jeudi 29 septembre 2011

Follow me "live"

My current position, or rather, my current distance, since the position will be "in the middle of Parc Mistral" at all times... will be posted "live" every hour or so by the organisers here. Follow me! And feel free to send some encouragements too :-)

mardi 20 septembre 2011

24h de Grenoble

Une course de 24h, c'est pas du tout comme un ultra-trail : pas de ligne d'arrivée à franchir, pas de gros dénivelé à avaler, il "suffit" de tourner en rond pendant 24h sur un circuit complètement plat de 1.044km tracé dans le Parc Mistral, donc juste en bas de chez moi. 24h à tourner en rond, on pourrait s'ennuyer me direz-vous... Eh bien il paraît que non, déjà en discutant avec les autres coureurs qui eux aussi s'ennuient (ou pas). Et en plus, pour rendre ça un peu plus intéressant, on court pour une association humanitaire : les Enfants du Tamil Nadu.
Le principe est très simple : moi, je cours le plus de tours possible (entre 100 et 150, plausiblement...) et vous, vous pouvez m'acheter mes tours au modeste tarif de 5€. Pas cher ! :-) Et en plus vous aurez droit à un reçu fiscal pour déduire ça de vos impôts (pour ceux qui en payent). Toutes les infos nécessaires pour m'acheter des tours et financer des orphelinats en Inde sont dispos sur le site de l'asso et sur celui de la course. Il suffit de télécharger et remplir un bulletin de souscription en précisant le nom du coureur que vous soutenez (ça c'est moi !) et votre adresse email (ça c'est pour votre reçu). Plus facile pour vous que pour moi, non ?

vendredi 16 septembre 2011

Récit TDS (fr)


Chamonix, 5h, le réveil sonne debout, en tenue, j'emballe la batterie de secours chargée toute la nuit, un coup de pommade anti-échauffements et de Nok, qui finit dans le sac aussi, petit déj à base de Lu Pti Dej et c'est parti. Frontale, kway pour la fraîcheur du matin, et c'est parti au bord de la route en espérant me faire prendre en stop, et ça marche ! Du coup je chope la dernière place dans le bus de 6h. On reste bloqués avant l'entrée du tunnel du Mont-Blanc à cause d'un bus en panne à l'intérieur, ça commence à râler, moi je suis mieux au chaud dans le bus qu'au départ avec 3h d'avance. A Courmayeur il fait frais, on traverse la ville pour atteindre l'arche de départ, puis tout le monde s'occupe en attendant l'heure, des bénévoles passent et vérifient le matos obligatoire pour ceux qui ont les plus petits sacs. Le mien est suffisamment énorme pour être crédible, et j'échappe à la corvée de déballage-remballage :) 

Courmayeur, 9h--, tout le monde se masse maintenant à l'intérieur des barrières, le speaker fait monter l'ambiance, la maire de Courmayeur nous parle, on a droit à un topo météo (des orages), et puis presque trop vite le départ est donné, sans même la musique de Vangelis pour nous chauffer. Un hélico nous survole de pas loin et tourne autour pour nous filmer. On court d'abord trop vite, dans les rues de Courmayeur, encouragés par la foule, sur la route qui monte et qui descend. Je commence à me dire que la grosse montée commence à se faire attendre, faudrait pas m'épuiser dès le départ ^^ Mais après 3km, la voilà cette première côte. L'attaque est dure à froid comme ça, et partie dans la première moitié du peloton (500e pointée sur la ligne de départ) je me fais régulièrement doubler. J'arrive tout de même au ravito du Col de Chécrouit pile dans les temps de mon plan et en repart en emportant quelques barres pour la suite, sans m'attarder. 

10h30. On attaque maintenant le Col de la Youlaz. Tout d'abord ça monte dur, comme avant le ravito, et j'essaye de suivre un petit groupe, quand on arrive soudain sur un gros embouteillage dans le pierrier du col de la Youlaz, qu'on voit au-dessus. Beaucoup de gens coupent dans le pierrier pour doubler, sous les reproches de ceux qui ont choisi de respecter le règlement ou l'étiquette implicite, et qui se font donc ralentir par les coupeurs. Je vois mon objectif temps s'éloigner mais je décide d'être philosophe, d'en profiter pour prendre des photos, pour souffler, pour lire mes SMS et pour discuter avec les gens autour de moi. Et j'atteindrai finalement le col avec seulement 10 mn de retard sur mon plan, et bon point : sans avoir trop souffert dans la montée. 

