mercredi 7 décembre 2011

Récit GRP 2010, un an après...

Et voila enfin le long, très long récit du GRP

jeudi 26 Aout

Arrivée à Vielle-Aure en train Toulouse-Lannemezan + autocar. Formalités d'inscription, récupération des sacs, dossards, etc. Je demande ensuite le chemin du camping, on m'envoie dans la mauvaise direction, mais je m'en rend compte bien plus tard ("je devrais pas déjà être arrivée, la ?") après un coup de fil au camping pour leur demander dans quelle direction ils sont. Du coup pique-nique en bord de rivière (miam, une salade de pâtes) a l'ombre (c'est le cagnard...!) puis retour a Vielle-Aure. Il est encore trop tôt pour déposer les sacs qui seront expédiés aux 2 bases vie, donc direction le camping a pied avec tout mon barda, et en plein cagnard. Tout autour, des montagnes impressionnantes sont la pour me rappeler ce qui m'attend demain et pour faire monter le stress.
Arrivée au camping, la réception est fermée mais ouvre dans 10 minutes, je rencontre Pierre qui attend aussi. Puis montage de tente, sieste, bouquinage de magazines de trail, et quand j'en peux plus de rien faire, re-direction Vielle-Aure a pieds (2 km). Dépose des sacs-base-vie, puis trainage a regarder la carte 3D du parcours et a stresser. Pierre me retrouve dans la foule, il est avec Vincent qu'il a rencontre au camping. Vers 18h on a le briefing pre-course, traduit ensuite en anglais et en espagnol pour les concurrents étrangers, pendant que tous les autres se ruent vers la pasta-party. Les restaurants du village proposent aussi les menus "spécial traileur" a base de pates et plus de pâtes. Une fois le repas avale, retour au camping qui fête ses 20 ans, avec un super apéro qui tombait en meme temps que notre briefing. Mais en nous voyant le propriétaire nous ressort nourriture et boissons, on goute un peu mais déjà bien pleins, puis direction la tente pour essayer de dormir. Des 21h le camping est d'un calme effrayant. La lune éclaire toujours les impressionnants sommets alentour. Malgré le stress, je finis par m'endormir. Plus rien d'autre a faire de toutes façons.

vendredi 27 août

4h du mat'

mon réveil n°1 à 3h45 n'a pas sonné, ou pas assez fort, et je me réveille de moi-même juste avant le 2e à 4h, regarde ma montre à l'heure de Melbourne et met un moment à comprendre quelle heure il est à Vielle-Aure. Gros coup de panique, et direction les toilettes, habillage, pommadage à la Nok, chaussettes de compression oranges et nouvelles Asics Trabucco jaunes, me voila presque prête. Retour à la tente juste à temps pour trouver Vincent qui me cherche pour monter en voiture avec Pierre. Heureusement qu'il a ses bâtons à la main, j'aurais oublié les miens dans la tente. En voiture je commence à manger les Lu ptidej mais la moitié reste dans mon sac, ne passe plus. Je m'assied sur un bord de trottoir pour lire la carte de Bernie et pour attendre le départ. Petite vidéo avec Pierre qui n'a pas de plan de course et décide de rester avec moi sur mon plan de 40 heures. Vincent lui vise 30 heures et disparaît dès le départ.

5h: départ

c'est la foule, 750 coureurs ou presque (une cinquantaine ne se sont pas présentés au départ) dont 37 filles... je ne tarde pas à perdre Pierre dans la foule. Je fais quelques photos du serpent de frontales derrière moi. On traverse quelques villages, on passe par des vieilles granges, on doit grimper des échelles pour passer au-dessus de barrières, un premier passage de ruisseau à gué aussi. Pas la moindre idée de la vitesse à laquelle on avance, mais j'y vais à l'économie. De toutes façons ça monte, monte, monte.

6h30:

Je regarde ma montre pour la première fois, l'impression qu'on est partis depuis une demi-heure. Le jour ne va pas tarder à se montrer. On attaque une piste de ski, noire, juste sous les téléphériques. ça monte dur, très très dur, et je remercie les bâtons de Paul...! Je rencontre là Phil, qui vient du coin de Saint-Gaudens, et qui me donne un conseil de planter de bâtons et discute un peu avant de partir en avant.
Un peu plus tard (je crois), il fait encore nuit, le sentier débouche sur un bout de route pour arriver au col de Portet, et le gars du camping (Francis ?) nous attend là avec sa femme et d'autres personnes pour nous encourager. Premier commentaire de "allez les filles" pour moi (pas le dernier).

7h48

Il fait jour, cp1 Merlans, ravitos sur de grandes tables devant le resto, et surprise d'y trouver du saucisson, jambon... j'opte pour le 4 quarts (avec du jambon) et les quartiers d'orange, et fait le plein d'abricots secs pour l'étape suivante. Ça monte encore un peu avec un vent hallucinant qui me pousse dans le bas-côté. On nous a dit que si le vent ne se calmait pas, la montée au Pic du Midi serait annulée (il y a des rafales à 150 km/h au sommet, trop dangereux).
Une fois en haut, avec un point eau dans un refuge (où j'arrive avec 10 mn d'avance sur le plan) c'est la longue descente vers Artigues qui commence, plus technique et rocailleuse, et surtout plus longue que prévu. Sur la fin, passage d'une cascade puis large piste forestière, Artigues se fait vraiment attendre. Arrivée à travers un parc de camping-cars au bord d'une rivière qu'on traverse, puis on remonte une rue du village pour arriver au CP dans un bâtiment, du public tout autour qui encourage, je suis accueillie par des "allez, une fille, ça change". J'ai environ une demi-heure de retard à ce moment, il est 11h30 du mat.

