jeudi 24 juillet 2014

Birthday Trail des Passerelles du Monteynard 2014

Pour la 3e année consécutive je participe au trail des passerelles du Monteynard, et en plus cette année il tombe pile le jour de mon anniversaire, chouette cadeau :-D Manque de bol la météo n'est pas aussi sympa que l'an dernier et sa canicule soudaine après un printemps pourri. Au contraire c'est pluie dès le matin et orages prévus en début ou au mieux milieu d'après-midi... D'ailleurs un nombre impressionnant de coureurs ne prendront même pas le départ, sans doute rebutés par l'idée de courir sous la pluie. Tant pis pour eux ! :-)

On décolle de Grenoble à 5h du matin, avec Mika arrivé fatigué de Paris la veille, et Nicolas qui a réalisé jeudi soir qu'il était effectivement inscrit sur le 33km et qu'il n'avait pas couru depuis 3 ou 4 mois, persuadé qu'il n'était pas inscrit... ça promet ! Pour ma part je me suis abstenue de courir 40 bornes la veille, cette fois, et j'ai donc plutôt la pêche :-) Sur place à Treffort on trouve le parking dans l'herbe à perpet' du départ, mais cette année il y a 2 camionnettes qui font la navette vers le retrait des dossards, super ! On récupère un dossard (numéro 154 pour moi, 20*7+14, la date du jour :-) ou 22*7, un multiple de mon chiffre porte-bonheur. Moi superstitieuse ? nooon :p . Mika a le 187), une mini lampe de mineur, pas de T-shirt, et les épingles non fournies sont vendues 1€ au profit de l'IME. Puis direction l'embarcadère de la Mira où tout le monde se met soudainement à l'abri quand il se met à pleuvoir, le tonnerre gronde déjà au loin...


6h15 on embarque, il ne pleut plus et il fait déjà très bon. Débarquement en face à Mayres-Savel où on croise quelques TTT.

Briefing sans sono, on nous annonce le parcours de repli : on coupe le sommet du Sénépy, on ne va que jusqu'au col et on bascule de suite, pour 1) éviter les crêtes en plein orage, et 2) gagner du temps afin de traverser les passerelles avant que l'orage pète, car dans ce cas elles sont interdites d'accès. Le nouveau parcours fera donc 48km. Mes objectifs du jour : fêter mon anniversaire dignement en courant, en plus par hasard je suis pas loin du mile par année de vie ^^ ; prendre du bon temps entre amis ; et point de vue sportif : finir avant l'orage, annoncé pour 14h ; et essayer de rattraper Nicolas juste avant la ligne d'arrivée. Sachant qu'il part pour 33km, 1h30 après nous.

Le départ se fait finalement au sec, par la petite boucle d'étalement du peloton dans le camping. Je pars relativement vite et perds Mika dès le départ, à ma grande surprise car le parcours est de suite cassant, des bosses, de l'herbe, ça part vite, et d'habitude c'est plutôt lui qui part comme une balle et moi qui ai du mal à suivre. Bon, tant pis, de toutes façons on n'avait pas prévu de courir ensemble cette fois. J'essaye donc de suivre le rythme des coureurs autour de moi, et j'ai l'impression de ne jamais reprendre mon souffle. Ce serait un 10km pas de problème, mais je me demande déjà comment tenir 50 bornes à ce rythme. Ce n'est qu'au bout de 20mn que je pense à boire, et encore, il faut que j'y pense plusieurs fois avant que l'idée passe de mon cerveau à mes muscles à mon camelback et que de l'eau arrive effectivement dans ma bouche. Concentrée ! J'essaye de ne pas trop me faire doubler dans les bosses, et à redoubler au moins les mêmes dans les descentes qui suivent. Par la suite j'essaye de croquer régulièrement dans une barre de pâte de fruit qui tiendra jusqu'au ravito, histoire de ne pas voir des étoiles trop vite.

Puis très vite le parcours commence à monter plus qu'il ne descend, puis je dois m'arrêter pour refaire mes lacets, et tout s'enchaîne. En plus je suis les balises alors que tout le monde file tout droit et en fait ça me fait descendre quelques mètres dans un champ juste pour remonter ensuite derrière les autres, super... pas compris l'intérêt. Du coup je me suis fait doubler par un tas de monde, heureusement dans la descente sur bitume qui suit je m'envole et en re-double pas mal. Non sans penser à regarder le paysage, le Mont Aiguille surgi de nulle part dépasse des crêtes, majestueux, reconnaissable entre 1000. Le ciel est gris et très bas, mais sous le plafond on a juste une bande lumineuse qui nous laisse apercevoir toutes les crêtes du Vercors, l'Obiou, etc. Mayou saurait mieux que moi nommer tous les sommets du coin !
Après un départ relativement sec, la pluie est très vite de la partie, mais pour l'instant ce n'est qu'une bruine rafraîchissante (déjà trop chaud), pas gênante du tout. Plus gênant, on enchaîne beaucoup de bitume pour l'instant, mais au moins même mouillé pas de gadoue ;-) Après une dizaine de kilomètres comme ça, on arrive au chemin de fer de la Mûre. J'en gardais un souvenir mitigé de l'an dernier, les pas irréguliers sur les rails pourtant secs, alors cette année je redoutais un peu les rails mouillés et glissants, mais en fait ça passe tout seul, j'ai le bon rythme, je double même une fille avec qui je joue pas mal au yoyo depuis le début. En plus la section est très courte, et ça vaut carrément le coup ! Après une première volée de rails, on grimpe un petit raidillon pour passer à l'étage supérieur, course dans le bas côté le long des rails, sur le pont, avec vue sur le 2e pont en contrebas, et sur toute la vallée, splendide !

L'attraction suivante, la galerie de mine. Le parcours fait un détour jusqu'à la Motte d'Aveillan juste pour nous faire courir dans une vraie galerie de mine qui appartient maintenant au musée Mine-Image. En arrivant au musée, on longe le ravito mais il est de l'autre côté de barrières, il faut d'abord passer dans la mine, un signaleur à l'entrée me dit de faire attention car il y peu de lumière et c'est bas de plafond. Je me retrouve toute seule dans le tunnel, on n'y voit effectivement pas grand chose, seules les lumières murales à hauteur de genou percent la pénombre et permettent de voir où on met les pieds, et donnent une ambiance sympa. La température est aussi beaucoup plus agréable, il y fait 13°C toute l'année, c'est rafraîchissant. D'un coup je me fais flasher par un photographe tapi dans la pénombre, je ne l'avais même pas vu ! Je ressors du musée au niveau du ravito du KM13, et j'entend le signaleur répéter encore et encore les mêmes mots à ceux qui rentrent après moi. Je ne fais qu'un court arrêt, il n'y a que de l'eau ici, ça tombe bien j'ai très soif depuis le début. Et on repart déjà dans l'autre sens sur du bitume, encore. J'ai trop bu d'un coup, ça ballotte dans mon estomac...

Je croise Marianne qui m'encourage à l'entrée d'un chemin qui monte, peut-être par ici, peut-être ailleurs, je me rappelle plus du tout où :) On prend la direction de la Motte Saint Martin pour le premier ravito solide. On entre sur un petit sentier dans l'herbe où je croise des cavaliers, ils serrent à droite mais le dernier cheval n'est pas monté, il ne porte que du matos, et me bouscule au passage, par surprise avec ma visière dans les yeux je ne l'ai même pas vu venir, je ne fais pas le poids, aïe. Puis on attaque une jolie descente à travers bois, qui me rappelle des souvenirs :) je pense que je la prends moins vite que l'an dernier, toute seule je n'ai pas la motivation supplémentaire de doubler du monde. Un panneau de rando indique 4,7 km pour la MSM. Je passe vite le ravito, 2 quartiers d'orange, 2 ou 3 verres d'eau, et j'emporte des abricots secs pour la route.

Je repars en même temps qu'une équipe de 3 gars en bleu venus de "Royans en Charente Maritime à côté de La Rochelle". On attaque la section modifiée à cause des orages, et ils plaisantent "le changement, c'est maintenant !". On monte à la même vitesse, sur bitume puis en sous bois, quand d'un coup l'averse explose vraiment. Comme on est abrités sous les arbres et que je suis optimiste envers et contre tout, je me dis que ça va passer et je continue, doublant allègrement les coureurs qui s'arrêtent tous pour passer leur veste. Résultat quand je sors du couvert des arbres je me fais tremper en quelques secondes (la météo faisait référence à un "risque d'arrosage conséquent", je confirme...) et m'arrête contrainte et forcée pour sortir mon k-way. Casquette et capuche sur la tête ne sont pas de trop pour essayer de garder les yeux au sec. Puis je reprend ma grimpette, les autres ne m'ont pas rattrapée... est-ce qu'ils attendent sous les arbres que ça passe ?

Il pleut des cordes pendant 15-20mn puis ça se calme, je suis toute seule sur un petit single à découvert à flanc de pente, et je me rend compte que je m'endors un peu dans un faux rythme, la pluie m'empêchant de courir autant que je le voudrais. Du coup je sors l'ipod que je gardais en réserve pour la montée du Sénépy, et lance la musique pour me remotiver un peu. Le peloton est maintenant carrément bien étalé, et je n'ai pas souvent de lièvre en vue. En plus j'attend qu'on attaque enfin la montée du Sénépy mais ça ne vient pas. Au contraire on attaque même une franche descente sur de la piste, un oeil à la montre pour voir à quelle altitude on en est, même pas 600 ?! :-o mais en fait mauvais écran, ça c'était le cumul D-, ouf, en fait on est à un peu plus de 1200m d'altitude, le Sénépy culmine à 1769 mais on ne monte que jusqu'au col donc il ne reste plus grand chose à monter. Sauf qu'on descend... ou on court à plat.

