lundi 22 juin 2015

Trail des Aravis 2015 - 67km

Samedi 20 juin 2015

*** PRE COURSE ***
On est partis la veille en début d'aprem dans le super camion de Stef, direction Thônes pour le retrait des dossards. Super picnic barbecue au bord du ruisseau derrière la salle des fêtes avant d'essayer de dormir tôt, mais il fait encore jour bien tard. Résultat, c'est après à peine 4 ou 5h de sommeil que le réveil sonne à 2h51... Ptidej à base de la super miche de pain du copain boulanger de Stef, un pti shoot de caféine, et on se dirige vers la salle des fêtes pour se mettre au chaud, parce que là il pèle un peu !

Contrôle du matos à l'entrée, le bénévole doit pas être plus réveillé que moi :
  - vous avez la couverture de survie ?
  - oui là
  - c'est quoi ça ?
  - bah une couverture de survie...
  - ah oui. Et vous avez le haut ?
  - oui dedans
  - ok, et l'eau ?
  - ici
  - ok, et le haut imperméable ?
  - bah oui, là 
bref, après avoir montré 2 fois chaque truc, je peux rentrer m'assoir dans le "sas de départ", où se pressent déjà une centaine de coureurs (et pas beaucoup de coureuses, 9 sur la liste quand j'ai regardé hier). 
Profil du 67km

On a droit au briefing pré-course, avec accent mis sur la sécurité en haut de la Tournette. Il y a un névé à traverser, mais il est plat, ça devrait aller. Par contre redescente sur une arête avec du vide des 2 côtés, et passage avec cordes fixes, obligation absolue de tenir la corde main gauche, bâtons main droite, et interdiction de courir "pour votre sécurité et celle de la course", en ajoutant que "s'il y a une chute, elle est fatale". On comprendra plus tard. Puis on sort se mettre en place, je suis bien contente d'avoir mes manchettes chaudes coupe vent parce qu'il fait pas chaud. Buff sur les oreilles, et une frontale basique mais légère. 3,2,1 c'est parti, sans chichis. 



*** DEPART ***
On part tranquilles avec Stef, ça commence par du plat sur la route, on repasse devant le camion, puis ça alterne singles en sous bois et route, on doit couper certains lacets, ma frontale est pas top mais ça ne sera pas long. J'essaye d'avancer bien quand même, je trottine sur la route en alternant avec marche rapide, succession de relances, je double même parfois, et quand je débouche sur la route au 3e km un signaleur m'annonce 2e femme. Ah bon ? enfin je me dis que dans le noir il a très bien pu en rater plusieurs. Stef juste derrière moi commente style "tu vois que tu vas faire un podium", mais on a fait 3km, et les filles partent prudemment, donc ne pas s'emballer.

Au bout de quelques kilomètres de relance comme ça, on arrive dans la montée de la Tournette, et le jour se lève petit à petit. D'abord une grande piste où je suis toute seule, j'entends Stef arriver pas loin derrière donc j'attends un peu, il discute avec des Metzins qui redoutent la descente, mais finissent par prendre le large dans la montée. Puis quand ça devient un peu plus raide c'est Stef qui s'éloigne un peu, d'autant que je ne peux pas m'empêcher de faire des photos, le soleil se lève derrière une impressionnante ribambelle de sommets pointus que je ne saurais pas nommer, la lumière est magnifique. 




Plus haut on grimpe dans un pierrier style Chamechaude, puis ça devient plus chaotique, gros blocs, névés à remonter (il est loin d'être plat celui-là, merci les bâtons !), parfois dur de repérer le bon chemin, maintenant que Stef est loin au-dessus. D'ailleurs un moment je me plante, grimpe un moment entre un bloc et un névé, puis demi-tour à travers le névé, je m'enfonce jusqu'à la cuisse, ressors difficilement avec de la neige plein ma chaussure et la jambe congelée. Bon, concentrons nous sur l'itinéraire. Je vois la file clairsemée de coureurs qui semblent zigzaguer à flanc de falaise au-dessus de moi. Un gars me suit de loin en loin, attendant à moitié son pote derrière, puis je les sème. Pourtant je monte tout à fait tranquillement, décidée à ne pas m'épuiser sur le premier sommet qui fait quand même 1900m de D+ d'un coup ! et de toutes façons personne ne me double donc je ne dois pas être si lente.


Avec la beauté du paysage et les pauses photos, le dénivelé passe à grands pas de 100, 150 ou 200m d'un coup. Un autre trailer commentait derrière moi que c'était pas du trail mais de la rando-course. Ah... Je connais beaucoup de trails qui sont de la rando-course alors. Je repense à la traditionnelle question de "pourquoi vous faites ça ?", ou aux classiques commentaires de "vous êtes fous !" et je me dis que moi je sais pourquoi je suis là et je suis bien contente d'y être, et que ce sont plutôt les autres qui sont fous et ne savent pas ce qu'ils ratent.

*** SOMMET DE LA TOURNETTE ***

Arrivée en haut par un dernier raidillon, je suis accueillie par Stef qui y faisait des photos, et par la vue à couper le souffle : de l'autre côté il y a le lac d'Annecy ! Géant !! 





Plusieurs personnes arrivent derrière nous (dont quelques filles) et repartent aussi sec sans même avoir l'air de voir la vue... :-o nous on reste encore quelques minutes à profiter et faire des photos, je demande aussi au signaleur de ranger ma frontale à l'arrière de mon sac, je sors les lunettes de soleil à la place, resserre les lacets, puis c'est reparti pour la descente !

