Je repars donc de Rioupéroux au petit matin, scannée par un bénévole, en compagnie d'Yves Martineu qui me montre le départ du nouveau chemin et m'accompagne sur le tout début en discutant du (dé)balisage. Il doit être 6h et quelques, on voit que la luminosité commence à augmenter, mais j'ai quand même encore ma frontale. Je trouve ce nouveau chemin assez horrible, c'est du sable fin où on s'enfonce et dérape, on croirait grimper une dune, je préférais l'ancien, et heureusement on a vite fait de retomber dessus.
Ce sont maintenant des lacets réguliers à travers la forêt, et je me fais rattraper et déposer facilement par un coureur portant le dossard numéro 1 : Nicolas Moyroud, qui a "bien tourné sur la première édition" me dit-il, mais revient de blessure et a prescription d'y aller "tranquille" aujourd'hui. Bah on a pas le même niveau de tranquillitude :-)
Enfin je profite de cette belle grimpette toute seule dans la forêt, tout baigne, je m'enfile 1 puis 2 fioles de caféine pour accompagner le début de journée. Je me fais le lever de soleil tout pareil qu'à la reco, juste là où la forêt s'ouvre un peu pour nous offrir un point de vue en direction du Taillefer.
Lever de soleil depuis le KV de l'Arselle |
Arrivée chez Denis dans la montée de l'Arselle |
Il a un haut parleur et diffuse de la musique, là c'est San Severino, ça donne la pêche ! Il me dit qu'il m'attendait après avoir reçu le SMS de Stéphanie. Je m'assied avec lui pour faire une pause, manger un peu, tout va bien mais j'en profite pour passer en mode jour, ranger ma frontale, mon bonnet, mes manchettes. Il fait des photos et je repars au moment où le coureur suivant arrive.
Passage en mode jour juste avant l'Arselle |
Il m'encourage en m'annonçant que je suis presque sur le plateau. Effectivement j'atteins bientôt une petite redescente et un petit replat où je suis rattrapée par un gars et par Marion coureuse de la Réunion. Peu après j'arrive au ravito, en moins de 2h depuis Rioupéroux, pause chez Denis comprise ^^ Et j'ai la bonne surprise d'y trouver... des merguez froides ! Miam, parfait pour le pti dej :-D oui je peux manger n'importe quoi, surtout si ça change des gels. D'ailleurs j'aurais dû en prendre plus qu'une, on dirait que j'arrive pas à manger assez, j'ai faim faim faim. Puis c'est reparti, ma merguez à la main, Marion et le gars disparaissent vite devant dans la montée parfois raide vers le lac Achard, qui me rappelle la reco de l'Echappée Belle avec Pat et Fred.
J'arrive au lac Achard en mode paradis, la surface brille comme un miroir dans la lumière du petit matin, les premiers rayons du soleil dépassent encore à peine les crêtes qui nous surplombent. Quelques tentes sont plantées autour de l'eau dans ce paysage encore endormi. Seuls debouts, quelques bénévoles qui ont eu bien froid cette nuit, je les salue et échange quelques mots en passant.
Je me sens vraiment très bien, et en plus Hélène m'attend en haut. D'ailleurs je vérifie que je n'arrive pas en avance sur le premier téléphérique de 9h, mais non quand même je ne suis pas si en forme que ça ! :-) Je pense aussi au 90km parti à 9h d'Uriage, et je me demande quand les premiers vont me doubler (le plus tard possible j'espère). Au moins j'ai réussi à n'en rater aucun (les coureurs du 160 qui arriveront trop tard sur Chamrousse auront raté au moins les premiers coureurs du 90). Après une nuit de solitude dans le Taillefer, on va retrouver du monde.
Au Col de l'Infernet, je me retourne pour admirer la vue sur le lac, toujours en mode "je suis au paradis", le ciel est bleu les oiseaux (ou les marmottes) chantent, la vie est belle, je voudrais pas être ailleurs. Je rattrape un puis 2 gars pas très bien. Puis redescente sur le pays des marmottes, et remontée entre les blocs, je les entends siffler mais n'en vois aucune. Je chante Mistral Gagnant en montant à un bon rythme, et re-double Marion qui commente "à fond Carole !", puis encore un ou 2 gars, puis je vois Hélène qui m'attend au col de Lessine !
Arrivée au col de Lessines attendue par Hélène |
Et voilà le sommet !
