Le 13 Avril 2014, soit même pas tout à fait une semaine après l'arrivée des 24 heures de Portet sur Garonne, c'est pas tout à fait rassurée et loin du top de ma forme que j'émerge de mon sommeil à 5h du matin pour sauter en voiture avec Mika et Nico (et m'y rendormir sur la banquette arrière), direction Lyon pour l'Urban Trail. 7h, Lyon, on trouve à se garer de l'autre côté du pont, on se fait aborder par un gars bourré et tout interloqué, avant de débarquer place des Terreaux. Le temps de se perdre dans les ruelles, on retrouve Stef à sa boutique pour un café, ainsi que Virgile. Lui va sans doute finir en 4h, moi je vise avec inquiétude la barrière horaire maximale soit 7h à 7h30 de course (ou plutôt marche).
Le départ approche, on se dirige vers la place des Terreaux, je laisse ma veste au vestiaire, ainsi que le kway, inscrit dans la liste du matériel obligatoire mais manifestement inutile pour courir en ville dans une météo estivale en pleine journée... Première fois que je démarre une course sans la totalité du matériel obligatoire, mais à voir les autres coureurs, je ne suis pas la seule, certains n'ont même pas d'eau avec eux, ce qui est autrement plus stupide. Pour l'instant il fait frais et je garde des manchettes. On se joint tous les 5 à la foule derrière la ligne de départ. La motivation commence à monter.
7h30. On démarre tous les 4 ensemble (Virgile est déjà parti devant et on ne le reverra plus). Première réflexion : ça part vite, plus vite qu'un 24h :-) Perso j'irais bien un peu plus lentement, mais je m'accroche aux autres. Heureusement la première montée arrive quasi tout de suite et tout le monde se met à marcher. Il s'agit de "la ficelle", un ancien funiculaire, sous un long tunnel, ça monte bien, c'est raide mais facile. Puis on enchaîne de suite sur la première descente, mais impossible de trop se lâcher il y a trop de monde partout. Toute la course sera une succession de petites bosses (21 annoncées), au début je les compte mais je perds le compte assez vite (à 2, en fait ^^).
Puis ce sont des escaliers qu'on monte (6000 marches annoncées). Des toutes petites marches, on entend un coureur se plaindre qu'il en a "marre de ces marches de mamie", effectivement c'est difficile à négocier: 1 marche à la fois c'est trop court, 2 à la fois c'est trop haut... donc j'alterne 1 marche-1 marche-2 marches, ça va un peu moins vite mais c'est plus économique. Je m'accroche aux autres pour ne pas les perdre dans les montées. Par contre j'apprécie beaucoup plus les descentes d'escaliers, où je me lâche au milieu de concurrents souvent méfiants ou apeurés, facile de doubler car ils se tiennent tous à la rampe. Et déjà nous revoilà au bord de l'eau (un des deux fleuves, mais lequel ?). On traverse sur un pont qui vibre, trampoline si la foulée est bien synchro sur la vibration, ou au contraire absorbeur d'énergie, sensation assez bizarre.
Après un x-ième remontée, on a droit à une première belle descente pas sur escaliers, mais sur bitume, relativement raide, Mika part devant comme un breton en manque de dénivelé, et je le suis aussitôt à fond avant de le doubler. En bas au loin je remarque qu'on voit "la Tour Montparnasse" (après la Tour Eiffel décidément quels copieurs). Une lyonnaise me corrige, il s'agit du "crayon", effectivement toit pointu... On poursuit notre descente à fond en doublant tout le monde plus prudents.
Au début on fait beaucoup les guignols comme ça, on va vite, on double en descente, on fait des blagues ("qui c'est qui se moque?"), mais après 5km je sens déjà que je ne vais pas faire long feu à ce rythme, premières douleurs qui réapparaissent dans le releveur, et je lève le pied. On longe les quais, du plat sur des pavés, obligation de courir pour ne pas perdre de temps, et les autres s'éloignent. Je sais que si je les perds je vais avoir du mal à garder le rythme, mais heureusement ils m'attendent un peu. Puis on quitte les quais et on recommence à monter, marcher c'est plus facile. Peu après 10km dans une belle montée, je commence à être en panne d'énergie je me demande quand est le prochain ravito, les autres sont 2m devant trop loin pour leur demander, mais pouf on débouche au 1er ravito !
Au début on fait beaucoup les guignols comme ça, on va vite, on double en descente, on fait des blagues ("qui c'est qui se moque?"), mais après 5km je sens déjà que je ne vais pas faire long feu à ce rythme, premières douleurs qui réapparaissent dans le releveur, et je lève le pied. On longe les quais, du plat sur des pavés, obligation de courir pour ne pas perdre de temps, et les autres s'éloignent. Je sais que si je les perds je vais avoir du mal à garder le rythme, mais heureusement ils m'attendent un peu. Puis on quitte les quais et on recommence à monter, marcher c'est plus facile. Peu après 10km dans une belle montée, je commence à être en panne d'énergie je me demande quand est le prochain ravito, les autres sont 2m devant trop loin pour leur demander, mais pouf on débouche au 1er ravito !