Et quelle descente ! D'entrée c'est très raide, Stef ne tarde pas à me laisser passer devant et je l'ai vite perdu de vue. D'autant qu'on est dans l'ombre, le vent souffle, l'herbe en haut était givrée, il doit faire moins quelques degrés, je sens déjà plus trop mes doigts, j'ai remonté mes manchettes et j'essaye de me réchauffer en courant et aussi de revenir au plus vite au soleil. Un peu plus loin c'est la fameuse arête, impec, j'adore ce genre de parcours ! Mais je comprends aussi les recommandations au briefing : on surplombe un vide impressionnant, là c'est sûr, celui qui tombe ici, il est fini, mort et re-mort. Plusieurs bénévoles sécurisent le tout, tendent bien les cordes fixes, c'est là que je rattrape déjà 2 filles pas à l'aise du tout qui me laissent passer. Puis je double encore et encore, même si plus bas ça devient très gras gadouilleux détrempé, j'aime (beaucoup) moins, mais j'ai de l'entraînement maintenant... on descend en lacets dans la pente herbeuse en essayant de pas trop glisser, traversées de torrents pour rincer les chaussures. Il y a des traversées, descente et remontée, et des passages un peu techniques, j'y rattrape et double un couple dont le gars a fait un grand écart malencontreux. Puis en bas de la montagne, on arrive dans la forêt et je rattrape une autre fille qui m'avait doublée en haut, elle est alsacienne, on discute un peu en descendant vers le ravito. Je fais quelques glissades dans la gadoue toujours aussi présente, mais me rattrape bien avec les bâtons. J'ai un peu l'impression d'être sur une patinoire inclinée, en tongues... Puis un moment j'arrive pour doubler un gars sur la piste, et là je trébuche sur je sais pas quoi, je fais un vol plané, j'atterris à plat ventre à côté de lui il a dû être surpris. Mais bon, pas de mal, genoux un peu râpés et boueux mais tout bon, aussitôt repartie.

*** RAVITO 1 ***
En bas un signaleur nous annonce 3e et 4e femme, puis on arrive sur la route, quelques lacets en descente, je discute avec un gars avant de le déposer, et on arrive au ravito du col des Marais, au même endroit qu'il y a 2 ans sur le 40km (mais on allait dans l'autre sens). Pour commencer, 2 gobelets de sirop de citron bien frais. Je refais aussi le plein de la poche à eau. Puis il y a des supers fruits secs, kiwis, mangue, et trucs que je reconnais pas, j'en prends en poche pour la suite. Il y a du pain et du saucisson mais pas de fromage, dommage, bon, on verra plus loin pour le salé. Je vois un gâteau d'apparence étrange, un bénévole me voyant le regarder avec curiosité me dit "goûte, c'est très bon", je lui demande ce que c'est, sa seule réponse est "c'est très bon". Et effectivement, ça cale ! un genre de gâteau amandes frangipane noix, qui tient bien au corps ! On entend un bénévole parler de "première féminine", "44km", "arrivée", 2 gars comprennent que la première féminine de notre course est arrivée au km44, mais je les rassure, c'est plutôt la 1e féminine du trail de 44km qui est arrivée quelque part. Ou alors on est vraiment très lents (ravito du 22e km en 4h et quelques, elle nous aurait mis 22 bornes). Puis je vois justement la coureuse alsacienne repartir et je la suis, en lançant l'ipod pour me motiver. 

*** MONTAGNE DE SULLENS ***
On monte en marchant vite sur la route. Son copain arrive en courant pour la rattraper, je commente "quelle motivation" quand il me double. Puis ils marchent dans ce faux plat sur route et je les remonte en trottinant de temps en temps ou juste en marchant plus vite qu'eux, les double, et finit par les semer petit à petit. 

Le début de la remontée est cool, par contre j'ai pas du tout bossé le profil, je sais pas trop où on en est... ça me semble un peu bas pour être déjà le sommet de la 2e bosse, mais on a déjà bien redescendu, alors où est-on ? Je discute avec un alsacien (encore !) jusqu'à ce qu'un bénévole l'intercepte à une intersection "c'est toi Bertrand ? tu viens d'Alsace ?", il s'arrête tout surpris et je continue seule pendant qu'il discute. Je relance dès que c'est plus plat. Plus loin je discute avec un jeune étudiant d'Annecy. Puis un signaleur m'annonce 3e femme, et le coureur derrière moi demande "et moi, 3e homme?" et je lui réponds "ou 4e femme" :-) 

Plus loin on arrive à une bifurcation et des coureurs arrivent de l'autre côté, je demande à la signaleuse si c'est le 44km, mais en fait c'est le 25km. On rattrape et double quelques filles de la fin du peloton, puis on se fait doubler un peu plus loin par 2 avions, les 2 premiers du 44km. Ils grimpent comme des flèches. Moi par contre ça va moyen, je sens venir l'hypoglycémie et mange un peu de gel et quelques fruits séchés, et je pense toujours à bien boire, même s'il est loin de faire chaud. Alors qu'on monte raide dans l'herbe, ne sachant pas trop où on est ni où on va, je regarde le panneau de rando, qui indique la "montagne de sullens" à 1h50, le nom me dit quelque chose, ça doit sûrement être notre objectif. 1h50 pour des randonneurs, ça veut dire une petite heure pour moi, peut-être même pas. Mais ça monte droit dans l'herbe, on dirait les marches taillées à la pioche de 2012. D'ailleurs en débouchant en haut je crois reconnaître cette crête qui m'avait coupé le souffle (au propre comme au figuré d'ailleurs). Il faut encore monter le long de la crête, un peu moins raide, jusqu'à des signaleurs en haut de la descente. Ils me l'indiquent grasse, je leur répond que ça ne peut pas être pire que la Tournette en repartant, et manque me casser la gueule en dérapant dans l'herbe mouillée, histoire de m'apprendre à vouloir me la jouer en descente :-p Mais je rattrape très vite 2 filles pas du tout rassurées qui me laissent passer "y en a une qui n'a pas peur", ici aussi il y a des cordes pour se tenir donc je dois ralentir, puis dès que je peux j'attaque à fond, c'est pas du tout gras en fait ! sentier en balcon un peu rocailleux, un bonheur à dévaler ! :-) du coup j'ai vite fait de semer tout le monde. Je ne sais plus très bien ma position, mais j'ai doublé tellement de filles que je me vois déjà première. Mais bon, plusieurs randonneurs m'annoncent que je suis la 3e femme qu'ils croisent, puis un signaleur confirme. Bon, retour à la réalité... mais c'est déjà pas si mal :-)

