je m'y remets en 2014, il est temps avant de courir l'édition suivante. Eh oui, j'ai encore gagné au tirage au sort :-)
DANS L'EPISODE PRECEDENT
Après une pause de 50mn à Courmayeur (pile comme prévu dans mon plan ! ^^) je disais au-revoir à Mika (que je n'allais pas revoir pas avant une longue traversée vers Arnuva) et c'était reparti. Au-revoir Courmayeur et le fond de vallée, direction les crêtes !
DANS L'EPISODE PRECEDENT
Après une pause de 50mn à Courmayeur (pile comme prévu dans mon plan ! ^^) je disais au-revoir à Mika (que je n'allais pas revoir pas avant une longue traversée vers Arnuva) et c'était reparti. Au-revoir Courmayeur et le fond de vallée, direction les crêtes !
A la sortie de Courmayeur (8h15 du matin), c'est un mur qui nous attend. Il faut dire qu'on est en fond de vallée (Courmayeur, altitude 1200m) et qu'on doit remonter sur les crêtes. Bien requinquée par cette pause et par le retour du soleil, je monte à bonne vitesse dans un petit train, dont c'est moi qui fais la loco, pour une fois :-) mais c'est plutôt motivant, à la fois l'émulation du groupe, la fierté de tirer tout le monde, et la peur d'être trop lente et de finir par me faire doubler. On est survolés par un hélico de la télé (je suppose) qui tourne autour de nous un bon moment, à en camoufler ma musique que je n'entends même plus.
Refuge Bertone - 5'06" de pause - km82 - alt 1989m - 9h40 du matin
En haut du mur on arrive au ravito du refuge Bertone, pause sur les quelques tables en terrasse au soleil.
Des gars qui ont fait la CCC l'an dernier (qui part de Courmayeur et fait à quelques détails près la fin du parcours de l'UTMB) stressent en se demandant si on va monter à je sais plus quel sommet, Tête quelque chose. Je n'en suis pas trop sûre mais je leur dis qu'il me semble que non, c'est plutôt une traversée en crêtes qui nous attend maintenant. Je ne m'attarde pas et repars.
Des gars qui ont fait la CCC l'an dernier (qui part de Courmayeur et fait à quelques détails près la fin du parcours de l'UTMB) stressent en se demandant si on va monter à je sais plus quel sommet, Tête quelque chose. Je n'en suis pas trop sûre mais je leur dis qu'il me semble que non, c'est plutôt une traversée en crêtes qui nous attend maintenant. Je ne m'attarde pas et repars.
Refuge Bertone - Refuge Bonatti - crêtes - 7.3 km - 280m+ - 244m-, durée 1h21
J'attaque la traversée à bonne allure, j'aime les chemins de crête. On se balade en balcons face au Mont Blanc, les vues sont magnifiques, et en plus on a vraiment de la chance avec la météo (pour changer de l'an dernier)
Je suis presque seule, je vois quelques gars de temps en temps, on avance tous plutôt bien, sans s'épuiser et en profitant de la vue. Mais au bout d'un moment ça commence à s'éterniser, la traversée dure bien plus longtemps que prévu, alors que je n'ai pas l'impression de traîner. Comme dirait un autre coureur, "le chemin devient tellement long que j'en viens à penser que le refuge Bonatti a été... déplacé. Ou téléporté. Ou même détruit."
Puis enfin le voilà, il est en vue, perché un peu plus loin. Ouf !
Refuge Bonatti, km89.3, altitude 2010m - ravitaillement - 5'29" de pause - 11h05 du matin
Je m'assied dehors sur un banc à une table de la terrasse, au soleil, pour souffler un peu. Je file un coup de main à un gars qui à l'air d'avoir besoin d'aide, en fait il peinait à mettre ses manchettes dans son sac.