11h30. Artigues - Col du Sencours

Perte de temps au CP (dans les 15 minutes) pour toilettes, change, téléphone (10000 messages sur mon répondeur quand je l'allume), et c'est enfin reparti dans la montée avec une poignée de tucs qui finalement ne passent pas, trop lourd (qui l'eut cru). Au passage j'appelle Papa et Vic, on discute 5 mn, ils sont en train de monter depuis le Col du Tourmalet vers le Pic du Midi ou je dois les rejoindre vers 15h (au lieu de 14h30 prévu au départ).
Après cette montée on a un peu de plat, dans une vallée verdoyante, avec vue au loin sur le Pic du Midi, haut, très haut, beaucoup plus haut que nous. Ça a beau être plat, on commence a être pas mal en altitude, et le soleil commence a sérieusement cogner, donc je ne vais pas si vite que ca. Je suis / double / me fait doubler régulièrement par les mêmes groupes, en particulier un groupe d'espagnols / catalans / basques ? impossible de comprendre ce qu'ils disent. Enfin voila le Col du Sencours, je refais le plein d'eau pour la montée, et passe aussi manger quelque chose au ravitos dans une hutte de pierre. Je m'assied sur un banc pour avaler un bol de soupe de pâtes, totalement al dente, c-a-d même pas cuites du tout, croquantes, mais bon, ca fait du bien quand même. Et puis il faut bien repartir, j'ai hâte de retrouver papa et Vic qui ont finalement décidé de redescendre plutôt que de m'attendre en haut (je commence a être sérieusement en retard sur le planning).

Col du Sencours - Pic du Midi 15h17 - Col du Sencours

Ça monte dur en lacets au-dessus du col, vue sur un joli lac en contre-bas et sur le ravitos. Et d'un coup je les trouve assis sur un rocher au bord du chemin. Je m'affale plus que je m'assied avec eux sur le caillou :-) On discute un peu, je mange encore quelques abricots secs, je leur pique de la crème solaire, puis je repars requinquée, essaye une pointe de vitesse (en marchant ^^) mais ne tarde pas a être rappelée à plus de réalisme. La fin de la montée dans le pierrier est vraiment très dure, mal au crâne à cause de l'altitude, ou du cagnard (même si ca se couvre un peu), ou des 2, et marre des montées. Il y a quelques touristes en haut. Il faut redescendre une petite bosse et remonter quelques marches pour atteindre le point de contrôle ou je pointe a 15h17, 3/4 d'h de retard sur le plan. Tellement de brouillard à ce moment (j'arrive trop tard, il a fait super beau un peu plus tôt) que je ne prend même pas la peine de faire les quelques mètres de plus vers la plate-forme d'observation, demi-tour direct, il faut remonter la petite bosse, je m'étire 2 mn tout en haut avant d'attaquer la descente. Je croise Phil qui termine seulement la montée a ce moment. La descente coupe les lacets a travers le pierrier pour éviter de croiser les coureurs qui montent en suivant les lacets.

Je rattrape papa et Vic dans la descente (ils m'attendaient un peu) et on court / jogge ensemble jusqu'au col du Sencours où on va se poser sur le talus devant la maison de pierre qui abrite le ravitos. Passage au poste de secours pour demander de quoi lutter contre le mal d'altitude / d'estomac / de crâne, on me donne du Doliprane. Puis je descend 2 bols de soupe de pâtes (cuites cette fois) et des oranges, bananes, et autres provisions. Puis Phil me cherche et on repart ensemble, j'emporte une banane pour la route. Vic et Papa suivent un moment puis bifurquent. Ils vont direct a leur hôtel, on est trop en retard pour qu'ils puissent venir à Hautacam ou Villelongue (initialement prévus a 19h et 20h30).

Descente du Col du Sencours - Lac Bleu

Dans la descente, on se perd en suivant le groupe de Sophie et son "coach", heureusement on croise un randonneur qui nous dit qu'on est sur le chemin du semi-raid, et nous indique un chemin alternatif pour remonter au col d'Aoube, où on doit rattraper le chemin balisé. Du coup ça nous a rajouté pas mal de dénivelé (dans les 300m) mais au moins pas trop de distance. Enfin on voit le col d'Aoube et des silhouettes se détachant sur le ciel encore clair, plusieurs coureurs et aussi 2 gendarmes qui (sur)veillent. Une fois au col on fait une pause assis sur un caillou au sommet du col, on prend des photos et une vidéo, on se partage la banane écrasée d'avoir été portée à ma ceinture. Puis requinqués par la banane, on continue à descendre puis remonter au col de Bareilles. On longe le lac Bleu, immense, on dépasse quelques coureurs, on fait plusieurs petites pauses pour se partager des barres céréales de Phil (il est réapprovisionné par sa copine a chaque ravitos). Il me file aussi des comprimes d'homéopathie contre les crampes qui commencent à pointer. Le lac est magnifique, le soleil commence à sérieusement décliner. Quelques vaches jouent les acrobates dans la pente.
Puis on continue la descente, avec une 3e petite remontée vers le CP de Hautacam.

Nuit 1 - 21h30 - Hautacam

Hautacam, ravitos de nuit dans un petit bâtiment où la plupart des gens présents ont abandonné. Phil et moi arrivons tard (21h30) peu avant la fermeture (barrière horaire a 22h) et sommes parmi les seuls à repartir. L'ambiance est noire, déprimée, lourde... on mange, café, on se réchauffe, et on repart. ça donne pas envie d'abandonner en tous cas. Une bénévole propose un tarot à ceux qui attendent la navette... moi j'aurais pas eu envie de jouer aux cartes...
Puis la descente continue direction Villelongue tout au fond du trou (altitude 500m, par rapport aux 2876 du Pic du Midi, ça fait une belle descente...!). Papa et vic n'y viendront pas, il est trop tard pour eux, ils sont sensés commencer tôt demain, vu que le plan prévoyait que j'arrive à Aulian / Luz-Ardiden de bon matin (vers 8-9h).