*** RAVITO 2 ***
En bas de la redescente, on arrive à un ravito où les bénévoles nous annoncent km34, mes voisins disent qu'ils n'ont que 31.5, et ma montre indique 32.5km, c'est toujours ça de gagné ! :-) la bénévole se moque d'eux en leur disant qu'ils ont dû couper. Puis on m'annonce que je suis 3e féminine et que la 2e n'est pas loin. "vraiment?  - oui, elle partait quand vous arriviez" Je prends le temps de refaire le plein en eau, en fruits secs, de descendre 2 gobelets de sirop de citron, et de manger un peu : il y a du bon pain et ce coup-ci il y a aussi du fromage, j'en mange une tartine et emporte la 2e pour la route. Je repars en demandant quand même où est le prochain ravito : "17km". Ils commentent aussi qu'ils espèrent que le temps va tenir, en effet c'est très nuageux.

Puis j'attaque sur la piste à la poursuite de la 2e femme :-) une motivation supplémentaire bienvenue, car cette montée est dure...! Au début on monte sur la piste et j'avance bien mais on a vite fait d'attaquer du plus raide. En plus le ciel devient carrément menaçant, j'ai pas vraiment envie de me prendre un orage tout là-haut... Il fait aussi plus frais, je n'arrête pas de monter et descendre mon buff sur les oreilles, remonter et redescendre les manchettes, bien contente de les avoir. Je me rend compte alors que même si on court déjà depuis presque 8h il n'est même pas encore midi (c'est cool de partir tôt !), et on devrait avoir encore un peu de temps avant les orages de l'après-midi.

*** MONT CHARVIN ***
On grimpe maintenant vers le Mont Charvin, droit dans la pente herbeuse, j'ai l'impression d'être au ralenti mais je m'accroche. On est de retour en montagne, hors de la forêt, c'est plus mon territoire. On croise pas mal de randonneurs, dont certains m'annoncent 3e femme, des signaleurs commentent encore que la 2e n'est pas loin. Je finis par demander ce que ça veut dire "pas loin" "3-4 minutes, pas plus" m'annonce une jeune signaleuse en short (je me demande si elle n'a pas froid immobile comme ça). Oh, c'est faisable alors ! Heureusement que j'avais cette motivation pour ne pas m'écrouler dans cette montée qui n'en finit pas. Je ne sais même pas jusqu'à quelle altitude on monte. Je finis par tomber sur des bénévoles près d'un petit lac, qui me disent encore que la 2e n'est pas loin, décidément, ils se sont donnés le mot ! je leur répond que je n'arrive pas à la voir, mais je repars à sa poursuite. Et d'un coup me voilà au sommet, tu parles, sur une crête, avec encore 2 signaleurs qui me montrent la suite du parcours, une traversée, une petite remontée en face, "dernière difficulté", et puis la grande descente.

Je repars, pas fâchée d'être en haut, et espérant bien rattraper la 2e fille à la faveur de la descente. La traversée est dure mais ça sent la fin et je m'accroche, puis on attaque enfin une descente en lacets techniques, on me dit qu'elle est sans doute dans le groupe de 5 un peu plus bas mais je ne vois personne, c'est qu'il faut se concentrer sur ses pieds ou risquer de faire une sortie de route assez dangereuse... Et puis enfin je la vois devant moi juste un peu plus bas, elle m'entend arriver derrière elle et s'écarte aussitôt pour me laisser passer, on échange quelques mots d'encouragement, et je m'éloigne vite pour essayer de creuser l'écart. Du coup, même quand ça remonte un peu, j'insiste en trottinant, et bientôt on arrive sur une large piste à pente parfaite, et là je m'éclate. Je vole, ça défile tout seul, ma montre indique 13km/h sans effort. Quand je croise du monde cette fois ils m'annoncent 2e, et c'est moi qui leur répond que la 3e est juste derrière. Je double à gogo et ça m'encourage encore plus à envoyer. Je passe 2 gars qui m'attendent même quelques secondes pour refermer un passage de barrière derrière nous, j'ai ralenti en croyant qu'ils se croyaient perdus, puis repars et les sème vite. En plus la piste est assez longue, on descend un paquet de kilomètres comme ça. J'ai le temps de faire une pause technique, personne ne me rattrape, j'ai vraiment creusé l'écart. Puis on débouche sur un parking qu'on traverse avant d'être orientés vers un sentier qui descend dans la forêt.

*** GUTARY ***
Et là les choses se compliquent. C'est le retour de la gadoue et de l'humidité. On traverse des torrents les pieds dans l'eau, mais je suis pas mécontente de rincer un peu mes chaussures qui commencent à peser quelques kilos de gadoue. Et c'est pas fini, à peine rincées c'est reparti dans les flaques de boue... Je suis toute seule quand arrive une de mes chansons préférées dans l'ipod, Wake me up (avicii), remake de l'UTMB, du coup j'accélère un bon coup en chantant en slalommant entre les arbres. Paysages d'arbres déracinés et d'ornières de gadoue, welcome en Chartreuse, merci coach Mayou pour l'entraînement de mercredi à la Grande Sure c'était parfait. 

Des passages descendent assez raide et je m'accroche aux branches, aux arbres, à tout ce qui traîne, pour essayer de rester sur mes deux pieds. Casse gueule leur bidule... Puis on débouche juste au bord d'un large torrent qu'on longe un peu, avec un passage de sentier / patinoire de gadoue, étroit et en dévers, qui essaye de nous verser directement dans les eaux agitées 1m plus bas... Un peu flippant, mais heureusement assez court, et de nouveau la piste pour remonter et s'éloigner à nouveau du torrent. Je double un gars ou 2 mais sinon je suis bien seule.

