ne pleut plus, c'est déjà ça. En plus mon releveur me fait de plus en plus mal, et la foulée qui le soulage le plus c'est l'avant-pied, donc j'essaye, m'enfin c'est pas la foulée la plus reposante, et le reste de mon corps me rappelle vite qu'il est un peu fatigué aussi quand même. Mais c'est pas lui qui commande, d'abord !

On traverse la voie ferrée, passe le pont sur l'autoroute, retrouve le sentier équestre où Béné m'avait retrouvée il y a 2 ans, je fais le juke box pour me motiver, puis on arrive dans Saint-Nazaire et ça remonte un peu, bonne excuse pour marcher. A l'entrée du ravito encore une bonne surprise, c'est Olivier qui m'attend ! Je n'ai pas la moindre idée de l'heure qu'il est à part qu'il est très tard (mon plan prévoyait une arrivée entre 23h et minuit), du coup c'est d'autant plus cool. Mais pour l'instant je ne pense qu'à une chose : montrer mon pied à un médecin ou un kiné. 

Cette pause est totalement désorganisée. Je commence par filer chez le podologue, mais je n'ai pas mon sac d'allègement, je ne peux pas recharger ma montre ni rien faire. Le podologue m'envoie chez le kiné, qui me masse un peu le releveur et me renvoie chez les podologues, qui me font un laçage spécial sur mes chaussures pour soulager un peu la douleur. En plus la surprise de l'organisation sur cette base vie c'est du courrier des familles, Céline m'a envoyé une enveloppe pleine de dessins de mes neveux adorés, trop bon ! Mention spéciale pour le Pikachu :-)
Merci les p'tits Suisses !
Antho me donne aussi des nouvelles de la course, mais moins bonnes, puisqu'il m'annonce que Alain (et je suppose aussi Anne) est hors-course à Chamrousse, zut, dégoûtée... (en fait c'est pas vrai, la suite au prochain épisode). Les 2 survivants de la team SEMITAG sont derrière moi maintenant, je les ai doublés sans les voir dans le Taillefer pendant qu'ils faisaient une pause. En même temps je mange des sushis apportés par Antho, puis je noke vite fait mes pieds et mets les chaussures propres relacées, et ça fait déjà une demi-heure qui s'est envolée. Le temps de passer aux toilettes j'ai perdu Antho et Hélène qui ont mon sac. Puis au moment de repartir Hélène me rend mes bâtons, mais en 2 morceaux, oups. Du coup elle me file les siens, un peu plus courts mais les mêmes, ça ira bien ! Je retrouve aussi Olivier qui est encore là et me dit qu'il me verra passer plus haut, et que la personne qui me fera traverser la route au-dessus est la maire de Saint-Nazaire, sympa ! :-) Je me perds dans le ravito, trop de monde partout, le bordel, et je sais pas par où on ressort. On m'envoie finalement vers la bonne porte, je me fais badger, et je repars, à l'assaut de la Chartreuse, mon terrain d'entraînement, mon jardin ! (que j'espère moins boueux que l'an dernier)

vendredi 25 août 2017

Ut4M Xtrem 2017 - massif 2 Taillefer

Hélène m'accompagne sur le km de bitume environ qui mène au départ du chemin, tout en rechargeant un peu ma montre. Puis elle fait demi-tour et je m'engage sur ce sentier derrière 2-3 gars. On monte bien au-dessus de la route juste pour nous épargner un peu de bitume, le genre de détours que je n'aime pas, je préfère le bitume au dénivelé inutile, on en a déjà bien assez comme ça ! Mais bon, dans la nuit, on se rend moins compte des tours et détours. Bernard me rattrape, on discute, tant et si bien qu'on arrive à un croisement non balisé, avec un petit groupe dont un coureur espagnol, et on doit faire demi-tour, quelques dizaines de mètres seulement heureusement et on retrouve nos balises. Puis les autres prennent de l'avance, je ne les suis pas, je suis plus concentrée toute seule. On quitte à nouveau le bitume pour grimper sur le chemin au-dessus de la voie ferrée quand un coureur me double en me bousculant fortement, je m'apprête à râler avant de reconnaître Joël "c'était pour rigoler", puis il prend le large lui aussi, alors qu'on redescend un raidillon pour rattraper la route qu'on longe un moment avant d'arriver dans Saint Georges de Commiers. Nelly me dépasse vers là elle aussi je crois, je la suis un moment, elle me montre la maison de Korb, pas de banderole Ut4M dans son jardin cette année. 