Nuit 1 - minuit - Base vie de Villelongue

La descente continue donc vers Villelongue, première base vie, où on arrive finalement juste après minuit. La barrière horaire est à 00h30 à l'arrivée, on se demande pendant un moment s'il y a une barrière horaire plus large pour le départ, mais non. On a donc juste 25 mn pour s'y arrêter, donc pas le temps de dormir, ni même pour le massage. Récup du sac d'assistance sur une estrade au fond de la salle, change de chaussettes (chaussettes de compression mouillées à force de traverser des gués, virées pour chaussettes normales). Une assiette de pâtes nature, une soupe, je refais mes provisions d'abricots secs pour la route, avale un café, et change les piles de la lampe frontale (vieilles piles ce matin pour les 2h entre le départ et le lever du soleil). On ressort du CP juste à temps, en passant devant le bus d'évacuation, sans même le regarder (qqun me disait plus tard que ça l'avait fait hésiter à y monter). Beaucoup de gens a l'intérieur du CP ne repartiront pas, apparemment.

Samedi 28 Aout

00h30 - Villelongue - Turon de Bene 3h47 - Col de Contente

Puis on attaque la remontée vers Turon de Bene et le col de Contente, 1600m de dénivelé positif d'un coup, entre Villelongue à 500m au fond de sa vallee, et le col de Contente à 2131m. Peu de souvenirs de cette montée, l'impression que j'étais un peu toute seule, les autres allaient un poil plus vite.
A Turon de Bene, arrivée en pleine nuit (3h47 du mat au pointage), grande tente avec un feu devant, je rattrape quelques personnes devant le feu, on se réchauffe 2mn avant d'aller s'assoir dans la tente, sur des chaises et bancs disposés autour d'une table couverte de provisions. Un bénévole nous demande ce qu'on veut, je répond du tac-o-tac sans réfléchir (trop tard pour ça) "un café" et du coup je récupère le dernier. Puis j'ouvre le paquet de chewing-gums de Bernie et y découvre... 2 ipod shuffle chargés de musique ! et un petit mot très sympa ^^
Au CP assise sur un banc devant la bouffe je discute avec un croate, Vanja, qui est venu ici avec un copain (qui ne doit pas parler anglais, ou pas parler beaucoup, pasque j'ai pas du tout discuté avec lui) pour chopper des points pour faire l'UTMB l'an prochain. C'est par là qu'on apprend que l'UTMB (qui avait lieu le même week-end, donc en ce moment aussi) est justement annulé cette année à cause d'une coulée de boue sur le parcours / de mauvaises conditions météo...! :-o sur le coup je sais pas trop si c'est vrai ou juste une rumeur, mais ça sera confirmé par la suite.
Puis c'est reparti, un benevole nous avertit qu'il fait bien froid et nous conseille de bien nous couvrir, du coup je passe le kway, et go dans la montée au col de Contente (encore 600m de denivele) qui a vite fait de nous réchauffer (il ne fait pas si froid cette première nuit), avec le premier ipod shuffle qui me joue de la musique bizarre et variée.

Col de Contente - descente sur Cauterets

Au col, plein de brouillard, Phil fait un arrêt technique et je continue, dans le noir total, je dois sortir la torche à main pour y voir clair. je perds le reste du groupe partis en même temps que nous, le temps de lire un SMS de Bernie, et du coup stresse un peu, j'hésite entre attendre Phil ou poursuivre les autres devant pour ne pas rester seule en tous cas. Je finis par prendre mon courage à 2 mains et pars avec ma frontale complétée par ma torche à main, indispensable vu la visi... heureusement les bâtons ne sont pas indispensables donc je les réunis dans l'autre main. Il me faut un peu de temps mais je suis bien contente quand je rattrape les gars devant nous, moins contente quand je les entend discuter de la barrière horaire inatteignable de Cauterets (en bas de la descente).
Du coup je double tout le monde, me disant que Phil me rattrapera bien plus tard, et descend en courant comme je peux dans la mauvaise visi en doublant plein de monde. ça m'amuse d'ailleurs assez de guetter les balises dans le brouillard et de courir un peu, et surtout de dépasser du monde. Phil me rattrape effectivement peu de temps plus tard quand je crois que c'est bon, on est dans les temps. Mais il continue à pousser pour aller vite, il n'est pas si sûr qu'on soit bons.

Il s'agit de redescendre vers Cauterets dans le trou (là où j'avais initialement, dans mon plan super optimiste et irréaliste en 40 heures, prévu de dormir 2 ou 3 heures vers 2h du matin... ^^ et là on se bat pour ne pas dépasser la barrière horaire de 8h30...). La descente avec Phil nous prend du temps et on est vraiment juste sur les barrières. Le jour se lève, on coupe tous les lacets qu'on peut dans la descente, puis on arrive sur une piste forestière, on voit le village mais au lieu de descendre droit dessus on fait des détours pas possibles, on dirait qu'on n'y arrivera jamais, et le temps passe.

8h15 - village de Cauterets - CP à la mairie

Enfin on arrive au village de Cauterets dans sa partie haute, mais il est grand, et la mairie a l'air d'être dans la partie basse du village. En plus il reste si peu de temps (5-10 mn) qu'on pense arrêter là parce qu'on n'aura plus assez de temps pour repartir pour Aulian et y arriver avant la prochaine barrière (a quoi bon se taper la montée si c'est pour se faire éliminer en arrivant à Aulian). Je suis tellement énervée que j'ai envie de boxer / shooter la pauvre poubelle sur le trottoir. On court quand même pour arriver à la mairie à temps (histoire d'avoir fait une distance correcte, à savoir à peu près 100 km, et au moins un CP de plus que la distance du semi-raid avant d'être éliminés / d'arrêter, question d'honneur).
Sans s'arrêter de courir je demande à une passante où est cette (fucking) mairie, plus très loin, on y arrive en sprint (tout est relatif, on est au km 98.7 ^^ mais la colère / le stress donne des ailes), on monte l'escalier en courant, on demande en panique où est le pointage, le gars est surpris de nous voir encore arriver, dit qqch comme "vous voulez jouer ?", et nous bippe. On retrouve Sophie qui était en train de manger et mettre des bandages anti-ampoules.