Arrivés tout au fond, à Gutary, il faut maintenant remonter, et le ravito se fait carrément attendre. Je discute du profil avec un gars qui a l'air de l'avoir un peu mieux bossé que moi, il m'explique que là on monte à Croix Fry, puis on descend sur le ravito, puis on monte, on descend, on monte, et on descend sur l'arrivée. On fait un peu que ça en fait, monter et descendre. Je lui dis que je ne suis pas fâchée de ne plus être en haut du Charvin quand ça va péter, on se prend déjà quelques gouttes de pluie, et la fin risque d'être moins drôle si ça pète vraiment...

Plus tard on passe un point d'eau à l'arrière d'une camionnette, je demande du sirop de citron à tout hasard, ils n'en ont pas mais me proposent des figolu si je veux du sucre, je décline et repars après un verre d'eau. On bifurque dans l'herbe, droit dans la pente, et en guise de citron je me fais un demi gel avec de l'eau, du coup je traîne mes bâtons dans l'autre main et je vais pas bien vite, je m'écarte pour laisser passer 2 gars mais ils ne veulent pas me doubler, ils ne vont pas bien vite non plus. Puis je re-clipse mes bâtons et j'accélère, un peu, mais suffisamment pour les perdre, au bénéfice d'une traversée en replat. 

*** KMV ***
On traverse quelques villages et cours de fermes, je prends quand même le temps de faire 2-3 photos dans la lumière du soir sur la route, même si je suis à fond en mode course et que je n'en ai fait aucune depuis la Tournette, là le paysage vaut vraiment le coup. Je passe sous la terrasse d'une vieille dame, on se salue et je lui dit qu'elle a une bien belle vue. Je croise aussi un gars qui me décrit la suite du parcours comme une montée vers le pied du kilomètre vertical. Bon, si c'est que le pied ça devrait aller, non ?



Mais voilà, arrive le fameux kilomètre vertical et malheureusement pour moi on ne se contente pas d'arriver au pied, on monte droit dedans... c'est une large piste, sèche, mais bien raide. Je me penche sur mes bâtons et pousse de toutes mes forces sur les 2, à grands coups d'épaules, je risque d'avoir mal aux bras aussi demain (mon moi du futur qui écrit ce récit confirme, j'ai mal...). Je suis obligée de faire une pause pour sucer encore un peu de mon gel, il va me falloir de l'énergie, pas question de faire une hypoglycémie. C'est là que je me fais rattraper par 2 coureurs qui commencent par commenter que j'ai bien envoyé sur la piste tout à l'heure, ils se demandaient si j'étais une skieuse. Eh non, juste une traileuse. L'un d'eux me dit qu'on a couru ensemble à l'UTMB l'an dernier, et aux 2 Alpes avant, je ne l'aurais pas reconnu... On discute un peu en montant, ils préparent la Diagonale des Fous et seront sur l'Ut4M 90km avant. Puis ils me distancent sur la fin de la montée, mais je les rejoins peu après quand on débouche sur la route, l'un des 2 est malade et je les distance. Mais ils me rattrapent un peu plus tard sur cette large piste pas vraiment descendante qui demande un effort certain pour aller vite. Ils me demandent combien de cumul de dénivelé on a fait, 4085m à ma montre, alors que dans mon souvenir du profil il ne devrait plus en rester beaucoup, je suis déçue, et j'imagine déjà qu'ils ont dû mal mesurer le dénivelé total (annoncé à 4700m). Enfin j'espère... 

*** RAVITO 3 ***
Décidément il se fait bien attendre ce ravito, il aurait été mieux au fond à Gutary, avant le KMV. Enfin une signaleuse nous annonce une dernière petite montée, une traversée, et après le ravito, quelques kilomètres encore. La petite montée s'éternise, mais objectivement elle n'était pas si terrible. Plus loin un gars m'annonce le ravito à 10mn, par réflexe je regarde ma montre mais j'oublierai de vérifier mon temps quelques minutes plus tard. Et enfin on y arrive. "et avec le sourire en plus !" commente un bénévole. Je leur montre le paysage "comment vous voulez ne pas sourire ?" Puis je me dirige vers la table, et aussitôt je descends 3 gobelets de citron coup sur coup, le bénévole se marre, ils ont aussi une bouteille de rouge mais ça doit pas être pour nous ;-) On leur dit quand même tous qu'il était loin ce ravito, apparemment on n'est pas les premiers à le leur dire. Puis je prends le temps de remplir ma poche à eau, je retrouve aussi le même gâteau aux amandes, et refais le plein de fruits secs, j'étais à la limite de l'hypoglycémie, ça devrait bien passer pour faire remonter un peu l'énergie. Et 3 ou 4 minutes plus tard c'est reparti. Dans mon souvenir du profil une fois là-haut c'était plus roulant. Je demande quand même combien de D+ il reste et on me dit 200m. En fait rétrospectivement elle devait parler de la bosse suivante, mais ce n'était pas la dernière du parcours...

*** ROLLERCOASTER ***
En partant je vois des panneaux "trail 10km" et "trail 20km", je me dis que je ne savais pas qu'il y avait un 10km, et m'inquiète un peu de ne pas voir le 70km indiqué, mais je suis les rubalises, et me rend compte plus tard qu'il s'agit d'un marquage permanent style station de trail. Notre parcours monte très cool sur piste et route, miam, j'aime le bitume, surtout j'aime les pentes très faibles (et garanties sans gadoue) du bitume, à croire que les voitures et leurs moteurs ne peuvent pas encaisser les mêmes gradients que nous sur nos 2 (ou 4) pattes. Je me sens bien, je demande même à une signaleuse qui m'annonce 2e si "elle est loin la 1e ?" et là elle me regarde et me répond "euh, un peu...". OK, j'ai compris, je la reverrai pas :-)

On semble se diriger vers un restaurant qui nous surplombe en haut d'une colline verdoyante, je vois tous les lacets de la route en-dessous de moi, déserts, pas un coureur. Par contre je croise ou double quelques randonneurs. En particulier je croise un couple dont la dame s'exclame en me voyant arriver "Et il y a même des filles !" "eh oui, il y a même des filles", ça me fait marrer de la voir si contente, et je repars de plus belle. Puis on redescend. En arrivant en courant à un croisement, un signaleur qui veut pointer mon dossard "vous arrêtez pas", et court avec moi pour le scanner. Et puis on remonte. Je commence à en avoir marre, cette dernière section ne fait qu'une quinzaine de kilomètres mais c'est une succession de creux et bosses qui n'en finit pas, et je commence à fatiguer. Plus loin je demande à un gars si on a bientôt fini de monter, il me répond que non, "on est en montagne, c'est fait pour monter et descendre !" Ah oui, c'est sûr que c'est pas un circuit de 24 heures...

