Hélène m'accompagne sur le km de bitume environ qui mène au départ du chemin, tout en rechargeant un peu ma montre. Puis elle fait demi-tour et je m'engage sur ce sentier derrière 2-3 gars. On monte bien au-dessus de la route juste pour nous épargner un peu de bitume, le genre de détours que je n'aime pas, je préfère le bitume au dénivelé inutile, on en a déjà bien assez comme ça ! Mais bon, dans la nuit, on se rend moins compte des tours et détours. Bernard me rattrape, on discute, tant et si bien qu'on arrive à un croisement non balisé, avec un petit groupe dont un coureur espagnol, et on doit faire demi-tour, quelques dizaines de mètres seulement heureusement et on retrouve nos balises. Puis les autres prennent de l'avance, je ne les suis pas, je suis plus concentrée toute seule. On quitte à nouveau le bitume pour grimper sur le chemin au-dessus de la voie ferrée quand un coureur me double en me bousculant fortement, je m'apprête à râler avant de reconnaître Joël "c'était pour rigoler", puis il prend le large lui aussi, alors qu'on redescend un raidillon pour rattraper la route qu'on longe un moment avant d'arriver dans Saint Georges de Commiers. Nelly me dépasse vers là elle aussi je crois, je la suis un moment, elle me montre la maison de Korb, pas de banderole Ut4M dans son jardin cette année.
Puis je lance enfin ma musique et m'apprête à passer une nuit à grimper vers le Taillefer. Le début du massif est d'abord relativement facile, succession de bouts de bitume pour traverser la vallée, l'autoroute, la voie ferrée, et de chemins plus ou moins moches mais comme il fait nuit ça se passe beaucoup mieux que l'an dernier. Par contre je commence à avoir mal sur le dessus du pied droit, je desserre mes lacets et réajuste ma chaussure, mais ça n'y fait rien, mon releveur semble mécontent... On quitte finalement la civilisation en bifurquant à droite le long du cours d'eau, direction le col de La Chal. C'est au tour de Mikael de me rattraper lui aussi après la longue pause à Vif, et de me déposer. Je grimpe seule mais je suis plutôt bien, je me réjouis d'avance de retrouver Antho à Laffrey, et me voilà déjà au col. A partir de là c'est un replat sur une large piste qui grimpe encore un moment beaucoup moins raide, puis le single qui part à gauche et descend vers Laffrey. Je ne descends toujours pas super bien, mélange d'obscurité nocturne et d'appréhension, mais ça passe vite, voilà déjà le bitume, et un bénévole qui brille dans le noir à l'arrivée dans Laffrey : tiens, Antho ! On trottine le long de la route jusqu'au ravito, accueillis par Philippe J, où je me refais une soupe et le remplissage de boisson, la suite est longue. Puis je me booste encore une fois pour repartir vite.
On longe le lac dans l'obscurité du tout petit matin, il est un peu plus de 5h du matin. Antho m'accompagne sur le début en me donnant des nouvelles de la course. Nelly et Joel sont passés il y a un petit moment, par contre j'ai dû doubler Mikael sans le voir (en fait il s'est arrêté vomir ses pâtes au col...). Déjà du monde sorti aux barrières horaires de Lans. Philippe le dernier du team SEMITAG a abandonné à Vif. Et Anne et Alain avancent lentement mais sûrement environ 2h derrière moi. Le soleil n'est pas encore levé mais le ciel commence à s'éclaircir et les montagnes alentours s'y détachent peu à peu, j'adore cette ambiance.
Antho finit par me laisser avec rdv au Poursollet, il faut qu'il aille dormir un peu, et je continue vers la Grande Cuche. D'autres coureurs me rattrapent, je fais la loco, j'aime bien, on discute un peu, on admire le lever de soleil, c'est tellement beau que je finis par rompre ma promesse de ne pas faire de photos en cours de route pour immortaliser le lever de soleil sur la suite du parcours, là-même où l'an dernier j'avais admiré le coucher de soleil.