Sur les innombrables faux plats montants, souvent sur bitume ou piste, j'ai du mal à me motiver à courir tout le temps, à défaut d'avoir un lièvre, du coup j'ai un rythme pas du tout régulier, à coup de quelques pas en courant, récupération en marchant, quelques pas en courant, etc ad lib... D'un coup je reconnais la petite station de ski des Signaraux d'où on avait fait la 1e reco il y a quelques semaines. On longe le bâtiment et là surprise, une table de ravito cachée tout au bout derrière le bâtiment. Il pleut de nouveau des cordes, ça ne donne pas envie de traîner, j'aurais bien fait un arrêt toilettes mais si je passe au sec ça va être dur de ressortir... Je bois 2 verres de sirop citron et échange quelques mots avec Bérengère, déjà croisée l'an dernier au TPM et à l'Obiou, qui venait de me doubler à bonne allure alors que je traînais un peu. Je repars juste devant elle en lui disant qu'elle me rattrapera tout de suite (mais en fait non je ne la reverrai plus, et elle finira un peu après moi). Je commence par marcher en croquant les 2 quartiers de pomme pris au ravito, puis recommence à courir. Voici donc enfin la montée du Senepy.

Une large piste boueuse pour commencer, sur laquelle je marche de nouveau, vive les bâtons. Puis petite descente sur un chemin dans l'herbe, peu praticable (euphémisme) tellement il est boueux, il vaut mieux courir sur l'herbe du côté pour ne pas (trop) glisser. Je suis tant bien que mal 2 gars qui patientn autant que moi, avant d'arriver enfin sur de la piste. On passe la cabane où on était passés à la reco avant d'attaquer la vraie montée. Je ne sais pas trop où est le col où on arrête de monter pour basculer de l'autre côté, pour l'instant on ne fait que monter de plus en plus haut, et le vent et la pluie se déchaînent sur nous. Les alpages sont dans le brouillard, le vent violent balaye une pluie acérée qui ressemble à de la grêle (d'ailleurs c'en était sans doute). Malgré ma casquette et ma capuche je me prends de l'eau plein la figure, je lutte pour que ma capuche gonflée de vent reste en place, mes bâtons (voire mes jambes) sont déviés par le vent. Du coup il fait assez froid, alors je continue à avancer sans réfléchir pour me réchauffer, en me disant que si jamais quelqu'un a un problème ici, il a intérêt à avoir de quoi se couvrir pour ne pas finir frigorifié. D'ailleurs Ricardo parti sans chaussettes et en mini k-way finira tellement congelé dans cette montée qu'il préférera rentrer se réchauffer. 

Je ne lève la tête que pour trouver mon chemin, en suivant un gars quelques dizaines de mètres devant moi, la peinture orange au sol effacée par la pluie, et les rubalises solidement arrimées sous des pierres, balisage impeccable merci Mayou qui est retourné rebaliser en live. Il devait nous attendre en haut du Sénépy mais on n'y monte plus finalement, et quand on bascule enfin à l'abri des éléments, je le retrouve au ravito un peu plus bas, devant la bannière du TTT ! :-D Il nous annonce le soleil sur la suite du parcours. Ouf !

Suit une longue descente sur piste facile (même que l'an dernier dans le cagnard?) où je double pourtant plein de monde, même si ralentie par petites crampes d'estomac. Et comme promis je commence à sécher, me réchauffer, et même avoir trop chaud, mais j'attend la pause au ravito pour enlever mon kway histoire de gagner du temps. Le 33km nous rejoint, ils arrivent dans l'autre sens par la piste, au moment où on la quitte pour un petit chemin qui nous ramène tout en bas jusqu'à la route et un ravito. On a fait le plus dur !

Je fais une pause un peu plus longue, le temps d'enlever mon k-way, de le ranger trempé dans mon sac, et de refaire le plein d'eau à fond. J'embarque deux morceaux de pâte d'amande pour la route, et en perd un dès la descente bitumée qui suit... Un couple part juste derrière moi et me double sur le plat en ville qui suit. On se dirige vers la 1e passerelle, sur laquelle on descend par mon super petit chemin en lacets :) j'y vais à fond avec le sourire, il fait meilleur ! Sur la passerelle par contre c'est marche obligatoire. Je la passe à midi, et j'en profite pour lire mes SMS, merci la DreamTeam pour les encouragements !

La section entre les 2 passerelles est un immense bain de gadoue, c'est la section la plus fréquentée : non seulement tous les parcours y passent (50km, 33km, 17km, rando) mais il y a aussi de nombreux touristes et randonneurs, quoique moins que d'habitude grâce au temps couvert. La bosse au milieu est une patinoire, la montée est difficile dans ces conditions, on glisse vers le bas autant qu'on monte... Dans la redescente par contre je m'éclate, pas fâchée d'avoir de bonnes semelles et une paire de jambes supplémentaire alias mes fidèles bâtons. Le plus dur est d'éviter les randonneurs en détresse, accrochés aux arbres pour ne pas glisser : c'est justement en freinant qu'on risque de se casser la gueule. Une fois les obstacles passés je lâche les chevaux, quand je tombe sur un gros groupe de randonneurs, les derniers m'annoncent aux premiers, "attention une coureuse" "et en plus elle est armée ^^", ils serrent tous à droite en m'encourageant pendant que je les double, c'est motivant ! Il m'aura fallu 45mn pour traverser entre les 2 passerelles. Descente sur la 2e passerelle par le 2e chemin en lacets que j'adore, yahoo ^^ Je profite de la marche pour envoyer un SMS à Nico "je passe la 2e passerelle", lui l'a passée à midi, il y a 45mn, ça va être chaud de le rattraper avant l'arrivée... Sur la passerelle je croise aussi Isma, ça fait plaisir de voir plein de monde du TTT ! Puis un photographe au bout de la passerelle, qui attend que j'ai fini de taper sur mon téléphone pour me prendre en photo :-) Je ferais mieux de regarder le paysage que mon écran ! Le soleil se montre un peu et la vue sur le lac est juste magnifique, à 100m de hauteur !
(C) Mika et ses google glass ;-)
Retour sur la terre ferme, où une bénévole à l'air très sérieux vérifie que personne ne court sur la passerelle. Maintenant il va falloir monter. Mais d'abord bonne surprise, un ravito juste au-dessus de la passerelle, sur le replat après une petite bosse, je n'y mange pas assez, je bois. Et un panneau annonce 10km restants, ah déjà ? cool. Mais je m'inquiète quand même pour la longue fin par les gorges que je ne connais pas, et pour la descente que je n'ai pas aimée à la reco.
On repart sur la piste, en passant devant la montée sèche de l'an dernier, sans la prendre, ouf ^^ un autre coureur s'en étonne, sans doute inquiet de se tromper de parcours. Mais on montera juste un peu plus loin par la piste qui fait le tour du raccourci. Puis le chemin s'incline et on se paye quand même quelques jolis raidillons. Du coup j'ai (très) faim, et je dois attaquer ma pâte de fruits, problème j'ai les mains moites et je galère en vain pour l'ouvrir. Une randonneuse qui faisait une pause sur le côté prend pitié de moi, me l'ouvre, et me garde même l'emballage, thanks ^^. Il faut un peu de temps pour que le sucre arrive à mes muscles, puis ça commence à aller mieux, et dans les petites montées rudes qui suivent je passe de plus en plus de coureurs des autres courses (33 et 17) et de randonneurs, en souffrance. D'un coup je me rend compte que je suis vraiment rentrée dans un super rythme, pas et bâtons synchronisés j'avance presque sans effort, pente pas trop raide c'est parfait, est-ce que c'est parce que je connais le chemin ? ou bien l'effet pâte de fruits ? en tous cas ça fait plaisir, mais ça ne peut pas durer éternellement :) heureusement on arrive vite en haut : le Pas de Berlioz. A peine pris le temps de jeter un oeil à la super vue, je veux rattraper Nico ^^

Petite redescente, puis on attaque la remontée avec encore quelques passages plus rudes vers Côte Rouge. Je commence à être bien motivée, mon second souffle, mon moteur diesel qui a enfin chauffé :) le fait qu'il y ait plus de monde sur le parcours aussi, et le plaisir de jouer à Pacman. Je double plusieurs fois un gars en rouge avec un seul bâton, il me repasse, etc, et on finit par s'encourager. Puis on arrive sur une énorme flaque d'eau boueuse, un randonneur hésitant s'écarte pour nous laisser passer, le coureur devant moi s'écarte aussi, ils semblent tous les 2 hésiter sur le meilleur chemin pour contourner. J'arrive en courant sans réfléchir, d'autant que ça me dérangerait même pas de marcher en plein dedans, je l'ai déjà fait plusieurs fois entre les 2 passerelles pour alléger les chaussures de leur coque de gadoue, donc j'arrive sans ralentir, je plante les 2 bâtons dedans, je saute de l'autre côté, et je passe tout pile sans me mouiller, je les entend rigoler derrière moi :) et j'attaque la montée qui suit surmotivée.

