dimanche 21 octobre 2012

Trail du Buis


Dimanche 21 Octobre, c'était le Trail du buis à la Buisse.
Mickael qui s'était déjà inscrit m'en a parlé vendredi, et comme j'avais rien de prévu, je me suis jointe à lui. J'ai le dossard 911. Défi au départ : faire moins de 2h45 :) Mickael fait finalement 2h29 et moi 2h40.



Récit complet (déjà !)

Première section plate sur bitume pour étirer un peu le peloton, je pars avec Mickael bien qu'il parte à 11-12, mais pour l'instant tout va bien, c'est plat, ça descend, c'est plat. En peu de temps on est déjà réchauffé (il faisait un peu frais au démarrage) et je descend les manchettes que j'avais mises au départ. Au bout d'un moment je le laisse filer quand même pour ne pas me tuer dès le début (et dire que c'est mon allure marathon dans une semaine.... comment je vais faire ça...). Puis on commence à monter un peu, toujours sur bitume dans les villages autour avant d'attaquer la montée sur chemin. Un sentier bien étroit, difficile de doubler, qui monte bien, et je marche vite, donc je dépasse quand même du monde en prenant le bas-côté. Puis on débouche sur une large piste forestière, et peu de temps après déjà un premier ravito qui arrive par surprise, une table sur le bord de la piste. Je descend 2 verres de sirop et quelques fruits secs, et ça repart, mais ça a laissé le temps à tout un groupe de mecs de revenir, donc on repart ensemble.

ça continue de monter, d'abord tranquillement sur la piste forestière, j'alterne courir les portions en montée douce ou carrément plates (voire descendantes), et marcher vite les portions qui montent plus fort. J'essaye de semer un gars qui marche avec des bâtons bruyants (l'un des 2 a du jeu et clink clink à chaque pas), le bruit m'agace un peu, et lui doit les supporter toute la course :) Puis on quitte la piste alors qu'elle descendait, pour tourner à gauche sur la montée vers le Grand Ratz, qui devient méchamment pentue, j'envie presque le gars derrière moi avec ses bâtons, malgré le bruit agaçant. Il ne reste pas derrière d'ailleurs, me double, double le gars en rouge que je suivais, et dsparaît, adieu le bruit ^^ Je passe toujours quelques gars, notamment quand ils s'arrêtent pour reprendre leur souffle d'ailleurs. On commence à sentir la fin quand on entend une cloche et des encouragements, on s'attendrait à une armée de bénévoles pour faire autant de bruit, mais arrivés en haut, sous ses trois drapeaux (les mêmes qu'aux Aravis qui avaient déjà fait tellement de bien), un gars tout seul agite sa cloche en nous encourageant. Et ça y est, on arrive en haut, maintenant c'est la crête principalement descendante.

On se balade en sous-bois (altitude max en dessous de 1000m), le groupe s'étire immédiatement, et je m'en donne à coeur joie une fois remise de la montée. Un peu trop parfois ^^ obligée de ralentir pour reprendre mon souffle, surtout qu'il y a quand même pas mal de petits ressauts à passer qui coupent bien l'élan. Le sentier lui-même est bien piégeux, plein d'affleurements rocheux souvent couverts de mousse, mais aussi de rochers tout court et de cailloux qui roulent bien sous les pieds (on croirait dévaler un lit de torrent), et parsemé de brindilles et de branches tombées, quelques racines, et des feuilles mortes pour tapisser le tout. A un moment je trébuche 2 fois de suite sur deux racines avant de réussir à me rétablir et à ralentir un peu. Un 2e ravitaillement un peu plus loin sur la crête, un coureur arrivé juste après moi me dit que je "cavale bien en descente", je répond que j'aimerais bien cavaler aussi bien en montée, ça m'arrangerait. Un bénévole lui dit alors "vous la revoyez plus alors, ça fait plus que descendre maintenant". "y a pas deux bosses encore ?", je lui demande, doutant un peu de son profil de course trop optimiste, mais on nous répond que non non, c'est rien ça.