On longe en balcon vers La Morte qu'on contourne par en haut (encore un de ces détours pour éviter un bout de bitume...), dans la station de ski, puis on redescend sur le ravito. Un de ces ravitos un peu glauques où beaucoup de trailers viennent "mourir" et où il vaut mieux ne pas s'attarder. Je m'assied sur une chaise le temps de descendre mon bol de soupe (mon ravito principal pendant toute la course) et un café bien sucré, puis je repars sans réfléchir à l'assaut du KV du Pas de la Vache. Le soleil se lève et pour une fois je profite de son paysage (que je connais déjà pour l'avoir aussi fait en version KV en septembre avec le team Ut4M), spectacle grandiose. Je rattrape quelques trailers, quelques-uns me doublent aussi, mais pas trop. Je me motive et me force à pousser et pousser encore, ne pas m'arrêter, ne pas craquer, ne pas traîner en route. Peut-être que je le payerai plus tard, mais peut-être pas, il faut bien tenter un jour pour savoir si je peux tenir. Peu avant d'atteindre la crête le soleil en dépasse soudainement et inonde notre versant encore sombre, j'en ai les larmes aux yeux. L'effort, la musique (i love you like a love song), subliment le paysage grandiose autour de nous et je termine la montée aux anges. En plus j'arrive en haut en 1h45 ce qui est plutôt correct.
Il ne me reste plus qu'à descendre pour rejoindre Antho au Poursollet. Le militaire qui signale en haut m'avertit de la descente un peu glissante, et j'y vais prudemment. Il me faut de toutes façons un peu de temps pour relancer les jambes après autant de grimpette, et puis ça descend d'abord technique dans le Pas de la Vache, signalé de panneaux "passage dangereux". On plonge sur le Lac du Brouffier qui scintille sous le soleil du matin, instant WAOUH bonjour. Un gars a planté sa tente là en bas, il doit être bien, moi aussi. Mistral Gagnant arrive dans l'iPod et c'est reparti, je passe sous le refuge du Brouffier en chantant et je descend vers le Poursollet, pas assez vite à mon goût, alors qu'il fait jour. Encore une rencontre nez à nez avec une randonneuse que je vois au dernier moment et qui se marre quand je m'interrompt soudainement en pleine chanson. Fin de la descente dans l'herbe humide et glissante avant de déboucher sur la route. Comme d'habitude j'espère vainement que cette année on aura le droit de rester sur la route plutôt que de la "longer" par le GR qui monte et descend et croise et recroise la route. En plus à la stèle on commence par un bout de bitume, je trottine en chantant, il y a même des spectateurs sur le parking, puis je croise Antho venu à ma rencontre, yes, on y est presque !
On trottine en discutant avec un coureur anglais, Dominic, jusqu'au ravito. Pas de Linda ni de potion magique cette année c'est thème Astérix. Il fait plein jour, il est environ 11h du matin, et je me réjouis de la suite du parcours, on arrive dans ma section préférée. Je fais quelques calculs, je suis à peu près dans les temps prévus, je devrais pouvoir passer à la Croix de Chamrousse en face, par contre le Grand Colon est déjà annoncé coupé. Encore une courte pause et je repars avec Antho qui m'accompagne un peu dans la montée vers le plateau des lacs. Je la connais par coeur, je l'adore, et en plus cette année je la vois de jour, c'est le pied.
Il fait vite demi-tour en me donnant rdv à Rioupéroux d'ici 3h environ. La montée passe vite, je revois Rafion qui monte pas loin de moi. Par contre la chaleur est bien montée, et la fatigue commence un peu à se faire sentir après ces 3500m en 4 montées successives, du coup le "plateau" des lacs ne me semble toujours pas plus courable que d'habitude. Je joue au yoyo avec un autre coureur qui est accompagné de ses parents, le rattrapant quand je peux trottiner à plat ou en descente, me perdant hors du chemin une fois, et calant complètement dans les montées, j'ai l'impression d'être à l'arrêt... Le plateau des lacs m'apparaît beaucoup plus grand, il doit bien y avoir une dizaine de lacs, c'est splendide, mais c'est long, mais c'est tellement beau, sous un grand ciel bleu à se demander d'où vont sortir les orages annoncés dans 3 heures... On croise pas mal de touristes / randonneurs, dont un gars qui me demande "c'est une course que vous faites?", je lui réponds oui "le tour de Grenoble par les 4 massifs" mais je ne sais pas si on peut réaliser ce que ça représente.