Je double une randonneuse en lui disant que c'est la dernière montée, elle répond qu'elle ne sait pas si elle doit me croire. La montée par ce petit chemin raide débouche sur une piste avec un ravito, un coureur du 33km demande combien il reste : pour la rando plus que 3km, ils ont une bifurcation avant, le bénévole va vérifier pour le 33km, mais j'ai la flemme d'attendre je suis pressée de continuer. Je m'engage sur le petit chemin qui continue à monter de l'autre côté de la piste, j'ai le temps de l'entendre dire qu'ils ont fait 27,3 km, bon c'est cohérent avec le panneau précédent, il en reste 6km et ça fera 50km au total. C'est reparti ! Toujours sous les arbres, il commence à faire bien bien sombre. ça monte encore pas mal, ça devient dur, je pousse fort sur les bâtons et là comme l'an dernier c'est les bras qui commencent à cramper. Puis on arrive enfin en haut, une croix marque le sommet, avec plein de monde arrêtés là, mais je n'ai qu'une envie continuer et en finir, alors je passe sans ralentir.

D'autant que de là, yahou, on descend ! La descente qui m'inquiétait, détestée à la reco, aujourd'hui je l'avale à fond la forme, je double je double je fais que ça, quand c'est possible, un peu ralentie quand même par les bouchons parfois. D'abord en lacets puis tout droit dans la forêt, sur un sentier assez facile, pas trop raide ni trop technique. Du coup je regrette un peu la super descente de l'an dernier, j'avais adoré mais apparemment j'étais la seule ^^, dommage. Mais bon, celle-ci est sympa aussi. Par contre mes cuisses commencent à donner des signes de faiblesse, contracture aux quadris dans la descente, pas habituel ça! :-) va falloir que je m'entraîne sur quelques bonnes descentes de 2000m d'un coup, genre Chamechaude-Grenoble. Faut dire aussi que j'ai rien avalé de salé depuis ce matin (en tout 2 pâtes de fruits, quelques cubes de pâte d'amande, abricots secs, quartiers d'orange et de pomme, et 2 verres de sirop de citron), juste bu de l'eau gazeuse quand il y en avait, pas suffisant pour refaire les stocks de sels minéraux. 

Autour de moi il y a peu de coureurs du 55km, beaucoup d'épaves, de coureurs en perdition, je profite de ma forme pour encourager tout le monde. On passe le single en dévers, attention à pas glisser dans le ravin, surtout vu comme c'est boueux... Vue sur le lac, et en bas on commence à entendre le micro du speaker qui accueille les arrivants, mais on n'y est pas encore. On se ré-enfonce dans la forêt avant de déboucher sur la route le temps de passer quelques maisons, et retour sur sentier. Puis on débouche pas loin du camping mais on fait le tour de l'autre côté, je m'inquiétais de ce final inconnu et plus long mais en fait ça passe très vite, on a évité la route montante finale de l'an dernier, et d'un coup on arrive déjà sur la plage, il y a du monde qui encourage, sur les dernières centaines de mètres j'ai une fille en ligne de mire mais trop tard pour la rattraper... Je me force à courir parce que c'est la fin mais ça devient dur, je crampe ou pas loin dans toutes les jambes, le sable et les galets irréguliers compliquent la foulée. On passe le long de l'arche, demi-tour entre des barrières pour revenir dans l'autre sens, je ne pense même pas à sprinter je suis morte, j'accélère juste sur les tous derniers mètres sous les encouragements, et hop, fini en 7h21 ! Dire que je pensais mettre 8h :-D 
Nico m'accueille il est finalement arrivé 16mn avant moi... dommage, j'ai failli l'avoir ! :-)

 

Directement passage au jet d'eau pour enlever la couche de gadoue sur les chaussures et les jambes, puis on traîne un peu au ravito (Nico a pas arrêté de manger ! ^^), je me fais 2-3 mini sandwichs au fromage pour reprendre du sel et des forces histoire de pas tomber dans les pommes, madeleines et eau gazeuse. On récupère nos sacs pour se changer et se couvrir un peu plus, c'est que ça se rafraîchit vite ! On traîne un peu aux podiums mais ça dure des plombes, et en plus comme l'an dernier il n'y a pas de podium seniors... (cela dit cette fois je n'y étais pas : 8e femme et 6e senior, les résultats ici). Par contre Prunelle a fait le podium, 2e femme sur le 17km, bravo ! Sae croisée à la reco TTT est 2e femme sur le 55km. Je croise aussi Vinvin et son pote Nicolas alias Nostroomo du TTT qui vient de finir le 33km.

Du coup je n'attends même pas le podium du 55, je vais plutôt voir les arrivées et attendre Mika. On commence à se geler, Nico me passe ses gants, les bénévoles commencent à ranger sans attendre... sympa... en même temps il commence à pleuvoir l'orage n'est plus très loin de péter. Mais les coureurs continuent d'arriver, dans l'indifférence... Sauf Mika qui arrivera en juste moins de 9h, sous nos applaudissements nourris qui ont du coup réveillé un peu le speaker qui l'annonce. 


Le temps qu'il passe lui aussi au jet d'eau et au ravito, 
on remonte dans la navette qui nous ramène au parking (heureusement qu'elle était là celle là parce qu'officiellement il n'y a que 1km mais en fait bien plus, et on n'avait vraiment pas envie d'y aller à pieds). Arrivée à Grenoble en début de soirée sous des trombes d'eau, il ne ferait pas bon être encore en train de courir. Mika refait la route pour Paris dans la foulée, courageux...

Quelques photos : Dauphiné Libéré et Reflets de Nature.
La trace Garmin : quasi 50km au final.

En conclusion
D'abord plutôt contente de mon temps, mais quand je demande au chrono on est déjà 9 filles arrivées (moi 8e et une autre juste derrière, et une juste devant moi aussi ^^) pas terrible. J'ai une heure de retard sur le podium fille (et plus de 2h sur le scratch, mais ça...). Réflexion faite j'aurais pu aller plus vite en continuant à forcer tout du long comme j'ai fait au début, mais je ne sais pas si j'aurais tenu 50 bornes comme ça... Et puis je n'avais pas de gros objectif sur cette course, c'était plus pour le plaisir dans un coin que j'aime bien et entre potes.

Prochaine course, parce que je ne tiens pas en place : le tour du lac des Vouglans, samedi avec Thierry. En espérant que 5 jours de récup suffisent, pas comme après le Grand Duc. A priori un pti record de montée à la Bastille mercredi laisse penser que oui :-) A suivre !

mercredi 9 juillet 2014

Trail des Balcons de Chamrousse 2014 - et un DNF, un...

Some links


Moins d'une semaine après le Grand Duc, la récup est loin d'être complète, avec un jeudi où j'ai abusé de ma forme relative pour me faire une Bastille le matin, une reco du TPM le soir avec le TTT, et une chute en rollers en allant bosser entre les 2, qui me laisse un bel oeuf sur le genou, empêchant de le plier complètement. Mais bon, ce week-end c'est raid multi-sport avec la Dreamteam ! Direction Chamrousse !

8h au retrait des dossards, dans la team on a 1 parcours sportif (j'ai pas pu résister mais j'aurais dû...), 5 parcours découverte, et 2 randos. Après la pluie incessante de la nuit il fait finalement beau ! ça tombe bien j'avais pas du tout envie de remettre la galère du week-end dernier.


8h30, c'est parti pour le 27km, 30mn avant le 14km, départ libre pour les randonneurs. Le profil laissait présager un début presque tout en descente, et tout le monde part à fond. Pas trop mal placée au départ, je suis vite devancée quand ça monte trop. Mauvaises sensations, essoufflement rapide, envie de vomir, ça promet pour la suite ! Bon heureusement après quelques petites bosses on commence effectivement à descendre, puis remonter, puis redescendre, et je commence à jouer au yoyo avec les autres coureurs. Un gars me rattrape en montée en commentant que ça va les descentes, "oui mieux que les montées   - on peut pas être bon partout". J'essaye de profiter des descentes mais le sol est trempé, moi qui avait promis à Perrine qu'il n'y avait pas de boue à Chamrousse... j'aurais mieux fait de me taire. Bon, il y en a toujours 10000 fois moins qu'en Chartreuse, mais les pierres mouillées glissent à mort aussi. On longe un premier lac et on passe quelques randonneurs, j'espère voir les Aurélie mais la rando part tout droit et on doit bifurquer : "à droite" en pointant à gauche, "l'autre droite".



Petite descente en lacets j'essaye de doubler et je glisse dans le virage, je manque tacler le gars devant moi, mais pas de mal. Puis s'ensuit une sorte de single track super étroit plus ou moins à niveau, assez casse-pattes, où je sers de loco. Enfin on débouche sur une large piste qui descend vraiment et je peux accélérer. En arrivant derrière 2 gars ils se retournent et confirment "ah oui c'est la dame qui descend vite". Pourtant j'ai pas l'impression d'y aller à fond, non seulement je suis crevée mais en plus le sol est trempé. On arrive enfin à un ravito (12km déjà en 1h20 environ). Un gars abandonne là après s'être tordu la cheville, le bénévole annonce au talkie un abandon au ravito 2, je me demande où était le 1er, on l'a pas vu...