Une autre bosse dans l'herbe, et je me fais un super good trip sur la musique du bike de Fabio, je l'entends nous dire "l'oxygène est devant vous, allez la chercher", la musique me transcende, le soleil est de retour dans le ciel finalement découvert, c'est juste le pied ! Je double un tas de randonneurs mais toujours pas un seul coureur en vue. Devant moi il y a une auberge perchée sur sa colline, c'est sûrement par là qu'on va. Mais on finit par bifurquer à droite un peu avant, et déboucher sur un replat, je me remets à courir, et j'entends des encouragements, pause la musique, il y a 2 ou 3 bénévoles à une table qui crient et jouent des cloches pour m'encourager. Puis d'un coup la femme se rend compte que je suis une fille et crie de plus belle, j'ai même droit à la ola en passant :-D

Puis retour en sous-bois, ses arbres son ombre et sa gadoue, berk, ça faisait longtemps, et encore plus dur avec la fatigue. D'autant que sans doute à cause de tous ces dévers, ma malléole droite tape sur l'intérieur de ma chaussure à chaque pas, aïe, j'essaye de changer mon appui, bof, tant pis on va faire avec. Je marche les bosses, par contre dès qu'il y a un replat ou de la descente je relance, même après 60km, je me rends compte que j'ai bien progressé sur ce point-là. Et je me rappelle 2 autres coureurs qui commentaient en me suivant sur une relance en haut d'une côte au tout début que oui, en trail, dès que tu peux il faut relancer, mais que sans doute après 60 bornes ils relanceraient moins. Eh si, il suffit d'avoir bien géré avant. J'ai quand même l'impression que je pourrais aller plus vite si besoin, mais justement je n'en ai pas besoin, je ne sais pas où est la 3e fille mais je ne pense pas qu'elle me rattrape maintenant, et je ne vise pas un temps particulier (12h, c'est mort, et ça aurait été vraiment rapide pour moi), donc il me suffit de gérer la fin.

Puis j'entend du bruit derrière moi, et je me fais rattraper par un gars, mais ce n'est pas un coureur mais un bénévole avec son T-shirt vert fluo, ouf. Je vais quand même pas me faire doubler en descente, non ?! :-) On remonte une bosse, il connait le coin par coeur donc je l'interroge sur la fin de parcours, et il semblerait qu'on n'aie pas encore fini de grimper... On va finir par les faire ces 4700m ! Puis il va un peu vite pour moi, je n'ai pas envie de forcer trop tôt pour le suivre et je le perds donc. Mais un peu plus loin j'arrive à un point d'eau et il semble m'y attendre. Je discute un peu, il reste une dizaine de kilomètres, et on repart ensemble. Je lui demande s'il n'y a plus que de la descente, mais non, toujours pas, encore une bosse. Je poserai la même question plusieurs fois, après chaque bosse voire bosselette, mais ce n'est jamais la dernière, "encore quelques coups de rein". Je n'ose pas trop accélérer au risque de caler dans les bosses suivantes. Mais d'un autre côté il me suit alors que j'aimerais maintenant me retrouver seule pour finir en chantant, alors j'accélère, prends un peu de distance, quand je trébuche sur une racine, mais heureusement je me rattrape bien, les quadris sont encore comme neufs ! il commente que j'ai encore de bonnes jambes et me demande si je n'ai pas de crampes, non, pas du tout. Les panneaux de rando annoncent "Thônes par la forêt de ???" en 1h40, j'aurais préféré voir la distance pour me faire une idée. C'est qu'il serait temps que ça se termine cette histoire, ça devient difficile de passer les bosses et de relancer. 

*** DESCENTE FINALE ***
Puis enfin il m'annonce qu'il ne reste que de la descente, et là je lâche les chevaux, tout le troupeau, et je défile jusqu'à trouver une bonne chanson sur mon ipod. Ce coup-ci je le sème complètement, et double un autre coureur, jusqu'à une bifurcation pas bien marquée où j'hésite un peu, ils reviennent, me rappellent encore un peu plus loin quand je pars tout droit au lieu de tourner à gauche. Puis je trouve enfin ZE chanson que je voulais (unfaithful) pour un remake du finish UTMB, et je dévale ce qu'il reste de pente à fond, je l'entend me dire de faire gaffe quand même, je sprinte une trace étroite à travers une pente herbeuse, débouche sur le bitume, 4 gars devant moi mais c'est plat maintenant, je ne les remonte que très lentement (titanium dans l'ipod). Je dépasse le premier du groupe derrière la salle des fêtes, aussitôt il crie "féminine !" et ses 3 potes s'écartent, merci, j'ai presque honte de les doubler si près de l'arriver, mais je finis en sprint, youpi, trop bon ! Ils arrivent juste après à 4, puis me félicitent. Fini en 12h57, moins de 13h, ça me va très bien ! Le commentateur au micro m'annonce 3e féminine, instant de flip, puis il corrige aussitôt, ouf.

*** FINISH ET PODIUM ***
Je récupère ma veste finisher et vais m'écrouler au ravito où je me fais servir verre sur verre d'eau gazeuse, quand Stef arrive derrière moi en clopinant : il a bifurqué sur le 44km, fini en 9h, et m'attendait pour la douche et le repas. Direction le camion et la piscine pour la douche (ils nous ont réservé un des vestiaires, j'ai droit à la cabine handicapés dans la douche collective. Puis repas de poulet basquaise et double salade de fruits, quand ils appellent le podium femmes du 67km.