Terrasse du restaurant un peu plus tard dans la matinée, plus peuplée que quand j'y suis passée |
La pêche ! |
Puis il faut déjà repartir. En ressortant, je croise Thierry du GUC et lui demande des nouvelles de Marc, me demandant où il en est et s'il est en meilleure forme que l'an dernier au même endroit. La réponse est encore plus rassurante que prévu : "Marc ? il est presque arrivé là, il est 16e !" Ah oui quand même, 16e ! Heureusement qu'il est parti sans moi, ça aurait été gâché de m'attendre ! :-)
Hélène redescend au col de Lessines avec moi, juste en-dessous, puis je trottine la descente sur les lacs Robert, bien vides. J'arrive en zone connue par coeur, d'autant que j'y étais 3 jours plus tôt pour faire le balisage de cette section :-) Il fait super beau et on est samedi vers 10h du mat' : on croise plein de randonneurs en balade. D'ailleurs moi aussi je me balade, en mode économie, comme prévu même s'il est un peu (beaucoup) plus tard que prévu. Je commence la traversée vers la Pra toute seule, en admirant notre balisage. On l'a posé dans le brouillard dense donc il est très serré, impossible de se perdre ici.
La fine équipe des baliseurs de Denis, mardi en Belledonne |
Le début de la traversée est technique mais descendant, jusqu'au passage étroit de la combe de l'Echaillon où un signaleur nous attend. La suite reste technique (c'est Belledonne quand même ^^) mais en plus montant. C'est là que je suis rattrapée par un randonneur dans la montée après la traversée de la cascade, je lui propose de doubler, il décline avec un accent, et on commence à discuter : Paul vient du Canada pour 1 mois de cours de français à Stendhal, je lui donne plein de conseils itinéraires de rando et bivouac dans le coin. Au passage, on croise le photographe Ut4M Andy Bryant qui immortalise ces moments, merci !
On monte la dernière bosse de la traversée, et la température augmente d'un coup quand on bascule vers le plateau de la cascade, au soleil côté refuge de la Pra. On le voit de l'autre côté, plus très loin. A discuter, on a avalé toute la traversée l'air de rien, en 2h, pas un chrono fantastique mais au moins je l'ai pas sentie passer, c'était le plan ! Paul me salue et part vers lac David, et je monte le petit raidillon sous la terrasse. Un bénévole m'y attend et me guide d'en haut dans le petit passage de grimpe avec les mains pour arriver sur la terrasse du refuge. Il m'accueille en haut, me scanne, me propose de l'eau fraîche, me prend un emballage vide de barre, me fait m'assoir. Je me mets à l'ombre, "prends pas froid" me dit-il. Je rigole mais en fait je ne tarde pas à avoir froid effectivement, alors je remplis mon bidon d'eau fraîche, une pastille dedans comme depuis le départ, et je repars. Marion arrive juste à ce moment-là.
Je marche vers le Grand Colon, la dernière difficulté de Belledonne. Personne de la course à l'horizon, par contre je croise des groupes de randonneurs. Le pierrier est super bien balisé :-), les cairns coiffés de balises, par contre notre totem crâne de mouton a disparu. Malgré tout, la montée est bien difficile... Au bas du pierrier, je me fais dépasser par 2 avions : les 2 premiers du 90km, dont Rachid El Morabity, l'invité de luxe, 2e à ce moment-là dans les pas du 1er.
Les deux premiers du 90km |
Une demi-heure plus tard et presque en haut du pierrier, c'est le 3e qui me rattrape, un coureur local, il a l'air dans le dur et je l'encourage, lui indiquant son retard sur les premiers, il fait l'effort d'échanger quelques mots puis disparaît à son tour. Je ne tarde plus à atteindre à mon tour le sommet (en 1h depuis le refuge, pile dans mes temps), et exploite des randonneurs présents sur place pour me faire quelques photos souvenir. Derrière nous Belledonne dans toute sa splendeur, ses crêtes minérales et découpées. Devant nous la Chartreuse, prochaine étape, si proche et si lointaine à la fois, surplombée par la pointe de Chamechaude qu'il va falloir gravir.