12h10. La descente vers la Thuile commence bien ! Une chouette descente sur un sentier technique, je m'amuse beaucoup et double du monde. Puis le sentier devient une piste large et facile sur laquelle tout le monde court. Du coup je m'accroche derrière quelques gars pour me forcer à aller un peu plus vite que j'aurais tendance à le faire, à cause de gros points de côté assez gênants. Le ravito de La Thuile se fait bien attendre, j'espérais récupérer les 10mn de retard en accélérant la descente, mais il y a finalement 2 ou 3 kilomètres de trop par rapport au profil, du coup je récupère mon retard en passant très peu de temps sur place. De toutes façons je ne me sens pas l'appétit pour avaler un vrai déjeûner, et repart donc avec 1 ou 2 tucs et bouts de fromage dans le ventre, quelques barres dans la poche, et ma bouteille rechargée en eau mixée à ma poudre énergétique personnelle.

13h35. A l'attaque du Col du Saint-Bernard, je suis dans le rythme des autres autour de moi, ça ne monte pas trop raide, mais personne ne court. Je me demande si c'est parce que je suis en queue de course avec les coureurs les plus lents, ou si c'est parce que ce rythme est suffisant. Je m'inquiète aussi de voir la distance augmenter mais le dénivelé pas tellement, ce qui laisse présager un final assez raide. On passe un petit lac, puis en haut du col beaucoup de randonneurs et de spectateurs nous encouragent. Le ravito est un peu plus loin et propose des boissons chaudes et froides. J'y fais encore un passage éclair, le ciel se couvre et j'espère rejoindre Bourg Saint-Maurice avant l'orage.

15h35. En haut du Col Saint-Bernard, une petite photo souvenir avant d'attaquer la descente. On court sur une large piste, voire sur de la route, et tout le monde semble se presser pour échapper à la pluie. Je m'accroche donc à nouveau à quelques gars qui courent juste devant moi, on passe du monde au début. De rares rayons de soleil percent les nuages menaçants au-dessus de nous et éclairent la vallée. Puis il se met à pleuvoir et le rythme augmente encore un peu. On passe un petit village (Séez), quelques marches d'escalier et du public pour nous applaudir, puis on arrive au ravito de Bourg Saint-Maurice.

17h15. Ravito de Bourg Saint-Maurice. M'attendant à un poste en dur permettant de bien s'abriter de la pluie, je suis un peu déçue de trouver le même genre de tente qu'aux ravitos précédents, abritant de nombreuses tables et bancs et blindée de monde. Je m'attable avec une soupe de nouilles et un peu de fromage et sort ma batterie pour recharger le Garmin une première fois. Puis je vais m'asseoir dans un coin par terre pour m'étirer et remettre de la Nok, et étudie un peu le profil de la suite du parcours. L'organisation nous annonce un détour pour éviter le Passeur de Pralognan à cause des orages, ce qui nous rajoute 9km. La prochaine section fait donc 25 km et on nous conseille donc vivement de prévoir assez d'eau. Je fais donc le plein puis repart avec quelques barres. Je n'ai finalement pas avalé grand chose...

17h45. En route vers le Cormet de Roselend. J'enfile le kway avant de quitter le ravito, et je fais bien : un bénévole vérifie que chaque partant a sa veste, sa frontale et son téléphone, ainsi que le tag placé sur le sac à la remise des dossards. A la sortie de Bourg Saint-Maurice, on commence par monter quelque part à 1400m par une montée bien raide. En haut un bénévole propose de l'eau, je refais mon bidon de boisson énergétique déjà vide et repart en admirant la vue sur la vallée. Un autre coureur me montre la station de ski des Arcs. Puis je profite de la descente facile sur bitume pour courir un peu. On redescend à 1000m avant d'attaquer la montée au Cormet, par la route. L'avantage c'est que la pente est vraiment facile, l'inconvénient c'est que c'est vraiment super chiant. Le jour commence ensuite à baisser, au bout d'un moment tout le monde s'arrête au même endroit sur le rebord d'un pont pour enfiler la frontale. Personne ne parle, et je continue à avancer toute seule en écoutant de la musique. A un moment on quitte la route pour un chemin super raide qui nous épargne sans doute quelques lacets mais qui me prend aussi quelques forces. D'autant que j'ai vraiment du mal à manger, je croque de temps en temps dans ma Mule Bar mais ne réussirai à en avaler que la moitié pendant ces 25km...