C'est là que je dis à Phil "on repart". Pas moyen d'arrêter avant d'y être forcés. Il me dit que sans moi il serait pas reparti, mais ok :-). Du coup on a tout juste 5 mn pour se descendre un bol de pâtes et repartir. Mais on repart ! :-) et je me sens beaucoup mieux, au moins on a pas abandonné, si on rate la barrîère on se fera éliminer mais ce n'est pas pareil. Et en plus il y aura papa et Vic là-haut.

Cauterets - 8h30 - Col de Riou - Aulian

Donc au programme il faut remonter vers le col de Riou, puis redescendre vers le CP d'Aulian juste de l'autre côté du col, à la station de ski de Luz-Ardiden, avec barrière horaire à 12h30 (midi 30 samedi). A ce moment de la course j'imagine d'ailleurs qu'on va arriver trop tard à Aulian / Luz-Ardiden (le prochain CP avec barrière horaire dans 4h) et que papa et Vic vont me récupérer déprimée. D'ailleurs ils devaient me retrouver à Luz-Ardiden de bon matin et commencent à s'inquieter, je leur laisse un message leur disant que je dois y arriver finalement plutôt pour la barrière horaire de midi 30, et que je suis pas sûre de la faire... Mais on va tout faire pour y arriver à temps. SMS encourageants de Bernie qui nous dit que le temps de 4h est largement faisable d'après le temps mis par les coureurs précédents.

Début de la montée on est avec Sophie et Vanja. Je les rattrape quand ils font une pause, m'écroule dans l'herbe (Phil me prend en photo étalée en étoile avec mon kway), tourne une petite video, et on repart. Pause suivante je pense enfin à enlever ma frontale, et mon kway, il est dans les 10h du mat' je crois. Par contre j'ai tjs mon t-shirt thermique alors qu'il commence a faire de nouveau bien chaud.
Dans la montée finale vers le col de Riou, le chemin fait des lacets dans des pentes herbeuses, et on coupe par une multitude de sentes tracées par les troupeaux je suppose. Sophie et Vanja ont pris de l'avance, Phil et moi on croise Papa assis au bord du chemin qui ne me reconnait pas avec mon "bandana de pirate" sur la tête. Je le salue en demandant si ça va, il répond "moi oui mais j'ai ma fille qui doit arriver, et elle je sais pas si ça va" ou qqch comme ça. Au début je crois qu'il blague et on continue 10m, puis je demande à Phil s'il blaguait et me retourne vers papa qui ne blaguait pas :-) il appelle Vic qui guettait un peu plus loin sur le vrai sentier qu'on avait coupé. Ils repartent avec nous vers Aulian, on arrive vite au sommet puis il faut redescendre un petit sentier qui devient rapidement une large piste. Je trottine avec Vic, Phil est juste un peu devant, Papa derrière prend des photos.

11h34 - CP Aulian

Le CP est dans un grand bâtiment (p-e un resto de station de ski) où je vois un infirmier pour mes ampoules (qui commencent à me faire bien souffrir) dans un coin de la salle. On mange aussi bien pasque du coup il est 11h34 (barrière à 12h30, on est largement dans les délais en fait mais il vaut mieux pas traîner pour capitaliser un peu d'avance donc on essaye de se dépêcher). On est un petit groupe d'une dizaine de derniers ou presque derniers, et à la demande de Sophie on fait une photo des "finishers" ou futurs finishers, parce qu'au point où on en est maintenant on n'abandonnera plus. Et surtout les barrières horaires suivantes sont un peu moins sèches à partir de Luz St-Sauveur.
Après Aulian à la descente vers Luz on a enfin de l'avance sur les barrières horaires et pour la première fois je me dis que je vais finir cette course. Sentiment agréable, pas euphorique mais sympa quand même. Je me revois penser ça en passant une bosse avant d'attaquer la descente à la sortie d'Aulian. Phil et Sophie me sèment néanmoins dans la descente.
Je les rattrape pour une pause stretch avec Vanja et Sophie et Phil (était-ce vers Luz St-Sauveur ou était-ce avant Aulian ? Mémoire mélangée...)
Pas d'autres souvenirs de cette descente...

14h52 - Base vie de Luz Saint-Sauveur

Luz, gros CP -base-vie numero 2, j'y arrive a 14h52 avec Sophie, croise papa et Vic qui continuent avec nous, et on rattrape Phil qui avait pris de l'avance mais qui est sur le trottoir d'en face en train d'arriver tout juste en même temps que nous. Ce que je desire le plus à ce moment c'est un podologue mais la seule qui reste (les autres sont à l'arrivée pour le gros du pelonton des coureurs qui sont en train de finir maintenant) est occupée à momifier les pieds d'un ukrainien qui avait des ampoules absolument partout. Elle est toute fière de son oeuvre et répète à qui veut l'entendre qu'elle avait jamais vu ca.
Du coup je commence par un massage, pendant lequel je m'endors. Vic me sert des nouilles, de la soupe, du café fait par lui avec du sucre (c'est vachement meilleur bizarrement ^^), le massage dure que 5 mn et après je dois encore attendre pour la podologue. Du coup je me change, passe mon collant-compression Skins pour les "derniers 40 km", et essaye de siester 5mn mais trop de passage partout.