Puis je lance enfin ma musique et m'apprête à passer une nuit à grimper vers le Taillefer. Le début du massif est d'abord relativement facile, succession de bouts de bitume pour traverser la vallée, l'autoroute, la voie ferrée, et de chemins plus ou moins moches mais comme il fait nuit ça se passe beaucoup mieux que l'an dernier. Par contre je commence à avoir mal sur le dessus du pied droit, je desserre mes lacets et réajuste ma chaussure, mais ça n'y fait rien, mon releveur semble mécontent... On quitte finalement la civilisation en bifurquant à droite le long du cours d'eau, direction le col de La Chal. C'est au tour de Mikael de me rattraper lui aussi après la longue pause à Vif, et de me déposer. Je grimpe seule mais je suis plutôt bien, je me réjouis d'avance de retrouver Antho à Laffrey, et me voilà déjà au col. A partir de là c'est un replat sur une large piste qui grimpe encore un moment beaucoup moins raide, puis le single qui part à gauche et descend vers Laffrey. Je ne descends toujours pas super bien, mélange d'obscurité nocturne et d'appréhension, mais ça passe vite, voilà déjà le bitume, et un bénévole qui brille dans le noir à l'arrivée dans Laffrey : tiens, Antho ! On trottine le long de la route jusqu'au ravito, accueillis par Philippe J, où je me refais une soupe et le remplissage de boisson, la suite est longue. Puis je me booste encore une fois pour repartir vite.

On longe le lac dans l'obscurité du tout petit matin, il est un peu plus de 5h du matin. Antho m'accompagne sur le début en me donnant des nouvelles de la course. Nelly et Joel sont passés il y a un petit moment, par contre j'ai dû doubler Mikael sans le voir (en fait il s'est arrêté vomir ses pâtes au col...). Déjà du monde sorti aux barrières horaires de Lans. Philippe le dernier du team SEMITAG a abandonné à Vif. Et Anne et Alain avancent lentement mais sûrement environ 2h derrière moi. Le soleil n'est pas encore levé mais le ciel commence à s'éclaircir et les montagnes alentours s'y détachent peu à peu, j'adore cette ambiance. 

Antho finit par me laisser avec rdv au Poursollet, il faut qu'il aille dormir un peu, et je continue vers la Grande Cuche. D'autres coureurs me rattrapent, je fais la loco, j'aime bien, on discute un peu, on admire le lever de soleil, c'est tellement beau que je finis par rompre ma promesse de ne pas faire de photos en cours de route pour immortaliser le lever de soleil sur la suite du parcours, là-même où l'an dernier j'avais admiré le coucher de soleil.


On longe en balcon vers La Morte qu'on contourne par en haut (encore un de ces détours pour éviter un bout de bitume...), dans la station de ski, puis on redescend sur le ravito. Un de ces ravitos un peu glauques où beaucoup de trailers viennent "mourir" et où il vaut mieux ne pas s'attarder. Je m'assied sur une chaise le temps de descendre mon bol de soupe (mon ravito principal pendant toute la course) et un café bien sucré, puis je repars sans réfléchir à l'assaut du KV du Pas de la Vache. Le soleil se lève et pour une fois je profite de son paysage (que je connais déjà pour l'avoir aussi fait en version KV en septembre avec le team Ut4M), spectacle grandiose. Je rattrape quelques trailers, quelques-uns me doublent aussi, mais pas trop. Je me motive et me force à pousser et pousser encore, ne pas m'arrêter, ne pas craquer, ne pas traîner en route. Peut-être que je le payerai plus tard, mais peut-être pas, il faut bien tenter un jour pour savoir si je peux tenir. Peu avant d'atteindre la crête le soleil en dépasse soudainement et inonde notre versant encore sombre, j'en ai les larmes aux yeux. L'effort, la musique (i love you like a love song), subliment le paysage grandiose autour de nous et je termine la montée aux anges. En plus j'arrive en haut en 1h45 ce qui est plutôt correct. 