23h. J'arrive au Cormet de Roselend avec 10mn d'avance sur le plan malgré le détour de 9km. Comme quoi mon problème c'est vraiment les montées trop raides... Il fait nuit noire, je me dirige sous la tente blindée de monde, plus une chaise de libre alors que je rêve de m'asseoir. Finalement je m'assieds par terre, mange un peu de soupe de nouilles (ça fait du bien), et m'appuie contre un poteau de la tente, puis contre le sac de ravito de quelqu'un, et m'endort là, les jambes allongées sous la chaise d'un autre coureur. Mon Garmin est en charge. Pas de réseau, impossible d'avoir un soutien qui aurait été bienvenu... J'étudie aussi un peu la suite du profil, une des sections qui m'effrayait le plus (nuit + altitude + longueur + dénivelé...)

23h40. C'était ma limite pour me bouger, je me réveille spontanément, attrape encore un peu à manger, et repart toute seule dans la nuit. La section fait 19 km et consiste en un vague chemin peu marqué dans l'herbe avec 3 grosses bosses : on passe 3 cols à environ 2500m, et on redescend 600m plus bas entre chacun. On aurait dû attaquer cette section après la descente du Passeur de Pralognan, mais à la place on l'attaque dans la foulée de la grosse montée au Cormet par le bitume... Et ça a laissé des traces, malgré la sieste. Par moments dans les montées trop raides, mon coeur s'emballe, ma poitrine se serre, m'empêchant de respirer à fond et me forçant à adopter un rythme plus lent. Cela dit je dépasse quand même quelques gens, et m'oriente toute seule entre les balises réfléchissantes, contente d'avoir une vraie bonne frontale. C'est assez amusant de trouver soi-même son chemin, mais je ne suis pas fâchée non plus d'avoir quelqu'un à suivre par moments. Le sentier est technique, rocailleux, ou alors dans l'herbe, je le perds et me retrouve à monter droit dans la pente pour remonter au niveau des coureurs que je vois au-dessus de moi. Il ne fait pas trop froid mais j'ai quand même mon kway et mon bonnet sur la tête. Quand j'arrive enfin au col du Joly le jour est sur le point de se lever.

5h++. Col du Joly. Arrivée dans la tente, je me sers un bol de soupe de nouilles, prend quelques tucs avec du fromage, pose tout ça sur un banc, m'assied par terre à côté, met mon Garmin en charge, et m'endors... Une bénévole vient me voir et me propose de me mettre au chaud à côté (j'étais dans le vent froid entre deux pans de la tente), et je vais donc m'allonger sur un banc, avec une couverture comme oreiller, laissant la nourriture sur place sans y toucher. Je demande à un autre coureur de me réveiller dans 15mn, mais il est sur le point de partir, et finalement au bout de 5-10mn je me réveille de moi-même. Je m'assied pour remettre de la Nok et changer de chaussettes, et je fais bien car l'une d'entre elles est complètement trouée au talon... J'ai aussi une belle ampoule au gros orteil droit, mais la flemme de sortir un compeed pour l'instant. Puis j'essaye de trouver de la nourriture qui me donne envie, et repart avec des barres amandes pour la route.