Je croise à ce ravito Lionel Bozon (695), le frère de Frédéric du ravito de Vif de l'UT4M : le monde est petit ! Merci d'ailleurs aux bénévoles de l'UT4M qui m'ont envoyé des SMS de soutien sur l'UTMB ! Je discute donc un peu avec Lionel, qui pense qu'on est maintenant trop en retard pour finir en moins de 36h. Je suis presque déçue, car à ce moment et vu ma forme je me prenais à rêver à une arrivée en 37h, pasque ça porte chance 37 :-) Par contre il pense qu'il faut faire le Grand Col Ferret avant 14h30, parce que même si on sera au frais en haut, il n'y a pas d'ombre sur la montée. C'est donc son prochain objectif, et je décide de m'y tenir moi aussi, ça me semble largement jouable, vu que ça laisse plus de 3 heures pour les prochains 10km avec environ 800m+.(Finalement Lionel arrivera 1h avant moi à Chamonix, alors qu'il avait quasi 2h d'avance en haut de Catogne)
Je m'assied dehors sur un banc à une table de la terrasse, au soleil, pour souffler un peu. Je file un coup de main à un gars qui à l'air d'avoir besoin d'aide, en fait il peinait à mettre ses manchettes dans son sac.
Je croise à ce ravito Lionel Bozon (695), le frère de Frédéric du ravito de Vif de l'UT4M : le monde est petit ! Merci d'ailleurs aux bénévoles de l'UT4M qui m'ont envoyé des SMS de soutien sur l'UTMB ! Je discute donc un peu avec Lionel, qui pense qu'on est maintenant trop en retard pour finir en moins de 36h. Je suis presque déçue, car à ce moment et vu ma forme je me prenais à rêver à une arrivée en 37h, pasque ça porte chance 37 :-) Par contre il pense qu'il faut faire le Grand Col Ferret avant 14h30, parce que même si on sera au frais en haut, il n'y a pas d'ombre sur la montée. C'est donc son prochain objectif, et je décide de m'y tenir moi aussi, ça me semble largement jouable, vu que ça laisse plus de 3 heures pour les prochains 10km avec environ 800m+.(Finalement Lionel arrivera 1h avant moi à Chamonix, alors qu'il avait quasi 2h d'avance en haut de Catogne)
Refuge Bonatti - Arnuva - 5.2 km - 105m+ - 334m- - durée 53'
Une dernière petite montée après le refuge, avant de basculer sur la descente vers Arnuva. Il commence à faire chaud, et j'attends avec de plus en plus d'impatience ce prochain point d'assistance où je dois enfin retrouver Mika après une longue journée. A mon grand regret, il est difficile de doubler sur les petits singles, mais c'est assez court finalement, et on arrive à Arnuva sur une dernière petite descente justement.
Ravito ARNUVA - KM94.5 - ALT 1769m - pause de 14'15" - midi
Il est environ midi et je commence à fatiguer. Je traverse la tente du ravito en express, attrapant juste quelques quartiers d'orange au passage (avec la chaleur, c'est tout ce que j'ai envie d'avaler), et ressors retrouver Mika, qui n'a pas accès à la tente (pour limiter la cohue aux seuls coureurs, mais l'avantage de ne pas être trop en fin de peloton c'est qu'il n'y a pas trop de monde). Par contre dehors il y a foule, c'est un point d'assistance, d'accès assez facile, et de nombreuses familles et amis sont là pour encourager leur coureur ou les coureurs en général.
Je m'assieds donc dans l'herbe avec Mika quelques mètres plus loin, en picorant quelques fruits secs de mon ravito perso, mais surtout à ne rien faire, ce qui est assez mauvais. C'est tellement agréable de se retrouver enfin assis et de se reposer, que si on ne se fixe pas un délai pour repartir ou une liste de choses à faire, on a vite fait de comater dans un état second et de juste laisser passer le temps. Heureusement, un coureur passe sur le chemin devant nous et me lance "il faut repartir, là", je lui répond "t'as raison" et me lève aussitôt, assez traîné !
Mika m'accompagne un petit bout de chemin, on traverse un pont sous l'objectif d'un photographe officiel bien placé.
On arrive très vite au début de la montée vers le Grand Col Ferret. Un coureur chanceux passe avec toute une bande de potes qui ont organisé une rando de groupe pour faire toute la montée avec lui. L'accompagnement en course et l'assistance hors zone sont interdites mais qui va venir vérifier et appliquer... Mika monte avec moi sur les premiers mètres pour faire des photos.
ça fait du bien d'être accompagnée pour repartir, parce que ça monte vraiment dur...
Et le col visible loin, très loin devant, dans un pays fort fort lointain (la Suisse), et surtout beaucoup plus haut (c'est le point culminant de la course à plus de 2700m d'altitude) n'est pas rassurant du tout vu d'ici...