Podium femmes, aux couleurs de l'Ut4M

La première, Agnès, est Grenobloise et une connaissance du TTT, elle a fini en 11h30. Elle croit m'avoir vue en haut du Charvin mais ça me semble douteux, et effectivement après vérification des temps de passage elle y était une heure avant moi. La troisième Marie est arrivée en un peu plus de 13h30, je lui ai repris presque 40mn depuis le Charvin. Résultats ici. Agnès gagne un séjour dans les Aravis (cool !), et Marie et moi on repart chacune avec un énorme panier garni de 10 kgs ("heureusement que je suis pas en avion", je leur dis), rempli de fromages et saucisson de la région, un super pain aux noix et abricots, des crozets, des confitures, du miel, du vin, de la bière, du cidre, du jus de pomme, etc. Moi qui avais vidé mon frigo pour partir en formation... :-) Et puis c'est reparti direction Grenoble. Les jambes commencent à bien tirer dans la voiture, et les yeux se ferment, mais il y a encore fête de la musique avec feu de joie à Corenc avant de dormir.

** CONCLU ***
Conclusion : un trail au top ! Paysages sublimes, un pur concentré de dénivelé, de la haute montagne avec des arêtes suspendues au-dessus du vide, et pourtant des bénévoles partout, des paires de signaleurs tous les 2 ou 3km et tous avec le sourire, super pour ne pas se sentir seul sur un trail limité à 200 coureurs, ce qui est parfait pour garder une ambiance familiale. Des ravitos au top (bon pain, fromage et saucisson locaux, fruits secs à gogo, sirop de citron et menthe, coca, gâteau aux amandes, etc), une super ambiance, un super parcours. Et de mon côté une super gestion de course, première montée tranquillou en 3h à la Tournette, puis j'ai passé le reste de la course à doubler et à prendre mon pied. Avec un podium en cerise sur le gâteau, sur un des trails les plus durs du format, où j'avais eu bien du mal à finir le 50km en 11h30 il y a juste 3 ans. Juste dommage de ne pas ramener un petit trophée souvenir ^^. En tous cas j'y reviendrai avec plaisir, et je recommande !

dimanche 21 juin 2015

Trail du Gerbier 2015

Dimanche 14 juin, trail du Gerbier à Prélenfrey.

Après une très bonne expérience l'an dernier, je reviens avec plaisir. La brume qui nous avait caché le paysage en 2014 est remplacée cette année par des nuages et de la pluie : bon, on ne verra pas mieux, dommage...

Départ de Grenoble avec Hélène et Bénédicte du TTT. Arrivés sur place à 8h pour récupérer nos dossards, je retrouve le GUC trail (Doms, Marc, Mathieu, Christine, Flo...). Je retrouve aussi Nico revenu faire le petit parcours en monocycle, avec sa nouvelle monture au pneu extra-large, qui attire bien des regards curieux :-) On est aussi plusieurs ambassadeurs Ut4M, même si aujourd'hui je cours aux couleurs du TTT, j'ai prévu le T-shirt Ut4M pour l'après course. D'autant plus que vu le temps on risque de toutes façons fort de courir en k-way.

9h moins pas grand chose, briefing dans la salle, un mot sur la sécu (si orage ou même s'il pleut juste trop fort, course neutralisée pour éviter les accidents à la chaîne), un mot du docteur qui oeuvrera en quad si nécessaire, et on se dirige vers la ligne d'arrivée. Finalement il fait bon et on devrait vite se réchauffer dans la grimpette, donc j'enlève mon k-way et le noue à ma taille, au cas où il serait utile en haut. On reste debout là un bon moment, ça commence à s'impatienter, quand à 9h10 une bénévole arrive enfin en courant vers nous, et en 3 secondes nous souhaite bonne course et lance le départ en 2 mots. OK, c'est parti alors.

Devant ils partent comme des fous, d'autant que les 2 parcours partent en même temps, le Trailcosto de 22km et la Coucoucascou de 11km. Marc et Matthieu étaient juste devant moi sur la ligne et démarrent au quart de tour, je ne les reverrai jamais. J'ai un peu la pression pour tenir mon temps de l'an dernier (2h31 pour 23km et 1000m de D+, je m'impressionne moi-même, ça me paraît difficile à refaire...) alors je vais aussi vite que je peux dans ce début vallonné. Au bout de 2 ou 3 km Doms arrive derrière moi, m'encourage, je le distance à nouveau sur le replat qui suit, puis il me double définitivement dans la bosse suivante. Je le suis de loin un petit peu avant de le voir disparaître inexorablement.


C'est bien gadouilleux et ça patine à mort, ça ne m'arrange pas trop, et j'ai encore pris les mauvaises chaussures (mes dynafit top pour le rocher mais moins pour la boue...). Dès le 4e km à la faveur d'une redescente, je dérape et part en glissade latérale incontrôlée, et splash dans la gadoue... j'ai tout le côté droit recouvert d'une carapace de gadoue, mon kway dégueu avant d'avoir servi, et les mains pleines de boue, berk... Je repars plus prudemment dans la descente qui de toutes façons ne dure pas, on remonte vers le balcon. Je double un gars qui râle, apparemment les "si longues montées" c'est pas son truc, je l'encouraga et lui dis que sur le 11km il a bientôt fini de monter.

On se paye une montée mur de gadoue, ça patine, 3 pas en avant 2 pas en arrière, on essaye de passer dans l'herbe, de s'accrocher aux arbres... C'est là que Michel me double, je ne l'avais pas vu au départ mais je me doutais bien qu'il serait là. Il m'encourage en arrivant derrière moi, puis me double comme un rien, j'essaye de m'accrocher derrière lui, en vain ! On attaque la montée finale en lacets, et très vite il a disparu. Je me retrouve en tête d'un petit train, personne veut passer devant, ils sont contents de mon rythme, je monte pas mal maintenant que ça ne glisse plus et c'est moins raide. Puis on débouche au ravito (déjà le 5 ou 6e point d'eau, chaque signaleur déjà croisé avait une table avec quelques verres d'eau et des fruits secs). On a fait 6 ou 7km à peine, c'est déjà mort pour 2h31 je pense. Je me fais arroser les mains par un bénévole pour rincer un peu la gadoue, puis je repars en chasse du petit train qui ne m'a pas attendue.