6h. Au départ du Col du Joly l'horizon tourne au rouge, orange, rose derrière les montagnes, et je fais quelques photos avant d'attaquer la descente vers les Contamines. Le lever du jour m'aide à me remettre en route après cette micro-sieste. Finalement la nuit n'a pas été très froide. Au début de la descente mon ampoule me fait souffrir, d'autant plus que je trempe justement mon pied droit et ma chaussette neuve en traversant un ruisseau... Dégoûtée... Puis mon pied sèche, l'ampoule a fini par exploser et ne me fait plus trop mal, et je descend à un rythme moyen, alternant marche et course pour m'économiser, consciente du retard sur mon plan mais pas vraiment en forme pour aller vite, entre les points de côté et les chocs du bitume. Une voiture nous suit mais je ne réalise le caméraman assis sur la fenêtre à nous filmer que quand la voiture nous double enfin... au moment où on quitte le bitume pour bifurquer à droite sur un sentier. Tout ce temps je me pousse vraiment pour suivre 2-3 gars qui sont devant moi, pour me motiver à courir quand j'en ai marre. Certains morceaux de la descente deviennent bien raides, puis on arrive à Notre-Dame de la Gorge au soleil levant, et les derniers kilomètres sont ensuite plats, sur un chemin entre des arbres. Je passe en mode marche rapide, mais vraiment rapide, avec un peu de course de temps en temps pour continuer à coller les gars devant, en me disant que je devrais apprendre la technique de la marche olympique pour m'économiser sur ce genre de sections. Il y a très peu d'autres coureurs autour de moi, mais je ne suis jamais totalement seule. J'avance aussi vite que possible, craignant pour la barrière horaire aux Houches, vu le temps qu'il m'a fallu dans la section Cormet-Joly, qui avait une distance et un dénivelé similaire à ce qui nous attend. Du coup je suis encore en kway, torche sur la tête et bonnet à la main, me disant que je me changerai au ravito.

8h. Une fois dans la ville des Contamines, toujours en marche rapide, j'ai envie de pleurer, je ne sais pas si c'est l'épuisement après ce long effort de vitesse, ou l'émotion d'avoir fait le plus gros du parcours, ou le stress de la longue section jusqu'aux Houches qui m'attend maintenant... Je passe rapidement au ravito, juste le temps de m'assoir par terre à côté de la table pleine de boissons, pour manger et boire un peu, recharger ma batterie, remplir mon camelback. Toujours pas de réseau donc pas de SMS (en fait un problème de config après le passage en Italie). En partant je demande les kinés pour me faire masser les jambes avant la dernière grosse difficulté. Une podologue regarde aussi mon ampoule (effectivement explosée) et l'emballe dans une bande d'élasto pour la protéger. Pendant ce temps je discute avec Brice, un Grenoblois qui se fait masser aussi, et avec ma kiné qui nous décrit la prochaine section, d'après elle le Col du Tricot on y est dans 2h, mais moi je préfère compter 3... Au final la pause a été plutôt longue, mais ça m'a permis de charger la batterie de mon Garmin bien à fond pour tenir jusqu'à l'arrivée, et de récupérer avant la grosse étape de montée. J'ai sans doute regagné dans la montée le temps perdu ici. 

8h30. Dans la montée vers les Chalets du Truc. 
Je repars donc avec Brice, chacun persuadé qu'on ne pourra pas suivre l'autre, mais dès la première montée "chiante" pour sortir du village (bitume bien raide... voire escaliers) c'est moi qui le perds. Pendant cette montée aux Chalets du Truc je "maudis" la kiné pour sa description d'un chemin "agréable et pas difficile", au contraire ça monte super raide, super longtemps, à chaque virage je crois qu'on va rejoindre son fameux chemin agréable, mais non, il ne vient pas. Ce n'est que presqu'en haut aux chalets que la pente s'adoucit enfin... 

9h30. Chalets du Truc. On arrive sur un replat en hauteur avec les fameux chalets, des toilettes publiques, un bistrot, et... une vue sur l'impressionnant col du Tricot qui nous attend, nous surplombant de toute sa hauteur. Avec un autre coureur on discute 2mn en le regardant : voilà donc la dernière grosse difficulté. Et il faut d'abord redescendre un peu vers les chalets du Miage avant d'attaquer la grosse montée de 600m+ (1550m à 2150m d'altitude) ...! 