J'attrape quelques pruneaux et je repars en trottinant. Sur la route qui quitte le ravito je discute 2 mn avec une fille qui mangeait aussi ses pruneaux, puis pars devant en pensant ne plus la revoir, mais elle me rejoins une fois qu'elle a fini de manger, on quitte la route pour un petit sentier qui descend sur la droite, et finalement c'est elle qui me laisse là ^^ donc une fois que j'ai moi aussi fini de manger, je la prends en chasse, et on dépasse pas mal de monde. Entre 12 et 15 km il y a quelques belles descentes, parfois un peu raides, toutes sur ce même genre de sentier rocailleux racineux piégeux, je me demande comment Mickael a apprécié... J'arrive au ravito suivant en bas de la pente juste derrière mon "lièvre", mais c'est là que je la perds finlement, elle s'arrête à peine, pendant que je me force à prendre le temps de boire mes 2 verres de sirop et de manger un peu, surtout que c'est le dernier ravito. J'embarque une poignée de mélange de fruits secs/amandes bien salé (j'en avais même pas encore senti le besoin, en fait c'était une surprise que ce soit salé) et 2 abricots secs tout noirs, eet attaque la suite du parcours.

Comme ça descend encore un peu j'ai déjà perdu de vue mon "lièvre", mais ça recommence ensuite à monter. On est sur la 1e de ces 2 "bosses". La météo est parfaite, la température assez fraîche est impeccable pour courir, on n'a jamais trop froid (pas eu besoin de remonter mes manchettes), pas de vent, pas de pluie, et ce ne sont pas tant les nuages que les arbres qui nous empêchent de voir le paysage ; de rares ouvertures dans la forêt nous laissent quand même découvrir quelques sommets environnants, joli. Un panneau annonce l'arrivée à 5km, pile en accord avec mon Garmin. Du coup je regarde le temps et réalise pour la première fois que ça fait déjà 2h11 qu'on court. Et me rappelle mon défi de finir en moins de 2h45 : il me reste donc 35mn pour faire 5km, principalement en descente, ça le fait ! Sauf que pour l'instant, on monte, mais heureusement pas très raide et pas très longtemps, puis on recommence à descendre, yahoo. J'ai déjà oublié le chrono et je m'amuse. Je réfléchis que sur une course aussi courte, ce qu'il y a de bien c'est qu'on n'a pas le temps de devenir fatigué et que ça nous force à ralentir, on peut s'éclater d'un bout à l'autre. Réflexion déclenchée par le fait que malgré mes accélérations en descente, je ne dépasse aucune "épave", aucun coureur en difficulté. Juste des randonneurs qui ont pas mal de bout de parcours en commun avec nous.

On commence à revenir en ville, une grosse descente sur bitume avec une belle vue aux alentours, et je lâche les chevaux. Mes pieds se baladent dans mes baskets, cognent devant, chauffent, frottent, je me dis qu'il faut que je change de pompes, mais je laisse filer à pleine vitesse et dépasse plein de monde. Pas longtemps. Un virage à gauche derrière une maison et oops, devinez ce qui était caché par la maison ? Une belle jolie montée sur bitume. Je profite de mon élan pour courir le début puis la pente me force à m'arrêter (de courir), et là mes jambes sont toutes bizarres, encore en mode descente raide, difficile de les passer en mode montée. Heureusement ça ne monte pas longtemps, normalement. J'encourage un gars en le passant et il me demande combien de temps dure la montée "je sais pas, mais en tous cas moins de 2km puisque dans 2km c'est l'arrivée", je lui répond juste au moment où on arrive sur le panneau "arrivée à 2km" (je l'avais pas vu mais encore une fois mon Garmin est pile d'accord). Et soudain je vois mon lièvre de tout à l'heure en haut de la montée ! :) Puis on bifurque sur un sentier qui descend sur la droite, des bénévoles nous encouragent. Un passage vraiment raide sur de la terre friable bien glissante, je dérape, me rattrape de justesse en position accroupie (plus de chance que Mickael qui s'est cassé la gueule au même endroit).

