mercredi 7 décembre 2011

Récit GRP 2010, un an après...

Et voila enfin le long, très long récit du GRP

jeudi 26 Aout

Arrivée à Vielle-Aure en train Toulouse-Lannemezan + autocar. Formalités d'inscription, récupération des sacs, dossards, etc. Je demande ensuite le chemin du camping, on m'envoie dans la mauvaise direction, mais je m'en rend compte bien plus tard ("je devrais pas déjà être arrivée, la ?") après un coup de fil au camping pour leur demander dans quelle direction ils sont. Du coup pique-nique en bord de rivière (miam, une salade de pâtes) a l'ombre (c'est le cagnard...!) puis retour a Vielle-Aure. Il est encore trop tôt pour déposer les sacs qui seront expédiés aux 2 bases vie, donc direction le camping a pied avec tout mon barda, et en plein cagnard. Tout autour, des montagnes impressionnantes sont la pour me rappeler ce qui m'attend demain et pour faire monter le stress.
Arrivée au camping, la réception est fermée mais ouvre dans 10 minutes, je rencontre Pierre qui attend aussi. Puis montage de tente, sieste, bouquinage de magazines de trail, et quand j'en peux plus de rien faire, re-direction Vielle-Aure a pieds (2 km). Dépose des sacs-base-vie, puis trainage a regarder la carte 3D du parcours et a stresser. Pierre me retrouve dans la foule, il est avec Vincent qu'il a rencontre au camping. Vers 18h on a le briefing pre-course, traduit ensuite en anglais et en espagnol pour les concurrents étrangers, pendant que tous les autres se ruent vers la pasta-party. Les restaurants du village proposent aussi les menus "spécial traileur" a base de pates et plus de pâtes. Une fois le repas avale, retour au camping qui fête ses 20 ans, avec un super apéro qui tombait en meme temps que notre briefing. Mais en nous voyant le propriétaire nous ressort nourriture et boissons, on goute un peu mais déjà bien pleins, puis direction la tente pour essayer de dormir. Des 21h le camping est d'un calme effrayant. La lune éclaire toujours les impressionnants sommets alentour. Malgré le stress, je finis par m'endormir. Plus rien d'autre a faire de toutes façons.

vendredi 27 août

4h du mat'

mon réveil n°1 à 3h45 n'a pas sonné, ou pas assez fort, et je me réveille de moi-même juste avant le 2e à 4h, regarde ma montre à l'heure de Melbourne et met un moment à comprendre quelle heure il est à Vielle-Aure. Gros coup de panique, et direction les toilettes, habillage, pommadage à la Nok, chaussettes de compression oranges et nouvelles Asics Trabucco jaunes, me voila presque prête. Retour à la tente juste à temps pour trouver Vincent qui me cherche pour monter en voiture avec Pierre. Heureusement qu'il a ses bâtons à la main, j'aurais oublié les miens dans la tente. En voiture je commence à manger les Lu ptidej mais la moitié reste dans mon sac, ne passe plus. Je m'assied sur un bord de trottoir pour lire la carte de Bernie et pour attendre le départ. Petite vidéo avec Pierre qui n'a pas de plan de course et décide de rester avec moi sur mon plan de 40 heures. Vincent lui vise 30 heures et disparaît dès le départ.

5h: départ

c'est la foule, 750 coureurs ou presque (une cinquantaine ne se sont pas présentés au départ) dont 37 filles... je ne tarde pas à perdre Pierre dans la foule. Je fais quelques photos du serpent de frontales derrière moi. On traverse quelques villages, on passe par des vieilles granges, on doit grimper des échelles pour passer au-dessus de barrières, un premier passage de ruisseau à gué aussi. Pas la moindre idée de la vitesse à laquelle on avance, mais j'y vais à l'économie. De toutes façons ça monte, monte, monte.

6h30:

Je regarde ma montre pour la première fois, l'impression qu'on est partis depuis une demi-heure. Le jour ne va pas tarder à se montrer. On attaque une piste de ski, noire, juste sous les téléphériques. ça monte dur, très très dur, et je remercie les bâtons de Paul...! Je rencontre là Phil, qui vient du coin de Saint-Gaudens, et qui me donne un conseil de planter de bâtons et discute un peu avant de partir en avant.
Un peu plus tard (je crois), il fait encore nuit, le sentier débouche sur un bout de route pour arriver au col de Portet, et le gars du camping (Francis ?) nous attend là avec sa femme et d'autres personnes pour nous encourager. Premier commentaire de "allez les filles" pour moi (pas le dernier).

7h48

Il fait jour, cp1 Merlans, ravitos sur de grandes tables devant le resto, et surprise d'y trouver du saucisson, jambon... j'opte pour le 4 quarts (avec du jambon) et les quartiers d'orange, et fait le plein d'abricots secs pour l'étape suivante. Ça monte encore un peu avec un vent hallucinant qui me pousse dans le bas-côté. On nous a dit que si le vent ne se calmait pas, la montée au Pic du Midi serait annulée (il y a des rafales à 150 km/h au sommet, trop dangereux).
Une fois en haut, avec un point eau dans un refuge (où j'arrive avec 10 mn d'avance sur le plan) c'est la longue descente vers Artigues qui commence, plus technique et rocailleuse, et surtout plus longue que prévu. Sur la fin, passage d'une cascade puis large piste forestière, Artigues se fait vraiment attendre. Arrivée à travers un parc de camping-cars au bord d'une rivière qu'on traverse, puis on remonte une rue du village pour arriver au CP dans un bâtiment, du public tout autour qui encourage, je suis accueillie par des "allez, une fille, ça change". J'ai environ une demi-heure de retard à ce moment, il est 11h30 du mat.

11h30. Artigues - Col du Sencours

Perte de temps au CP (dans les 15 minutes) pour toilettes, change, téléphone (10000 messages sur mon répondeur quand je l'allume), et c'est enfin reparti dans la montée avec une poignée de tucs qui finalement ne passent pas, trop lourd (qui l'eut cru). Au passage j'appelle Papa et Vic, on discute 5 mn, ils sont en train de monter depuis le Col du Tourmalet vers le Pic du Midi ou je dois les rejoindre vers 15h (au lieu de 14h30 prévu au départ).
Après cette montée on a un peu de plat, dans une vallée verdoyante, avec vue au loin sur le Pic du Midi, haut, très haut, beaucoup plus haut que nous. Ça a beau être plat, on commence a être pas mal en altitude, et le soleil commence a sérieusement cogner, donc je ne vais pas si vite que ca. Je suis / double / me fait doubler régulièrement par les mêmes groupes, en particulier un groupe d'espagnols / catalans / basques ? impossible de comprendre ce qu'ils disent. Enfin voila le Col du Sencours, je refais le plein d'eau pour la montée, et passe aussi manger quelque chose au ravitos dans une hutte de pierre. Je m'assied sur un banc pour avaler un bol de soupe de pâtes, totalement al dente, c-a-d même pas cuites du tout, croquantes, mais bon, ca fait du bien quand même. Et puis il faut bien repartir, j'ai hâte de retrouver papa et Vic qui ont finalement décidé de redescendre plutôt que de m'attendre en haut (je commence a être sérieusement en retard sur le planning).

Col du Sencours - Pic du Midi 15h17 - Col du Sencours

Ça monte dur en lacets au-dessus du col, vue sur un joli lac en contre-bas et sur le ravitos. Et d'un coup je les trouve assis sur un rocher au bord du chemin. Je m'affale plus que je m'assied avec eux sur le caillou :-) On discute un peu, je mange encore quelques abricots secs, je leur pique de la crème solaire, puis je repars requinquée, essaye une pointe de vitesse (en marchant ^^) mais ne tarde pas a être rappelée à plus de réalisme. La fin de la montée dans le pierrier est vraiment très dure, mal au crâne à cause de l'altitude, ou du cagnard (même si ca se couvre un peu), ou des 2, et marre des montées. Il y a quelques touristes en haut. Il faut redescendre une petite bosse et remonter quelques marches pour atteindre le point de contrôle ou je pointe a 15h17, 3/4 d'h de retard sur le plan. Tellement de brouillard à ce moment (j'arrive trop tard, il a fait super beau un peu plus tôt) que je ne prend même pas la peine de faire les quelques mètres de plus vers la plate-forme d'observation, demi-tour direct, il faut remonter la petite bosse, je m'étire 2 mn tout en haut avant d'attaquer la descente. Je croise Phil qui termine seulement la montée a ce moment. La descente coupe les lacets a travers le pierrier pour éviter de croiser les coureurs qui montent en suivant les lacets.

Je rattrape papa et Vic dans la descente (ils m'attendaient un peu) et on court / jogge ensemble jusqu'au col du Sencours où on va se poser sur le talus devant la maison de pierre qui abrite le ravitos. Passage au poste de secours pour demander de quoi lutter contre le mal d'altitude / d'estomac / de crâne, on me donne du Doliprane. Puis je descend 2 bols de soupe de pâtes (cuites cette fois) et des oranges, bananes, et autres provisions. Puis Phil me cherche et on repart ensemble, j'emporte une banane pour la route. Vic et Papa suivent un moment puis bifurquent. Ils vont direct a leur hôtel, on est trop en retard pour qu'ils puissent venir à Hautacam ou Villelongue (initialement prévus a 19h et 20h30).

Descente du Col du Sencours - Lac Bleu

Dans la descente, on se perd en suivant le groupe de Sophie et son "coach", heureusement on croise un randonneur qui nous dit qu'on est sur le chemin du semi-raid, et nous indique un chemin alternatif pour remonter au col d'Aoube, où on doit rattraper le chemin balisé. Du coup ça nous a rajouté pas mal de dénivelé (dans les 300m) mais au moins pas trop de distance. Enfin on voit le col d'Aoube et des silhouettes se détachant sur le ciel encore clair, plusieurs coureurs et aussi 2 gendarmes qui (sur)veillent. Une fois au col on fait une pause assis sur un caillou au sommet du col, on prend des photos et une vidéo, on se partage la banane écrasée d'avoir été portée à ma ceinture. Puis requinqués par la banane, on continue à descendre puis remonter au col de Bareilles. On longe le lac Bleu, immense, on dépasse quelques coureurs, on fait plusieurs petites pauses pour se partager des barres céréales de Phil (il est réapprovisionné par sa copine a chaque ravitos). Il me file aussi des comprimes d'homéopathie contre les crampes qui commencent à pointer. Le lac est magnifique, le soleil commence à sérieusement décliner. Quelques vaches jouent les acrobates dans la pente.
Puis on continue la descente, avec une 3e petite remontée vers le CP de Hautacam.

Nuit 1 - 21h30 - Hautacam

Hautacam, ravitos de nuit dans un petit bâtiment où la plupart des gens présents ont abandonné. Phil et moi arrivons tard (21h30) peu avant la fermeture (barrière horaire a 22h) et sommes parmi les seuls à repartir. L'ambiance est noire, déprimée, lourde... on mange, café, on se réchauffe, et on repart. ça donne pas envie d'abandonner en tous cas. Une bénévole propose un tarot à ceux qui attendent la navette... moi j'aurais pas eu envie de jouer aux cartes...
Puis la descente continue direction Villelongue tout au fond du trou (altitude 500m, par rapport aux 2876 du Pic du Midi, ça fait une belle descente...!). Papa et vic n'y viendront pas, il est trop tard pour eux, ils sont sensés commencer tôt demain, vu que le plan prévoyait que j'arrive à Aulian / Luz-Ardiden de bon matin (vers 8-9h).