Après le ravito qui est tout au fond du plus bas du parcours à 110m d'altitude, commence la longue, très longue montée, on ne doit faire que monter jusqu'au Grand Van, altitude 2400m et quelques... ça ne monte pas encore très raide, les autres courent, mais moi c'est le début de la fin, ça va plus du tout. Toujours autant envie de vomir, pas de souffle, je m'accroche comme je peux, un peu motivée par les commentaires de certains coureurs qui me passent. Une fille avec un accent espagnol d'abord "on se voit à la descente" avec un sourire en me doublant. Puis une autre qui dit qu'elle "prend de l'avance sur le plat, parce qu'en descente, j'aurais des conseils à demander", du coup je lui en donne : "relâché, il faut être relâché   - oui il paraît, mais comment ?" et hop elle est déjà partie... Enfin c'est Sophie qui me rattrape en me lançant "Dites donc vous êtes croisée avec un chamois ?! j'vous ai vue descendre...!   - un chamois qui sait pas monter alors...". Elle a l'air de peiner autant que moi et on continue ensemble en discutant, elle s'inquiète de savoir s'il y a encore du monde derrière nous. Moi je m'en fiche, finir dernier c'est quand même finir ;-) Un coup d'oeil à ma montre, 14km et quelques et déjà 8 ou 900m de dénivelé positif en 2h06 : j'aurais dû faire le parcours 14km, j'aurais fini et j'en serais pas fâchée !

On attaque la montée de la cascade de l'Oursière, après plusieurs petites cascades déjà belles, d'un coup surgit la vraie, l'immense cascade, avec le soleil qui pointe à travers un halo d'humidité au sommet, juste magnifique ! Puis on monte à flanc avec la cascade dans notre dos, au point où j'en suis je prend bien le temps de me retourner pour admirer le paysage, et attendre un peu Sophie en l'encourageant. Puis on arrive sur le plateau au-dessus, certains arrivent à relancer un peu sur la pente plus douce, moi j'essaye et je crois que je vais tomber dans les pommes... Je dois ralentir et je perds Sophie. "Heureusement" le replat ne dure pas et c'est reparti pour marcher/grimper jusqu'aux lacs Robert, le pire moment de ma course. J'en peux vraiment plus, et en plus le temps se couvrent soudain, de gros nuages arrivent derrière nous de la vallée et nous enveloppent complètement, puis il se met à pleuvoir... Je me prends à espérer qu'ils coupent la montée des Vans parce que trop dangereuse sous la pluie, je me sens pas capable de la faire aujourd'hui, pluie ou pas.


Enfin le ravito aux Lacs Robert, j'arrive à trottiner un peu sur le plat marécageux qui nous y mène, mais en arrivant je mange un peu de pain d'épices et je demande aux bénévoles où on coupe. L'un me répond "vous allez pas me dire que vous allez couper, vous avez payé c'est pour le faire en entier !" Il ne pleut déjà plus, mais je garde mon kway et mes manchettes, j'ai froid... Il faut encore se faire la montée bien raidasse vers le col de Lessines, le temps éventuellement de prendre une décision. J'essaye de joindre les autres par téléphone, ils ont dû finir leurs 14km depuis un moment, mais ça ne passe pas. Le cumul peur de les faire attendre + fatigue fait qu'arrivée au col j'ai décidé de couper. En plus les 2 signaleurs m'annoncent 8e femme (donc en plus aucun enjeu de podium) et qu'il faut 1 heure pour l'aller-retour aux Vans. 1 heure, c'est au-dessus de mes forces à ce moment-là, je me vois pas redescendre à 13 ou 14h alors qu'on a prévu un parcours accrobranche à 14h. Du coup je lui dis que je prend l'option qui zappe les Vans (mentionnée comme parcours de repli pour les coureurs qui arriveraient au col après la barrière horaire). La signaleuse commente que la descente est technique (ce qui me donnerait plutôt envie de monter pour pouvoir la faire...) et que fatigué c'est pas facile. Elle note mon dossard et dit qu'elle va signaler mon abandon, j'ai un petit pincement en entendant le mot, j'abandonne pas vraiment, je vais finir le parcours, juste par un raccourci....

Dans l'immédiat je suis un peu soulagée d'avoir été "raisonnable" et d'avoir arrêté la torture, et j'essaye de ne pas écouter la petite voix qui regrette. Direction la Croix de Chamrousse, ça monte encore un peu, et c'est déjà bien assez. Une fois au ravito de la Croix (où ils me confirment que le 14km est terminé) j'entame la descente pas drôle du tout vers le départ de la via ferrata puis tout droit sur le col de l'infernet. D'abord toute seule, je ne tarde pas à me faire rattraper par les 1ers gars du 27km, mais je ne suis même pas impressionnée par leur vitesse... Je m'attendais à ce qu'ils me dépassent à toute vitesse, mais ils font plutôt gaffe et gèrent la descente. D'ailleurs je me remets à courir en arrivant sur le petit sentier en descente que je connais, et 2 gars me suivent sans avoir l'air de vouloir doubler. On enchaîne avec le tour du lac Achard par la droite, le chemin rétrécit, et d'un coup mon pied part hors sentier et ma cheville se tord complètement, aïe. Les 2 gars s'arrêtent, m'aident à me relever, vérifient que tout va bien, et seulement une fois que j'ai confirmé ils reprennent leur course. C'est pas sur un marathon qu'on verrait ça ! Bon je dois marcher un moment pour me remettre, et après j'ai du mal à repartir.


Le tour du lac n'est pas bien balisé du tout, je finis par viser les signaleurs que je vois à l'extrémité. Le début de la descente vers Bachat Bouloud je la connais, j'aime bien, mais j'ai de plus en plus mal partout, même la descente ça va plus du tout. Je me félicite à moitié d'avoir zappé le pierrier des Vans, ça aurait été atroce à monter, mais si en plus c'était pour pas profiter de la descente... Je marche plus que je cours, je me fais doubler par de plus en plus de gars, puis la 1e fille qui a zero matos obligatoire avec elle... ça s'éternise, on descend une large piste de ski, je marche quand un gars m'encourage "allez c'est la fin", du coup je repars en courant sur la piste, puis je vois l'arrivée et je cours la descente finale. Par contre je froisse mon dossard pour pas qu'on m'annonce 2e fille. Résultat le speaker demande au micro "c'est qui?" et la dreamteam lui répond "c'est Carole" et je les entends m'encourager mais j'ai du mal à en profiter sachant que j'ai pas fait tout le parcours... Il m'annonce quand même 2e fille et je dois aller démentir... Les 2 gars qui m'avaient passée sur ma chute sont déçus que je me sois fait doubler par la 1e fille parce que j'avais "vachement d'avance sur elle", donc je leur explique à eux aussi que j'étais hors course.

Perrine m'accueille à l'arrivée, m'annonce qu'il y a 2 entorses de cheville dans la dreamteam... et pas mal de chutes... Moi c'est mon orteil et ma cheville qui me font souffrir. Résultat on mange le buffet avec chacun une poche de glace... :-) Comme initiation au trail c'était pas terrible, je me sens un peu coupable.... Le parcours était bien trop technique pour un trail découverte, puisque eux aussi se payaient la super descente raide sur pierres glissantes de la croix de Chamrousse vers la via ferrata et le col de l'infernet. Le dénivelé était aussi mal mesuré sur les 2 parcours (j'en ai fait 1950m sur 1750 annoncés, en zappant 500m de déniv pour les Van). Finalement l'après-midi accrobranche s'est transformé en après-midi piscine jeux de société, et j'ai pas couru depuis... 


lundi 7 juillet 2014

Grand Duc de Chartreuse 2014 - revaaaaanche !!

EN BREF
  * site de la course
  * le compte-rendu Yanoo
  * le parcours détaillé, ou sur trace de trail
  * résultats solo - où l'on voit que 73% des partants n'ont pas passé la ligne d'arrivée... un autre joli carnage
  * dossard 122 - 3e femme (sur 3 arrivantes sur 17 partantes), 1e senior (sur 1 arrivante), 78e sur 78 arrivants sur 286 partants sur 330 inscrits
  * trace Garmin part1 - part2
  * trace Runkeeper part1 - part2

PRE-COURSE
Après une reco au mois d'avril avec le CMI Tullins pas super bien passée (manque de forme et grosse envie de revendre mon dossard), et une prépa printannière plus légère que l'an dernier, j'arrive dans la dernière semaine avant le Grand Duc pas vraiment rassurée, inquiétude encore renforcée par des prévisions météo désastreuses qui empirent de jour en jour.


  

BRIEFING
Samedi 16h briefing sous un chaud soleil et un ciel bleu qui rendent difficilement imaginable la douche promise le lendemain. 

Premier changement par rapport à l'an dernier le contrôle médical est maintenant annoncé comme "possible aléatoirement", ça devrait nous éviter les désagréments de faire la queue une heure en milieu de course pour que finalement on nous regarde dans les yeux 10 secondes avant de nous laisser repartir... Deuxième changement, pour s'adapter aux conditions météo le parcours a été modifié. Raccourci ? non non, tout le contraire... Au lieu de monter au Mont Outheran on en fera le tour, bonus de 3-4 km à la clé sur le relais 2. Puis un autre détour sur le relais 3 nous ajoutera encore 1km et 100m de D+. Les organisateurs semblent vouloir minimiser les rallonges mais on sent bien que comme d'habitude, les mesures données sont un minimum auquel il faut ajouter 10% de marge d'erreur. Je table sur 95km au total en tenant compte des quelques kilomètres de trop déjà trouvés sur notre reco des relais 4 et 5. Dîner dans une crêperie avec le CMI Tullins, crêpes pour moi et menu savoyard pour les gars, puis nuit au camping dans le coffre de la voiture de Franck (voiture qui rendra l'âme 2 jours plus tard, littéralement noyée par la pluie constante du week-end).