Arrêt rapide 2 minutes, razzia sur les quartiers d'orange, vu la chaleur c'est tout ce qui me fait envie. Je ne remplis pas mon bidon, j'ai peu bu encore alors ça devrait suffire jusqu'au suivant (même si je ne sais pas où il est). Evidemment ça se réchauffe et je bois beaucoup plus sur cette 2e section. Je perds les autres progressivement dès la sortie de ce ravito, puis complètement sur une pause toilettes. D'abord contente de me retrouver toute seule à courir à mon rythme, je me concentre sur ma musique. Mais ma bulle ne dure que 2' avant que ma méforme me rattrape, d'autant qu'on traverse une section assez moche, large piste au milieu de travaux, puis retour en ville vers un resto U en face de barres HLM. Toute seule je dois lutter pour ne pas me laisser aller à marcher.
Heureusement on arrive soudain dans un magnifique théâtre romain ! On descend un chemin puis quelques marches irrégulières pour déboucher entre des ruines, quelques colonnes, un amphithéâtre, et plein de touristes qui nous encouragent. Je retrouve un regain d'énergie et me retourne 10 fois pour admirer les lieux, avant d'attaquer la remontée de l'autre côté du site. Des marches, et encore des marches, puis un jardin en légère descente où je double un coureur (le peloton est bien étalé maintenant), et encore un gros escalier final avec plein de supporters, et on débouche à Fourvières. C'est magnifique ! De là on traverse un petit pont avec plein de joggeurs pas toujours très courtois, et on passe pas loin de la mini Tour Eiffel.
L'arrivée au ravito 2 tombe bien elle aussi, je commençais à être en panne d'énergie. En plus j'ai la bonne surprise d'y retrouver les 3 autres qui m'attendaient, arrivés 2-3mn avant moi. Nico en a profité pour faire un festin de pain d'épices, barres céréales, etc. Pour ma part je me contente de quartiers d'orange encore, et cette fois aussi une poignée de fruits secs (raisins noisettes amandes) pour le sel, histoire d'éviter de cramper. Je refais aussi le plein d'eau, et on redémarre déjà après un arrêt express. On est en haut de la piste de la Sarra, ancienne piste de ski et maintenant de VTT, et lieu d'une course horaire qui consiste à la monter en boucle pendant 6 heures.
On redémarre donc par une grosse descente de cette piste de la Sarra, on coupe à travers l'herbe, je descends à fond tout de suite, juste le temps d'entendre Nico derrière moi dire "elle est folle", Stéphane suit, puis nous sème assez vite. Avec Mika on avance bien sur cette section, mais on recoupe le parcours du 13-23km, là c'est le bordel total, des gars partout qui bousculent et qui râlent à cause des bouchons, pas du tout l'esprit trail. On est au niveau de la tête de la course (on a vu le 1er passer au ravito sans même s'arrêter). L'avantage, c'est que je me dis que je vais peut-être voir Prunelle (inscrite sur le 13km). Mais je suis vite démotivée par ces boulets, et quand on se paye encore un parcours sur les quais je craque et je marche un peu. Mika m'attend mais on a perdu Nico dans la foule. Puis on traverse un pont avec vue sur Fourvière sur sa colline derrière nous. On remonte ensuite tous des escaliers, puis on descend un petit single, impossible de doubler, puis ça débouche à nouveau sur la route. Ouf de soulagement et bon débarras quand les 2 petits parcours bifurquent vers le bas et nous vers le haut, contents de monter !
Nico nous rattrape un peu plus tard, nous dit qu'il crampait. On trottine sur du bitume, j'essaye de les suivre, quand on se fait doubler par un lapin rose (une fille assez vieille tout de rose vêtu, avec téléphone assorti, pompon derrière le short et oreilles sur la tête...). Je commence à fatiguer alors je fais remarquer à Nico et Mika devant moi que "ça monte, non?", et ils se mettent aussitôt à marcher, en fait ils n'attendaient que ça :-)
Puis on reperd Nico qui recrampe, d'autant que je me lâche dans quelques belles descentes bitumées courues à fond, en doublant quelques gars qui commentent toujours sur mon t-shirt des Aravis :-) Je recommande le trail aux quelques personnes avec qui je discute, dont un gars qui me lance un "alors la yote" que je ne comprends pas tout de suite.