Nuit 1 - minuit - Base vie de Villelongue

La descente continue donc vers Villelongue, première base vie, où on arrive finalement juste après minuit. La barrière horaire est à 00h30 à l'arrivée, on se demande pendant un moment s'il y a une barrière horaire plus large pour le départ, mais non. On a donc juste 25 mn pour s'y arrêter, donc pas le temps de dormir, ni même pour le massage. Récup du sac d'assistance sur une estrade au fond de la salle, change de chaussettes (chaussettes de compression mouillées à force de traverser des gués, virées pour chaussettes normales). Une assiette de pâtes nature, une soupe, je refais mes provisions d'abricots secs pour la route, avale un café, et change les piles de la lampe frontale (vieilles piles ce matin pour les 2h entre le départ et le lever du soleil). On ressort du CP juste à temps, en passant devant le bus d'évacuation, sans même le regarder (qqun me disait plus tard que ça l'avait fait hésiter à y monter). Beaucoup de gens a l'intérieur du CP ne repartiront pas, apparemment.

Samedi 28 Aout

00h30 - Villelongue - Turon de Bene 3h47 - Col de Contente

Puis on attaque la remontée vers Turon de Bene et le col de Contente, 1600m de dénivelé positif d'un coup, entre Villelongue à 500m au fond de sa vallee, et le col de Contente à 2131m. Peu de souvenirs de cette montée, l'impression que j'étais un peu toute seule, les autres allaient un poil plus vite.
A Turon de Bene, arrivée en pleine nuit (3h47 du mat au pointage), grande tente avec un feu devant, je rattrape quelques personnes devant le feu, on se réchauffe 2mn avant d'aller s'assoir dans la tente, sur des chaises et bancs disposés autour d'une table couverte de provisions. Un bénévole nous demande ce qu'on veut, je répond du tac-o-tac sans réfléchir (trop tard pour ça) "un café" et du coup je récupère le dernier. Puis j'ouvre le paquet de chewing-gums de Bernie et y découvre... 2 ipod shuffle chargés de musique ! et un petit mot très sympa ^^
Au CP assise sur un banc devant la bouffe je discute avec un croate, Vanja, qui est venu ici avec un copain (qui ne doit pas parler anglais, ou pas parler beaucoup, pasque j'ai pas du tout discuté avec lui) pour chopper des points pour faire l'UTMB l'an prochain. C'est par là qu'on apprend que l'UTMB (qui avait lieu le même week-end, donc en ce moment aussi) est justement annulé cette année à cause d'une coulée de boue sur le parcours / de mauvaises conditions météo...! :-o sur le coup je sais pas trop si c'est vrai ou juste une rumeur, mais ça sera confirmé par la suite.
Puis c'est reparti, un benevole nous avertit qu'il fait bien froid et nous conseille de bien nous couvrir, du coup je passe le kway, et go dans la montée au col de Contente (encore 600m de denivele) qui a vite fait de nous réchauffer (il ne fait pas si froid cette première nuit), avec le premier ipod shuffle qui me joue de la musique bizarre et variée.

Col de Contente - descente sur Cauterets

Au col, plein de brouillard, Phil fait un arrêt technique et je continue, dans le noir total, je dois sortir la torche à main pour y voir clair. je perds le reste du groupe partis en même temps que nous, le temps de lire un SMS de Bernie, et du coup stresse un peu, j'hésite entre attendre Phil ou poursuivre les autres devant pour ne pas rester seule en tous cas. Je finis par prendre mon courage à 2 mains et pars avec ma frontale complétée par ma torche à main, indispensable vu la visi... heureusement les bâtons ne sont pas indispensables donc je les réunis dans l'autre main. Il me faut un peu de temps mais je suis bien contente quand je rattrape les gars devant nous, moins contente quand je les entend discuter de la barrière horaire inatteignable de Cauterets (en bas de la descente).
Du coup je double tout le monde, me disant que Phil me rattrapera bien plus tard, et descend en courant comme je peux dans la mauvaise visi en doublant plein de monde. ça m'amuse d'ailleurs assez de guetter les balises dans le brouillard et de courir un peu, et surtout de dépasser du monde. Phil me rattrape effectivement peu de temps plus tard quand je crois que c'est bon, on est dans les temps. Mais il continue à pousser pour aller vite, il n'est pas si sûr qu'on soit bons.

Il s'agit de redescendre vers Cauterets dans le trou (là où j'avais initialement, dans mon plan super optimiste et irréaliste en 40 heures, prévu de dormir 2 ou 3 heures vers 2h du matin... ^^ et là on se bat pour ne pas dépasser la barrière horaire de 8h30...). La descente avec Phil nous prend du temps et on est vraiment juste sur les barrières. Le jour se lève, on coupe tous les lacets qu'on peut dans la descente, puis on arrive sur une piste forestière, on voit le village mais au lieu de descendre droit dessus on fait des détours pas possibles, on dirait qu'on n'y arrivera jamais, et le temps passe.

8h15 - village de Cauterets - CP à la mairie

Enfin on arrive au village de Cauterets dans sa partie haute, mais il est grand, et la mairie a l'air d'être dans la partie basse du village. En plus il reste si peu de temps (5-10 mn) qu'on pense arrêter là parce qu'on n'aura plus assez de temps pour repartir pour Aulian et y arriver avant la prochaine barrière (a quoi bon se taper la montée si c'est pour se faire éliminer en arrivant à Aulian). Je suis tellement énervée que j'ai envie de boxer / shooter la pauvre poubelle sur le trottoir. On court quand même pour arriver à la mairie à temps (histoire d'avoir fait une distance correcte, à savoir à peu près 100 km, et au moins un CP de plus que la distance du semi-raid avant d'être éliminés / d'arrêter, question d'honneur).
Sans s'arrêter de courir je demande à une passante où est cette (fucking) mairie, plus très loin, on y arrive en sprint (tout est relatif, on est au km 98.7 ^^ mais la colère / le stress donne des ailes), on monte l'escalier en courant, on demande en panique où est le pointage, le gars est surpris de nous voir encore arriver, dit qqch comme "vous voulez jouer ?", et nous bippe. On retrouve Sophie qui était en train de manger et mettre des bandages anti-ampoules.

C'est là que je dis à Phil "on repart". Pas moyen d'arrêter avant d'y être forcés. Il me dit que sans moi il serait pas reparti, mais ok :-). Du coup on a tout juste 5 mn pour se descendre un bol de pâtes et repartir. Mais on repart ! :-) et je me sens beaucoup mieux, au moins on a pas abandonné, si on rate la barrîère on se fera éliminer mais ce n'est pas pareil. Et en plus il y aura papa et Vic là-haut.

Cauterets - 8h30 - Col de Riou - Aulian

Donc au programme il faut remonter vers le col de Riou, puis redescendre vers le CP d'Aulian juste de l'autre côté du col, à la station de ski de Luz-Ardiden, avec barrière horaire à 12h30 (midi 30 samedi). A ce moment de la course j'imagine d'ailleurs qu'on va arriver trop tard à Aulian / Luz-Ardiden (le prochain CP avec barrière horaire dans 4h) et que papa et Vic vont me récupérer déprimée. D'ailleurs ils devaient me retrouver à Luz-Ardiden de bon matin et commencent à s'inquieter, je leur laisse un message leur disant que je dois y arriver finalement plutôt pour la barrière horaire de midi 30, et que je suis pas sûre de la faire... Mais on va tout faire pour y arriver à temps. SMS encourageants de Bernie qui nous dit que le temps de 4h est largement faisable d'après le temps mis par les coureurs précédents.

Début de la montée on est avec Sophie et Vanja. Je les rattrape quand ils font une pause, m'écroule dans l'herbe (Phil me prend en photo étalée en étoile avec mon kway), tourne une petite video, et on repart. Pause suivante je pense enfin à enlever ma frontale, et mon kway, il est dans les 10h du mat' je crois. Par contre j'ai tjs mon t-shirt thermique alors qu'il commence a faire de nouveau bien chaud.
Dans la montée finale vers le col de Riou, le chemin fait des lacets dans des pentes herbeuses, et on coupe par une multitude de sentes tracées par les troupeaux je suppose. Sophie et Vanja ont pris de l'avance, Phil et moi on croise Papa assis au bord du chemin qui ne me reconnait pas avec mon "bandana de pirate" sur la tête. Je le salue en demandant si ça va, il répond "moi oui mais j'ai ma fille qui doit arriver, et elle je sais pas si ça va" ou qqch comme ça. Au début je crois qu'il blague et on continue 10m, puis je demande à Phil s'il blaguait et me retourne vers papa qui ne blaguait pas :-) il appelle Vic qui guettait un peu plus loin sur le vrai sentier qu'on avait coupé. Ils repartent avec nous vers Aulian, on arrive vite au sommet puis il faut redescendre un petit sentier qui devient rapidement une large piste. Je trottine avec Vic, Phil est juste un peu devant, Papa derrière prend des photos.

11h34 - CP Aulian

Le CP est dans un grand bâtiment (p-e un resto de station de ski) où je vois un infirmier pour mes ampoules (qui commencent à me faire bien souffrir) dans un coin de la salle. On mange aussi bien pasque du coup il est 11h34 (barrière à 12h30, on est largement dans les délais en fait mais il vaut mieux pas traîner pour capitaliser un peu d'avance donc on essaye de se dépêcher). On est un petit groupe d'une dizaine de derniers ou presque derniers, et à la demande de Sophie on fait une photo des "finishers" ou futurs finishers, parce qu'au point où on en est maintenant on n'abandonnera plus. Et surtout les barrières horaires suivantes sont un peu moins sèches à partir de Luz St-Sauveur.
Après Aulian à la descente vers Luz on a enfin de l'avance sur les barrières horaires et pour la première fois je me dis que je vais finir cette course. Sentiment agréable, pas euphorique mais sympa quand même. Je me revois penser ça en passant une bosse avant d'attaquer la descente à la sortie d'Aulian. Phil et Sophie me sèment néanmoins dans la descente.
Je les rattrape pour une pause stretch avec Vanja et Sophie et Phil (était-ce vers Luz St-Sauveur ou était-ce avant Aulian ? Mémoire mélangée...)
Pas d'autres souvenirs de cette descente...

14h52 - Base vie de Luz Saint-Sauveur

Luz, gros CP -base-vie numero 2, j'y arrive a 14h52 avec Sophie, croise papa et Vic qui continuent avec nous, et on rattrape Phil qui avait pris de l'avance mais qui est sur le trottoir d'en face en train d'arriver tout juste en même temps que nous. Ce que je desire le plus à ce moment c'est un podologue mais la seule qui reste (les autres sont à l'arrivée pour le gros du pelonton des coureurs qui sont en train de finir maintenant) est occupée à momifier les pieds d'un ukrainien qui avait des ampoules absolument partout. Elle est toute fière de son oeuvre et répète à qui veut l'entendre qu'elle avait jamais vu ca.
Du coup je commence par un massage, pendant lequel je m'endors. Vic me sert des nouilles, de la soupe, du café fait par lui avec du sucre (c'est vachement meilleur bizarrement ^^), le massage dure que 5 mn et après je dois encore attendre pour la podologue. Du coup je me change, passe mon collant-compression Skins pour les "derniers 40 km", et essaye de siester 5mn mais trop de passage partout.

La podologue s'occupe enfin de mes pieds en 5 mn juste avant la barrière, pendant que je guette ma montre, Vic va même vérifier l'heure exacte auprès des bénévoles du contrôle. Je repars au dernier moment avec un 2e café sucré fait par Vic, avec Phil qui se faisait masser aussi. On avait 1h ou 1h30 d'avance en arrivant au CP, et on repart pile à la barrière horaire de 16h. On a utilisé toute notre avance mais tant pis, on est requinqués, et assez euphoriques, à lancer des blagues genre "il nous reste même pas un marathon !" :-)

16h - Luz - Tournaboup

On est en fin d'aprem et on remonte maintenant vers Tournaboup. Avec Phil on se sent bien après cette longue pause (une bonne heure à Luz) et on attaque la montée vers le château. On croyait d'abord qu'on montait le joli sommet qu'on voyait à droite et on regrettait de ne pas monter au château, mais on s'était trompés. On a pas mal de plat au début, mais Phil traîne. Pour une fois je n'ai pas de mal à suivre, même plutôt l'inverse. Un peu après Phil qui n'est en fait pas en forme me laisse partir devant, pas sûr d'arriver à temps à Tournaboup.