Et voilà ma section préférée ! Le sentier du périmètre, balcon suspendu à flanc de Vercors, sous les falaises et aiguilles rocheuses du Gerbier, du Pas de l'Oeille, avec vue plongeante vers Prélenfrey. Je tourne le regard vers la droite et là je tombe littéralement en arrêt. Une mer de moutons de nuages qui jouent sur les sommets et les collines en-dessous de nous, c'est superbe ! c'est peut-être encore plus beau que s'il faisait beau. Puis je me rappelle que je suis en course et je redémarre.

Non seulement le paysage est sublime, mais le terrain est aussi génial, j'adore courir ici. Le sentier est quasi plat, rocailleux à souhait, plus de boue, juste le plaisir de courir, en levant les yeux dès que possible pour regarder autour. Traversées d'éboulis en sautant de cailloux en cailloux, petites bosses passées en accélérant, et petites pointes de vitesse sur single plat. Je double quand je peux, perdant souvent un peu de temps car le balcon est étroit et ne permet pas toujours de doubler en sécurité. Un moment un coureur devant moi se pousse sur la gauche mais glisse dans l'herbe et me retombe dessus, me faisant une béquille. Je m'arrête, le coureur derrière le repêche et on repart. J'accélère et rattrape encore d'autres coureurs, mais pas Michel qui a pris le large depuis longtemps. Les coureurs doublés s'accrochent derrière moi et on avance en petit train.

Puis déjà le balcon se termine, virage en épingle avec un bénévole qui nous demande de faire gaffe, et début de la descente. Au début ça glisse dans la gadoue, c'est difficile de gérer sa trajectoire et je n'aime pas avoir du monde devant. Je dépasse un gars qui prend trop de précautions, puis une fois seule en tête j'accélère un bon coup et sème tout le monde. Je me rends compte une fois sur la piste que plus personne ne me suit... Là j'accélère encore une fois sur cette large piste forestière roulante, jusqu'à un n-ième signaleur au pied d'une remontée. Je lui prends un verre d'eau et repars, toujours seule. J'essaye de me forcer à courir mais c'est tentant de marcher, d'autant que de toutes façons je suis déjà en retard sur mon temps, donc je n'ai rien à gagner.

Puis on retombe sur le même ravito avec le même gamin que l'an dernier, où on nous pointe à droite dans la descente sèche. En sous-bois, en slalom entre les arbres, et dans la boue... Mais cette fois je n'ai pas de lièvre pour me donner un bon rythme. On croise plusieurs fois la route, traverse, et repart en face toujours sur ce petit sentier glissant. Jusqu'au bitume qui longe le village, mais seulement pour repartir en face sur la colline, toujours un peu décevant. Je vois 2 gars devant moi au ravito au bas de la montée, mais ils me sèment dans la montée, assez courte. En haut de la colline on a l'impression d'être perdus dans la mer de nuages, mais les arbres cachent malheureusement un peu la vue. Je slalomme au sommet entre les arbres, dévers boueux, puis voilà la fameuse descente dré dans l'herbe ! j'y double un gars qui a l'air de se méfier des glissades, alors que je profite de l'adhérence offerte par l'herbe pour y aller à fond, et je le dépose. J'ai toujours ma musique dans les oreilles, j'entends à peine le signaleur au pied qui m'indique la distance restante "... et demie", je le remercie quand même et continue de plus belle.

Panoramas (C) Nico

Je me rappelle que la fin m'avait paru longue, et effectivement il reste 2km de bitume, un bon coup de cul pour remonter vers un replat herbeux, et enfin la descente sur l'aire d'arrivée, le tour de "stade" dans l'herbe, en accélérant bien sous quelques encouragements, et la ligne d'arrivée.

La chute dans la gadoue a laissé quelques traces :-)

Accueillie par Nico qui s'est bien amusé dans la gadoue sur son monocycle, et par Marc qui en a terminé en 2h08 (j'avais parié moins de 2h, sans doute possible sans la boue). Doms a mis 2h31, pile mon temps de l'an dernier :-)
Le GUC trail a bien tourné !

Une bonne douche fraîche à ciel ouvert derrière le bâtiment, les affaires boueuses dans un sac poubelle, puis les filles arrivent, je récupère affaires de rechange et ticket repas dans la voiture. On fait des photos pour l'Ut4M et le TTT.
Ambassadrices Ut4M !
Et Taillefer Trail Team bien représenté, que des filles !
Cette année pas de kiné, pas de super buffet, mais juste une pasta box. Heureusement il y a toujours de la tarte aux pommes ! :-)

Retour à Grenoble pour la journée des sports avec Nico, le soleil est enfin sorti, il fait même carrément chaud maintenant ! on dirait que la météo avait fait ses prévisions à l'envers (pluies annoncées à partir de 13h), mais du coup les animations ont quand même été annulées ou déplacées, donc on se réoriente vers le cinéma.

Conclusion, il faudra revenir l'an prochain, pour battre mon record (l'an dernier, j'avais fait 25km de rando-course dans le Vercors la veille, c'est peut-être le secret ?), et peut-être voir enfin le paysage sous le soleil ! En attendant, objectif Aravis samedi prochain.

Trail de l'Oisans 2015

Dimanche 7 juin

Départ de Grenoble avec Marc de bon matin. Arrivés très en avance, on récupère notre dossard auprès des bénévoles, un café, un bout de quatre quart, et on retourne siester au chaud dans la voiture en attendant le départ. On en ressort pour le briefing dans l'herbe sur le côté du gîte du col d'Ornon. En ce moment c'est orage tous les après-midis, et aujourd'hui ça ne devrait pas être différent. Il faudra donc se dépêcher. Mais d'entrée ça part mal, ma poche à eau qui fuyait légèrement récemment me sert cette fois-ci carrément une douche continue... je la vide et vais demander une bouteille d'eau aux bénévoles, qui s'activent pour essayer de m'en trouver une, quand j'entends le compte à rebours et repars en courant vers la ligne de départ. Bon, on fera à 2 sur la poche à eau de Marc. Qui part comme un fou sur un début de parcours roulant, une petite boucle de 1.5km pour étaler le peloton avant d'attaquer les choses sérieuses. Je m'accroche pour suivre le rythme effréné imposé par les coureurs autour de moi, je dois envoyer un max dans les descentes pour rester au contact, résultat au pied de la vraie montée, je suis déjà claquée...