Puis on s'en tient au règlement et après quelques photos je laisse Mika repartir, lui aussi a de la route à faire avant de me retrouver à Champex.
Arnuva - Grand Col Ferret (Suisse) - 4.5km - 754m+ - 15m-, durée 1h36
Je me retrouve donc toute seule, un peu triste. D'autant que je commence à être vraiment fatiguée de monter, et je sais que je vais souffrir. J'ai l'impression de me traîner, et par rapport aux autres je me traîne effectivement plutôt. Mais en fait j'avale les 800m+ en un peu plus d'une heure trente, soit encore 500m/h de vitesse ascensionnelle, c'est pas si mal avec 95 bornes dans les jambes :). D'ailleurs je double encore les "randonneurs normaux" :-)
Enfin tous, sauf un : un randonneur (un vieux monsieur avec un accent suisse) me dépasse puis m'encourage plusieurs fois, de loin en loin, puis me laisse le dépasser quand on arrive sur un replat final en vue du col (qu'il m'indique) et que je peux enfin accélérer.
J'arrive donc au col juste avant 14h (99km, 2537m d'altitude), objectif réussi, et heureusement, parce qu'effectivement ça chauffe !
Je ne m'y arrête même, les bénévoles nous bippent et nous poussent directement dans la descente. Et je bascule donc en Suisse. Quelques mètres plus bas j'entends "allez Carole", je met une éternité à comprendre qu'on me parle à moi, et que c'est le même randonneur, je me retourne enfin pour le saluer, je le vois sur l'arête, mais je ne sais pas si lui me vois. Merci à retardement !
Grand Col Ferret - La Peule - La Fouly - 9.4km - 148m+ - 1073m-, durée 34'28" + 1h03
Nous voilà en Suisse, ses pentes verdoyantes, ses vaches, ses supporters sympathiques. Une longue et plutôt agréable descente nous attend sur une large piste sans arbres, au milieu des champs de vaches. Il n'y a pas tellement de pente, en temps normal ce serait un bonheur à courir, mais la fatigue se fait tout de même un peu sentir, et il devient difficile de se motiver à courir vraiment. Je trottine donc en alternance avec de la marche, en essayant de faire taire les points de côté et autres douleurs abdominales exacerbées par les chocs de la descente. Par contre les jambes ça va toujours.
Au bout d'une demi-heure de descente, je passe un bénévole signaleur posté au détour d'un lacet, non loin d'un refuge avec plusieurs tentes, et lui demande s'il y aurait des toilettes. Il m'envoie dans la cour du refuge, un petit détour hors-course de 2mn, sous les encouragements ou les regards incrédules des randonneurs attablés en terrasse par cette belle après-midi.
Puis c'est reparti, je me sens beaucoup mieux pour me lâcher dans la descente sur la large piste. Par contre je n'ai rien avalé depuis Arnuva où j'avais pris quelques fruits secs assise dans l'herbe. Plus grand chose ne passe à part la boisson énergétique, et avec cette chaleur je suis tombée en panne tout à l'heure, ma bouteille est complètement vide...
Puis c'est reparti, je me sens beaucoup mieux pour me lâcher dans la descente sur la large piste. Par contre je n'ai rien avalé depuis Arnuva où j'avais pris quelques fruits secs assise dans l'herbe. Plus grand chose ne passe à part la boisson énergétique, et avec cette chaleur je suis tombée en panne tout à l'heure, ma bouteille est complètement vide...
En plus la course traverse bientôt la cour de graviers d'une petite auberge / refuge / bistrot de montagne, un seul gars est attablé sous un parasol, et un panneau propose des glaces :) ça donne envie en plein après-midi, il est un peu plus de 15h et il fait chaud. Sur le coup j'ai bien envie de passer commande de sorbet à Mika par SMS, mais je me dis que d'ici que j'arrive à Champex, le prochain point où je le retrouve, ce sera le soir et j'aurai déjà beaucoup moins envie d'une glace, et plus envie de grillades ^^
Je continue donc ma longue descente, à 6km/h de moyenne, pendant laquelle je passe quand même de la 787e à la 760e place, regagnant donc les 21 places perdues dans la montée du col, et même un peu plus (merci Livetrail, dossard 1860).