MATIN
Il ne se met à pleuvoir que tard dans la nuit, mais ensuite ça ne s'arrête plus. A 3h30 quand le réveil sonne je me prépare robotiquement sans réfléchir : tenue de course, Nok, chaussures, kway, mon sac préparé la veille, et monte en voiture avec Toto et Patrick direction la ligne de départ. Franck et Pepe sont en duos et gagnent 1h de sommeil. On a droit à un petit déjeuner dans le gymnase puis il faut se résigner à sortir pour prendre place dans le sas, après une petite vérification du matériel obligatoire : le k-way c'est facile on l'a tous déjà mis, couverture de survie et sifflet.

5h - DEPART
Dans le sas avec Yannick, Toto et Sanglier, je stresse. Il a plu toute la nuit et il pleut encore, mais ça c'est pas grave, on était prévenus, on est préparés psychologiquement, et puis au moins on n'aura pas trop chaud... Non, ce qui me stresse le plus, ce sont les barrières horaires, déjà serrées en temps normal et qui me semblent encore plus difficilement jouables avec la météo pourrie. Les organisateurs fidèles à leur habitude nous accordent une rallonge d'une demi-heure sur la première barrière (12h30 au lieu de 12h au relais 2, après 27km et 1800m de D+) mais pas sur les barrières suivantes : autant dire que si on a besoin de la demi-heure de rab à la première barrière, on ne passera pas la 2e. Bref je ne suis pas très confiante, mais en même temps super déterminée à prendre ma revanche sur l'an dernier.

Un petit compte à rebours et d'un coup c'est parti, trois petites centaines de coureurs s'élancent, les lueurs de quelques frontales tremblotant dans la nuit humide, sous les applaudissements de quelques courageux spectateurs.

Section 1a - Saint-Pierre d'Entremont - Cirque de Saint-Même
(2h17 pour 11,7km avec 1181m+ et 965m-, pointe à 17km/h)

Je pars avec Toto et Sanglier, Yannick a tôt fait de nous semer. Dans la longue montée à la frontale qui suit, sauf que je n'ai pas pris de frontale, je compte sur les faibles premières lueurs du jour, qui ne s'est pas vraiment levé avant 8 ou 9h du matin, et surtout sur les frontales des autres, de toutes façons ça monte, pas besoin de voir très loin devant. Patrick nous rappelle de boire :-) On grimpe un peu à la queue leu leu, on est partis assez loin derrière, je m'inquiète déjà pour le rythme à tenir et essaye de doubler. Je m'accroche au kway rouge de Toto et au kway bleu de Buzz, puis je double Buzz et Sanglier et les perds sans m'en rendre compte à la faveur d'une descente.

Quand on émerge des sous-bois de temps en temps je me rends compte qu'il fait plus ou moins jour, je me réjouis d'avoir passé le départ sans frontale sans dégâts, et puis on replonge dans l'obscurité des arbres. D'un coup je regarde ma montre pour la 1e fois, tiens ça fait 2h qu'on est partis j'ai déjà fait 10km et j'ai encore rien mangé, je crois que j'ai faim... Et Patrick qui disait tout à l'heure qu'il fallait manger toutes les 30mn... 

Une fois en haut il faut bien redescendre, et s'ensuit alors une a-bo-mi-nable descente, de la gadoue partout, ça glisse pire qu'un toboggan, je tiens pas sur mes jambes, j'ai beau avoir mes super chaussures adidas à semelle Continental en pneu de VTT, je fais glissade sur glissade et finis par descendre une bonne portion sur les fesses. J'aimerais bien savoir quelles chaussures ont les gars qui tiennent debout. Enfin voilà ça fait à peine 2h qu'on est partis et je suis déjà trempée de la tête aux pieds. Pour ne rien arranger, il y a des troncs et des branches en travers du chemin partout, et la pluie redouble d'intensité. La casquette pour protéger mes yeux de la pluie, la capuche par-dessus, et les yeux rivés sur mes pieds, je m'assomme sur un tronc tombé en travers du chemin, je ne l'avais pas vu, j'ai couru droit dedans. 2mn plus loin je remets ça, alors après j'essaye de regarder plus haut que mes pieds. Il y a tellement pas de chemin, on descend droit dans un lit de torrent de gadoue sur pierres qui roulent, branches, mousse, racines, les deux pieds dans la flotte, que des fois je me plante, je sors du chemin, un des 2 gars qui me suivent passe son chemin sans rien me dire, le 2e me suit, je fais demi tour 3m plus loin et remonte sur le chem... torrent.

A ce moment là je n'avance que pour passer les barrières horaires, j'ai calculé que je devais être à 9h au relais 1 pour passer la barrière de midi au relais 2, je n'ai pas le temps de réfléchir mais je commence quand même à me demander ce que je fais là, j'ai franchement envie d'arrêter, je m'imagine aller jusqu'au relais 2 retrouver Franck qui y attend Pepe et arrêter là et rentrer avec... Galère... Heureusement que Yannick me disait hier que la première descente était la pire, glissante même par temps sec, du coup je sais au moins que ça ne peut que s'améliorer par la suite.



Après être descendus tout au fond du fond, on traverse le magnifique Cirque de Saint-Même et sa cascade, le pont glissant avec son panneau "marche obligatoire", à peine le temps de jeter un oeil, mode marche forcée sous la pluie toujours battante. Je me promets d'y revenir par beau temps en mode rando picnic entre potes. Le premier ravito est au cirque de Saint-Même, 1mn d'arrêt le temps de prendre un peu à boire et d'embarquer des pâtes de fruits.

Section 1b- Cirque de Saint-Même - Epernay (relais 1)
(1h46 pour 12,7km avec 766m+ et 783m-, pointe à 18km/h)
C'est reparti pour une autre bosse, il faut ressortir du cirque, on avance à la queue leu leu sous la pluie, les yeux toujours rivés sur nos pieds. D'un coup au détour d'un chemin on tombe nez à nez avec un signaleur et le chemin lui s'arrête net. Intriguée, je lui demande "on va par où ?!", il me montre le rocher : "par là, il y a une corde". Ah, oui, effectivement, il faut grimper... d'ailleurs heureusement qu'il est là ce câble, sinon je sais pas comment on passerait...

Heureusement la descente qui suit est beaucoup plus praticable, c'est pas plus sec mais on a une meilleure adhérence, et la pluie s'est calmée. Du coup je commence à m'amuser dans la gadoue, je dévale le ruisseau les deux pieds dans l'eau qui éclabousse de partout, en rigolant et en pensant à cette bulle sur DBDB et au commentaire qui comparait les traileurs à de grands enfants qui adorent s'amuser dans la gadoue.


Ensuite on a même droit à des longues sections sur bitume et pistes, mais aujourd'hui on ne va pas s'en plaindre, ça fait du bien de délester un peu les chaussures de leur carapace de gadoue. Je double deux gars alors que je déroule bien en descendant une piste, ils avaient dû me passer avant dans la montée, car ils me lancent au passage "ça va mieux dans ce sens là ?". Je réponds au passage "carrément !", du coup ils rajoutent que "maintenant c'est plus que de la descente, 60km de descente, jusqu'à la mer !" Si seulement ! ça me plairait bien. Pour l'instant je profite pour gagner du temps, j'ai eu beau bosser le parcours la veille j'ai tout oublié alors je prends montées et descentes comme elles viennent. Un moment on m'annonce 6 ou 7e femme, mais je dois dire que là je m'en fous, la course ne se joue pas dans les 10 premiers kilomètres...

Il est quasi 9h, et je voudrais arriver au relais 1 bientôt pour ne pas déjà me mettre en retard sur les barrières. Déjà 22km, ça ne devrait plus tarder. D'un coup je tombe sur Patrick coursforest38 qui attend ses amis Luc et Cathy, il court un peu avec moi en me filmant, je lui demande si on est bientôt au relais, mais il me répond quelque chose comme "euh, pas vraiment..." :-)

Relais 1 - Epernay - 3'30" de pause - 9h05
Environ 2km plus loin en descente sur de la route, je finis par y arriver. Il est à peine plus de 9h, pour l'instant je m'en sors bien mais pas le temps de traîner. Je croise Marianne qui m'encourage (elle court la 2e moitié en duo avec Roman). Il y a aussi là Stef et Franck, ça fait plaisir de voir du monde. Et en plus je rattrape Toto qui était parti devant à son rythme sans se rendre compte, il décide de calmer le jeu pour attendre un peu Patrick/Sanglier qu'il a semé. Un arrêt aux toilettes et je ne tarde pas et pars tout de suite devant, après avoir pris quelques provisions et avalé tant bien que mal 2 bretzels pour le sel. Mes isquios commencent déjà à cramper à cause de la gadoue. 

Section 2a : Epernay - Les Bruyeres
(50mn pour 4,9 km avec 430m+ et 50m-, vitesse de pointe 15,5km/h)
Section 2b : Les Bruyeres - Le Desert
1h50 pour 12,6km avec 691m+ et 709m-

On monte mais moins haut que dans le parcours initial. Le sommet du Mont Outheran ayant été jugé trop dangereux, le parcours a été dévié pour en faire tout le tour à la place, principalement par une piste forestière, vallonée et agréablement roulante, ce qui permet de gagner pas mal de temps, et heureusement ! Au milieu de la montée, on a droit à une mini descente vers le ravito (1mn d'arrêt et je repars direct) puis on recommence à monter. Une fois en haut (1500m d'altitude, le point culminant du parcours pas très "haute montagne" de cette année) on a une longue descente vers le Désert et le relais 2, sur piste roulante.