La podologue s'occupe enfin de mes pieds en 5 mn juste avant la barrière, pendant que je guette ma montre, Vic va même vérifier l'heure exacte auprès des bénévoles du contrôle. Je repars au dernier moment avec un 2e café sucré fait par Vic, avec Phil qui se faisait masser aussi. On avait 1h ou 1h30 d'avance en arrivant au CP, et on repart pile à la barrière horaire de 16h. On a utilisé toute notre avance mais tant pis, on est requinqués, et assez euphoriques, à lancer des blagues genre "il nous reste même pas un marathon !" :-)

16h - Luz - Tournaboup

On est en fin d'aprem et on remonte maintenant vers Tournaboup. Avec Phil on se sent bien après cette longue pause (une bonne heure à Luz) et on attaque la montée vers le château. On croyait d'abord qu'on montait le joli sommet qu'on voyait à droite et on regrettait de ne pas monter au château, mais on s'était trompés. On a pas mal de plat au début, mais Phil traîne. Pour une fois je n'ai pas de mal à suivre, même plutôt l'inverse. Un peu après Phil qui n'est en fait pas en forme me laisse partir devant, pas sûr d'arriver à temps à Tournaboup.

J'aime beaucoup cette section, je suis en forme et trottine / marche d'un bon pas, en alternance. Je croise quelques randonneurs sur le chemin, marche un moment avec une femme et son chien, qui marche vraiment vite mais comme je suis en forme ça va, on en profite pour discuter. Puis on atteint un groupe de randonneurs et je demande si on est loin de Tournaboup à une des femmes. Elle me demande si on va jusqu'au col du Tourmalet, et j'oublierai jamais sa tête complètement hallucinée quand je lui répond que non, on va à Vielle Aure. Elle en croyait pas ses oreilles et est restée là interdite, puis j'étais déjà repartie. Délire. Un peu plus loin on passe au-dessus de Barèges, je demande confirmation à un mec qui randonnait par là.
En super forme, j'avance super vite, croise Vic et papa à un endroit où le chemin passe dans Barèges (ils passaient en voiture et ont vu les balises du coup ils se sont arrêtés). On traverse Barèges ensemble, et je les laisse au niveau d'un pont où j'essaye de suivre les 2 croates (Vajna et ?) avec qui j'avais discuté à Turon de Bene. On est tous seuls, pas d'autres coureurs en vue, on marche à un bon rythme, ils prennent 200m d'avance et je suis à distance à peu près constante.
Vic et papa sont pas sûrs d'être à Tournaboup, ensuite ils prennent la route pour rentrer, ils commencent à fatiguer...

Je suis à peu près les 2 croates, à 200m de distance. En arrivant enfin sur la route (le CP de Tournaboup est un parking) je croise 2 femmes / supporters qui me disent "c'est toi Carole ? ils t'attendent sur le bord en mangeant des pizzas et des gaufres. Enfin des gaufres c'est pas sûr mais des pizzas oui. Tu pourras les engueuler". Je crois d'abord qu'il s'agit d'autres coureurs, sans comprendre trop vu que Phil est derrière, puis comprend qu'il s'agit de papa et Vic. Le temps d'arriver à eux ils ont fini les pizzas, dommage ^^ mais je suis super contente de les voir !

19h07 - CP de Tournaboup

Ravitos de Tournaboup sous une tente au bord de la route, atteint super vite à 19h07 soit en 3h07 (SMS de félicitations de Bernie qui ne m'attendait pas là si tôt). J'essaye de me dépêcher un peu pour ne pas reprendre du retard sur les barrières horaires. Photo cool avec Vic prise par un autre coureur (quand il me rattrape plus tard dans le noir il me dit pour se présenter que c'est lui qui nous a pris en photo à Tournaboup), rechargeage de lu pti dej (Vic me pre-ouvre même les sachets :-) ).
Comme je ne veux pas perdre mon avance sur les barrieres (1h30 d'avance à ce moment) je m'apprête à me dépêcher de repartir, toute seule dans la montée. Phil arrive juste à ce moment là, il va faire une sieste sur place avant de monter. Très bonne idée de sa part, et erreur fatale de la mienne, mais je me sentais trop en forme et je voulais en profiter. Et puis j'avais pas mon camping-car sur le parking pour y siester... Quand je sors de la tente, les 2 croates arrivés juste avant moi sont assis sur des chaises près de la sortie et Vanja me dit qu'ils sont sur le point de repartir aussi.

Tournaboup - Cabane d'Aygues Cluses

Au début c'est cool, ça monte pas trop et il y a quelques semi-raideurs qui nous rejoignent ici (eux viennent directement du Pic du Midi via le Tourmalet, en évitant le détour par le Lac Bleu, Cauterets, Luz et compagnie). Du coup ça nous fait un peu de compagnie, je discute 2 mn avec 2 groupes successifs mais ils vont trop vite pour moi. Puis Vajna et son pote me rattrapent enfin, j'essaye de m'accrocher mais n'y arrive pas, problème de brûlures (peau + vêtements + transpiration = frottements) qui me force à plusieurs pauses au plus mauvais moment, parce que du coup je me retrouve toute seule avec peu d'espoir qu'il y ait encore beaucoup de monde derrière, et il commence à faire nuit.