Il ne me reste plus qu'à descendre pour rejoindre Antho au Poursollet. Le militaire qui signale en haut m'avertit de la descente un peu glissante, et j'y vais prudemment. Il me faut de toutes façons un peu de temps pour relancer les jambes après autant de grimpette, et puis ça descend d'abord technique dans le Pas de la Vache, signalé de panneaux "passage dangereux". On plonge sur le Lac du Brouffier qui scintille sous le soleil du matin, instant WAOUH bonjour. Un gars a planté sa tente là en bas, il doit être bien, moi aussi. Mistral Gagnant arrive dans l'iPod et c'est reparti, je passe sous le refuge du Brouffier en chantant et je descend vers le Poursollet, pas assez vite à mon goût, alors qu'il fait jour. Encore une rencontre nez à nez avec une randonneuse que je vois au dernier moment et qui se marre quand je m'interrompt soudainement en pleine chanson. Fin de la descente dans l'herbe humide et glissante avant de déboucher sur la route. Comme d'habitude j'espère vainement que cette année on aura le droit de rester sur la route plutôt que de la "longer" par le GR qui monte et descend et croise et recroise la route. En plus à la stèle on commence par un bout de bitume, je trottine en chantant, il y a même des spectateurs sur le parking, puis je croise Antho venu à ma rencontre, yes, on y est presque !


On trottine en discutant avec un coureur anglais, Dominic, jusqu'au ravito. Pas de Linda ni de potion magique cette année c'est thème Astérix. Il fait plein jour, il est environ 11h du matin, et je me réjouis de la suite du parcours, on arrive dans ma section préférée. Je fais quelques calculs, je suis à peu près dans les temps prévus, je devrais pouvoir passer à la Croix de Chamrousse en face, par contre le Grand Colon est déjà annoncé coupé. Encore une courte pause et je repars avec Antho qui m'accompagne un peu dans la montée vers le plateau des lacs. Je la connais par coeur, je l'adore, et en plus cette année je la vois de jour, c'est le pied. 

Il fait vite demi-tour en me donnant rdv à Rioupéroux d'ici 3h environ. La montée passe vite, je revois Rafion qui monte pas loin de moi. Par contre la chaleur est bien montée, et la fatigue commence un peu à se faire sentir après ces 3500m en 4 montées successives, du coup le "plateau" des lacs ne me semble toujours pas plus courable que d'habitude. Je joue au yoyo avec un autre coureur qui est accompagné de ses parents, le rattrapant quand je peux trottiner à plat ou en descente, me perdant hors du chemin une fois, et calant complètement dans les montées, j'ai l'impression d'être à l'arrêt... Le plateau des lacs m'apparaît beaucoup plus grand, il doit bien y avoir une dizaine de lacs, c'est splendide, mais c'est long, mais c'est tellement beau, sous un grand ciel bleu à se demander d'où vont sortir les orages annoncés dans 3 heures... On croise pas mal de touristes / randonneurs, dont un gars qui me demande "c'est une course que vous faites?", je lui réponds oui "le tour de Grenoble par les 4 massifs" mais je ne sais pas si on peut réaliser ce que ça représente.