Je descend la piste tranquillement à pas loin de 12 à l'heure, voire plus. Pour l'instant tout va bien, juste une petite inquiétude car je commence à sentir comme une ampoule se former sur l'intérieur de mon pied gauche, ou peut-être juste des gravillons qui frottent dans ma chaussure, alors je profite de chaque flaque pour marcher en plein dedans me rafraîchir les pieds et rincer un peu la terre. D'un coup je perds mon dossard, déjà lessivé... je le ramasse et le refixe tant bien que mal par un coin en triple épaisseur au début de la montée qui suit.

Malgré tout l'arrivée au relais 2 et sa barrière commence à s'éterniser, je voulais me construire un petit buffer d'avance pour les barrières suivantes, mais le temps passe et il n'est toujours pas en vue. J'avais essayé de bosser le profil mais il a changé et de toutes façons j'ai déjà tout oublié... du coup je navigue à l'aveugle, en prenant les montées et les descentes comme elles viennent, et en comptant sur les indications des bénévoles. Pas toujours une très bonne idée, car très contradictoires.

On passe plusieurs cols : Cucheron, Cluse, Grapillon, Planet, Mollard.... Autant de montées et de descentes. Au col de Cluse on passe un photographe, et je commente qu'il aurait pu se placer plutôt en descente, il aurait eu des belles photos de chutes en plus dans la première descente. Au moins pour l'instant la pluie s'est calmée.

Relais 2 - Le Desert - barrière 12h(30) - 3'30" de pause
Arrivée au Désert, il pleut de plus en plus fort à nouveau, et la table de ravito posée dans un champ est juste au niveau de la fin du toit de tente, les bénévoles sont au sec mais nous on se prend la méga douche quand l'eau accumulée nous tombe soudain dessus... Franck est là qui attend Pepe, qui en a pour encore une demi-heure environ. Hervé (duo 1) arrivera un peu plus tard et je ne le verrai donc pas ; je double aussi Luc et Cathy (solos) qui perdent du temps à se changer.

Je mange 2 tucs avec un peu de fromage, à défaut de mieux, je ne sais pas vraiment ce qui pourrait bien me faire envie en fait, j'ai jamais faim en course. Je discute 2mn avec Franck en même temps, il me demande comment ça va, les isquios tirent un peu mais sinon ça va en fait. Mieux qu'il y a quelques heures quand je voulais arrêter. Puis je ne m'attarde de nouveau pas, toujours pas la moindre minute à perdre si je veux finir dans les temps. De toutes façons il pleut et on ne peut même pas se mettre au sec. Je repars en légère descente à travers l'herbe, on retrouve le chemin au bout du pré.

Section 3a : Le Desert - Les Ravines
(2h06 pour 10km avec 841m+ et 821m-, pointe à presque 20km/h)

Moi qui me rappelais de ce relais 3 comme le plus facile, avec surtout de la descente, je suis servie... Il a été modifié ce qui nous rajoute distance et dénivelé. Je gère la montée, j'ai l'impression d'avancer pas si mal mais en fait je suis assez lente et d'un coup Toto et Patrick me rattrapent l'air tout dépités de me trouver là alors que j'étais partie loin devant. Du coup ils prennent soin de moi "ça va ? t'as mangé ? t'as bu ? tu veux un doliprane ? du sel ?" Bof. Non. Pas trop. Oui. Oui. Un doliprane, de la pâte d'amande, des pâtes de fruit et une demi patate au sel cuite au four plus tard, ça va déjà mieux, merci les gars ! On continue ensemble un petit peu et ils me racontent des vannes pourries qui nous font bien marrer, mais on a des excuses on était fatigués :-) (mais jque je ne répéterai pas ici parce que je me suis reposée depuis ^^). Puis je finis quand même par ne pas réussir à les suivre.

Cette section a été rallongée dans le parcours de repli, et on nous a aussi rajouté du déniv. Des fois je déteste un peu les organisateurs de nous faire un parcours de "repli" mais plus long et plus dur que le parcours original... Quitte à s'adapter aux conditions météo ils auraient pu nous le raccourcir non ? déjà qu'il était mal mesuré à la base en plus... Mais bon, on les trouve sadiques maintenant mais on n'en sera que plus contents à l'arrivée. Si on arrive... Sur ces pensées pas très positives j'arrive enfin en haut du Mont Joigny.

Cette section est assez vallonnée, et après la montée je lâche tout dans la descente. Résultat quand j'arrive au ravito, une petite tente sur un coin de chemin tenue par des ados, j'ai la bonne surprise de tomber sur Sanglier ! Tout content, il annonce à Toto déjà parti devant que je suis là. Le temps de manger un peu (2' de pause) je pars à leur suite et ne tarde pas à les rattraper et doubler, Patrick me félicite d'être si bien remontée. Mais j'avais guère le choix. Les ados au ravito m'ont indiqué 10 bornes jusqu'au relais, 10 ! je croyais pas tant ! et il est déjà 14h. Je voulais arriver à 15h au relais 3 pour prendre une demi-heure d'avance sur la barrière donc ça ferait une moyenne de 10km/h, jouable seulement si ce n'est plus que de la descente... On y croit ?

Section 3b : Les Ravines - Saint-Pierre d'Entremont
(1h21 pour 10,8km avec 270m+ et 813m-, pointe à 16km/h)

Pour l'instant on a plongé droit dans la forêt, je lâche tout et je cours, il y a effectivement une longue descente des Ravines (alt 1187m) à Saint-Pierre d'Entremont (alt 643m). Un bénévole nous annonce "ça fait que descendre, 7 ou 8 km", alors que je cours avec Patrick. 200m plus loin (sic) on passe un autre bénévole qui nous annonce "fin de la descente". "Eh merde", je répond, aussi déçue par la fin de la descente que par les contradictions à répétition. Il semble surpris par ma réponse, c'est vrai que beaucoup n'aiment pas descendre, je comprends pas, c'est pourtant tellement plus fun... :-)

Le soleil se lève enfin, le premier rayon qui émerge des nuages me met vraiment la pêche. On débouche sur bitume avec une bénévole et un gamin, elle me dit qu'il n'y a plus que de la descente, je m'en réjouis et rajoute "et en plus il fait beau, que demander de plus !". Mais au virage suivant le bénévole est plus mesuré et me dit plutôt que "il n'y a plus de grosse montée", j'ai tendance à lui faire plus confiance, et effectivement il avait plus raison que la 1e, car 100m plus loin on attaque un faux plat montant, toujours sur route. Il faut arrêter de nous dire n'importe quoi pour vouloir nous faire plaisir ! Si on doit encore faire 10km, on finira bien par s'en rendre compte, autant nous le dire tout de suite pour nous éviter faux espoir et déception...

A un virage de la route on bifurque sur un petit chemin, il est 14h52 et ma montre donne 58.6 km. Je demande à un gars debout là à combien on est de Saint-Pierre et il me répond "10 minutes", et confirme quand j'insiste. Bon... En fait il me faudra 35 minutes pour pas loin de 4km... A se demander comment ils calculent les temps qu'ils nous annoncent... Il faudra m'expliquer qui a bien pu faire 4km en 10mn, d'autant que ce n'était pas plat (et pas en descente non plus...).

Superbe section, au passage, petit single en bord de ruisseau, que je cours avec une bonne forme et en lançant enfin la musique (effet boost immédiat) mais très vallonnée et qui se termine par une belle remontée sur la ville... Et pour finir on dévale une descente sur bitume, là je lâche vraiment tout sous les "waouh" des spectateurs :-) bon, je le fais à moitié exprès ^^ Et il faut dire que les trop rares filles engagées, notamment en solo, ont du coup été particulièrement encouragées. Et voilà enfin Saint-Pierre, dont on est partis ce matin, on longe le resto d'hier soir, les terrasses de bar bien pleines, il y a du monde dans les rues, sous le soleil enfin.

Relais 3 - Saint-Pierre d'Entremont - barrière 15h30
Je passe la barrière horaire de 15h30 avec finalement seulement 3mn d'avance. C'est le bordel au ravito, il faut d'abord passer entre des barrières pour bipper, je tombe sur coursforest38 qui attend Luc et Cathy, il me filme, mais tout ce que j'arrive à lui dire c'est demander "c'est où qu'on mange ?". Il faut revenir en arrière pour la table de ravito, Je me fais bousculer par des relayeurs en essayant d'obtenir à manger et à boire... un peu dégoûtée, je m'attendrais à un peu plus de respect entre coureurs, et surtout envers les solos qui sont pressés par le temps. 3'40" plus tard (ma plus longue pause de la journée ?) je m'enfuis très vite de cette cohue. J'ai un buffer de 0 minute et j'ai donc pile 2h30 pour arriver à la dernière barrière à la Grotte. Alors que je repars à travers le village j'entends des spectateurs demander quand est la barrière horaire, je réponds "maintenant". J'ai même pas pris le temps d'enlever mon kway et je commence enfin à chauffer, alors je l'enlève en avançant et le noue à la taille, pas le temps de le ranger, et puis il pourrait encore servir...

Michel se fera stopper par la barrière ici, comme l'an dernier au Sappey...