Puis Sophie arrive avec un gars (Jacques?) et me passe devant mais me surveille de haut quand même pour pas que je sois toute seule, et m'encourage. Puis Stéphane (dossard 1041, du "grand raid", ie le semi) et Ronald (de l'ultra, qui n'a pas de bâtons et en a emprunté un à Stéphane) me rattrapent et je reste avec eux, Sophie et Jacques tracent. Je commence à être sérieusement épuisée, heureusement on ne tarde pas à atteindre la cabane d'Aygues Cluses (21h? 22h? 23h? je ne regarde plus ma montre à ce moment...). Je ne pense qu'a une seule chose : dormir. Du coup à peine arrivée au CP, je pose mon sac et m'écroule par terre pour dormir. Les bénévoles me pressent de me rapprocher du feu, puis m'enroulent dans une couverture de survie. Avant de sombrer, je demande aux 2 gars combien de temps ils veulent rester là (Sophie est déjà repartie) pour ne pas me retrouver toute seule. Aucun des 2 n'a l'intention de se poser en fait, mais la super équipe de bénévoles (celle dont je garde le meilleur souvenir) les pousse à rester, les invite à boire un coup autour du feu, leur dit qu'ils ont largement le temps, la prochaine barrière étant à 3h au resto Merlans, qui est une randonnee de 4h30 d'ici. Du coup ils restent un peu, et je sombre dans un demi-sommeil. Mes muscles se tétanisent, puis je tremble de froid malgré la couverture, et puis il faudra bien repartir un jour, donc je m'assied. Pascal (le "chef" de l'équipe de benevoles, dans son k-way Quechua orange, ou vert, je sais plus maintenant) me file tout ce qu'il peut trouver à manger (c'est juste un point d'eau ici en fait), des cacahuètes, des babybels, je touche pas aux chips mais leur fait plaisir avec mon enthousiasme à manger les babibels :-) Pascal veut aussi remplir ma poche à eau mais elle est déjà trop pleine, on dirait que j'ai pas bu ou pas beaucoup depuis Tournaboup... c'est maaaal

22h? - Cabane d'Aygues Cluses - Col de Barèges

Et allez, il faut repartir, requinqués et confiants de n'avoir qu'une "randonnée de 4h30" devant nous.
En y repensant après coup, heureusement qu'il y avait un peu à manger à la cabane d'Aygues Cluses qui était supposée être un point d'eau seulement, parce que sinon il y avait quand même 8h entre le ravitos de Tournaboup et celui de Merlans.

Il faut ensuite continuer à monter vers le col de Barèges, ça nous réchauffe (la 2e nuit est beaucoup plus froide que la 1e, je ne sais pas si c'etait objectif ou dû à la fatigue...). Juste de l'autre côté du col (à l'abri du vent) 2 gendarmes nous pointent, ça ne marche pas pour le suivi, mais j'envoie un sms à Bernie, il est 23h30. Les gendarmes nous conseillent de nous dép^zcher de descendre de l'autre côté du col pour échapper au vent glacial qui souffle au sommet.

Dimanche 29 Aout

Minuit - 2e nuit - Descente du Col de Barèges - Lac de l'Oule

C'est là que les choses commencent à sérieusement se compliquer. Sur conseil des bénévoles au départ d'Aygues Cluses, Stéphane ouvre la marche et Ronald me suit, je suis donc bien encadrée. Mais je commence à m'endormir debout, en continuant à avancer. Les images de mon rêve se superposent au vrai chemin, qui n'en est d'ailleurs pas un : on avance dans les cailloux au bord du lac de l'Oule qui n'en finit pas. En fait il semblerait qu'on ait remonté plusieurs lacs à la suite (les Laquets de Coste Queillere) avant d'atteindre et remonter le lac de l'Oule lui-même. On traverse de nombreux ruisseaux, Stéphane me conseille de m'arroser à l'eau froide pour essayer de me réveiller. J'enlève aussi mon buff et ouvre mon k-way, le tout pour essayer que le froid me réveille. Moyennement efficace...

Régulièrement je dois cligner 3 fois des yeux pour que l'image réelle prenne le dessus sur le rêve. Plusieurs fois je trébuche et tombe, et à peine allongée sur le sol à l'issue de la chute, je m'y endors...! Ronald qui me suit doit me demander si ça va et me dire qu'il faut continuer pour que je reprenne mes esprits. Stéphane est souvent assez loin devant puis nous attend. Je plane complètement. Quand Stéphane me parle, je me demande après si je lui ai bien répondu ce que je crois avoir répondu, ou si je l'ai juste pensé mais pas encore dit, et même s'il m'a vraiment dit ce que je crois qu'il m'a dit... Je finis par me demander si je ne suis pas dans un rêve, et me dit que dans ce cas je n'ai qu'à decider qu'on est arrivés à Merlans pour que ça soit vrai. Manque de bol ça ne marche pas... si je veux arriver à Merlans, une seule chose à faire, continuer à marcher. Je demande plusieurs fois à Stéphane quand va enfin commencer la remontée vers Merlans, mais il n'en sait pas plus que moi.

2h du mat' - Lac de l'Oule - Restaurant Merlans

A un moment on croise Sophie (une autre Sophie, dossard 666) qui s'est apparemment perdue et a fait demi-tour sans s'en rendre compte. Elle repart dans le bon sens avec nous, Stéphane lui propose de rester avec nous mais elle décline et reprend rapidement de l'avance. Plus tard un groupe (2 ou 3 personnes ?) nous rattrape et nous double. Ils disent se dépêcher pour espérer faire encore la barrière horaire de Merlans. On décide de leur emboîter le pas, avec encore un peu d'espoir que l'organisation nous laissera continuer si on est pas trop en retard. Mais à ce moment on perd Ronald, il ne nous suit plus. On l'appelle, pas de réponse. Je m'inquiète, et m'agace : juste quand on espérait avoir une dernière chance d'atteindre le CP a temps...! Mais bon, on peut pas l'abandonner là. Du coup je m'assied sur le chemin et Stéphane part en sens inverse pour le chercher. J'écris un SMS désespéré a 2h17 du mat', annoncant que je ne vais sans doute pas atteindre la dernière barrière horaire à temps, puis je m'endors sur place dans les cailloux, comptant sur le retour de Stéphane et Ronald pour me réveiller. Je me réveille avant, et commence à manger des Lu ptidej (un peu en miettes à cause de mes nombreuses chutes), que je partage avec eux quand ils reviennent.