Ravito La Fouly - KM108.4 - ALT 1598m - pause 14'29"
A 15h34, j'arrive en vue du ravito de La Fouly, une grande tente blanche rectangulaire, plantée au milieu de l'herbe, et relativement vide, aucune cohue, quelques tables bien organisées. Je suis vraiment assoiffée et je me demande s'ils me laisseront remplir mon bidon avec de la boisson énergétique, vu qu'elle est normalement à consommer "sur place", mais je n'ai plus de tablettes sur moi pour en refaire moi même... Je peaufine mon argumentaire depuis des kilomètres déjà - c'est marrant comme sur de telles distances l'esprit parfois s'accroche à des détails sans importance pendant des heures, comme s'il préférait se perdre dans de savants calculs pour oublier la douleur. Mais finalement on me le remplit au sirop et avec le sourire :-)
Je descend aussi coup sur coup 3 verres de sirop puis je vais m'assoir un peu, avant que la vision du stand overstims arrive jusqu'à mon cerveau et qu'il finisse d'analyser l'information. Je vais donc leur parler de mes problèmes de digestion. Le gars me passe un genre de bouillon de légumes en me disant que je dois être passée en intolérance au sucre. Assoiffée, je bois, le goût n'est pas transcendant mais si ça passe et que ça apporte un peu d'énergie à mon corps... Puis il me donne encore des bouts de barre salée et une barre aux amandes pour la route, et je repars avec ces provisions et ma bouteille de grenadine.
La Fouly - Praz de Fort - 8.4 km - 110m+ - 549m-
Et c'est reparti pour de la descente ! Très vite, je rattrape une fille (une fille ! je n'en ai pas vu beaucoup jusqu'ici...) ou l'inverse, je ne sais même plus. Toujours est-il que je me retrouve donc à courir avec Emilia (dossard 928), on discute un peu pendant un bon moment. Elle descend bien donc je m'accroche à elle pour me motiver à ne pas marcher. A ce stade tout est dans la tête, le cerveau a vite fait de convaincre les jambes, et si on ne se force pas en permanence, on a vite fait de se retrouver à marcher sans même s'en rendre compte... Discuter avec d'autres coureurs embarqués dans la même galère aide donc à garder le rythme. Emilia, donc, vient de laisser son copain au ravito, il a cassé un bâton, a mal et hésite à abandonner. Elle a fait la CCC il y a 1 ou 2 ans donc elle me raconte la bosse qui arrive, raide, elle n'a pas aimé, et ça me fait peur...
Puis finalement c'est elle qui décide d'économiser ses cuisses et me dit de partir devant... Je suis un peu surprise vu que j'avais l'impression de m'accrocher à elle plutôt que l'inverse, mais requinquée par le bouillon Overstim's, j'en profite pour accélérer. Sur un petit sentier dans l'herbe, un jogger nous double en courant avec une grande facilité et une belle foulée, et disparaît à droite entre les arbres. Je lance aux spectateurs rassemblés dans le virage "moi aussi je courais comme ça il y a 100 km !", avant de continuer ma route sans aucun espoir de m'accrocher à lui ^^.
Praz-de-Fort - Champex - 5.6 km - 445m+ - 141m-
On traverse le petit village de Praz de Fort, on court sur de la route un petit moment. Quelques familles et amis profitent de cet accès facile en voiture pour venir y retrouver leur coureur. Des gamins du coin ont monté un petit "ravito" sauvage, ils proposent inlassablement "vous voulez boire de l'eau?" à tous les coureurs, ils sont tous petits et trop mignons ! Mais personne n'a vraiment soif à ce moment, le prochain ravito n'est plus très loin, et on passe en les remerciant.
Je retrouve Guillaume (dossard 4729), avec qui j'avais couru sur le Maratrail de Chartreuse. C'est lui qui me reconnaît, je ne suis déjà pas physionomiste en temps normal, alors avec 25h de course dans les jambes, et dans le cerveau... Et puis il faut dire que c'est plus facile pour les mecs de se rappeler des rares filles que l'inverse. On fait un petit bout ensemble mais il va plus vite que moi. (Je le repasserai bien plus tard dans une descente de Bovine.)