J'aime beaucoup cette section, je suis en forme et trottine / marche d'un bon pas, en alternance. Je croise quelques randonneurs sur le chemin, marche un moment avec une femme et son chien, qui marche vraiment vite mais comme je suis en forme ça va, on en profite pour discuter. Puis on atteint un groupe de randonneurs et je demande si on est loin de Tournaboup à une des femmes. Elle me demande si on va jusqu'au col du Tourmalet, et j'oublierai jamais sa tête complètement hallucinée quand je lui répond que non, on va à Vielle Aure. Elle en croyait pas ses oreilles et est restée là interdite, puis j'étais déjà repartie. Délire. Un peu plus loin on passe au-dessus de Barèges, je demande confirmation à un mec qui randonnait par là.
En super forme, j'avance super vite, croise Vic et papa à un endroit où le chemin passe dans Barèges (ils passaient en voiture et ont vu les balises du coup ils se sont arrêtés). On traverse Barèges ensemble, et je les laisse au niveau d'un pont où j'essaye de suivre les 2 croates (Vajna et ?) avec qui j'avais discuté à Turon de Bene. On est tous seuls, pas d'autres coureurs en vue, on marche à un bon rythme, ils prennent 200m d'avance et je suis à distance à peu près constante.
Vic et papa sont pas sûrs d'être à Tournaboup, ensuite ils prennent la route pour rentrer, ils commencent à fatiguer...

Je suis à peu près les 2 croates, à 200m de distance. En arrivant enfin sur la route (le CP de Tournaboup est un parking) je croise 2 femmes / supporters qui me disent "c'est toi Carole ? ils t'attendent sur le bord en mangeant des pizzas et des gaufres. Enfin des gaufres c'est pas sûr mais des pizzas oui. Tu pourras les engueuler". Je crois d'abord qu'il s'agit d'autres coureurs, sans comprendre trop vu que Phil est derrière, puis comprend qu'il s'agit de papa et Vic. Le temps d'arriver à eux ils ont fini les pizzas, dommage ^^ mais je suis super contente de les voir !

19h07 - CP de Tournaboup

Ravitos de Tournaboup sous une tente au bord de la route, atteint super vite à 19h07 soit en 3h07 (SMS de félicitations de Bernie qui ne m'attendait pas là si tôt). J'essaye de me dépêcher un peu pour ne pas reprendre du retard sur les barrières horaires. Photo cool avec Vic prise par un autre coureur (quand il me rattrape plus tard dans le noir il me dit pour se présenter que c'est lui qui nous a pris en photo à Tournaboup), rechargeage de lu pti dej (Vic me pre-ouvre même les sachets :-) ).
Comme je ne veux pas perdre mon avance sur les barrieres (1h30 d'avance à ce moment) je m'apprête à me dépêcher de repartir, toute seule dans la montée. Phil arrive juste à ce moment là, il va faire une sieste sur place avant de monter. Très bonne idée de sa part, et erreur fatale de la mienne, mais je me sentais trop en forme et je voulais en profiter. Et puis j'avais pas mon camping-car sur le parking pour y siester... Quand je sors de la tente, les 2 croates arrivés juste avant moi sont assis sur des chaises près de la sortie et Vanja me dit qu'ils sont sur le point de repartir aussi.

Tournaboup - Cabane d'Aygues Cluses

Au début c'est cool, ça monte pas trop et il y a quelques semi-raideurs qui nous rejoignent ici (eux viennent directement du Pic du Midi via le Tourmalet, en évitant le détour par le Lac Bleu, Cauterets, Luz et compagnie). Du coup ça nous fait un peu de compagnie, je discute 2 mn avec 2 groupes successifs mais ils vont trop vite pour moi. Puis Vajna et son pote me rattrapent enfin, j'essaye de m'accrocher mais n'y arrive pas, problème de brûlures (peau + vêtements + transpiration = frottements) qui me force à plusieurs pauses au plus mauvais moment, parce que du coup je me retrouve toute seule avec peu d'espoir qu'il y ait encore beaucoup de monde derrière, et il commence à faire nuit.

Puis Sophie arrive avec un gars (Jacques?) et me passe devant mais me surveille de haut quand même pour pas que je sois toute seule, et m'encourage. Puis Stéphane (dossard 1041, du "grand raid", ie le semi) et Ronald (de l'ultra, qui n'a pas de bâtons et en a emprunté un à Stéphane) me rattrapent et je reste avec eux, Sophie et Jacques tracent. Je commence à être sérieusement épuisée, heureusement on ne tarde pas à atteindre la cabane d'Aygues Cluses (21h? 22h? 23h? je ne regarde plus ma montre à ce moment...). Je ne pense qu'a une seule chose : dormir. Du coup à peine arrivée au CP, je pose mon sac et m'écroule par terre pour dormir. Les bénévoles me pressent de me rapprocher du feu, puis m'enroulent dans une couverture de survie. Avant de sombrer, je demande aux 2 gars combien de temps ils veulent rester là (Sophie est déjà repartie) pour ne pas me retrouver toute seule. Aucun des 2 n'a l'intention de se poser en fait, mais la super équipe de bénévoles (celle dont je garde le meilleur souvenir) les pousse à rester, les invite à boire un coup autour du feu, leur dit qu'ils ont largement le temps, la prochaine barrière étant à 3h au resto Merlans, qui est une randonnee de 4h30 d'ici. Du coup ils restent un peu, et je sombre dans un demi-sommeil. Mes muscles se tétanisent, puis je tremble de froid malgré la couverture, et puis il faudra bien repartir un jour, donc je m'assied. Pascal (le "chef" de l'équipe de benevoles, dans son k-way Quechua orange, ou vert, je sais plus maintenant) me file tout ce qu'il peut trouver à manger (c'est juste un point d'eau ici en fait), des cacahuètes, des babybels, je touche pas aux chips mais leur fait plaisir avec mon enthousiasme à manger les babibels :-) Pascal veut aussi remplir ma poche à eau mais elle est déjà trop pleine, on dirait que j'ai pas bu ou pas beaucoup depuis Tournaboup... c'est maaaal

22h? - Cabane d'Aygues Cluses - Col de Barèges

Et allez, il faut repartir, requinqués et confiants de n'avoir qu'une "randonnée de 4h30" devant nous.
En y repensant après coup, heureusement qu'il y avait un peu à manger à la cabane d'Aygues Cluses qui était supposée être un point d'eau seulement, parce que sinon il y avait quand même 8h entre le ravitos de Tournaboup et celui de Merlans.

Il faut ensuite continuer à monter vers le col de Barèges, ça nous réchauffe (la 2e nuit est beaucoup plus froide que la 1e, je ne sais pas si c'etait objectif ou dû à la fatigue...). Juste de l'autre côté du col (à l'abri du vent) 2 gendarmes nous pointent, ça ne marche pas pour le suivi, mais j'envoie un sms à Bernie, il est 23h30. Les gendarmes nous conseillent de nous dép^zcher de descendre de l'autre côté du col pour échapper au vent glacial qui souffle au sommet.

Dimanche 29 Aout

Minuit - 2e nuit - Descente du Col de Barèges - Lac de l'Oule

C'est là que les choses commencent à sérieusement se compliquer. Sur conseil des bénévoles au départ d'Aygues Cluses, Stéphane ouvre la marche et Ronald me suit, je suis donc bien encadrée. Mais je commence à m'endormir debout, en continuant à avancer. Les images de mon rêve se superposent au vrai chemin, qui n'en est d'ailleurs pas un : on avance dans les cailloux au bord du lac de l'Oule qui n'en finit pas. En fait il semblerait qu'on ait remonté plusieurs lacs à la suite (les Laquets de Coste Queillere) avant d'atteindre et remonter le lac de l'Oule lui-même. On traverse de nombreux ruisseaux, Stéphane me conseille de m'arroser à l'eau froide pour essayer de me réveiller. J'enlève aussi mon buff et ouvre mon k-way, le tout pour essayer que le froid me réveille. Moyennement efficace...

Régulièrement je dois cligner 3 fois des yeux pour que l'image réelle prenne le dessus sur le rêve. Plusieurs fois je trébuche et tombe, et à peine allongée sur le sol à l'issue de la chute, je m'y endors...! Ronald qui me suit doit me demander si ça va et me dire qu'il faut continuer pour que je reprenne mes esprits. Stéphane est souvent assez loin devant puis nous attend. Je plane complètement. Quand Stéphane me parle, je me demande après si je lui ai bien répondu ce que je crois avoir répondu, ou si je l'ai juste pensé mais pas encore dit, et même s'il m'a vraiment dit ce que je crois qu'il m'a dit... Je finis par me demander si je ne suis pas dans un rêve, et me dit que dans ce cas je n'ai qu'à decider qu'on est arrivés à Merlans pour que ça soit vrai. Manque de bol ça ne marche pas... si je veux arriver à Merlans, une seule chose à faire, continuer à marcher. Je demande plusieurs fois à Stéphane quand va enfin commencer la remontée vers Merlans, mais il n'en sait pas plus que moi.

2h du mat' - Lac de l'Oule - Restaurant Merlans

A un moment on croise Sophie (une autre Sophie, dossard 666) qui s'est apparemment perdue et a fait demi-tour sans s'en rendre compte. Elle repart dans le bon sens avec nous, Stéphane lui propose de rester avec nous mais elle décline et reprend rapidement de l'avance. Plus tard un groupe (2 ou 3 personnes ?) nous rattrape et nous double. Ils disent se dépêcher pour espérer faire encore la barrière horaire de Merlans. On décide de leur emboîter le pas, avec encore un peu d'espoir que l'organisation nous laissera continuer si on est pas trop en retard. Mais à ce moment on perd Ronald, il ne nous suit plus. On l'appelle, pas de réponse. Je m'inquiète, et m'agace : juste quand on espérait avoir une dernière chance d'atteindre le CP a temps...! Mais bon, on peut pas l'abandonner là. Du coup je m'assied sur le chemin et Stéphane part en sens inverse pour le chercher. J'écris un SMS désespéré a 2h17 du mat', annoncant que je ne vais sans doute pas atteindre la dernière barrière horaire à temps, puis je m'endors sur place dans les cailloux, comptant sur le retour de Stéphane et Ronald pour me réveiller. Je me réveille avant, et commence à manger des Lu ptidej (un peu en miettes à cause de mes nombreuses chutes), que je partage avec eux quand ils reviennent.

Stéphane ne tarde pas à revenir avec Ronald qui s'était "perdu" et qui commence à galérer sérieusement, les cuisses épuisées (il n'avait pas de bâtons et a dû en emprunter un à Stéphane). Cette pause m'aura été salutaire finalement. Après ça je ne m'endors plus en marchant au moins. Peu après on croise un bénévole debout au bord du chemin avec un talkie-walkie, chemin qui commence sa remontée vers Merlans. On discute un instant avec lui, il nous dit qu'il reste une demi-heure vers le CP, et que si on se dépêche ils nous laisseront repartir. Il nous demande aussi de récupérer avec nous un gars qui est juste devant nous et de rester ensemble. Cooooool !! Sauvés. On repart donc pour cette dernière demi-heure, on rattrape le gars en question qui est tellement enroué qu'il peut à peine parler (ou peut-être que sa voix est tout le temps comme ça).