Le Pas de l'Enviou finit par nous apparaître, vraiment une toute petite bosse, j'y perd mon seul compagnon de route du moment (on est vraiment très éparpillés maintenant) mais je serre les dents le temps qu'il faut et arrive au sommet. Et de là plus qu'à redescendre sur les chalets de la Barrière. Pas de barbecue cette année, et pas non plus envie de perdre de temps. Je m'assieds sur le banc (pendant toute la course j'ai mis chaque pause ravito à profit pour m'assoir ne serait-ce que 5mn) pour boire une soupe, décline l'offre de remplir mes bidons qui attendront bien Rioupéroux, et m'engage dans la plus redoutée des descentes. Le démarrage est un peu difficile, je crois que mes jambes ont oublié ce que c'était que descendre avec l'enchaînement de KV pour rentrer dans le Taillefer. Un autre coureur me double à vive allure, espérant me rassurer je lui demande s'il est en relais, perdu "non, mais je viens de prendre un doliprane", ah, tout s'explique. (NB: les doliprane et autres anti-inflammatoires en ultra, ça fait peut-être du bien sur le coup mais c'est le maaaal). 

Puis je finis par réussir à me lancer aussi. J'ai perdu vachement de temps sur le plateau et j'ai décidé de ne pas mettre plus d'une heure pour atteindre le fond de la vallée. Sachant qu'il y a 1300m de D- (sur 3 ou 4 km, imagine la pente...) ça veut dire que je surveille ma montre pour ne pas descendre sous les 1300m-/h de vitesse descensionnelle, avec même des pointes bien au-dessus. Le retour du plaisir en descente ! :-)

Du coup je double et double. On passe la cabane vers la mi-descente avec un petit replat, j'y double une fille qui s'écarte en m'entendant arriver, et 20 mètres plus loin je m'étale de tout mon long, trébuché sur un truc (va savoir quoi d'ailleurs). Je me relève alors que la coureuse arrive derrière moi et me demande si ça va. Petit check, pas de dégâts, j'ai eu un bol monstrueux, je me suis étalée dans de la terre meuble et de l'herbe, pas un caillou, pas une aspérité, aucun choc. Je tremble un peu sur mes guiboles pendant 5mn mais ça va, je repars devant elle et la sème, ça repart. Un peu plus bas un coureur est assis sur le bord du chemin, plié en deux, je ralentis pour voir s'il va bien, il me dit qu'il a juste des crampes, et alors que je me retourne pour lui souhaiter bon courage en repartant, crac, ma cheville, aïe... je continue sans m'arrêter, faut pas que ça refroidisse, on verra plus tard, ça tire un peu mais ça court. On débouche déjà sur la route, et je me rappelle que Yves m'a parlé d'un nouveau chemin qu'ils ont ouvert pour nous. Effectivement on enjambe la rambarde balisée à la peinture vert fluo pour prendre un petit single qui nous descend directement au parking. Descente de Rioupéroux, done and dusted, en 55mn chrono ! :-)

Quelques marches d'escaliers à descendre pour rejoindre la route et le pont qui enjambe le torrent, quand une voiture double et s'arrête juste devant, et qui en sort en courant ? Marc ! Tout juste sorti du boulot, en costume, il trottine avec moi jusqu'au ravito, trop bien. Il attend des collègues de boulot qui courent aussi l'XTrem. 

Pause par terre dans le hall à Rioupéroux, et multitasking : vidage du sac base vie, changement des batteries de la frontale, je récupère la photo de mes neveux avec le profil de la suite au dos (même si le parcours a changé...), en même temps je mange une soupe, je noke mes pieds et change enfin de chaussures (le releveur du pied droit me fait bien mal presque depuis Vif, je me dis que c'est peut-être les chaussures). Puis je passe faire une séance de Life+ (sorti par la fenêtre parce que je voulais pas rentrer dans cet antichambre de l'abandon et de la désolation), assise du coup en plein soleil, tant pis. 6 appareils en même temps pour faire quadris mollets et isquios des 2 jambes, 6mn de programme lumineux et c'est reparti.