10h-- dans la montée du col du Tricot. Pour être difficile, ça l'est. J'y vais vraiment tranquillement, pensant et repensant que c'est la dernière, m'autorisant une pause tous les 100m de D+, et guettant sur mon Garmin le moment. Mon coeur s'emballe dès que j'accélère, ma poitrine se serre, sensation désagréable, comme cette nuit, sans doute l'altitude cumulée à la fatigue. Assise sur un rocher, j'attend en mangeant une barre que les coureurs suivants s'approchent, puis repart juste devant eux pour profiter un peu de la poussée (mentale), de la motivation de ne pas les ralentir. Jusqu'à n'en plus pouvoir et m'asseoir à nouveau pour les laisser passer, et attendre le groupe suivant. Je laisse passer comme ça je ne sais combien de groupes. Du coup c'est la seule section où j'ai reculé au classement (de 9 places). Même les randonneurs vont plus vite que nous à cet endroit, plus chargés mais ils n'ont pas 100 bornes dans les pattes, ils coupent les lacets. Finalement à 200m+ sous le sommet je décide d'arrêter de faire des pauses et je m'accroche à un groupe jusqu'en haut.

11h20. Après 1h30 de montée pour 600m+ sur moins de 4km, soit un Saint-Eynard dans mon système de mesure ^^ (comme quoi j'étais vraiment fatiguée, parce qu'un Saint-Eynard, c'est 55mn quand c'est le 3e de la journée...) j'atteins le col du Tricot, avec l'impression d'être au sommet du monde...! :-D En haut plusieurs personnes sont assises par terre, il y a des bénévoles et des randonneurs, la vue est magnifique, la dernière difficulté est passée, je n'en pouvais plus de monter, je suis tellement heureuse d'être en haut...! J'ai accumulé pendant la nuit 2h30 de retard sur mon plan, principalement dans la section avant le col du Joly et dans la montée du col du Tricot, mais je viens de passer la dernière grosse difficulté et je sais maintenant que je vais finir, donc je ne cache pas ma joie. Après une photo souvenir au sommet, un cri de joie face à la pente qui redescend, pour relâcher toute la pression, et je m'y engage lentement. 

11h21. A l'attaque de la descente. Je commence par descendre prudemment, pour ménager mes genoux, mes points de côté virulents et envahissants qui me prennent tout le ventre, mon dos brûlé par les frottements et contracté par le poids du sac, souffrant aussi de mes pieds inflammés... Bref. Mais très vite, dégoûtée par cette allure d'escargot, je décide d'envoyer bouler tous les signaux d'alerte et de profiter un peu de la descente pour m'amuser, et courir ! Il faut dire qu'elle est parfaite pour ça, on descend entre les rochers, dans un paysage minéral, une descente technique à souhait comme je les aime :-) Du coup la forme revient, très vite j'oublie la douleur et je m'éclate, courant, bondissant de caillou en caillou. Un second souffle fantastique m'anime, une énorme joie d'être là et d'avaler la descente. Je double les autres coureurs qui m'avaient passée épuisée à tour de rôle dans la montée, à nouveau en pleine forme, heureuse d'être là, chantant avec mon ipod sur les oreilles. 
Au détour d'un rocher je croise un groupe de randonneurs, et une randonneuse admirative me lance "vous courez encore ?", surprise, avant de m'encourager en me qualifiant de "championne". Encouragée par ses mots, je lui répond et continue ma route avec encore plus d'énergie. Puis le chemin rocailleux devient piste forestière, moins de cailloux, une pente parfaite, que je dévale toujours en chantant (Curagiu), doublant et doublant encore, plus rien n'existe, la descente est trop belle, je suis complètement dans mon monde. Jusqu'à ce que soudain au détour d'un virage ma course soit arrêtée à la vue d'une passerelle flottante qui traverse une immense cascade, grondant plusieurs mètres en-dessous. 

11h48. Passage du glacier de Bionnassay. Pas mal de randonneurs sont au niveau de la passerelle, l'un d'eux traverse puis ils me laissent traverser et j'en profite pour me faire prendre en photo au milieu, traversant donc 2 fois la passerelle en trottinant, profitant de la vue splendide. Ce n'est qu'après la course que je me rappelle que la description mentionnait la traversée d'un glacier sur une passerelle : c'était donc ça la cascade, la fin du glacier ! Pendant cette pause photo personne ne m'a encore rattrapée, je repars seule dans le bon sens. Mais là surprise, mauvaise surprise, ça monte.