Puis c'est reparti sur une descente normale, puis de nouveau du bitume, descente, puis plat. On retrouve le paysage du départ sur les falaises environnantes. On arrive dans le village de la Buisse, et je suis juste derrière un trio, la fille qui descend si bien entourée de 2 mecs. Je me demande si j'ai encore assez de jus pour les dépasser avant l'arrivée, à moins d'un km maintenant, je grignote mètre par mètre pour ne pas me cramer avant la fin. Un gars avec son kway noir que je voyais régulièrement me dépasse et se joins au trio. Un bénévole encourage mon accélération finale dans un virage, j'accélère encore un peu et je dépasse le quatuor dans la ligne droite le long de la salle polyvalente, maintenant il faut tenir pour éviter qu'ils me re-re-doublent... Mickael est sur le bord et prend des photos ^^ je tiens et je dépasse même encore 2 gars de plus dans l'herbe juste avant l'arche finale. Une bénévole veut me reprendre mon dossard, mais je vais reprendre mon souffle un peu plus loin en dehors du passage, les mains sur les genoux, en espérant vaguement qu'elle oubliera mon dossard :) que nenni, elle est venue l'arracher elle-même de mes épingles. Tant pis pour mon souvenir.

Dans la salle polyvalente un ravito post-course à base de pain frais, fromage, fruits secs... Je me jette d'abord sur quelques verres d'eau. On a aussi droit à un verre de bière gratuit dans notre gobelet éco "trail du buis", et à un bol de soupe aux croûtons, qu'on va déguster dehors au soleil, ça fait du bien de manger chaud parce qu'il fait frais une fois qu'on arrête de courir. Quelques étirements rapides, un petit tour à la remise des prix (j'ai une petite demi-heure de retard sur le podium féminin), et au marché de produits locaux (le cake à la Chartreuse, yummy ^^), puis il est temps de repartir. Dommage de quitter déjà la super ambiance post-course. Il reste une course au Trophée Raidlight Chartreuse, le Trail de Montagnole le 18 Novembre, ce qui me ferait 4 courses sur les 7 du trophée (avec le Grand Duc, le Facteur et le Buis). Rendez-vous pris, donc ^^ Mais d'abord le prochain rendez-vous, c'est le marathon de Toulouse... dimanche prochain...!




samedi 13 octobre 2012

24h autour du Parc Mistral - récit complet

8h45 : ça y est, c'est parti, je quitte mon appart', à pieds, pour faire le petit kilomètre qui me sépare de la halle Clémenceau. En guise d'échauffement :) Cette année j'ai décidé de me la jouer pro et je trimballe une jolie boîte en plastique avec tout un tas de matos tout bien organisé : les fringues plus chaudes pour la nuit dans un sac, les fringues post-course dans un autre sac, des shorts et T-shirts de toutes les formes pour me changer pendant la course selon l'envie, les manchons de compression pour les mollets "au cas où", casquette, buff, lunettes de soleil, appareil photo, chargeur pour le Garmin et l'iPod/iphone, du V en canette et en "shooter" pour survivre à la nuit, des pom'potes si je sature de la nourriture du ravito, une paire de chaussettes et de baskets de rechange, de la Nok pour les pieds, de la crème de massage. Normalement, j'ai pensé à tout. Ah non, sauf le k-way... Mais bon, il ne devrait pas pleuvoir, n'est-ce pas ? :)

9h : j'installe ma boîte dans la halle juste à l'entrée, accroche mon dossard (n°54), configure mon Garmin, retrouve des coureurs de l'an dernier et en rencontre de nouveaux, Mickael arrive trop tard pour avoir un matelas, je discute, participe à la photo de groupe, re-discute. Puis Cyrille arrive, il est tombé du lit et en a profité pour venir nous encourager au départ et faire des photos. Super ! :) Il fait grand beau temps, on va avoir chaud cet aprem. Je suis bien contente d'avoir récupéré à temps de l'UTMB et de pouvoir être là, avec une centaine d'autres fous venus tourner en rond autour du Parc Mistral pendant 24h. Et d'ailleurs, c'est l'heure.