Sommet du Grand Colon - vers Belledonne |
Sommet du Grand Colon - vers Chartreuse |
J'attaque la descente tranquillement, le début est un peu casse-gueule, et je sais que j'aurai l'occasion de me lâcher un peu plus bas ;-) Puis un gars me rattrape et commence à discuter, c'est Hervé Le Gac, un journaliste déjà croisé à la Maxi Race. On descend ensemble, je ralentis un peu le rythme que j'aimerais donner pour pouvoir discuter. Un seul coureur du 90km nous double, le 4e, avec encore une autre demi-heure de retard sur le 3e, puis plus personne. Au niveau de la baraque du Grand Colon il me demande si j'ai le temps pour des photos pour sa couverture, car je suis flashy en orange fluo. Du coup je me retrouve à trottiner en descente, puis en montée à l'envers.
L'équipe de balisage à la baraque du Grand Colon mardi |
Quand on arrive sur la piste, je finis par mettre la musique et accélérer, il suit toujours mais on ne parle plus, concentration sur les cailloux. Puis on arrive à son parking et il s'arrête, du coup là j'accélère encore plus, je m'éclate ! Arrivée sur la route je me lâche bien, toujours personne à doubler mais c'est pas grave, j'admire mes smileys tracés à la peinture mardi, jusqu'au dernier dédicace spéciale mais une voiture s'est garée dessus, zut !
Ma dédicace spéciale à moi-même :-) |
Il y a du monde à Freydieres et de l'animation avec la fanfare promise, mais pas de Bernie à l'horizon. Je demande même à une bénévole du ravito s'ils n'ont pas vu un gars avec des cheveux violets (c'est pratique pour retrouver son assistant en fait ^^) mais non "je crois que je m'en rappellerais !" Il était pourtant supposé me retrouver là quand je l'ai quitté à Chamrousse à 10h du matin, il est maintenant 14h30, j'ai été trop rapide... il me dira plus tard que son GPS l'a perdu. Ah oui, bien perdu ! :-) Bon, ça m'embête un peu parce que j'ai les pieds qui chauffent vraiment et j'aurais bien mis de la Nok, et c'est lui qui l'a. Et en plus du coup je peux pas non plus me faire la fameuse tarte à la myrtille tant attendue à la Gelinotte... j'aurais dû emporter un peu d'argent.
On monte facile sur du bitume et j'en profite pour lire mes SMS et envoyer quelques réponses, tant et si bien que j'ai failli louper la bifurc ^^ heureusement je reconnais un peu le coin grâce à la reco. Mais je range le téléphone et me prépare pour finir la descente, la 2e partie est moins cool (on l'avait aussi finie sous une averse à la reco tiens, une habitude...). Petite remontée dans les ronces qui ont été débroussaillées, ouf, puis descente très raide, puis moins, mais en sous-bois, je préfère les crêtes. En plus la chaleur monte à mesure qu'on descend. On croise la route un peu plus bas, la même bénévole du ravito est maintenant signaleuse et m'annonce que mon assistant est arrivé en retard et sera à Saint-Nazaire, zut, il avait dit que s'il me ratait à Freydieres il serait au Versoud... j'aime pas bien les ratages de plan c'est frustrant, et puis j'ai besoin de ma Nok... Du coup j'envoie un SMS à Hélène qui a prévu de venir au Versoud pour lui en demander, mais manque de bol elle est déjà arrivée. Bon, va falloir que je me bouge alors pour pas la faire trop attendre.
Un peu plus loin je plonge des deux pieds dans une grosse flaque de gadoue profonde (que je croyais sèche), j'avais pas fait gaffe aux branchages dans le bas côté qui doivent servir à passer au sec. Demi-tour pour ressortir de l'ornière, je manque y laisser mes chaussures, et traversée sur les branches. Résultat je repars avec des pieds de 3kgs chacun, trempés et dégueulasses, ils avaient pas besoin de ça... Dans cette descente en sous-bois je me fais doubler par 4 ou 5 coureurs du 90km en tout et pour tout, plus rapprochés que les précédents, ce qui en fait même pas une petite dizaine devant moi.