Section 4a - SPE-Col des Egaux
(1h25 pour  6,4km avec 729m+ et 418m-, pointe à 16km/h)

Alors qu'on bifurque à droite sur bitume, un bénévole arrête le coureur juste devant moi pour contrôler son sac. Je me réjouis d'y échapper, pas qu'il me manque quoi que ce soit (kway sifflet couverture de survie eau, rien de superflu là-dedans...) si ce n'est le temps de tout sortir et remballer, et puis pas envie de couper mon élan. 

On attaque une montée sur piste, et je double une fille aux cheveux courts, puis elle me double, etc, on finit par échanger quelques mots d'encouragement, elle dit que si la barrière pouvait être allongée d'un petit quart d'heure à 18h15 ça l'arrangerait bien, je me demande si un quart d'heure serait même suffisant... il nous reste juste 2h30 pour officiellement 17km... Une section dont je me rappelle de la reco, et pas en bons termes... Après la piste c'est droit dans la pente en sous-bois... Je discute avec un Bertrand venu d'Annecy que je perds assez vite. Difficile pour moi les montées... surtout que là c'est tellement gadouilleux qu'il faut une débauche d'efforts juste pour ne pas dévaler en arrière sur chaque appui... un gars me passe, on parle du déniv, j'ai déjà 4700m+ à ma montre, lui a un altimètre qu'il dit assez précis et qui lui donne seulement 3800m "donc il nous en reste encore 1000m, désolé". Puis lui aussi me sème.

Je ne reconnais rien, utile la reco 2 mois avant finalement, à part à me faire peur... j'attend juste le belvédère, qui marque la fin de la montée.

Section 4b - Col des Egaux - Saint-Christophe la Grotte
(55mn pour 5,5km avec 171m+ et 381m-, plus 30mn et environ 4-5 km manquants)
Pendant une bonne descente sur la route (que je reconnais, elle), mon GPS perd ses satellites... on est juste à ciel ouvert en plein soleil, je comprends pas bien... C'est vraiment pas le moment de perdre du temps avec ça, alors je continue d'avancer, je l'éteins et le rallume plusieurs fois, mais ce n'est qu'une bonne demi-heure plus tard qu'il retrouve les satellites. Du coup à partir de là je sais plus du tout où j'en suis, encore moins qu'avant. Après avoir bien descendu sur la route, on tourne à gauche sur un petit sentier sous les arbres, et on recommence à monter.

Après avoir grimpé et grimpé et grimpé en forêt, enfin on longe le belvédère, l'accès aux falaises est interdit par de la rubalise. Puis on redescend sur du bitume, et à une bifurc plusieurs bénévoles m'indiquent qu'il reste encore 5km. Il est 17h15 et mon premier réflexe est de répondre "on est morts" d'un air désespéré. Me prenant en pitié, un gars me dit "mais non !" et fait quelques pas avec moi en me racontant la suite : 700m de montée là tout de suite, puis ça fait plus que descendre, "il vous reste trois quarts d'heure, en marchant vite ou en trottinant c'est jouable". Admettons... Un peu requinquée je repars, toujours pas de satellites donc impossible de vérifier ma vitesse... 

Une demi-heure plus tard et donc environ 3km plus loin, on rentre dans la forêt, 2 gars sont en train de baliser un détour "pour vous éviter un bain de boue". Vu notre état, on est plus à ça près, je me dis, jusqu'à voir le véritable étang de gadoue qu'on contourne. Ouf... Je leur demande au passage la distance restante : "5km". Je vais craquer...! Devant mon air dépité il corrige "4 ou 5" mais le mal est fait... Je ne vois pas comment je vais terminer dans les temps...

Alors qu'on se balade à niveau dans la forêt, je retrouve Sanglier, on discute un peu barrières horaires, il n'a pas l'air stressé du tout, il me rassure, lui et plusieurs autres coureurs annoncent qu'elles ont été allongées. Je commence à me dire que je vais l'avoir, et du coup je stresse plus pour la dernière section que je risque de finir de nuit, sans frontale. Du coup il me passe la sienne, je la mets déjà sur la tête et on repart ensemble, presque rassurée.


J'y croirais presque jusqu'à passer un signaleur en haut des marches métalliques qui nous descendent enfin vers la grotte. Il m'explique qu'il est interdit de courir sur les marches, que dans 20 secondes on est sur la voie sarde, puis il y a 300m jusqu'au relais, et qu'il reste "environ 2mn de délai". Ah, ok, donc pas si allongées que ça les barrières... Du coup je descend les marches en marchant le plus vite possible (contradictoire, l'annonce "il vous reste 2mn mais vous n'avez pas le droit de courir"), débouche sur la piste, et lâche tout, encourageant Patrick à sprinter aussi. Lui toujours confiant me suit en me disant que "ils ne vont quand même pas nous couper". "Ils ont pas intérêt !", je répond, sentant la colère monter. Sérieusement, ils n'ont pas le droit de me couper maintenant, après tout ce que j'en ai bavé pour en arriver là. Je pars carrément en sprint sur la voie sarde et je sème Patrick.


Relais 4 - Saint-Christophe la Grotte - barrière horaire 18h, repoussée 18h15
Et soudain je débouche sur une foule de gens qui m'encouragent, je sens les larmes monter. On passe devant un genre de petit chalet qui abrite le ravito, mais Toto m'accueille d'un "va vite pointer", c'était bien mon intention, direct à la table, une bénévole attend avec le bipper, je lève les 2 bras, elle bippe mon dossard, coin coin, "c'est bon", et voilà. Je suis passée. J'ai envie de pleurer, de hurler, d'exploser. J'ai réussi. Mais je reste juste là, les deux bras levés, un peu dans les vappes. Ce n'est pas comme si c'était fini, mais maintenant je sais que plus rien ne pourra m'arrêter. Et que j'ai tout mon temps, plus de barrière.

Alors je retourne vers le ravito, j'accueille Patrick en lui disant aussi d'aller vite pointer, c'est bon il passe aussi. On mange un peu, et on ne traîne pas pour repartir. On entend l'orage gronder pas très loin. Au moment de quitter le ravito on réalise comme on a bien fait de pointer tout de suite, car pour les suivants c'est déjà trop tard.  Luc et Cathy ne passeront pas, mais aussi nombre de solos, duos et relais. On est parmi les derniers à repartir... ça, c'est fait ! Du coup j'envoie un message à Nico pour lui annoncer que je suis bien passée.

Section 5a - Saint-Christophe la Grotte - La Ruchère
(1h58 pour 7,5km avec 771m+ et 169m-)

Je repars avec Toto et Sanglier, qui disent qu'on va finir ensemble, mais qui ont tôt fait de me semer, je n'ai plus aucune motivation pour forcer. On attaque droit dans la pente par des escaliers, j'essaye de leur décrire ce dont je me rappelle de cette section de notre reco en avril, mais le seul truc dont je me rappelle c'est la longue montée à flanc de falaise avec une super vue, puis la remontée vers le pas Dinay avant de descendre. Mais en fait une fois le premier coup de cul passé on ne fait que descendre pendant longtemps, je ne reconnais rien... Je n'en peux plus, encore plus mentalement que physiquement, et même dans cette descente je ne vais pas bien vite, je ne pense qu'à la montée qui suit.

Sur le début de la montée sur piste, on se fait doubler par toute une série de duos et relais, ceux dont les coéquipiers n'ont pas passés la barrière horaire et pour lesquelles l'orga a fait un départ groupé 5mn après la barrière pour qu'ils puissent quand même courir, mais hors-compétition. Ils sont tout beaux tout frais, pas du tout boueux et ils montent comme des fous, on les reconnaît tout de suite... Beaucoup nous encouragent au passage, avec souvent une note d'admiration "vous êtes en solo ?".

La montée est encore pire que dans mes souvenirs, on commence par monter à travers la végétation haute, trempée, en se frayant un chemin, avant d'arriver enfin aux fameuses falaises du Frou. Le paysage est magnifique même si noyé dans les nuages. Arrosés par la pluie avec le tonnerre en bruit de fond, on ne prend pas le temps d'admirer. Entre temps Cyrille m'a rattrapée, c'est un pote de Toto déjà croisé au briefing la veille. Je lui demande son prénom, puis 2mn plus tard une 2e fois pasque je l'ai déjà oublié... Faut vraiment que je dorme... Puis on rattrape un Julien qui a fait une reco du parcours lui aussi, et essaye de nous décrire la suite mais il est comme moi plus aucun souvenir.

Un signaleur interrogé sur la suite du parcours nous annonce qu'on monte à 1200m d'altitude. Un coup d'oeil à mon GPS me dit qu'on est à peine à 550... ça promet... En plus je tombe en panne de pâtes de fruits ! du coup je me fais mon gel. J'ai porté 2 mule bars pour rien, bien trop grosses et trop sucrées, elles ne me font pas du tout envie. 

En fin de montée on commence à voir la route en contrebas, mais on monte toujours. On est un petit groupe de 4 maintenant avec un vétéran3, Pierre, 5e relayeur de son équipe dont le plus vieux coureur a 81 ans, 332 ans à eux 5, impressionnant ! (et ils ont fini, donc). Son cardiologue lui a dit "surtout tu ne cours pas les montées" :-) Il a l'air de bien connaître le parcours et nous en annonce la suite. Enfin on débouche devant l'église, il faut encore monter par des escaliers de pierre et du chemin avant d'arriver à la table de ravito. 