Après 10.5 km de descente depuis La Fouly (en 1h32, c'est mieux !) on attaque la bosse finale vers Champex, redoutée depuis si longtemps. Finalement, elle n'est pas si pire qu'annoncée par Emilia. Je préfère me faire peur à l'avance et avoir finalement une bonne surprise, l'inverse par contre est vraiment très dur pour le moral ; on se programme tellement pour passer une certaine distance, un certain déniv, un certain temps de course, que toute mauvaise surprise est vraiment difficile à gérer. Bon, il y a quelques passages raides mais je serre les dents et j'avance, en pensant à Mika qui m'attend en haut, j'ai hâte d'y être. J'avale les 3.6 km (et 400m+) en 59'19", pas si mal. Et j'ai pris plus d'1h30 d'avance sur mon plan de course... :-o
Alors qu'on arrive au bout de la montée, les spectateurs sont de plus en plus nombreux dans l'herbe sur le côté. Un couple est assis dans une couverture à gauche du chemin, et je leur dis "on se rend pas compte nous qu'il fait si froid" en arrivant dans mon mini short et t-shirt... ça les fait rire ^^
Puis je débouche au sommet dans une immense foule massée pour nous accueillir, et toujours Mika pour crier "aller Carole!" et faire des photos. Yay ! ça c'est fait !
Base Vie Champex-Lac - KM122.4 - ALT 1477m - 18h20 - pause 45'29"
Une grande salle où pour une fois les équipes d'assistance sont les bienvenus, de longues tables et des bancs, une fanfare qui joue au bout de la salle, et les cuisiniers qui nous préparent des pâtes chaudes avec de la sauce bolo dessus, de la vraie viande, un luxe ! J'en mange une assiette et hésite presque à en reprendre un peu. Mais il ne faudrait pas repartir l'estomac trop lourd et risquer des problèmes. Vu que le sucré ne passe plus je vide mes poches de toutes les barres sucrées que je portais, et les remplace par des gels à la caféine, un V shoot, et des barres salées.
Pendant ce temps (je le vois après sur livetrail), Emilia arrive à Champex 22mn après moi, mais en repart 3mn avant, avec une pause de seulement 20'. Moi je prends mon temps, une bonne pause de 45' dans cette salle très sympa (la fanfare, le fait que les assistants puissent rentrer aussi), vraiment un super accueil, vive la Suisse ! :-) Il faut se requinquer avant le dernier gros morceau, le dernier tiers de mon plan de course, les trois bosses finales. Bon, en y réfléchissant un peu, il reste encore 45km, soit plus qu'un marathon, et qui plus est assaisonnés de 2750m de D+. Mais justement, réfléchir, il ne faut surtout pas, ou pas trop. Il faut se concentrer sur des étapes gérables pour ne pas se décourager. En l'occurrence, ma prochaine étape c'est la 1e bosse, Bovine, 750m+, et la descente jusqu'à Trient où je pourrai déjà retrouver Mika. Les points d'assistance sont maintenant beaucoup plus rapprochés en cette fin de course.
Je me change pour la nuit, je remets le même t-shirt thermique que la nuit dernière, que j'avais laissé à Mika ce matin pour le faire sécher, plus mon t-shirt de course par dessus, et le bonnet. La frontale dans la poche côté pour être à portée de main (histoire de ne pas procrastiner pour la sortir cette fois), de même que le k-way, sinon je sais très bien que j'aurai la flemme de m'arrêter pour le sortir. Au bout d'un moment la force d'inertie devient irrésistible, on préfère crever de froid que s'arrêter pour passer une veste, on préfère avancer dans le noir que s'arrêter pour sortir une torche, on peut mourir de faim mais ne pas vouloir fouiller pour trouver une barre, tout devient difficile, seul le pilote automatique nous fait avancer, mais il est fourni sans options.
Puis vient le moment de repartir. Le jour a bien baissé pendant cette longue pause, et je repars dans la lumière du soir, frigorifiée en tremblant et claquant des dents, mais je sais que ça va passer. Mika m'accompagne un petit peu, on profite des derniers rayons du soleil en longeant le lac. Ah oui, tiens, un lac, c'est donc pour ça que la ville s'appelle Champex-Lac, on était si près et je ne l'avais même pas encore vu... Après quelques dizaines de mètres, Mika traverse la route pour retourner à sa voiture, et j'engage la discussion avec Heine (dossard 759), un coureur Danois. Notre objectif : atteindre Bovine avant la nuit.
Allons-nous y arriver ? La suite au prochain épisode ! :-D
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