Et enfin on arrive dans le resto Merlans. Jamais je n'avais été aussi contente d'entendre le son de canard du bippeur quand le bénévole nous pointe à l'arrivée. Je commence par m'allonger de tout mon long sur le carrelage pour une sieste, mais peu de temps après je réalise que j'ai intérêt à mettre la pause (qui s'annonce courte) à profit pour me requinquer, et je me lève à la recherche de nourriture et de café. Puis me recouche :-) Quand l'heure de repartir vient, j'enfile mes gants, buff, k-way, tout ce que j'ai, il fait vraiment très froid.

3h? Départ restaurant Merlans - Col de Portet

L'organisation arrête Ronald, jugé pas apte à repartir. Je suis soulagée qu'ils ne m'arrêtent pas moi. Je demande à Stéphane ce qu'il en pense, un peu gênée à l'idée de le retarder encore si je me traîne sur la dernière etape comme sur la précédente. Il me dit qu'il n'est pas sûr que je sois en état mais qu'au moins j'ai mangé, j'ai recupéré des forces au CP, contrairement à Ronald. Bref, ça devrait aller, je me sens beaucoup mieux aussi. On a aussi récupéré Sophie 666 qui était devant mais qui a fait une sieste, Sophie Balteau, et Phil bien requinqué par sa sieste à Tournaboup (en fait il nous a doublés quelque part avant le refuge mais je ne m'en rappelle même pas...). On repart donc à 8, l'organisation nous demandant de rester ensemble le plus possible, et de ne laisser personne tout seul. Ils nous annoncent aussi qu'à cause du brouillard on ne prend pas le chemin initialement prevu (impossible de voir le balisage) mais la route, ce qui fait un détour de quelques kilomètres. Et du coup la barrière horaire est étendue d'une heure. Mais comme on avait une demi-heure de retard à Merlans, on en a déjà absorbé la plupart.

Ca commence par monter jusqu'au Col de Portet, pour se réchauffer un peu. Il fait vraiment froid, avec beaucoup de brouillard. Dans la montée j'accroche Phil et Sophie et monte bien, on prend même une bonne avance sur les 4 derniers. En haut, en attendant la 2e moitié du groupe, Sophie 666 qui est journalilste de France 3 tourne un petit reportage video pendant que je l'éclaire avec sa frontale d'une main, et que je filme avec mon appareil photo de l'autre main. C'est là que je réalise que non, c'est pas encore gagné, ils peuvent encore nous arrêter si on n'arrive pas avant la fermeture de la course, et il nous reste 4h pour faire 16 bornes.

4h du mat' - Col de Portet - Longue descente vers Vielle Aure !

Donc comme les autres n'arrivent toujours pas on repart dans la descente sur la route, avec des balises juste étalées par terre en plein milieu. On trottine / marche en alternance, je commence à avoir très (très) mal aux pieds. Je discute avec Patrice pendant que Phil est juste devant avec Sophie, ils ne tardent pas à partir en courant, un peu euphoriques par la proximité de l'arrivée (10-15 bornes). On les perd et après ça on ralentit de plus en plus, jusqu'à être rattrapés par le serre-file, Thierry. Il surveille 2 gars qui s'endorment en courant, et qu'il essaye d'empêcher de dévier trop vers le bas-côté à gauche ou le ravin à droite. Il essaye de nous garder tous les 4 ensemble, mais on ralentit de plus en plus. Un des gars finit par partir tout seul devant, on reste à 3 avec le serre-file. A un moment on demande 5 mn pour dormir, le petit jour point déjà pourtant. Thierry nous montre la maison devant nous avec un petit muret pour nous poser, et nous donne 3 mn. On s'endort aussitôt, commence à ronfler :-) puis c'est reparti. A un moment on descend de la route vers un chemin large qui coupe un des lacets, la petite marche de 2cm pour descendre sur le chemin, que je prend en crabe (mal partout) suffit à me faire trébucher, je tombe à plat ventre, dans une flaque d'eau :-)

On demande à Thierry de demander à l'organisation qui nous suit par GPS quelle distance il nous reste, il commence par dire qu'il vaut mieux pas s'en soucier, puis demande et nous répond 8 km. Un peu plus tard il nous dit que l'organisation nous a mesurés à 1km/h, et que si on ne se bouge pas ils vont nous envoyer chercher en voiture. A 8 km de l'arrivée ?! Même pas en rêve ! On repart boostés mais limités quand même par notre état de forme. En plus ça n'en finit pas, les panneaux indicateurs nous rappellent la distance restante, qui ne diminue pas assez vite. Mais on court, Thierry nous pousse, nous dit qu'il faut courir jusqu'au bout maintenant, et marche à grand pas à côté de nous en disant "c'est pas courir, ça, si je peux suivre en marchant". Frustrée, vexée, enervée, j'accélère, mais les kilomètres ne passent pas. Thierry me propose de prendre mes bâtons, dont je me servais pour amortir la descente, je lui dis que j'en ai besoin mais il répond qu'ils ne font que me ralentir.

Je finis par les lui laisser, à l'orée d'une descente dans la forêt, et je commence à vraiment courir, tant pis pour la douleur. En plus la descente est fun, sentier de terre avec quelques cailloux, le genre que j'adorerais dévaler en etant en forme. Mais là ça fait juste mal. A un croisement avec la route je passe 2 personnes que je prend d'abord pour des randonneurs mais qui doivent être d'autres coureurs qu'on a rattrapés. Je les dépasse et reprend le chemin sous les arbres, envie de pleurer. On voit un village au loin. Loin. Et évidemment le regain d'énergie ne pouvait pas durer éternellement. Je n'ai quasiment rien mangé depuis Merlans, persuadée qu'on arriverait "bientôt" maintenant ; avalé mes derniers abricots sur la route, poussée à manger par Thierry, et dans l'espoir que ça me réveillerait un peu. Donc ça retombe, je ralentis, recommence à jogger lentement, et me fais rattraper par tout le monde. Thierry voit dans quel etat je suis et me dit de ne pas craquer.

8h02 - Vielle Aure...

On arrive à un croisement sur la route, où on apprend qu'il reste 1.5 km, alors que je nous croyait à l'entrée du village, je craque, j'arrête de courir 1 seconde, mais repars. En colère. On entre dans un village mais ce n'est pas Vielle-Aure, il faut le traverser avant d'arriver au village suivant qui est le bon. Une fois dans Vielle-Aure, c'est complètement mort, tout le monde dort. Et enfin voila la ligne d'arrivée. On la passe main dans la main avec Patrice, Thierry est tout seul en retrait derrière nous à applaudir sur les dernières dizaines de mètres. J'ai le temps de le remercier pour ses encouragements et nous avoir poussés tout ce temps. Il est 8h02, on a atteint l'arrivée pile à temps, et c'est bien grâce à lui sur la fin. D'autres coureurs qui viennent d'arriver nous félicitent. Les organisateurs aussi, on nous remet le t-shirt de finisher, on nous prend en photo. On commence à me parler en anglais (c'est ça d'avoir une adresse en Australie ^^) et en français en même temps selon les personnes. Je suis complètement dépassée.

Puis une fille (américaine) qui me parle en anglais m'emmène dans la tente repos-bouffe ou je m'assied 2mn, puis repars en sens inverse retrouver Patrice qui arrivait en fait juste à ce moment. Un pote à lui qui a fini la veille nous apporte à manger (nourriture type ravitos sur les tables). Je demande s'il y a la moindre "vraie" nourriture, quelque chose qu'on n'a pas mangé ces 2 derniers jours, mais non. Puis retour à la tente en voiture pour une bonne douche, pas assez chaude à mon gout. A la sortie je passe 10 mn à trembler sans pouvoir m'arrêter. Je retrouve Patrice à ma tente, on s'assied pour discuter, impossible de se motiver à bouger, il est 10h et la cérémonie - remise des prix - présentations est à 10h30. On finit par bouger, on va chacun démonter sa tente, je vais payer le camping et mentionne en rigolant que finalement j'y aurai dormi une seule nuit (et même celle-là était courte, avec un départ à 5h), et la femme décide de me faire cadeau du séjour :-) retour au parking avec mon sac, Patrice m'emmène a Vielle-Aure en voiture.

10h30 - cérémonie de remise des prix

Cérémonie de présentations, il y a foule autour du podium, impossible pour moi de rester debout, je m'assied sur le bitume au milieu de la place, et m'endors... :-) Après ça c'est l'heure du buffet de fin de course, verrines de taboulé, de moules, de riz au lait, de salade de fruits, de fromage blanc aux myrtilles. Il y avait des pizzas aussi, pendant 2 mn 30, on les a ratées ^^ je ne tarde pas à m'étaler dans un coin de la salle et à m'endormir. Plus tard quand je me réveille presque tout le monde est parti. Je discute avec Phil de nouveau, qui me dit que je ne devrais pas partir en train + car, et va demander aux bénévoles si personne ne retourne sur Toulouse. Et revient avec un coureur et sa femme qui repartent justement sur Toulouse en fin d'aprem avec leur camping-car et peuvent me deposer. Du coup je sieste sur un lit de camp, tout le monde se casse. Des bénévoles me filent des restes de bouffe, jambon, compotes, et 2 seaux de poudre à boisson énergétique. Ca va me faire des bagages tout ca...!

Retour en camping-car, donc, je m'endors sur une couchette à l'arrière au-dessus de leur fils qui joue à la console, et me réveille à Toulouse, ils me déposent au pied de l'immeuble de Vic, qui m'attendait au Grand Rond et vient m'aider à porter tous mes bagages. Dîner avec Clem et James chez maman, je m'endors en jouant au tarot.

Lundi 30 Août et au-delà

Les 2 jours suivants en guise de recup, j'aide Vic avec ses formalités administratives, et passe mes journées à marcher (difficilement, avec beaucoup de pauses...). Mercredi premier jour de vrai repos, assise sur le canapé à bouquiner toute la journee pendant que Vic bizute les nouveaux prépas :-) après ça, ça va deja beaucoup mieux. En fait pas de problèmes musculaires, mais les pieds sérieusement enflés, et de belles ampoules. Soignés à coup de bains de pieds à l'eau glacée.

Conclusion : pas d'euphorie, bizarrement. Terminé dans la douleur, avec plutôt un sentiment de frustration de pas pouvoir aller plus vite. Arrivée dernière ex-aequo, après avoir lutté contre les barrières horaires presque tout du long (mais le stress d'être éliminés nous a empêchés de considérer sérieusement l'abandon, à part à Cauterets). Et prête à recommencer l'an prochain, mais en allant plus vite cette fois. Pas question de me battre avec les barrières horaires. Et vive l'équipe de soutien, ça aide carrément point de vue moral au moins.

lundi 5 décembre 2011

Saintélyon 2011

Friday 2pm, I left Grenoble straight to Saint-Etienne. Of course in Lyon my train was cancelled (SNCF, or how to make you prefer the car, or the plane...) with no any information. The girl at the counter told me to wait for the next one, so I asked if I couldn't rather take the earlier one, she answered yes, then informed me I had to take it to the terminus in Firminy then take a transfer to Saint-Etienne, while the train was actually stopping in Saint-Etienne on the way to Firminy... really useless woman... the only thing she knew was that the cancellation was due to a one-month-old-already strike and that I should have kept myself informed on the website (a second website different from the ticket booking one...). But well, in the end I made my way to Saint-Etienne in time, under the rain. Went straight to my hotel: hotel Furania that I highly recommend: super nice staff, super nice rooms, brand new, just great, and the cheapest I found too.

Friday night in Saint-Etienne, at Parc Expo: first the runner expo, bought some warmer gear for the race. Then Endurance Film Festival with Kilian Jornet! Got his book signed, made a photo with him, and watched films starring him running, skiing, winning everything, training hard. Then back to the hotel for a long sleep before the race tomorrow.