Je suis vraiment pas en bonne forme, je reprends quelques pâtes de fruit pour la route et bois un coup, puis je m'appuie sur la table, j'en peux plus, je veux juste que ça se termine et arriver. La bénévole me demande "ça va vous êtes en forme pour repartir quand même ?
 - non, mais on a pas le choix". Et ça y est on est déjà repartis. Le fameux pas Dinay nous attend.

Section 5b - La Ruchere - SPE
(1h41 pour 6,17km avec 203m+ et 509m-, plus quelques centaines de mètres après panne de batterie)

Julien nous annonce que la montée du pas Dinay n'est pas si dure, qu'elle "passe bien", puis en la voyant s'éterniser il décide que maintenant "il ne dit plus rien". Pierre nous a lâchés, on est tous les 3 et c'est bien confortable de ne pas être tout seul, surtout la nuit, en fin de course. Du coup je n'ai vraiment aucune motivation pour accélérer et me retrouver de nouveau toute seule... 

En haut du pas Dinay deux signaleurs nous proposent de les attendre pour redescendre avec eux, mais on décline, "on a des frontales", ils nous répondent qu'on devrait être arrivés avant la nuit. J'ai toujours celle de Patrick sur le front même si elle n'a pas encore servi. Autre avantage de ne pas être seul, Julien n'a pas de frontale, mais celle de Cyrille éclaire vachement bien, assez pour 3, par contre elle finit par tomber en panne de batterie... heureusement qu'il ne fait toujours pas vraiment nuit.

Après avoir passé le pas, c'est le fameux single voire 0.5 track, en dévers, avec la gadoue au sol qui semble vouloir nous verser dans le fossé, faut surveiller chaque pas, plus la force (mentale) d'accélérer. On prend notre temps, ce serait bête de se blesser maintenant. Même si je dis "si je me blesse je finis à 4 pattes", ça risquerait quand même de nous prendre des siècles. Déjà que comme ça on n'avance pas... Faut dire que ma cheville, tordue plusieurs fois au fil des mauvais appuis toute la journée, commence à me faire souffrir dès que j'ai le malheur de la poser de travers. Les bâtons sont indispensables pour garder l'équilibre. A l'inventaire des douleurs, mon gros orteil droit me donne l'impression d'avoir enflé, mes isquios sont toujours à 2 doigts de la crampe, je commence à avoir des brûlures à cause des frottements et de l'humidité, bref c'est pas la joie.

Dans la descente une bénévole assise sous une bâche entre les arbres nous attendait. Elle n'a pas l'air de savoir combien il en reste derrière, s'il en reste. On est tous admiratifs et reconnaissants pour tous ces bénévoles qui se sont fait doucher toute la journée pour nous encourager, sécuriser le parcours, signaler certains croisements, nous ravitailler. Merci à eux.

Puis on discute des filles, combien on était, mon classement. Julien nous raconte qu'au dernier relais il a vu une fille qui voulait abandonner, il l'a remotivée, maintenant qu'elle était là, et en plus elle allait faire un podium. A ce moment-là on croit que je suis 4e derrière cette fille-là et donc que c'est "à cause de" Julien si je suis pas sur le podium :-p Je dois dire que je m'en fous, je voulais juste terminer dans les temps, passer les barrières horaires et arriver. Mais en même temps mon esprit de compétition me titille et je me dis qu'elle est toujours rattrapable :) en plus le chemin devient plus roulant et j'accélère un peu (en marchant, hein), mais ça ne dure pas, de nouveau de la gadoue, des racines, des cailloux, la cheville qui râle, et mon second souffle est déjà terminé. Je n'ai vraiment pas la force d'aller chercher qui que ce soit.

On n'est vraiment pas fâchés quand on débouche enfin sur de la piste. On prend même le temps de s'arrêter prendre des photos, en admirant le soleil se coucher derrière une belle mer de nuages, la pluie s'est calmée voire arrêtée, ça fait pas de mal.




Puis on arrive dans le village où on avait fait quelques photos avec Franck sur la reco. On croit voir Saint-Pierre d'Entremont au loin mais on n'est pas trop sûr duquel village c'est... Je m'inquiète car il me semblait que de là il restait encore pas mal de kilomètres... Mais bon, une seule chose à faire, avancer. Une bénévole assise dans sa voiture au carrefour nous indique la route qui descend vers la droite. Apparemment le parcours original aurait dû partir à gauche mais jugé trop dangereux par ce temps. Elle est là depuis 13h (et il doit être 21h largement passées :-o merci à elle de sa patience), je doute qu'il y en ait qui ont eu le temps de faire la version originale. Elle nous annonce qu'on descend par la route jusqu'à l'arrivée, mais quelques centaines de mètres plus loin, après une tentative de courir de ma part, suivie par les 2 autres, mais rapidement avortée pour cause de multiples douleurs et d'une fatigue généralisée, un autre signaleur nous fait tourner à gauche sur le petit sentier, dont je me rappelle vaguement de la reco.

Maintenant il commence à faire vraiment sombre, mais les serre-file nous rattrapent, on est les 3 derniers. Ils communiquent au talkie walkie avec l'arrivée pour nous annoncer. Je leur demande de faire passer un message à Nico qui m'attend toujours, dire que je lui avais annoncé arriver à 21h voire 20h... j'ai aucune idée de l'heure qu'il est à vrai dire, et ma montre tombe finalement en panne de batterie juste avant d'arriver...

Enfin on débouche au-dessus d'un terrain de foot dont on fait le tour, ça me rappelle l'arrivée de 2012, une habitude les tours de stade... on "court" dans l'herbe jusqu'à un pont où quelques personnes nous encouragent, j'appelle Nico qui ébloui par les frontales ne m'avait même pas reconnue... Je manque me casser la gueule en ratant les marches pour descendre du pont, Nico "sprinte" devant nous pour faire quelques photos, et on passe enfin la "ligne" d'arrivée, il n'y a plus rien, qu'une bénévole à une table avec son bipper de dossards qui fait coin coin. Je me fais bipper en dernière des 3, je termine donc officiellement dernière de ce Grand Duc 2014. 



POST ARRIVEE
Pas de classement à jour ni annoncé ni affiché sur place, juste le classement de 21h avec seulement 2 filles arrivées, à 19h30 puis à 21h. Je me dis que "la 3e" ne devais pas être si loin devant nous. Par contre cette année on gagne un t-shirt finisher, c'est nouveau. Rose bonbon le t-shirt... des piles de t-shirts taille L ou XL (pourtant pas la taille la plus répandue chez les trailers) nous attendent, il y en a beaucoup trop, comme c'est bizarre... On est les derniers arrivés, mais on est classés 76e, 77e et 78e... Sur plus de 300 inscrits. Donc comme promis à Sébastien, il "suffisait" d'arriver pour faire le top 100 :-) 

Marianne et Romain ont fini il y a un bon moment, 3e duo mixte, derrière un duo du TTT.

Une bonne douche pour enlever ma carapace de gadoue, repas sur place (des crozets, en Savoie, comme c'est original), et retour. Plusieurs chevreuils et biches sur le trajet, et même un renard ! Retour chez moi à minuit passé pour une très courte nuit, puisque je dois me lever à 5h pour prendre le train pour partir en conférence... Réveil avec les jambes un peu douloureuses, et surtout le poignet droit tout enflé, pas compris, ça doit être l'abus de bâtons ? Et quelques jours plus tard mon gros orteil déclare un panaris, ampoule infectée, avec toute la gadoue qu'on s'est payés c'est pas trop étonnant...

J'ai appris mon classement final (3e fille, 1e senior) par des messages d'amis, donc contacté l'organisation, qui me propose de venir chercher mon prix sur place à l'Office du Tourisme. Ils auraient quand même pu me le donner le soir-même, 78 arrivants ça devrait pas être si difficile à compter et à classer, si ? D'autant plus que des filles ils n'en ont vraiment pas vu beaucoup, sur 17 partantes on est 3 à passer la ligne !

Pour conclure, une course extrêmement dure, à cause de la météo bien sûr, mais surtout à cause des barrières horaires démesurément élitistes (2 coureurs sous les 12h, 3 sous les 13h, et un temps maximal prévu de 16h (dernière barrière à 13h de course pour 80km, estimation 3h pour les 13-15 derniers km) soit à peine 1,5 fois le temps du vainqueur, quand en comparaison le 80km du Mont Blanc donnait un délai de 24 heures. Barrières horaires qui forcent donc à un rythme très soutenu dès le départ, au risque de claquer en cours de route : c'est vraiment "ça passe ou ça casse". Des ravitos bien fournis, un balisage par contre très hétérogène, parfois parfait, parfois carrément absent au point que j'ai plusieurs fois fait demi-tour dans le doute. Malgré tout une ambiance au top, beaucoup de bénévoles, mais aussi les autres coureurs qui nous doublaient tout au long de la journée, notamment grâce aux épreuves en duo/relais, et les spectateurs venus encourager leur famille aux points de relais. Mais je ne sais pas si je retenterai l'aventure l'an prochain : j'ai eu ma revanche, je n'ai plus besoin d'y retourner, et ça me saoûle un peu une course en stress permanent où tu peux te faire couper à 13 bornes de l'arrivée si tu ne tiens pas une moyenne de 6km/h. Je préfère profiter un peu de mes courses et y prendre du plaisir, et là je peux dire que ça n'a pas été trop le cas.