Le Pas de l'Enviou finit par nous apparaître, vraiment une toute petite bosse, j'y perd mon seul compagnon de route du moment (on est vraiment très éparpillés maintenant) mais je serre les dents le temps qu'il faut et arrive au sommet. Et de là plus qu'à redescendre sur les chalets de la Barrière. Pas de barbecue cette année, et pas non plus envie de perdre de temps. Je m'assieds sur le banc (pendant toute la course j'ai mis chaque pause ravito à profit pour m'assoir ne serait-ce que 5mn) pour boire une soupe, décline l'offre de remplir mes bidons qui attendront bien Rioupéroux, et m'engage dans la plus redoutée des descentes. Le démarrage est un peu difficile, je crois que mes jambes ont oublié ce que c'était que descendre avec l'enchaînement de KV pour rentrer dans le Taillefer. Un autre coureur me double à vive allure, espérant me rassurer je lui demande s'il est en relais, perdu "non, mais je viens de prendre un doliprane", ah, tout s'explique. (NB: les doliprane et autres anti-inflammatoires en ultra, ça fait peut-être du bien sur le coup mais c'est le maaaal).
Puis je finis par réussir à me lancer aussi. J'ai perdu vachement de temps sur le plateau et j'ai décidé de ne pas mettre plus d'une heure pour atteindre le fond de la vallée. Sachant qu'il y a 1300m de D- (sur 3 ou 4 km, imagine la pente...) ça veut dire que je surveille ma montre pour ne pas descendre sous les 1300m-/h de vitesse descensionnelle, avec même des pointes bien au-dessus. Le retour du plaisir en descente ! :-)
Du coup je double et double. On passe la cabane vers la mi-descente avec un petit replat, j'y double une fille qui s'écarte en m'entendant arriver, et 20 mètres plus loin je m'étale de tout mon long, trébuché sur un truc (va savoir quoi d'ailleurs). Je me relève alors que la coureuse arrive derrière moi et me demande si ça va. Petit check, pas de dégâts, j'ai eu un bol monstrueux, je me suis étalée dans de la terre meuble et de l'herbe, pas un caillou, pas une aspérité, aucun choc. Je tremble un peu sur mes guiboles pendant 5mn mais ça va, je repars devant elle et la sème, ça repart. Un peu plus bas un coureur est assis sur le bord du chemin, plié en deux, je ralentis pour voir s'il va bien, il me dit qu'il a juste des crampes, et alors que je me retourne pour lui souhaiter bon courage en repartant, crac, ma cheville, aïe... je continue sans m'arrêter, faut pas que ça refroidisse, on verra plus tard, ça tire un peu mais ça court. On débouche déjà sur la route, et je me rappelle que Yves m'a parlé d'un nouveau chemin qu'ils ont ouvert pour nous. Effectivement on enjambe la rambarde balisée à la peinture vert fluo pour prendre un petit single qui nous descend directement au parking. Descente de Rioupéroux, done and dusted, en 55mn chrono ! :-)
Quelques marches d'escaliers à descendre pour rejoindre la route et le pont qui enjambe le torrent, quand une voiture double et s'arrête juste devant, et qui en sort en courant ? Marc ! Tout juste sorti du boulot, en costume, il trottine avec moi jusqu'au ravito, trop bien. Il attend des collègues de boulot qui courent aussi l'XTrem.
Pause par terre dans le hall à Rioupéroux, et multitasking : vidage du sac base vie, changement des batteries de la frontale, je récupère la photo de mes neveux avec le profil de la suite au dos (même si le parcours a changé...), en même temps je mange une soupe, je noke mes pieds et change enfin de chaussures (le releveur du pied droit me fait bien mal presque depuis Vif, je me dis que c'est peut-être les chaussures). Puis je passe faire une séance de Life+ (sorti par la fenêtre parce que je voulais pas rentrer dans cet antichambre de l'abandon et de la désolation), assise du coup en plein soleil, tant pis. 6 appareils en même temps pour faire quadris mollets et isquios des 2 jambes, 6mn de programme lumineux et c'est reparti.
Dessin by Félix. Vous voyez le bonhomme qui a l'air de descendre en rappel au milieu ? c'est la descente de Rioupéroux. Et le mur en face c'est la montée de l'Arselle... A l'attaque ! |
La pause a été moins courte qu'espérée, j'ai pris un peu de retard et il est déjà dans les 14h, et j'ai peur de rater Denis qui est en poste à l'Arselle depuis 5h du matin (et finit normalement à 15h). Va falloir monter vite vers Belledonne !
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