Saturday, breakfast of croissants from the bakery round the corner, a relaxing bath at the hotel, then had to give back the room at 11am, spent some time reading Kilian's book on a bench at the square, before heading to a nice italian restaurant, Don Camillo, where the waitress thought I was a young boy :-) due to the haircut. So risotto and panacotta, and then head up to the Parc Expo for a nap. Spent 2 or 3 hours drowsing on a beach chair, then watching a mix of endurance movies (running, skiing, mountain biking, kayaking...) until Patrice joined me right in time for the pasta party. Found Mickael by chance there too so we had dinner together, 2 serves of pasta and a mandarine. And there are still 5h until the start... Back to the stands for a nap on a bench, getting the gear ready, drowsing, chatting... At 10pm it's time to put the luggage in the bus that will take it to Lyon so have to get all geared up. Outside it's getting way colder, and it's raining again: it's gonna be wet on the tracks... Then shortly after 11pm people start moving and we follow Patrice to the start line at the stadium 1km away in order to not be at the back of 6000 people, which would make it hard to overtake. Start at midnight in not so cold but rainy night. Actually with the city lights blaring it feels like daylight in my memory... Start among 6000 people packed in the starting area, lots of hustling and jostling. 7 km of concrete run at largely below 6mn pace, carried on by the crowd, both runners and public. Was looking forward to the first hill at 7km to slow down. Then started the trails, muddy trails, very very muddy trails, you could lose a shoe in 10 cm of wet mud (the fact that it rained all afternoon, night, and was still drizzling or raining at times during the race didn't help). Decided to have fun, not be angry at the dangerous slippery trails, and so did I. Ipod on at high volume, not listening to other runners complaining, keeping up uphill, overtaking downhill, enjoying the scenery (ie mainly the stars, and the lights coming from the towns around, and the big orange glow behind the horizon, looking like a pre-sunrise, but which I assume was Lyon glowing in the dark. Didnt see the moon though...). First CP at 16km, Patrice had told me he had been advised not to stop because of the crowd, but I still felt like having something to eat and drink: bad idea. Everybody was pushing their way through, jostling, not very polite at all, made me really angry. Had my two glasses of lemon drink, some biscuits, put some in my pocket, and left as quickly as I could. The night felt really cold after the overheated tent. So much hated this first stop that I passed the next one without even slowing down.

Then came a biiig downhill on a rocky track covered in autumn leaves wet from the rain, hiding some roots, wet grass on the sides, and big puddles and patches of mud everywhere you had to avoid. At some point I stopped along with another guy to help a runner who was sitting on the side, looking all white: we asked if he was ok, offered food, and finally got him back on his feet and moving again before he got cold, showing him the next CP further up on the right and requesting him not to stop before he got there; when we were sure he was moving again we left, and I started moving quicker to make up for the stop. And then I just enjoyed this downhill a lot, probably too much actually, following a good descending guy in blue in his footsteps to overtake everybody else being careful. Too much because then I just crashed hard from the lack of energy (never actually crashed to the floor, unlike lots of other people yet being more careful than me, that I could see with mud all over up to the shoulders). After this section I suddenly realised I had passed halfway and was further than I thought, pleasant feeling, but then about an eternity later my Garmin told me I had just passed halfway (misread it the first time??), quite unpleasant feeling... :-/ and then yet another eternity later it was Saint-Genoux CP announcing 34km: half way again, while my Garmin read over 37 km... someone else was asking a volunteer who said that yes, everybody had different distance on their watch and that we had done sth like 34 to 36km.

Disappointed by this, having done only 34 km finally (in something like 5h45 if I remember well), I then had a very hard patch. After that CP it was hard, lost some motivation, started counting what time I would do if walking all the rest of the way, and wasn't quite happy with the result. Started wondering why I was doing so long races if I start struggling after 30km... thought about Marysville too, my previous experience at a long event with no appropriate training beforehand. Then I started falling asleep too (despite the afternoon before the start spent drowsing in a beach chair, on a bench, anywhere I could), and my head started turning, unless it was the rest of the world turning around it; my stomach was claiming food but not really willing to digest what I had (madeleine cookies from the previous cp). So the next checkpoint at Soucieu en Jarez was very welcome, at 6h45, I had my first real break sitting on the floor doing a bit of stretching and just letting my mind recover, also tried the Redbull diluted in water, out of other choices because i've always been doubtful about that as a race drink, but it really did its job. I hesitated about taking the headtorch off already but decided to keep it finally. Then had a second glass of diluted Red Bull just before leaving, and was then full awake.

Just in time for a second joyful downhill, the famous Bois d'Arfeuille: had huge fun overtaking everyone, noone was running anymore, everybody was super careful not to slip, while I was just jumping and flying down, great fun in there. Still dark for a while so good thing I had kept my headtorch, then daylight came, but no sunrise, the sky just turned from black to grey and cloudy all over. Lots of concrete now, running through villages just awakening to a new day, oblivious of all these crazy people who are coming from Saint-Etienne over 50km away. A few people are up and cheering though. I meet a guy who is obviously struggling and limping. I slow down to walk with him and ask how he's doing, and he answers his knees are blocked, he tells me that he was injured for the past two months (a pulled muscle back the thigh. I don't tell him I was injured too) and couldn't train enough, and that his body is just not trained enough anymore. We chat for a while, he says that the next CP is just 1 or 2 km away and then it's a big hill followed by 12 never-ending flat km to the finish. (Turns out he was all wrong.) Suddenly we reach a steeper downhill (I forced myself to walk on the progressive concrete downhill chatting with him, but now couldn't resist that one ^^) so I encourage him and leave full speed, thinking the CP is just round the corner, but it was actually still 6km away. Plus the uphill started before it, the famous Chaponost uphill. And well... I never really felt this so famous hard uphill, not sure where it was, was awaiting it until I finally reached to CP and realised I had passed it already... Not much to be scared of here really.

No more redbull at this CP, no more lemon either, so it's water, and fruit jellies, and go again quickly. It starts from the CP straight uphill, and seeing the aqueduct I remember the roadbook talking about the steep last uphill of "Aqueduc de Beaunant": here it is, and steep it is, but fortunately quite short. Well, a few turns surprise us with the hill still continuing after them, but still, very short. And then a long flat through villages, a 15km sign somewhere, and I am wondering if there will be any more downhill before the last 8 km flat in Lyon, and it does not come. But then finally here it is, we are in the outskirts of Lyon probably, on a big windy road downhill, and I feel like I have seen this road before as a kid, no idea why... And here I start running again, see a first guy jogging and try to follow but he's way too fast for me, then cling on to a pair of other guys (joggers, not part of the race) who run about 11-12 km/h, take them as rabbits and follow while they overtake everybody, the runners (walkers at that point for most of them) step aside for them and I take advantage of the open way. It lasts for a while, no idea how long, until we take a turn and they don't. We are at the top of a big stairs, where a guy is pointing towards the stadium saying "that's where the finish is", but I don't really watch yet, just keep going fast. Some stairs later that some people are hobbling down, it's the road again.

Finally we reach the quays along the Saône, then up and down to the quays along the Rhône. The 5km sign happens shortly after the 10km sign (maybe about 3km or so) and here I am hoping again that the course is really 68 and not 70 km. But then it's a loong way along the water (I love running along the water, but I'm starting to tire up though). It's a mix of paved track, sandy track, concrete, in a desertic industrial area. Lots of people are jogging everywhere around there, there is a girl "jogging" so slow that we all pass her with the 60+ km in our legs and the pack on our backs. I wonder if we depressed her... :-) Keep going along the water, sometimes singing but there are too many people around, I also catch up with this super-fast running long-haired guy who is actually walking now and chatting with a runner from the race, he must be his crew, running fast just to catch him.

Then we get to the big park where the stadium is, but I can't see it anywhere. Run, run, run, in the grass, with Mala Vida at high volume, amongst tourists, run, run, trying to force myself not to walk, helped by good music (that's when Su Di Noi happened on my iPod, precisely, and Demain, and Nowhere Fast ^^). Then as my Garmin shows up 69 km already, I ask a passer by where the hell is this stadium (with a smile), and he answers it's just round the corner. And indeed, suddenly it is here, and a biiiig crowd cheering behind fences, really huge crowd, I feel like Kilian at the end of UTMB running in between such a crowd, want to high five them, or rather want to sprint, which is what I do when I finally see the big arches, then a 100m sign, faster, then a 75m, and 50m, then we enter the stadium, the crowd is even bigger, then I almost trip on the finish line, and here I am, straight to the ground to recover my breathe and mind. Done!

vendredi 25 novembre 2011

Où l'on parle (enfin) des suites de 24h passées à courir en rond autour d'un parc


Rappelez-vous, dimanche 2 octobre, c'était la fin des 24h de Grenoble, un podium, et un retour en voiture à défaut de pouvoir marcher. Dans l'après-midi, impossible de dormir à cause de la douleur que j'attribue à une périostite.

Après 3 jours à souffrir et à me déplacer sur béquilles, je commence trouver le temps long pour une périostite, et direction mon toubib. Je lui explique que j'ai mal et 35 millisecondes plus tard je suis dehors sans même avoir été examinée, munie d'une ordonnance pour une écho. Ça fait cher le bout de papier... à ce tarif horaire pas étonnant que la sécu s'enfonce.

Le lendemain je me retrouve donc sur une table entre les mains d'une échographiste qui a l'air assez dubitative. Elle finit par m'expliquer qu'elle ne comprend pas ma blessure, qu'elle n'a jamais vu ça, et qu'elle va demander l'avis d'un collègue. Elle revient 5mn plus tard accompagnée d'un médecin grisonnant qui commence lui aussi à examiner ma jambe. Il nous explique ensuite que le triplement de volume de ma cheville, à défaut de pouvoir être qualifié de tout à fait normal (et d'ailleurs il n'a jamais vu ça non plus), a au moins une explication. En fait, après s'être déchiré, mon muscle tibial a joyeusement pissé le sang dans les tissus environnants, qui se sont donc imbibés de sang (suffusion, a-t-il dit, ça fait plus classe) pendant les 6h suivantes de la course, jusqu'à ce que le coup de corne de brume final mette fin au massacre.

Sur ces mots, mon échographiste me rédige un joli rapport qui explique tout ça, me dit qu'il faut éviter tout sport (course, mais aussi vélo, natation, et même marche autant que possible) pour au moins 6 semaines, et me renvoie chez mon médecin traitant. Il me faudra 5 jours à l'appeler en vain avant d'obtenir enfin un rdv avec lui.

Et me revoilà donc chez mon toubib, que la secu me force à consulter (et se force donc à rembourser) alors qu'il commence par me dire qu'il ne sait pas lire une écho, et ne fera pas semblant. Heureusement, il a au moins réussi à lire le rapport, ce qui l'a conduit à commenter que ma blessure était "tout à fait exceptionnelle", qu'il n'avait jamais vu ça bien que s'occupant de sportifs pro dont il tairait les noms, et que c'était quand même un peu "dément d'infliger ça à son propre corps". Merci docteur ! Et sinon, vous proposez quoi ? Il continue en disant que je dois m'abstenir de tout sport pour au moins 3 mois, sans offrir aucune alternative ou compassion malgré un désarroi pourtant assez évident. Puis me signe coup sur coup une ordonnance pour des séances de kiné, une pour une échographie de contrôle début novembre, et un certificat médical de non-contre-indication à la course à pieds en compétition. Oui oui, pour de vrai. Et 2mn plus tard je suis dehors et il a re-gagné 23€ à rien faire.