Dessin by Félix. Vous voyez le bonhomme qui a l'air de descendre en rappel au milieu ?
c'est la descente de Rioupéroux. Et le mur en face c'est la montée de l'Arselle... A l'attaque !
La pause a été moins courte qu'espérée, j'ai pris un peu de retard et il est déjà dans les 14h, et j'ai peur de rater Denis qui est en poste à l'Arselle depuis 5h du matin (et finit normalement à 15h). Va falloir monter vite vers Belledonne !

Ut4M Xtrem 2017 - Massif 1 Vercors

Avant le départ
L'Ut4M 2017 c'est parti dès samedi avec l'installation du Palais des Sports, je passe filer un coup de main à Antho à l'informatique. La semaine est encore longue, entre impatience et appréhension, derniers préparatifs et siestes, et un poste de bénévole au PC course mercredi pendant la 1e étape du Challenge pour voir un peu la course de l'intérieur. Le jeudi c'est briefing à 11h (et quelques) pour nous apprendre ce qu'on sait déjà : des orages sont annoncés vendredi soir, et des parcours de repli risquent d'être activés (comprendre "seront activés mais on préfère ne pas vous le dire tout de suite") ; repas à 13h puis sieste ; et direction Palais des Sports vers 16h en mode "j'veux pas y aller !". Direction le stand Life+ pour une petite séance de photobiomodulation (pas encore complètement convaincue mais ça ne peut au moins pas faire de mal), j'y croise une autre fille qui termine sa séance et qui reproche au gars de préparer "une autre féminine", avant de me demande discrètement si je l'ai déjà fait et en combien de temps, puis le soulagement se lit sur son visage, je ne suis pas une concurrente pour elle visiblement, très bien 😂 Moi je suis là pour me balader dans mon jardin, alors le reste.... 

Puis je croise Vinvin du TTT, Piero et Ilaria, puis Nath, des têtes connues partout, c'est quand même cool de courir à domicile. Hélène arrive aussi et on squatte tous l'entrée du sas, je veux pas y aller, mais bon il va bien falloir...
 



Vérification du matos par Fred qui prend un malin plaisir à me faire déballer mon sac :-p puis je retrouve Antho juste derrière avec GeoFP pour scanner ma puce, il y a du monde côté bénévoles, l'entrée dans le sas est bien fluide cette année. Tous les coureurs sont assis à l'ombre de la barrière en attendant le départ, le speaker met de l'ambiance, le soleil chauffe, je flippe. 


Au micro il demande qui l'a déjà fait, parle de ceux qui ont le "trouillomètre à zéro", ça a beau être ma 3e participation c'est mon cas aussi. Peut-être parce que je sais encore mieux à quoi m'attendre ! Et puis les dernières minutes filent, sur Carmina Burana, le compte à rebours est lancé, et la meute est lâchée. On traverse le parc Mistral entre des rangées de spectateurs, l'ambiance est top, ça fait vraiment plaisir ! 


Puis on s'élance derrière les vélos qui nous ouvrent le boulevard. Cette année pour des raisons de Vigipirate and co, on doit rester en peloton encadrés par la police le temps de traverser la ville. Il y a du monde tout le long du boulevard, les trams et la circulation bloqués autour, juste pour nous 400 petits trailers à l'assaut des 4 massifs. Je cours pas loin d'Ilaria, on passe Nath placée à un carrefour avec son vélo avant d'aller faire sa sortie, puis Piero nous devance en vélo puis nous attend plusieurs fois sur le boulevard. J'ai l'impression qu'on va bien vite pour un départ d'ultra, et un coup d'oeil à ma montre le confirme, on dépasse les 11km/h. Au moins on sera bien échauffés, par contre le peloton ne peut pas en profiter pour s'étirer et je crains les bouchons ensuite.
 