Première bosse à grimper, j'ai l'impression d'être à l'arrêt, ça ne va pas du tout. Je dis à Marc de faire sa course s'il ne veut pas mettre la journée, mais il préfère m'attendre, et me passe même ses bâtons. On se fait donc doubler à gogo par plein de coureurs, puis de coureuses, puis un couple avec qui on échange quelques encouragements avant qu'ils disparaissent à leur tour. En haut ça redescend mais même la descente passe mal. On rattrape péniblement un coureur, un seul, ça promet. On redescend jusqu'à un torrent qu'on traverse les pieds dans l'eau, 7 km de faits, on n'est pas rendus !

Puis c'est parti pour la 2e montée, vers le Poursollet. On a une belle vue sur la Chartreuse en face, et en fait sur toute la suite du parcours Ut4M : Belledonne avec la fameuse montée Rioupéroux-Arselle, et la Chartreuse avec une non moins difficile montée entre Saint-Nazaire et le col de la Faita. Quand je vois ma forme du jour, j'ai peur, pourquoi je me suis inscrite déjà ? Quelqu'un veut un dossard ? Le premier ravito fait du bien, on prend le temps de manger un peu (des cerises ! j'aurais peut-être dû manger quelque chose de plus consistant) et de discuter avec les bénévoles. Qui apprécient, et nous racontent que le premier, lui, il s'est à peine arrêté, et il avait pas l'air content, et en plus il s'était fait mordre par un chien ! En fait c'était Florentin, gnaqué par un Saint-Bernard, aïe !


Puis on continue à monter, le parcours est toujours aussi humide, sous bois, étangs, rivières, cascades, et on commence à être envahis de mouches et moucherons très collants. Au 20e km je m'en prends un dans l'oeil, qui y reste collé... Je dois retirer ma lentille et me rincer l'oeil dans un torrent qu'on traverse à gué pour le virer. Ensuite je cours avec les lunettes de soleil pour faire pare-mouches, heureusement qu'elles sont photochromiques parce que la luminosité est loin d'être éblouissante, toujours en sous-bois. Plus tard c'est au tour de Marc de s'en prendre un dans l'oeil. Pénibles ces bestioles !


Enfin je commence à reconnaître le Poursollet, mon refuge préféré (pour sa fameuse tarte aux myrtilles et le perrier citron en terrasse après le Taillefer ^^) est fermé, dommage. De là on attaque la montée finale vers le plateau des lacs, ça va un peu mieux mais toujours au ralenti. Point de vue coureurs, on est un peu seuls au monde, ça fait longtemps qu'on n'a plus vu personne, mais on double plusieurs groupes de randonneurs avec des gamins, dont un collègue de Marc, le monde est petit ! :-) Comme je connais bien ce chemin, il passe mieux, avantage psychologique, et nous voilà sur le plateau.

Qui dit plateau, dit plat, et qui dit plat dit courir... On repart en trottinant entre les lacs, quelques pauses photos comme excuse pour ralentir. Le Lac Fourchu est magnifique sous ce soleil, quelques randonneurs se reflètent dedans, paysage de film. On traverse tout le plateau jusqu'au refuge, perché un peu plus haut, on doit donc grimper une petite bosse avant d'arriver au ravito, tenu par le gardien du refuge lui-même accompagné de quelques bénévoles. Encore une fois on prend le temps de discuter, et de manger un peu mieux cette fois (tucs et fromage). Je prends aussi plein de photos, et je me dis qu'il faudra revenir ici !

Un coureur malade repart devant nous en râlant, on le doublera un peu plus tard dans la descente aux superbes paysages (ça donne pas envie de redescendre)


mais il a l'air de descendre pas trop mal en fait, donc on continue. Petite sente dans l'herbe, qui débouche en bas sur une large piste qui remonte légèrement. On traverse encore une cascade, photos devant,


puis on entend au loin l'orage qui commence à gronder et on s'active un peu ! Les moutons descendent quand même plus vite que nous.


La fin est à nouveau en sous-bois, bien moins joli, mais les arbres ont au moins l'avantage de nous abriter quand il commence à pleuvoir. Par contre on court sur un sentier pénible en dévers que la pluie et les coureurs précédent ont rendu glissant de gadoue. Je n'ai qu'une hâte c'est d'arriver, mais on est encore loin. J'essaye de prendre mon mal en patience, c'est bête que je n'aie pas ma musique, mais je chante dans ma tête :-)

On finit par déboucher hors des bois, au village d'Ornon, il nous reste à re-grimper jusqu'au col. Fin de parcours un peu inutile je trouve, cette longue traversée en sous-bois pour redescendre trop bas et remonter... On débouche sur la route puis on la longe à travers champs, il reste 2-3 km, je me dis qu'on devrait finir en 7h31, un nombre porte bonheur. Finalement  après moults détours dans l'herbe, je sais plus où on est, quand on finit enfin par déboucher derrière le gîte, et passer la ligne en 7h33. Ouf !

Les podiums ont déjà eu lieu, Florentin a fini 2e il y a 3h, Isma 1h après lui, je le croise pendant qu'on mange le très bon repas d'après course (agneau et purée maison). On se fait un café au chaud dans le refuge en lisant des magazines de montagne puis on va manger une glace pour le dessert à Bourg d'Oisans avant de rentrer. Longue journée.

Conclusion, pour l'Ut4M y a encore du boulot ! Heureusement qu'il reste quelques mois...