S'ensuivent 4 semaines à ne rien faire que de la muscu des bras, quelques crises de manque de sport, un séjour à Toulouse, puis une nouvelle écho. Où l'échographiste me dit lui aussi en consultant le cliché précédent que c'est très rare comme blessure. Puis cherche en vain trace d'une déchirure avant de conclure que c'est complètement cicatrisé. Yihooo ! :-D

Cette fois-ci je skippe la case médecin traitant, et recommence à courir, sous la pluie, dès le lendemain de l'écho. Une semaine plus tard 1er rdv chez le kiné, qui commence par me dire qu'il n'a jamais vu une déchirure du muscle extenseur du pied (lui non plus, comme c'est original...! ^^ ). Au programme, des ultra-sons, manipulations, et étirements, dans le but de se débarrasser des douleurs et de récupérer autant de souplesse que possible. Au passage il m'a expliqué qu'une déchirure sur 10 cm, ça voulait effectivement dire que plusieurs fibres musculaires étaient déchirées, sur une zone de 10cm, comme je le croyais, jusqu'à ce que mon médecin (mais est-il vraiment médecin, la question commence à se poser) me dise que non non, ça veut dire que les fibres du faisceau musculaire se sont séparées les unes des autres. Mais bien sûr...

Depuis, j'ai recommencé à courir, créé le club de course à pied du LIG, et remis à mon programme course la Saintelyon le 4 Décembre, avec assez peu de km dans les jambes, mais une grosse motivation ! Suivi live sur le site de la course. Objectif: une dizaine d'heures.

samedi 22 octobre 2011

Récit TDS (en)


Chamonix, 5am, the alarm rings, I get dressed, pack the extra battery for my Garmin that charged over the night, put some anti-chafing cream, some Nok cream on my feet, pack the tube, eat some biscuits for breakfast, and go. Headtorch and jacket on to face to chilly morning, hoping to hitch a ride to town, and it works! I get the last spot in the 6am bus to Courmayeur. We get blocked before Tunnel du Mont-Blanc for quite a while because of a bus that broke down inside it. People start complaining, but I prefer to be warm in a bus than freezing at the start 2h in advance. Once in Courmayeur it is chilly indeed, and we have to cross town to reach the starting arch. Then everybody waits for the start, volunteers check the compulsory gear of runners whose bag looks too small to hold it all. Fortunately, mine looks bulky enough to save me the chore of unpacking and repacking everything.

Courmayeur, 9h--, everybody now gathers inside the fences at the start, the speaker starts to talk, the mayor gives a talk and a weather forecast (thunderstorms), and the start is given almost too fast, without Vangelis music to psych us up, a helicopter filming us. We start running too fast in the up and down streets, pushed by the crowd, and I start wishing for the big hill to start before I get exhausted by the pace ^^ After 3km it starts, hard, all the more without warm up, and loads of people already pass me. But I still reach the aid station at Col de Chécrouit spot on planned time, don't linger and move out with some energy bars in my pockets.

10h30. Now attacking Col de la Youlaz. It climbs steeply at first, and I try to keep up with a small group, when we hit a big traffic jam in the scree, caused by people who take shortcuts to overtake and slow everyone down when getting back on the track. So these people who chose to stick to the rules complain, I choose to take advantage of the time to make photos, read my messages, catch up my breath and have a chat with other runners. There's an Aussie just behind ! :) And I finally reach the Col only 10mn late, and not having suffered from the climb. 

12h10. The downhill towards La Thuile starts well ! A nice grade on a technical trail, I have lots of fun and overtake people. Then the trail turns into a large easy track that everybody is running. As a result I tend to slow down so "cling" to a few guys to force myself to go a bit faster than my annoying stitches would induce. The checkpoint at La Thuile keeps us waiting, I had hoped to make up my 10 mn delay by speeding up downhill but in the end the section is 2 or 3 km longer than the profile, so I have to make up for the extra time by spending only a short break at the CP. I am not hungry enough to eat a real lunch anyway, so I set off again with 1 or 2 Tucs and pieces of cheese in my stomach, some muesli bars in my pocket (no Carmans here, pity), and my bottle refilled with water from the CP and my own energy powder.

13h35. Attacking the Col du Saint-Bernard, I am in the rythm of others around me, it's not climbing too steep, but noone is running. I wonder if that is because I am at the very back of the race with the slowest runners, or because this pace is sufficient. I also worry to see the distance increase while the total ascent does not so much, letting me to expect quite a steep finish. We run past a small lake, then reach the top of the col among lots of hikers and spectators encouraging us. The checkpoint is a bit further and offers cold and hot drinks. Another "flying visit", the sky is darkening and I'm hoping to reach Bourg Saint-Maurice before the thunderstorm.

15h35. At the top of Col Saint-Bernard after the CP, a quick souvenir photo before attacking the descent. We run on a large track, or even on the road, and everybody seems to hurry to dodge the rain. I thus cling again to some guys running just ahead of me, we overtake people at the start. Some rare rays of sunlight pierce threatening clouds above us and light up the valley. And then, it starts raining, and the pace goes up another notch. We pass the small village of Séez, down some steps on the townhall square under the applause of some spectators, before reaching the CP at Bourg Saint-Maurice.

17h15. Checkpoint of Bourg Saint-Maurice. I was expecting an indoor CP to shelter us from the rain, I am a bit disappointed to find once more the same tent as the previous CP, housing numerous tables and benches and overcrowded with runners and support crew. I sit down at a table in front of a noodle soup and a bit of cheese and start charging the Garmin a first time with the external battery. Then I go and sit on the ground in a corner to stretch a bit and put some Nok on my feet, while studying the profile of the next leg. That's just when organisation announces by SMS a detour around the Passeur de Pralognan (whose very name had been attracting me, but whose height was rather scaring me) because of the thunderstorms up there. This detour adds 9 km to the course, so the next leg is now 25 km, so we are strongly encouraged to carry enough water. Some people having too small waterpacks straight out take full bottles away from the CP. I "tank up" my 3L camelback to its max + my 0.5L energy drink bottle, and leave with some energetic bars. Finally I didn't eat much...

17h45. On the way to Cormet de Roselend. I slip on my rain jacket before leaving the CP, and it was a good idea: a volunteer was precisely checking that every runner leaving had his jacket, headtorch, and phone (not having it being immediately disqualifying, but he wasnt even checking the phone was actually functional...), and also checks the tag on the bag (that was attached on it when getting the bib the day before the race). When exiting Bourg Saint-Maurice, we start by some steep climb to somewhere at 1400m high, where a volunteer offers water. I refill my flask of energy drink already empty after what was only a short part of this long leg, and set off, admiring the views on the valley. Seeing that, another runner shows me the famous ski resort of Les Arcs. I then take advantage of the easy asphalt descent to run a bit. We go back down to 1000m before attacking the uphill to the Cormet, on the road. The plus is that the slope is really easy, but the downside is that it is really super boring. The daylight is starting to decrease, and after a while everybody sits down on the same wall on the side of a bridge to get the headtorch on. Noone is saying a word, and I keep moving alone with my music on. The other advantage of the road is the kilometre markers along it to keep aye on the distance left to our goal. At some point we leave the road for a super steep trail that might save us some kilometres but also takes its toll on my energy/stamina. All the more so that I really struggle to eat, I bite in a Mule Bar from time to time but I will only have swallowed half of it over the 25km.

23h. I reach the Cormet de Roselend 10 mn early despite the 9 km detour. Proving (if needed at all) that my problem is really on too steep hills... It's pitch black night, I head towards the overcrowded tent, not a single chair left when I crave one and dream of sitting down. Eventually I sit on the ground, eat some noodle soup (feels good!), and lean against a pole, then against somebody's drop bag, and fall asleep there, legs stretched under another runner's chair, with my Garmin charging beside me. No network so no moral support that would have been welcome... I also study the next leg on the profile, the one that was scaring me the most (night + altitude + long distance + lots of denivellation...)

23h40. That was my deadline to move, and I spontaneously wake up, grab some food and head out alone in the night. This leg is 19 km long and consists of a barely marked trail in the grass with three big "bumps": we have to climb three cols/passes at about 2500m, and we go back down 600m lower in between them. We should have started this section after the descent from Passeur de Pralognan, but instead we start it without a break, in the wake of the big asphalt climb to the Cormet... And that took its toll, despite the nap. At times in too steep hills my heart races wild, my chest squeezes, preventing me from breathing deep and forcing me to slow down. That said, I still overtake some people, and navigate my own way between the reflective path markers, happy to have a real good headtorch. It is quite nice to be finding your own path, but I am not unhappy either when I sometimes have someone to follow. The trail is technical and rocky, or in the grass, I lose it and end up climbing straight in the hillside to reach the runners whose headtorches are guiding me from above. It's not too cold but I still have my rain jacket and beanie on. When I finally reach the Col du Joly it's dawn, the sun is about to rise.

5h++. Col du Joly. Once in the tent, I grab a bowl of noodle soup, grab some tucs with cheese, put the food on a bench, sit beside it, start charging my Garmin, and... fall asleep... A volunteer wakes me up to offer me to go in the warmer rest area (I was just in the wind between two panels of the tent), so I go and lay down on a bench, a blanket as pillow, leaving the food where it was without having touched it. I ask another runner to wake me up in 15mn but he was about to leave, and finally I wake up by myself after 5-10 mn. I sit down to put some Nok and change socks, and it was a good idea because one has a big hole under the heel... I also have a big blister under the right big toe, but can't bother getting a Compeed bandage out for now. Then I try to find some appetizing food, and finally leave with some almond bars for the road.

6h. When leaving Col du Joly the horizon turns red, orange, pink behind the mountains, and I take some photos before attacking the downhill towards Les Contamines. The return of daylight helps me to start again after this micro-nap. In the end, this night hasn't been too cold. At the start of the descent my blister hurts, all the more when I unfortunately get my foot and new dry sock wet while crossing a stream. Sigh. Then my foot dries up, the blister exploded and is not really hurting anymore, and I go down at average speed, alternating between walking and running to save energy, conscious that I'm late on my plan but not really in shape to go faster, with stitches and shocks on the asphalt. A car is following us but I only realise there is a cameraman sitting out its window filming us when the car finally overtakes us... because we leave the asphalt to engage in a small trail on the right. All this time I am really pushing to follow 2-3 guys ahead of me, to motivate me to run when I'm tired of it. Some parts of the downhill are getting steep, then we reach Notre-Dame de la Gorge in the rising sun, and the last kilometers are then flat, on a large trail between trees. I switch to fast walking mode, but really fast, with some running at times to keep up with the guys ahead, while thinking I should learn the Olympic walking techniques to save energy on this sort of sections. There are very few runners around, but I'm never really alone. I move as fast as I can, worrying about the next cut-off time in Les Houches, seeing how long I took for the Cormet-Joly leg, that was similar in distance and ascent to the one awaiting us now. As a result I am still wearing my jacket, headtorch still on my head and beanie in my end, waiting for the aid station to get changed.

8h. Once in the town of Les Contamines, still fast walking, I feel like crying, I don't know if it's from the exhaustion after this long effort to go fast, or the emotion to have completed more than half of the way, or the stress of the long leg to Les Houches that is awaiting now... I quickly go through the food station, only sit down a few minutes on the ground beside the table to eat and drink a bit, recharge my battery, fill in my camelback. Still no network so no SMS (actually it was a misconfiguration of my phone after the visit in Italy) . When leaving I ask for the physio to get my legs massaged before the last big difficulty. A female foot doctor also has a look at my blister (that had indeed exploded) and packs it in an elasto band to protect it. In the meantime I chat with Brice, the guy being massaged on the next table, who happens to be from Grenoble, and with my physio who describes the next leg for us. According to her the Col du Tricot is no more than 2h away, but I still prefer to count 3h... In the end the break was rather long, but I took advantage of it to fully charge my Garmin, and to recover before the last big uphill leg. And I probably made up in the uphill for the time "lost" here. 

8h30. In the uphill towards Chalets du Truc. 
I leave the CP with Brice, each one of us convinced that we won't be able to follow the other one, but from the first "annoying" hill to get out of the village (steep concrete... or even stairs) I'm the one who takes the lead and loses him. During this climb to Chalets du Truc I "curse" the physio for her description of a "pleasant and easy" track, on the contrary it's super steep, super long, and at every turn I expect to finally reach her famous pleasant track, but only to be disappointed. It's not before we get almost to the top that the slope gets a bit easier...