Puis on attaque les choses sérieuses, virage à droite, petites rues, on arrive au pied de la côte, et c'est parti. Une succession de petites montées bitume ou chemin, entrecoupées de petits bouts de plat voire de redescente, les bâtons commencent à sortir des sacs, clic clac sur le bitume, c'est la musique du peloton. On grimpe dans les Vouillands, ça discute, j'échange un peu avec 2 normands (Nicolas et Stéphane) qui viennent tenter leur 1er ultra, sans bâtons pour préparer la Diag, joli défi. 
(C) Axel Cabanes

Je leur montre Chamechaude illuminé de rose dans la lumière du soir, on y sera "bientôt". Puis je croise Axel du TTT venu nous voir passer (on est 3 avec Thomas Hansen et Stéphane Majolet). 
(C) Axel Cabanes

Passage à la Tour sans Venin, on entend les spectateurs bien avant d'y être, on sent que la course commence à prendre dans le coin, la ferveur monte d'année en année, là c'est un groupe de lycéens qui nous encouragent à grand bruit. Je retrouve aussi Bernard comme l'an dernier, cette fois il continue plus vite que moi, mais on se croisera encore plein de fois pendant toute la course. On débouche finalement sous les 3 Pucelles, l'instant WAOUH, les coureurs venus d'ailleurs s'arrêtent en admiration pour prendre des photos. 
(C) Axel Cabanes
Je retrouve aussi Julien l'ex-parisien rencontré au Pic Saint-Loup, maintenant grenoblois. Le petit monde de l'ultratrail :-) Je revois Axel un peu plus loin juste avant d'attaquer l'escalier du tremplin puis il redescend. On monte à la queue leu leu sur un rythme lent, mais ça ne bouchonne pas comme l'an dernier (on était partis avec le 40km + le relais + le challenge, ça faisait beaucoup de monde). Au ravito c'est un peu le chaos, je ne m'attarde pas, juste le temps de remplir mon bidon de jus de raisin coupé à l'eau, d'avaler un bout d'orange, et c'est reparti dans la montée du Moucherotte. Je reconnais des passages grimpés avec le TTT, c'est vraiment chouette d'évoluer en terrain connu. Arrivés dans les cailloux sous le sommet je me revois l'an dernier au même endroit, avec Yoann qui avait lancé un "y a des Pokemons?!" parfait pour détendre un peu l'atmosphère. On arrive sur le plateau herbeux, la lumière baisse carrément maintenant, et tout le monde s'arrête à tour de rôle pour mettre la frontale, perso je la sors du sac sans m'arrêter et l'enfile en avançant vers la grimpette finale. On arrive sur la crête, et là Grenoble by night apparaît, mer de lumières oranges au fond de la vallée, c'est le 2e instant WAOUH. Une simple rubalise barre la route à ceux qui seraient tentés d'aller tout droit, ravin de quelques centaines de mètres, qu'on longe jusqu'au sommet.


A la table d'orientation il y a Cyrille qui prend des photos, un pti coucou, pas d'acrobaties cette fois j'ai décidé de ne pas perdre de temps nulle part, d'ailleurs j'ai même pas pris de photos encore ! J'attaque direct la descente, passe très vite Julien qui me dit qu'il n'a toujours pas progressé en descente, je lui répond que moi non plus en montée, et il me demande ce qui vaut mieux, je me dis qu'on verra bien d'ici la fin de la course. Comme nous le dit souvent Rémy, la course se gagne en montée et se perd en descente, à moins que ce soit l'inverse. Enfin cette année je descend beaucoup plus cool, quelques frayeurs à répétition récemment sur mes chevilles, plus la nuit qui est bien tombée maintenant, je prends moins de plaisir. Mais ça avance quand même, et je sais qu'Hélène m'attend à Lans, premier point d'assistance. En plus on l'entend de loin, c'est ambiance disco, deux bénévoles avancées font un boucan d'enfer, sirène, cloche à vaches, et voix qui porte bien. 