Stéphane ne tarde pas à revenir avec Ronald qui s'était "perdu" et qui commence à galérer sérieusement, les cuisses épuisées (il n'avait pas de bâtons et a dû en emprunter un à Stéphane). Cette pause m'aura été salutaire finalement. Après ça je ne m'endors plus en marchant au moins. Peu après on croise un bénévole debout au bord du chemin avec un talkie-walkie, chemin qui commence sa remontée vers Merlans. On discute un instant avec lui, il nous dit qu'il reste une demi-heure vers le CP, et que si on se dépêche ils nous laisseront repartir. Il nous demande aussi de récupérer avec nous un gars qui est juste devant nous et de rester ensemble. Cooooool !! Sauvés. On repart donc pour cette dernière demi-heure, on rattrape le gars en question qui est tellement enroué qu'il peut à peine parler (ou peut-être que sa voix est tout le temps comme ça).

Et enfin on arrive dans le resto Merlans. Jamais je n'avais été aussi contente d'entendre le son de canard du bippeur quand le bénévole nous pointe à l'arrivée. Je commence par m'allonger de tout mon long sur le carrelage pour une sieste, mais peu de temps après je réalise que j'ai intérêt à mettre la pause (qui s'annonce courte) à profit pour me requinquer, et je me lève à la recherche de nourriture et de café. Puis me recouche :-) Quand l'heure de repartir vient, j'enfile mes gants, buff, k-way, tout ce que j'ai, il fait vraiment très froid.

3h? Départ restaurant Merlans - Col de Portet

L'organisation arrête Ronald, jugé pas apte à repartir. Je suis soulagée qu'ils ne m'arrêtent pas moi. Je demande à Stéphane ce qu'il en pense, un peu gênée à l'idée de le retarder encore si je me traîne sur la dernière etape comme sur la précédente. Il me dit qu'il n'est pas sûr que je sois en état mais qu'au moins j'ai mangé, j'ai recupéré des forces au CP, contrairement à Ronald. Bref, ça devrait aller, je me sens beaucoup mieux aussi. On a aussi récupéré Sophie 666 qui était devant mais qui a fait une sieste, Sophie Balteau, et Phil bien requinqué par sa sieste à Tournaboup (en fait il nous a doublés quelque part avant le refuge mais je ne m'en rappelle même pas...). On repart donc à 8, l'organisation nous demandant de rester ensemble le plus possible, et de ne laisser personne tout seul. Ils nous annoncent aussi qu'à cause du brouillard on ne prend pas le chemin initialement prevu (impossible de voir le balisage) mais la route, ce qui fait un détour de quelques kilomètres. Et du coup la barrière horaire est étendue d'une heure. Mais comme on avait une demi-heure de retard à Merlans, on en a déjà absorbé la plupart.

Ca commence par monter jusqu'au Col de Portet, pour se réchauffer un peu. Il fait vraiment froid, avec beaucoup de brouillard. Dans la montée j'accroche Phil et Sophie et monte bien, on prend même une bonne avance sur les 4 derniers. En haut, en attendant la 2e moitié du groupe, Sophie 666 qui est journalilste de France 3 tourne un petit reportage video pendant que je l'éclaire avec sa frontale d'une main, et que je filme avec mon appareil photo de l'autre main. C'est là que je réalise que non, c'est pas encore gagné, ils peuvent encore nous arrêter si on n'arrive pas avant la fermeture de la course, et il nous reste 4h pour faire 16 bornes.

4h du mat' - Col de Portet - Longue descente vers Vielle Aure !

Donc comme les autres n'arrivent toujours pas on repart dans la descente sur la route, avec des balises juste étalées par terre en plein milieu. On trottine / marche en alternance, je commence à avoir très (très) mal aux pieds. Je discute avec Patrice pendant que Phil est juste devant avec Sophie, ils ne tardent pas à partir en courant, un peu euphoriques par la proximité de l'arrivée (10-15 bornes). On les perd et après ça on ralentit de plus en plus, jusqu'à être rattrapés par le serre-file, Thierry. Il surveille 2 gars qui s'endorment en courant, et qu'il essaye d'empêcher de dévier trop vers le bas-côté à gauche ou le ravin à droite. Il essaye de nous garder tous les 4 ensemble, mais on ralentit de plus en plus. Un des gars finit par partir tout seul devant, on reste à 3 avec le serre-file. A un moment on demande 5 mn pour dormir, le petit jour point déjà pourtant. Thierry nous montre la maison devant nous avec un petit muret pour nous poser, et nous donne 3 mn. On s'endort aussitôt, commence à ronfler :-) puis c'est reparti. A un moment on descend de la route vers un chemin large qui coupe un des lacets, la petite marche de 2cm pour descendre sur le chemin, que je prend en crabe (mal partout) suffit à me faire trébucher, je tombe à plat ventre, dans une flaque d'eau :-)

On demande à Thierry de demander à l'organisation qui nous suit par GPS quelle distance il nous reste, il commence par dire qu'il vaut mieux pas s'en soucier, puis demande et nous répond 8 km. Un peu plus tard il nous dit que l'organisation nous a mesurés à 1km/h, et que si on ne se bouge pas ils vont nous envoyer chercher en voiture. A 8 km de l'arrivée ?! Même pas en rêve ! On repart boostés mais limités quand même par notre état de forme. En plus ça n'en finit pas, les panneaux indicateurs nous rappellent la distance restante, qui ne diminue pas assez vite. Mais on court, Thierry nous pousse, nous dit qu'il faut courir jusqu'au bout maintenant, et marche à grand pas à côté de nous en disant "c'est pas courir, ça, si je peux suivre en marchant". Frustrée, vexée, enervée, j'accélère, mais les kilomètres ne passent pas. Thierry me propose de prendre mes bâtons, dont je me servais pour amortir la descente, je lui dis que j'en ai besoin mais il répond qu'ils ne font que me ralentir.