Après traversée d'un village, je débouche au Versoud, accueillie par Hélène, et il y a même un ravito ! Une petite table à l'ombre, avec une fontaine de sirop de groseille, tellement trop dilué qu'il a plus de goût mais c'est pas grave, et aussi des haribo, amandes, noisettes, j'embarque quelques provisions en vrac dans ma poche de sac. Franck passe aussi nous saluer, il a finalement abandonné à Vif, les jambes tétanisées et incapable d'aborder la montée qui suivait, zut... :-(
Hélène m'a même trouvé de la crème anti échauffement d'une bénévole cycliste, je mets ça pendant qu'elles courent rincer mes chaussures dans le bassin du jardin de la dame qui habite juste à côté. J'avais heureusement une paire de chaussettes propres dans mon sac (embarquées au dernier moment vendredi matin car je le trouvais trop vide, alors que c'est un truc que je prends jamais d'habitude, lucky !). Je repars ploc ploc dans mes chaussures mouillées et oublie mes bâtons... Réalisé vite alors que je me forçais à trottiner sur le bitume en plein cagnard, du coup demi-tour en appelant Hélène, c'est gâché... :-/ Alors que je remonte à l'envers je croise Julia qui est en tête du 90km, super ! Je regrette de ne pas pouvoir la suivre... Puis Hélène arrive et me passe mes bâtons au vol depuis sa voiture, et je repars à l'endroit.
Dans ce cagnard, j'hésite entre trottiner ou marcher, s'économiser ou gagner du temps ? Il fait une chaleur, on se croirait dans un four, mais je n'en souffre pas plus que ça. C'est juste pas super agréable de dégouliner de sueur à grosses gouttes. Dilemme dilemme, j'alterne marche et course pour ne pas y passer 1h non plus. Passage sur une grande route pas loin des bords d'Isère, faite en vélo récemment avec Hélène, j'y passe justement un groupe de cyclistes, puis on redescend à gauche sur le parking, où on voit des panneaux pour la course équestre annoncée au briefing, qui est finie. Et puis d'un coup qui vient à ma rencontre sur un chemin herbeux ? Bénédicte ! Top ! On fait tout le reste de la traversée ensemble, elle me donne des news de la course, le gagnant est arrivé à 13h en 29h de course, wow, plus long que prévu... Ricardo on ne sait pas encore (il a en fait abandonné à Rioupéroux cette nuit). Les relayeurs finissent 10e et 11e équipe, bravo !
Du coup la fin de la traversée passe super vite, on alterne entre trottiner à l'ombre et marcher, et on finit par la longue traversée montante du village de Saint Nazaire jusqu'à la base vie. Je n'ai pas vu Corinne qui est chef de ce poste. Par contre mon collègue Olivier est venu, avec sa femme qui est une ancienne collègue d'Hélène, et sa fille, le monde est petit. Je me fais donc mitrailler par 3 photographes et en profite pour faire le clown, ça fait plaisir de retrouver du monde !
Je rentre dans la halle avec l'idée d'aller direct chez les kinés, mais Bernie m'intercepte d'un ton autoritaire et me guide quelque part : à sa table. Mais non, c'est pas là que je veux aller... je lui laisse ma montre à recharger et fais demi-tour direction le massage. Pierre le kiné badiste me laisse entre les mains de Clément le kiné réunionnais, qui me retape super bien, même si c'est plus long que prévu. Ils m'avaient demandé, j'avais dit 15mn "ah oui c'est vrai que toi tu traînes pas trop aux ravitos". Bon, ça fait du bien, il faut savoir perdre du temps pour en gagner, non ? et puis vu le retard que j'ai déjà sur mon plan (arrivée ici vers 17h15 au lieu de 13h30 annoncé) ce n'est pas aujourd'hui que je vais faire un chrono perf. Par contre j'ai hâte de retrouver tous mes supporters à ma table : il y a donc Olivier et sa famille, Béné, Romain (qui a fini son 40km Chartreuse tout à l'heure en un peu plus de 6h, le 2e en 2 jours, bravo !) et Hélène du TTT, et Bernie. Je me pose pour une assiette de pâtes, de la soupe, renvoie 3 fois Bernie "vider un peu" mon camel que je trouve trop lourd, avale une ou 2 compotes pour le dessert. Puis je vide en vrac mon sac de décharge sur la table et y pioche ce qu'il me faut, pas très organisé tout ça ^^. En fait la logistique de l'assistance ça demande toute une préparation aussi. Je change de T-shirt, de chaussettes après avoir enfin mis de la vraie Nok, de chaussures, de buff, de short (en mode orange de la tête aux pieds pour finir), embarque 2 nouvelles fioles de caféine pour la 2e nuit qui approche, et 1 nouvel ipod en échange des 2 précédents.
Dans la base vie de SNE |
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