11h50. Montée vers Bellevue.
Je crois d'abord à une micro-bosse qui ne serait pas visible sur le profil, mais ça monte encore et encore, raide, et on commence à me rattraper, tous ceux que j'ai doublés dans cette descente jouissive me redoublent à leur tour. Dépitée par cette montée inattendue, je m'assied pour faire une pause, plusieurs gars me passent sans rien dire. Puis un autre groupe de gars passent et l'un d'entre eux m'encourage d'un "c'est bientôt fini", ajoutant que cette côte est méchante mais que c'est la dernière, et m'incitant à repartir. Du coup je me relève et essaye de les suivre, reconnaissante pour les encouragements trop rares sur cette course par rapport au GRP l'an dernier. Ce n'est qu'à ce moment que je me rappelle de la dernière "bosse" du profil dans la descente vers les Houches, cette montée vers Bellevue, encore 150m+ à avaler. Et "méchante", ou raide, effectivement ça l'est ! 
Mais après un petit quart d'heure de montée on redescend et je recommence à doubler tout le monde, sur un single track à flanc de montagne, étroit, avec la vallée qui s'étale en-dessous, et régulièrement des mini (ou moins mini) bosses à passer. Certaines me donnent du mal, je galère dès que ça monte trop longtemps, et je m'inquiète pas mal pour les 200m de D+ de la dernière étape de 8km entre les Houches et Chamonix, vu mon incapacité actuelle à monter vite. Mais pour l'instant je cours dans la descente et double encore des gens, même si je ne vais pas super vite. Et je tombe aussi en panne d'eau pour la première fois. Heureusement...

12h30-- Bellevue. 
(Difficile de me rappeler maintenant si c'était avant ou après le single track bosselé...)
Une mini-tente nous attend, bonne surprise, j'avais oublié ce ravito (comme la bosse précédente...). Enfin il tombe bien puisque je n'avais plus d'eau mais au final je bois sur place mais oublie de remplir ma poche, heureusement j'ai mon bidon de boisson énergétique. Mini-pause assise par terre, un petit stock de barres amandes, et c'est reparti assez vite dans la descente, excitée à l'idée de l'arrivée qui approche, non sans avoir demandé à un des bénévoles si cette fois ça ne faisait vraiment que descendre (marre de toutes ces bosses !), à quoi il a répondu que oui, 4 km de descente vers les Houches. 

12h30++ Descente vers les Houches
Et c'est reparti pour s'éclater dans les derniers km de descente. Malheureusement le chemin débouche assez vite sur la route, retour au bitume. Puis soudain, en bas dans la vallée, on voit une ville, les Houches, et la vallée qui va jusqu'à Chamonix, et je sens que ça y est c'est vraiment gagné, un grand frisson, une grande joie surtout, un gros pied de nez à la vallée, tout à ma joie d'avoir vaincu cette course. Je tourne une petite vidéo triomphante en faisant un pied de nez à Chamonix, ou à la course, avec un grand sourire, et... tombe sur un bénévole que je n'avais pas vu, qui traînait par là dans un virage pour indiquer le chemin et me lance "et avec le sourire en plus", je lui répond que "oui, c'est bientôt fini, et en plus ça descend", mais je suis déjà loin, trottinant toujours. Sur la fin de la descente, malgré le bitume qui rend les chocs à chaque pas pénibles, le jeu consiste à doubler un maximum de monde. Dès que je vois des coureurs plus bas que moi, j'accélère un peu pour les passer, je dois me forcer à trottiner, ça descend quand même assez sec, et je ne raffole pas de la course sur macadam. Puis j'aperçois la route plate qui traverse les Houches, on y arrive perpendiculairement par un dernier raidillon, et du coup je lâche les chevaux et le dévale à toute blinde devant les gens postés là à l'ombre d'une maison, ravis, qui m'encouragent en me disant de faire attention à ne pas décoller :-) Il faut dire que je plane, les bras grand écartés pour négocier le virage à droite à 90° qui m'amène sur le trottoir le long de la route. Une photo souvenir de la mairie des Houches, une video du coureur juste devant moi que je n'aurai pas le temps de doubler, et me voilà dans le dernier ravito.