Je finis par les lui laisser, à l'orée d'une descente dans la forêt, et je commence à vraiment courir, tant pis pour la douleur. En plus la descente est fun, sentier de terre avec quelques cailloux, le genre que j'adorerais dévaler en etant en forme. Mais là ça fait juste mal. A un croisement avec la route je passe 2 personnes que je prend d'abord pour des randonneurs mais qui doivent être d'autres coureurs qu'on a rattrapés. Je les dépasse et reprend le chemin sous les arbres, envie de pleurer. On voit un village au loin. Loin. Et évidemment le regain d'énergie ne pouvait pas durer éternellement. Je n'ai quasiment rien mangé depuis Merlans, persuadée qu'on arriverait "bientôt" maintenant ; avalé mes derniers abricots sur la route, poussée à manger par Thierry, et dans l'espoir que ça me réveillerait un peu. Donc ça retombe, je ralentis, recommence à jogger lentement, et me fais rattraper par tout le monde. Thierry voit dans quel etat je suis et me dit de ne pas craquer.

8h02 - Vielle Aure...

On arrive à un croisement sur la route, où on apprend qu'il reste 1.5 km, alors que je nous croyait à l'entrée du village, je craque, j'arrête de courir 1 seconde, mais repars. En colère. On entre dans un village mais ce n'est pas Vielle-Aure, il faut le traverser avant d'arriver au village suivant qui est le bon. Une fois dans Vielle-Aure, c'est complètement mort, tout le monde dort. Et enfin voila la ligne d'arrivée. On la passe main dans la main avec Patrice, Thierry est tout seul en retrait derrière nous à applaudir sur les dernières dizaines de mètres. J'ai le temps de le remercier pour ses encouragements et nous avoir poussés tout ce temps. Il est 8h02, on a atteint l'arrivée pile à temps, et c'est bien grâce à lui sur la fin. D'autres coureurs qui viennent d'arriver nous félicitent. Les organisateurs aussi, on nous remet le t-shirt de finisher, on nous prend en photo. On commence à me parler en anglais (c'est ça d'avoir une adresse en Australie ^^) et en français en même temps selon les personnes. Je suis complètement dépassée.

Puis une fille (américaine) qui me parle en anglais m'emmène dans la tente repos-bouffe ou je m'assied 2mn, puis repars en sens inverse retrouver Patrice qui arrivait en fait juste à ce moment. Un pote à lui qui a fini la veille nous apporte à manger (nourriture type ravitos sur les tables). Je demande s'il y a la moindre "vraie" nourriture, quelque chose qu'on n'a pas mangé ces 2 derniers jours, mais non. Puis retour à la tente en voiture pour une bonne douche, pas assez chaude à mon gout. A la sortie je passe 10 mn à trembler sans pouvoir m'arrêter. Je retrouve Patrice à ma tente, on s'assied pour discuter, impossible de se motiver à bouger, il est 10h et la cérémonie - remise des prix - présentations est à 10h30. On finit par bouger, on va chacun démonter sa tente, je vais payer le camping et mentionne en rigolant que finalement j'y aurai dormi une seule nuit (et même celle-là était courte, avec un départ à 5h), et la femme décide de me faire cadeau du séjour :-) retour au parking avec mon sac, Patrice m'emmène a Vielle-Aure en voiture.

10h30 - cérémonie de remise des prix

Cérémonie de présentations, il y a foule autour du podium, impossible pour moi de rester debout, je m'assied sur le bitume au milieu de la place, et m'endors... :-) Après ça c'est l'heure du buffet de fin de course, verrines de taboulé, de moules, de riz au lait, de salade de fruits, de fromage blanc aux myrtilles. Il y avait des pizzas aussi, pendant 2 mn 30, on les a ratées ^^ je ne tarde pas à m'étaler dans un coin de la salle et à m'endormir. Plus tard quand je me réveille presque tout le monde est parti. Je discute avec Phil de nouveau, qui me dit que je ne devrais pas partir en train + car, et va demander aux bénévoles si personne ne retourne sur Toulouse. Et revient avec un coureur et sa femme qui repartent justement sur Toulouse en fin d'aprem avec leur camping-car et peuvent me deposer. Du coup je sieste sur un lit de camp, tout le monde se casse. Des bénévoles me filent des restes de bouffe, jambon, compotes, et 2 seaux de poudre à boisson énergétique. Ca va me faire des bagages tout ca...!

Retour en camping-car, donc, je m'endors sur une couchette à l'arrière au-dessus de leur fils qui joue à la console, et me réveille à Toulouse, ils me déposent au pied de l'immeuble de Vic, qui m'attendait au Grand Rond et vient m'aider à porter tous mes bagages. Dîner avec Clem et James chez maman, je m'endors en jouant au tarot.

Lundi 30 Août et au-delà

Les 2 jours suivants en guise de recup, j'aide Vic avec ses formalités administratives, et passe mes journées à marcher (difficilement, avec beaucoup de pauses...). Mercredi premier jour de vrai repos, assise sur le canapé à bouquiner toute la journee pendant que Vic bizute les nouveaux prépas :-) après ça, ça va deja beaucoup mieux. En fait pas de problèmes musculaires, mais les pieds sérieusement enflés, et de belles ampoules. Soignés à coup de bains de pieds à l'eau glacée.

Conclusion : pas d'euphorie, bizarrement. Terminé dans la douleur, avec plutôt un sentiment de frustration de pas pouvoir aller plus vite. Arrivée dernière ex-aequo, après avoir lutté contre les barrières horaires presque tout du long (mais le stress d'être éliminés nous a empêchés de considérer sérieusement l'abandon, à part à Cauterets). Et prête à recommencer l'an prochain, mais en allant plus vite cette fois. Pas question de me battre avec les barrières horaires. Et vive l'équipe de soutien, ça aide carrément point de vue moral au moins.

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