Après quelques belles descentes, ça finit par une grosse montée (la montée d'Ystres) bien raide et relativement longue, le long d'un haut mur. Mon genou droit commence à bien tirer mais en montée ça va mieux, du coup on monte bien ! Je commente que ça devrait être fun à courir en descente :-) Un gars monte plié en 2, il s'arrête tous les 3m, j'essaye de l'encourager, il n'en peut plus. En haut de la montée c'est le 3e ravito ! un vrai dépotoir derrière la table, tenue par deux ou trois jeunes gars qui nous proposent du rhum, ou du whisky, mais ne servent en fait que de l'eau et du coca, ou un mélange infâme des deux. Pas vraiment envie de me manger, je me force pour quelques fruits secs et en emporte une poignée que je finirai en fait par jeter. Encore des quartiers d'orange, et je refais aussi le (demi-)plein de mon bidon d'eau. Il reste moins de 10 bornes. Pas encore de Nico en vue et je ne veux pas trop refroidir mes muscles déjà assez douloureux comme ça, donc on repart sans lui.
On attaque sur un sentier (yeah!) dans le bois de la Caille (dixit Stef après-course). Du coup je demande à Mika si ça va, et comme il répond oui je me lâche et on court bien, en plus ça descend bientôt (mais en fait il a eu du mal à suivre du coup). Malheureusement on ne reste pas longtemps sur sentier, retour sur de la route, pour encore quelques belles descentes sur bitume ou escaliers. En bas d'une descente un bénévole étranger (coréen?) nous dit des trucs dans un français approximatif, "très beau" (nous on est beaux?), il nous dit aussi combien de km il reste mais on fait pas gaffe, et 2m plus loin on se demande combien il avait dit, c'est malin... La plupart des bénévoles signaleurs sur la course (et il y en a beaucoup vu le nombre de routes traversées) avaient l'air d'être des étudiants. Je me demande s'ils ont tous gagné un dossard gratuit pour le LUT 2015 :-)
De retour en ville au bord du fleuve (lequel?) mais sur le trottoir (ouf, on échappe aux pavés), un bénévole nous annonce 300m puis la dernière montée. J'ai mis la super playlist fin d'UTMB, 6 chansons, mais il ne reste que 4km, au pire ça bouclera un peu. Puis on commence à se dire que c'est dommage on était presque sous les 4h30, mais 12' pour 2,5 km c'est juste pas jouable. D'autant qu'on remonte... Mais je suis encore motivée, j'ai de la super musique, je sais que je vais finir et bien finir, c'est bien plus que j'espérais encore ce matin quand je pensais souffrir pendant 7h pour venir à bout de la dernière étape de mon défi, j'ai envie de crier mais on est pas tous seuls en montagne... Finalement les autres avaient mieux estimé mes performances que moi (Prunelle me voyait en 4h parce que c'est comme un marathon, Stef en 5h comme lui).
Une fois ce (gros) escalier passé, je me lâche en croyant au sprint final, pour arriver dans un 2e escalier montant... je commence à maudire ce signaleur et sa "dernière montée", je m'accroche à Mika jusqu'à trouver de nouveau du plat, j'ai presque plus d'eau je lui en pique, et repars de plus belle sur une super chanson, jusqu'à être déçue par un 3e escalier à monter qui fait de gros dégâts. Il n'est pas petit, tout le monde est claqué, plié en 2, se tracte sur la rampe, je m'arrête plusieurs fois, pique de l'eau à Mika, je suis en panne sèche, la tête qui tourne, Mika voit des étoiles aussi... Mais on s'accroche et on débouche en haut, on fait même quelques marches de plus qu'on redescend aussitôt de l'autre côté, il y avait un raccourci en bas, 2 gars plus malin nous passent.
Puis on arrive pas loin de la place des Terreaux, les petites rues, je me dis que si je connaissais Lyon je reconnaîtrais mais là je suis complètement paumée. Des spectateurs nous guident pour couper par le trottoir "c'est plus court", puis je reconnais la place Tolosane, par où on est arrivés le matin. On monte quelques marches pour entrer dans la cour de l'Hôtel de Ville, Mika les monte en courant, je cale, coincée derrière quelques filles du 23 ou du 12 km, et marche quelques secondes le temps de les passer.
Mika passera la ligne 5 secondes devant moi, pour une fois ;-) Mais je savoure mon arrivée, pas comme celle d'un 36km, mais comme celle d'un enchaînement qui a commencé 2 semaines plus tôt sur l'Ecotrail de Paris, et continué la semaine dernière avec 170km à Portet.
Stef nous accueille tout de suite, il est arrivé 10mn plus tôt, juste en dessous de 4h30, pavé d'argent. Nico nous rejoint un quart d'heure plus tard pendant qu'on s'étire, il est sous les 5h, pavé de bronze lui aussi, pour son premier trail moyenne distance. Bien joué ! Au final une bonne course et un grand plaisir de la partager avec des potes!
Après un tour chez l'osthéo ("y a du boulot !"), on termine autour d'un gros burger en terrasse du Boston,
stretch place Tolosane,
et retour à Grenoble !
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