9h30. Chalets du Truc. On arrive sur un replat en hauteur avec les fameux chalets, des toilettes publiques, un bistrot, et... une vue sur l'impressionnant col du Tricot qui nous attend, nous surplombant de toute sa hauteur. Avec un autre coureur on discute 2mn en le regardant : voilà donc la dernière grosse difficulté. Et il faut d'abord redescendre un peu vers les chalets du Miage avant d'attaquer la grosse montée de 600m+ (1550m à 2150m d'altitude) ...! 

10h-- in the climb to Col du Tricot. To be hard, it is...! I take it really easy, thinking and rethinking it's the last one, allowing myself to take a break every 100m D+, and looking out for the next break on my Garmin. My heart is bolting (?) as soon as I speed up, my chest is tightening, quite an unpleasant feeling, just like during the night, probably the altitude added to the fatigue. So sitting down on a rock, I eat a bar while waiting for the next group of runners to get closer, then start just ahead of them to take advantage of the mental push to not slow them down. Until I can't hold the pace anymore and sit down again to let them overtake me and wait for the next group. I'm not sure how many groups I let overtake me like this. As a result it's the only section where I went down on the rankings (by 9 places). Even hikers are faster than us on this section, with more load but they don't have 100km in their legs, and cut the laces. Finally about 200m+ under the Col I decide to stop taking breaks and cling on to a group until the top.

11h20. After 1h30 of climbing for 600m+ over less than 4km (or said differently, one Saint-Eynard in my measure system ^^) (which proves how exhausted I was because a Saint-Eynard takes 55mn when it's the third one in the day...) I reach the Col du Tricot, feeling on top of the world...! :-D At the top several people are sitting one the ground, there are volunteers and hikers, the view is wonderful, the last obstacle is cleared, I was sick of climbing, I'm so happy to be at the top...! I cumulated 2h30 of delay on my plan over the night, mainly over the section before Col du Joly and in the climb to Col du Tricot, but I just cleared the final obstacle and I now know that I will finish, so I don't hide my joy. After a souvenir photo, and a war cry to release the pressure in front of the slope that dives down on the other side, I slowly start the descent.

11h21. Attacking the descent. I start cautiously, to be gentle with my knees, with my fierce stitches (that invaded all my stomach), with my back burnt by the backpack and contracted by its weight, and with my inflamed feet... Bref. I quickly get sick of this snail pace and decide to screw all alarm signals and to enjoy the downhill to have some fun, and run! And it is just perfect for that, we run down between rocks, in a mineral landscape, on a technical slope just like I like them :-) As a result, my stamina is all back, I quickly forget the pain and have a blast, running, bouncing from rock to rock. A fantastic second wind and a wonderful joy to be there and glide down the slope. I overtake the other runners who had passed me exhausted one after the other during the climb, now fit and happy again, singing along with my ipod. 
Around the corner of a rock I meet a group of hikers, a woman asks me with admiration "you're still running?", surprised, before encouraging me by calling me a "champion". Pushed by her words, I thank her and keep going with even more energy. Then the rocky trail turns into a forest track, less rocks in the way, perfect slope, that I hurtle down still singing (Curagiu), overtaking again and again, nothing exists anymore, only the downhill, I'm in my world. Until I am suddenly stopped, around a corner, by the sight of a floating bridge above a huge waterfall, rumbling several meters beneath.

11h48. Passing Bionnassay Glacier. Quite a few hikers are around the suspended footbridge, one of them crosses it before they let me cross, I ask them to take a photo of me in the middle, thus crossing it twice jogging, enjoying the awesome view. It is only after the race that I remember the roadbook mentioning crossing a glacier on a suspended footbridge: so that's what this waterfall was, the end of the glacier melting down! During this photo break no other runner catches up with me yet, and I leave alone in the right direction. But here comes a surprise, nasty surprise: it's climbing again.

11h50. Climb to Bellevue.
I first believe it's a micro-bump that wouldn't be visible on the profile, but it keeps climbing, long, steep, and other runners start to catch up with me, all the runners I passed in the brilliant downhill now pass me in turn. Upset by this unexpected climb, I sit down to have a break, several guys pass me without a word. Then another group of guys passes me and one of them encourages me with a "it's almost over", adding that this climb is nasty but it's the last one, prompting me to start again. As a result I stand up and try to keep up with them, grateful for the encouragements that have been too rare on this race compared to GRP last year (is it due to the shorter distance? to different attitudes in Alps and Pyrenees? to not being last of the last?). It's only at that moment that I remember the last "bump" on the profile in the downhill to Les Houches, the climb to Bellevue, some more 150m+ to eat up. And "nasty", or steep, indeed it is!
But after a quarter hour of climbing, we start going down again and I start overtaking again, on a narrow single track on the side of the mountain, with the valley stretching below us, and regularly some small (or not that small) bumps to clear. Some of them make me struggle, I have a hard time as soon as it's climbing for too long, et je m'inquiète pas mal pour les 200m de D+ de la dernière étape de 8km entre les Houches et Chamonix, vu mon incapacité actuelle à monter vite. Mais pour l'instant je cours dans la descente et double encore des gens, même si je ne vais pas super vite. Et je tombe aussi en panne d'eau pour la première fois. Heureusement...

12h30-- Bellevue. 
(Difficile de me rappeler maintenant si c'était avant ou après le single track bosselé...)
Une mini-tente nous attend, bonne surprise, j'avais oublié ce ravito (comme la bosse précédente...). Enfin il tombe bien puisque je n'avais plus d'eau mais au final je bois sur place mais oublie de remplir ma poche, heureusement j'ai mon bidon de boisson énergétique. Mini-pause assise par terre, un petit stock de barres amandes, et c'est reparti assez vite dans la descente, excitée à l'idée de l'arrivée qui approche, non sans avoir demandé à un des bénévoles si cette fois ça ne faisait vraiment que descendre (marre de toutes ces bosses !), à quoi il a répondu que oui, 4 km de descente vers les Houches. 

12h30++ Descente vers les Houches
Et c'est reparti pour s'éclater dans les derniers km de descente. Malheureusement le chemin débouche assez vite sur la route, retour au bitume. Puis soudain, en bas dans la vallée, on voit une ville, les Houches, et la vallée qui va jusqu'à Chamonix, et je sens que ça y est c'est vraiment gagné, un grand frisson, une grande joie surtout, un gros pied de nez à la vallée, tout à ma joie d'avoir vaincu cette course. Je tourne une petite vidéo triomphante en faisant un pied de nez à Chamonix, ou à la course, avec un grand sourire, et... tombe sur un bénévole que je n'avais pas vu, qui traînait par là dans un virage pour indiquer le chemin et me lance "et avec le sourire en plus", je lui répond que "oui, c'est bientôt fini, et en plus ça descend", mais je suis déjà loin, trottinant toujours. Sur la fin de la descente, malgré le bitume qui rend les chocs à chaque pas pénibles, le jeu consiste à doubler un maximum de monde. Dès que je vois des coureurs plus bas que moi, j'accélère un peu pour les passer, je dois me forcer à trottiner, ça descend quand même assez sec, et je ne raffole pas de la course sur macadam. Puis j'aperçois la route plate qui traverse les Houches, on y arrive perpendiculairement par un dernier raidillon, et du coup je lâche les chevaux et le dévale à toute blinde devant les gens postés là à l'ombre d'une maison, ravis, qui m'encouragent en me disant de faire attention à ne pas décoller :-) Il faut dire que je plane, les bras grand écartés pour négocier le virage à droite à 90° qui m'amène sur le trottoir le long de la route. Une photo souvenir de la mairie des Houches, une video du coureur juste devant moi que je n'aurai pas le temps de doubler, et me voilà dans le dernier ravito.

13h17. Arrivée aux Houches.  
Là, je prend mon temps, et découvre qu'en fait j'ai du réseau si je sélectionne le bon opérateur... :-) Du coup je reçois plein de SMS d'un coup, et le temps de lire et répondre à tout j'ai déjà passé pas mal de temps assise par terre, et plein de gens que j'avais doublés dans la descente en ont profité pour me repasser devant. En fait tout le monde entre et sort du ravito sans s'arrêter vraiment. Du coup je me motive, une barre amande, de l'eau, et je repars pour la dernière section après avoir annoncé mon arrivée à Patrice qui y sera pour m'accueillir. 

13h30. Les Houches, départ pour la dernière section
ça commence par monter bien dur (sans doute la fatigue plus qu'une difficulté objective...) puis ça redescend, on a dû passer la mini-bosse du profil, maintenant reste à se payer une sorte de faux-plat montant jusqu'à Chamonix. Je me motive en jouant à chasser toutes les filles pour remonter au classement de ma catégorie. Du coup je passe en mode marche rapide, à 8km/h quand même, ce qui rend la course quasi-inutile, je marche plus vite que tout le monde marche, et même plus vite que la plupart trottinent, comme me le fait remarquer un gars qui trottinait quand je l'ai doublé en marchant. Je passe 2 filles qui ne font plus que marcher, et cours de temps en temps en espérant en rattraper une 3e qui est un peu devant avec un mec, et qui elle court de temps en temps. Je n'y crois pas trop en fait, et je prend le temps de faire une video du sentier forestier, avec un torrent en contrebas, où j'explique mon jeu de chasse. Puis finalement à 3km de l'arrivée je décide de vraiment pousser pour la chasser, et finis par la rattraper, puis je me pousse encore plus pour essayer de rester devant. 

14h30. On entre dans Chamonix, retour sur le bitume, je vais à peu près au même rythme que les gens autour de moi, en me poussant et en luttant contre la fatigue. Je ne sais pas du tout où est l'arrivée, est-ce que c'est encore loin...? est-ce que je vais réussir à terminer en courant à ce rythme ? est-ce que je ne suis pas partie trop tôt et risque de craquer avant la fin ? Et là 2 coureurs arrivent derrière moi, je me retourne pour vérifier que ce n'est pas la fille que je viens de doubler et son mec, mais non. C'est deux gars, ils me passent, et le 2e (Thierry) m'encourage à venir avec lui, à continuer à courir, à profiter du "meilleur moment". On entre dans les rues piétonnes de Chamonix, il y a des gens partout qui nous encouragent, la rue ne fait que monter, pas fort mais ça monte. Je pousse, continue à courir, encore un effort, et voilà l'arche d'arrivée au détour d'un virage. Thierry me fait passer devant lui et me laisse profiter des derniers mètres, j'essaye d'accélérer (j'accélère sans doute vraiment ?), un bénévole est là sur la ligne et me tend la main ouverte dans laquelle je tape avec joie et énergie, après un sprint final, avant de me retrouver toute perdue dans l'aire d'arrivée... 

14h45. Chamonix. Arrivée !
Je mets quelques instants à défaire mon sac, à l'enlever, et je m'écroule assise par terre près de la barrière, la station debout trop douloureuse... Puis je vois Patrice de l'autre côté, qui a pris des photos, et qui vient me rejoindre dans l'aire d'arrivée. Je ne sais pas combien de temps je reste là, Thierry est déjà passé, je n'ai même pas eu le temps de le remercier... Je finis par me lever pour les dernières formalités d'arrivée, accompagnée par Patrice : rendre la puce, le bracelet, récupérer le cadeau finisher : le gilet Polartec avec le logo de l'UTMB. Puis direction l'hôtel pour une bonne douche, avant de revenir voir les masseurs, les podologues, et prendre un repas post-course, pendant que les UTMB prennent leur repas pré-course. Puis Patrice me ramène à l'hôtel et va manger lui aussi avant son départ sur l'UTMB à 23h30 (retardé à cause des orages). Au dodo !