13h17. Arrivée aux Houches.  
Là, je prend mon temps, et découvre qu'en fait j'ai du réseau si je sélectionne le bon opérateur... :-) Du coup je reçois plein de SMS d'un coup, et le temps de lire et répondre à tout j'ai déjà passé pas mal de temps assise par terre, et plein de gens que j'avais doublés dans la descente en ont profité pour me repasser devant. En fait tout le monde entre et sort du ravito sans s'arrêter vraiment. Du coup je me motive, une barre amande, de l'eau, et je repars pour la dernière section après avoir annoncé mon arrivée à Patrice qui y sera pour m'accueillir. 

13h30. Les Houches, départ pour la dernière section
ça commence par monter bien dur (sans doute la fatigue plus qu'une difficulté objective...) puis ça redescend, on a dû passer la mini-bosse du profil, maintenant reste à se payer une sorte de faux-plat montant jusqu'à Chamonix. Je me motive en jouant à chasser toutes les filles pour remonter au classement de ma catégorie. Du coup je passe en mode marche rapide, à 8km/h quand même, ce qui rend la course quasi-inutile, je marche plus vite que tout le monde marche, et même plus vite que la plupart trottinent, comme me le fait remarquer un gars qui trottinait quand je l'ai doublé en marchant. Je passe 2 filles qui ne font plus que marcher, et cours de temps en temps en espérant en rattraper une 3e qui est un peu devant avec un mec, et qui elle court de temps en temps. Je n'y crois pas trop en fait, et je prend le temps de faire une video du sentier forestier, avec un torrent en contrebas, où j'explique mon jeu de chasse. Puis finalement à 3km de l'arrivée je décide de vraiment pousser pour la chasser, et finis par la rattraper, puis je me pousse encore plus pour essayer de rester devant. 

14h30. On entre dans Chamonix, retour sur le bitume, je vais à peu près au même rythme que les gens autour de moi, en me poussant et en luttant contre la fatigue. Je ne sais pas du tout où est l'arrivée, est-ce que c'est encore loin...? est-ce que je vais réussir à terminer en courant à ce rythme ? est-ce que je ne suis pas partie trop tôt et risque de craquer avant la fin ? Et là 2 coureurs arrivent derrière moi, je me retourne pour vérifier que ce n'est pas la fille que je viens de doubler et son mec, mais non. C'est deux gars, ils me passent, et le 2e (Thierry) m'encourage à venir avec lui, à continuer à courir, à profiter du "meilleur moment". On entre dans les rues piétonnes de Chamonix, il y a des gens partout qui nous encouragent, la rue ne fait que monter, pas fort mais ça monte. Je pousse, continue à courir, encore un effort, et voilà l'arche d'arrivée au détour d'un virage. Thierry me fait passer devant lui et me laisse profiter des derniers mètres, j'essaye d'accélérer (j'accélère sans doute vraiment ?), un bénévole est là sur la ligne et me tend la main ouverte dans laquelle je tape avec joie et énergie, après un sprint final, avant de me retrouver toute perdue dans l'aire d'arrivée... 

14h45. Chamonix. Arrivée !
Je mets quelques instants à défaire mon sac, à l'enlever, et je m'écroule assise par terre près de la barrière, la station debout trop douloureuse... Puis je vois Patrice de l'autre côté, qui a pris des photos, et qui vient me rejoindre dans l'aire d'arrivée. Je ne sais pas combien de temps je reste là, Thierry est déjà passé, je n'ai même pas eu le temps de le remercier... Je finis par me lever pour les dernières formalités d'arrivée, accompagnée par Patrice : rendre la puce, le bracelet, récupérer le cadeau finisher : le gilet Polartec avec le logo de l'UTMB. Puis direction l'hôtel pour une bonne douche, avant de revenir voir les masseurs, les podologues, et prendre un repas post-course, pendant que les UTMB prennent leur repas pré-course. Puis Patrice me ramène à l'hôtel et va manger lui aussi avant son départ sur l'UTMB à 23h30 (retardé à cause des orages). Au dodo !

Conclusion
Un peu patraque le lendemain, mais aucune douleur particulière, en pleine forme, et prête à recommencer ! ça tombe bien, l'an prochain c'est l'UTMB :-D J'ai hâte d'y être !