Arrivée au ravito dans le noir, je repère Hélène à ses couleurs vives. Je remarque qu'elle porte une doudoune et je lui demande s'il fait froid, perso j'ai encore bien chaud en montant. Elle me remplit ma poche à eau, je mange un peu de soupe chaude, et je repars vite fait bien fait. Pas de perte de temps j'ai dit. La courte pause m'a déjà refroidie et j'enfile mes manchettes, que je tomberai peu après. La nuit restera chaude jusqu'au bout. A l'attaque du Pic Saint-Michel maintenant, qui se passe bien. Un peu raide dans les lapiaz sur la fin, où les 2 normands me rattrapent, ainsi que Rafion le super ambassadeur. Sommet, il y a du monde, je ne m'arrête pas, j'attaque la descente, cool mais quand même plus vite que pas mal autour de moi, et ceux qui vont plus vite je n'essaye pas de m'y accrocher. Je n'ai toujours pas lancé mon ipod mais j'ai une chanson dans la tête depuis le départ "dancing in the moonlight don't we have it all?", elle résonne avec mon état d'esprit, on est tellement bien là, que demander de plus? Même si en vrai la lune n'est pas encore levée.

Début de descente technique, petite glissade en arrivant devant les secouristes postés au Col de l'Arc qui me disent "pas devant nous !", puis j'attaque tranquillement la descente en pensant à la vitesse à laquelle Marc dévale ça. Mais pas question de repartir dans le fossé comme l'an dernier, et puis on y voit quand même moins bien à la frontale, ça écrase tout le relief, difficile de lire le terrain. Moins de monde que l'an dernier, pas de lièvre à suivre. En milieu de descente au croisement avec la piste, un stand Petzl est installé, immense ballon lumineux, on y voit comme en plein jour d'un coup. Puis on replonge dans la nuit, jusqu'à la cascade où les AMM ont tout sécurisé avec des cordes fixes. Le passage dangereux est moins impressionnant, on ne voit pas le ravin, tout est noir, mais je serre bien à gauche quand même. Encore quelques kilomètres, je passe des coureurs en difficultés et essaye de leur remonter un peu le moral, de leur annoncer la suite. Je reconnais mon point photo, puis le premier bâtiment, puis on débouche sur le bitume, et y a plus qu'à laisser filer jusqu'à Saint Paul de Varces.

Encore un ravito express, puis je repars sur le bitume vers la Montagne d'Uriol. Il y a un peu plus de plat que je pensais, mais j'en profite à mort, frontale éteinte, la tête dans les étoiles, la lune s'est levée aussi, le spectacle vaut le détour. Puis on attaque cette "petite" montée finale, qui me prendre une bonne éternité, avec ses bons gros raidillons sur la fin. Des coureurs agonisent sur le bas côté de ci de là, j'essaye de les relancer mais je me suis un peu trompée sur le "presque au sommet"... Et enfin voilà la barrière, personne pour nous y accueillir aujourd'hui, l'autre jour quand j'étais au PC course il y avait pourtant un AMM, dommage. On plonge en face vers Vif, piste facile, ça descend bien, je me revois la descendre avec Mika il y a quelques années quand c'était lui qui avait un dossard et que j'étais venue à sa rencontre. Les lumières de Vif apparaissent, on arrive en ville (est-ce qu'on fait peur à voir ?), je m'accroche avec toute mon énergie au coureur devant moi pour ne pas me perdre dans le dédale de rues qui me paraissent toujours un vrai labyrinthe, mais cette fois ils ont mis des bénévoles avec des gilets à LED rouges qui brillent à des kilomètres. Je le rattrape et on discute, et soudain au détour d'une rue qui je vois ? Hélène ! Comme je suis un peu en avance finalement elle est venue aussi à Vif, trop cool :-)

Poste de Vif atteint en environ 8h, accueillie par Fred et Camille, le frangin Lionel est un peu derrière moi. 
Je croise aussi la team Semitag (Joel, Mika et Nelly), partis un peu vite ils sont arrivés bien avant moi à Vif mais en repartiront plus tard, après une bonne pause. Premier massif : plié ! 

Je me pose à une table avec Hélène, déballe mon sac base vie, Nok, change de chaussettes et chaussures, une petite soupe (pas du tout assez !), remplissage de la poche à eau, du bidon de jus de fruits, et je repars en un quart d'heure chrono pour le gros morceau : le Taillefer. A suivre... :-)