Conclusion
Un peu patraque le lendemain, mais aucune douleur particulière, en pleine forme, et prête à recommencer ! ça tombe bien, l'an prochain c'est l'UTMB :-D J'ai hâte d'y être !

vendredi 7 octobre 2011

My story of Grenoble 24h race

Last week-end was Grenoble 24h race. Running laps around Parc Mistral, that sounds so stupid that just noone wants to believe it really happened... :-)

7am, I wake up early to watch the rugby game supposed to give me energy. Well, not really... Plus my Garmin battery strangely died during the night, emergency charge in the morning makes me late to the start, and there's no bed left in the hall. Well, I just won't sleep then!

10am, start for about a hundred runners from the speed loop. So far so good, I try not to get carried by the pace of faster runners. Quietly jogging, a bit surprised to see on my Garmin that I'm still way faster than 10km/h. After only 3 laps, THE question arises: can I really keep running laps like this for another 24h? And then I forget it and will never wonder again.

10 km after 1h, 18km after 2, I slow down progressively to 9 km/h, also counting stops at the CP to eat a little (main food over the week-end: a raisins and almonds mix) and mainly to drink: it's starting to get hot here. 30°C in the arvo. Fortunately they have set up two water basins with sponges so we could pour water over ourselves while running. I quickly get one sponge and won't leave it for the rest of the afternoon. I was soaked all arvo but never suffered from the heat, contrarily to others. But my knees start hurting, and I pour cold water on them too. I also start alternating walking on the concrete and running on the softer sandy ground. Seeing me stretching a bit too, a volunteer tells me about the massages given by physios in the hall. So to celebrate my marathon after 5h (while the head of the female race is at 65km already by then) I take a (first) massage break. Noone is queuing yet so in only 20mn I'm back on the track. Next targer is 77 km before sunset, then 100km before midnight. I'm not even thinking about these girls in the lead group, they're like "real" runners, pros, in another league.

To save my knees I keep alternating walking (along the avenue on the concrete) and running from the sandy track along Palais des Sports, then around the speed loop, through the finish area, and until the aid station beside the hall. Then when getting more tired I start walking the section on the concrete at the back of the speed loop too. Around 4pm Fabien and Aurelia come to support, Fabien runs one lap with me before going. Good timing to keep me going! Later I start chatting with Greg, the boxer. Soon after my battery dies and I have to run with the mobile charger. Around 8pm I reach 77 km and finally get the massage break I had been dreaming of for ages. This time there's some queue which I take advantage of to sit down, read my messages for the first time, give a call, and also put some Nok on my feet and change socks.

After about 40mn break I start again in the night, with my bike jersey on top of my shirt, it's not too cold yet. Target is 100km by midnight, not so far but I'm walking more and more and my feet start seriously hurting. Around 9pm Fabien is here again to walk the dog, runs a lap with me and goes again. I finally reach 100km at 20 past midnight. When I cross the line and my name displays on the screen with the 100 distance beside it, I clench a fist and say "100" out loud, super happy, before going straight to the physio. I'm quite tired now, remove my shoes, give another call. No luck, two girls who were massaging someone just before tell me they are done now and leave. I lay down on their table anyway while waiting, and drowse a bit. Then the teacher of the physio students (Jean-Max) arrives to give massages too, my turn comes earlier. He says he will be there until 3am. I also go to first aid to get some cold spray on my knees and feet and go again after almost an hour of break. It's 1.15 am. No more intermediary target anymore, just the final 150km target. Now wearing the polar fleece because of the contrast between the heated hall and the outside. A cup of tea to get me going, and a cup of mashed potatoes on the go. A group of students is partying on the steps of the Palais des Sports, with music and alcohol. But they are always nice to us, encouraging us, all the more me with my number 51 :-)

I had only done a few loops when I started talking with Yves who was walking too. But a few meters further he suggests quickly starting running again before getting sucked into the walking pace. So here we go together at 8-9 km/h for 5-6 laps, and me all amazed that I can still run after 100 km. After 6km I have to let him go and walk a bit to recover. Several times during the night when he passes me I try to run a few hundreds meters with him again. Then at 115 km, at almost 4am, I start completely cracking mentally and go back to the hall to get another massage, a bit disappointed to have done only 15km since the last one, but wanting to go before the physio leave. Fortunately Jean-Max is still there with his last student standing. I litterally crash in the waiting queue, remove my shoes, and give a call to Bernie. At this point I'm wondering if I shouldn't rather stop and sleep, but he asks if I could do 14 more km before explaining that this is the distance to catch first senior female, Maria Ilaria, who seems to have been sleeping for the last 3 h or so. But right then she appears in the hall, waking up and ready to go again. I still decide to get the massage to hopefully recover from the hell of the last few kms. Then cold spray again, polar fleece, and phone in my pocket this time.

I have slowed down quite a bit, walking speed is around 5-6 but running speed is barely at 7-8 km/h. I also start to suffer quite a bit from what I think is a periostitis on my right shinbone, but then it makes me forget about my knees. I still pass Maria Ilaria two times in a row, encourages her the second time, and then don't see her anymore. So next time I pass her italian friend I ask him (in Italian ^^) about her, and understand she's sleeping but ok. Hope ! :-) So I go twice as hard to try to catch up the 14 laps advance that she has, and give hourly calls to Bernie to check the results from the Web. At 7am I'm only 2 km behind but she's still sleeping. Or rather was. Because that's right when I see her again. But at 8am I am now 1 km ahead ! I'm so happy, I tell Daniel the speaker about it next time I pass the line, who answers me that he's gonna check. Which he does, and next time I pass the line he announces me in the mic as the leading senior female :-D I pass the line with raised arms, under the encouragements of the Tamil Nadu association who is supporting me. I now feel great and go hard. One volunteers notices that I was wobbling a few hours ago and now running like crazy :-) In answer I tell him that's because I'm first. I tell about everyone actually :-) . I run again with Yves at some point, and mention my hurting ankle, rhetorically asking if it's worth stopping for a massage, but we agree that being that far, it's not worth bothering anymore. I don't have any minute to lose anyway, with Maria Ilaria just behind. After passing her again, I thought I was 2 laps early, but I then hear in the mic that she is only one km behind. Need to fight...!

Around 8.20am, as I was walking on the concrete by the avenue, she suddenly passes me running. Knowing that next time she passes me she takes the lead, I decide to keep up with her and start running as well. Speed : 8.5 km/h. I follow her for a few dozens meters but my ankle really hurts too much, and I have to resign myself to let her go along Palais des Sports. A few minutes later I can see her on the speed loop, it feels like she just left me in the wind and gained half a lap on me in just seconds. As a consequence, felt down big time, convinced it was over for me, I could never reach 150 km anymore, and in addition I was going to lose the first place just before the finish. I completely crack mentally and call Bernie to my help, telling him I just wanted to lay down on the next bench and sleep till 10". Of course he disagrees and pushes me to keep going. After a while I get angry and hang up. Then I keep shuffling around a few laps, miming how exhausted I am to my supporters. Mickael also comes back (he had come the day before to support and photograph his team and his girlfriend Stéphanie who then had to abandon on injury. So he was doing laps in reverse, a lot of them, with a word of encouragement for us each time). He walks with me for a bit, encouraging me again while I complain about my ankle. Later, as Maria Ilaria still hadn't reappeared behind me, I start worrying that if she has to pass me at some point, I'd rather it not being at the last minute of the 24h... Then I start thinking that she might not pass me at all, after all. And with hope back, I resume speed walking, since I really can't run anymore with the current state of my right ankle. But despite being only walking, I'm still bordering on 8km/h. All the more when Maria Ilaria finally appears behind me, just behind, less than 50m, on the track along Palais des Sports. Right away my reflex is to run off, it's precisely my favourite section, the little downhill on the sandy track. I won't run very far but enough to put some distance between us. From this moment, I keep looking behind to check if she's approaching, and I see the distance growing until I completely lose sight of her. Even then I keep focused and push as hard as I can, checking my speed all the time.

I meet Greg the boxer-runner again who had disappeared all night to sleep on hurting knees, and is now back to finish the race. I also pass Arnaud, one of the youngest runners (1988) who I had talked with at the pre-race pasta party; he comments that I'm like a pro, still committed all-out till the end, so I explain him that I'm chased by the second senior. And I get a feel of what it is to be one of these pros who can lead a race: it's tough work :-) Yves keeps passing me from time to time, on the tracks to his 210km goal, and still pushing me to my 150km one, still possible he says. Mickael is also encouraging me, as well as Maryse (the wife of Stephane the 2009 UTMB runner I talked to at the pasta-party too, whose distance goal when asked was to do "24 hours"). I also talk to several girls, Sylvie who will be 3rd senior female with 102 km, Josiane... Everybody is friendly. It's almost 10 now and I'm counting minutes till I'm finally allowed to stop. 15 mn before we are given wooden sticks with our bib number to mark our final position for measurement. I will still have time to run two laps with it, the volunteer at the corner of palais des sports telling me goodbye asking me if it was my last lap, I told him maybe one more, and indeed was back, The 150km mark is getting closer but I'll be too short on time. Anyway at this point the only thing that matters to me is to stay first senior female. In the meantime the first male passes the 240km mark. When I reach the speed loop for the last time, Daniel the speaker encourages Maria Pierre, the first female overall (she's veteran) who is about to pass 200km: "Go Maria, 700 more metres in 3 minutes 30 !!". (she will end up with 200 km and 18 m, but unhappy because she was aiming at 212).

I pass the line a last time, the excitement grows, I'd like to sprint in front of all the people who now crowd there. But instead I have to walk, walk around the tiers/bleachers of the speed loop, back behind them towards aid station. The final countdown starts "10...9...8...7...", I turn left towards the avenue, "5...4...3..." the volunteer at the corner calls me with open arms, I so want to run, I try, run 3 steps, back to walking "2...1...0 !" It's over! I drop my marking stick on the ground and crash beside it stretched out, I won't go a single metre further anyway.

I could have stayed there for a while, wasnt it for the two volunteers from the near aid station who come to pick me up and help me to a chair there. And there I break down in tears, of both exhaustion and joy. I won! :-D Some volunteers worry and ask if I'm ok, they bring me water, offer to bring me food. That's when I realise that I had been so focused on my race for the last 2h that I hadn't stopped at the food station and hadn't eaten or drunk anything since daylight. I stay collapsed on my chair for quite a while, until Piero the organiser supports me to the physio (can't walk anymore...). Jean-Max is still here, he spent all night there! He takes care of my muscles (and did great because they weren't even sore the next day). Then sends me to first aid where they ice both my ankles. I lay down like this on a bed there talking with the rescuers until Fabien arrives again for the prize giving ceremony. Climbing the podium is a challenge for several runners : Maria Pierre had to be carried to the top step, and Sylvie helped me up and down mine too.

Then is the post-race buffet, smart idea to organise a standing buffet ^^ But Martine and all the Tamil Nadu association take care of me, bring me a chair and a plate ^^ Later Fabien comes back with his car and crutches, great idea! He has to wake me up to leave the almost empty already hall. I say good bye to Piero and the organisers before shuffling to the parking on the crutches. I would have had a hard time walking home indeed... Thanks Fabien! But my lift is still broken since 2 weeks, so had to walk up the 6 floors, tough... After the shower, I hurt too much to even be able to sleep, for a few days. But still too happy about my race.

So thanks to Piero and all organisers, thanks to all the volunteers at the food station or on the course who always had a word of encouragement, thanks Daniel for the animation during 24h, thanks Jean-Max and his physio students for the massages, thanks to all other runners and in particular those who I got a chance to talk with, thanks to all the people who came to encourage other runners but still had nice words for me, thanks to Martine and the association "Enfants du Tamil Nadu", thanks to Fabien for the visits and the two laps run with me, thanks Bernie for the support and live info over the phone, thanks to all who supported me.

And now, rest time!