10h : c'est le départ. On est 106 individuels et 4 équipes au départ, tous derrière la ligne sur l'anneau de vitesse. Et c'est parti. Au départ on se marche un peu dessus, puis on se répartit très vite tout autour des 1054m du parcours. Je résiste à l'envie de suivre ceux qui partent vite, plus ou moins à tort d'ailleurs. Sans compter qu'il y a parmi eux des relayeurs qui peuvent se permettre d'y aller à fond, et ne se gênent pas :-) Je reste sur un bon rythme de 9.3-9.5 km/h sans sentir la moindre fatigue ou douleur. Parfait ! Je rencontre aussi Thierry assez tôt dans la course, on discute trail, puis à ma surprise il me dit que mon rythme est un peu rapide pour lui et il marche un peu pendant que je continue. Par la suite on courra régulièrement un bout de tour ensemble à chaque fois que je le rattrape, jusqu'à sa pause marche. Au début les bénévoles se marraient un peu avec des commentaires du genre "plus que 23h50", mais je n'y faisaient pas gaffe. Par contre quand le speaker a annoncé les premiers passages au marathon en 3h30, et que j'ai calculé qu'il restait encore 20h30 de course, j'ai soudain réalisé combien c'était long, 20h30, et ça m'a fait un choc. Puis j'ai oublié... :) Un bénévole au coin du Stade des Alpes nous applaudit tous à chaque fois qu'on passe.

15h : j'ai maintenu mon rythme de 9+km/h pendant 42 tours, mon premier "marathon" (en fait 44 km) atteint à 14h55, et mon objectif avant ma première pause. Je me sens encore très bien mais je me force à la prendre quand même, direction les kinés dans la halle, en emportant un petit bol de purée avec du jambon comme déjeûner. J'en profite pour recharger le Garmin et jeter un oeil à mes messages sur mon portable resté à l'intérieur aussi. 15mn de massage plus tard, je me prépare à repartir (j'enfile un cuissard sous le short pour réduire les échauffements, puis comme il faisait bien chaud dehors j'hésite à tomber le débardeur mais finalement non), quand je vois Mickael rentrer et m'annoncer que Cyrille est là. Cool ! :) C'est reparti, j'ai bien fait de garder un t-shirt, le temps s'est bien couvert en 20mn. Je dois encore finir tout le tour pour retrouver l'anneau de vitesse et Cyrille. Je le vois immédiatement depuis l'autre bout, il détonne en jeans et polo noir parmi tous les coureurs ^^ Il ne me voit pas et traverse la piste juste devant moi alors que je passe la ligne. Je l'appelle et on fait un bout de tour ensemble, puis on tombe sur Fabien et Aurélia avec Léanne sous les arbres de l'autre côté. A mon prochain tour je re-récupère Cyrille qui finit le tour avec moi, jusqu'à ce que Nathalie l'organisatrice le prévienne qu'il n'a pas le droit sinon il risque de me disqualifier. Après ça ils restent tous au milieu de l'anneau de vitesse (il y a aussi Pauline et Céline) à nous encourager (une fois j'ai atteint l'anneau de vitesse en marchant un peu, puis j'ai entendu Cyrille qui criait "allez Carole !!" depuis l'autre bout, et je me suis remise à courir :) Il me tient aussi au courant de mon nombre de tours et de celui de Mickael qui est encore un tout petit peu en avance mais que je rattrape. Pour l'instant je m'éclate, aucune douleur, je peux courir tout mon saoûl sans problème physique, et ça c'est cool !

17h?18h? : notre fan club s'en va. Pour nous la course continue, le temps s'est bien couvert mais du coup il fait moins chaud, c'est plutôt agréable. Les tours défilent trop lentement. A un moment je récupère Mickael qui fatigue (parti trop vite). Son plan pour l'instant est de finir 80km ce soir puis de dormir vraiment et de finir 20km demain matin. On court un bon moment ensemble, les tours passent, et son plan évolue vers courir 100km avant de s'arrêter sinon demain ça sera trop dur. Puis il décide de me laisser partir devant et de ralentir. Je passe enfin mon milestone des 77 tours, plus que 7 avant ma 2e grosse pause. Je retrouve aussi Thierry, lui parle de ma pause massage imminente mais il me dit qu'il y a la queue chez les kinés... Je tiens encore un bon rythme, avec une mini pause au ravito environ tous les 5 tours, juste le temps d'attraper un truc à manger (abricots secs, ou mini-sandwich fait de 2 tucs, une vache qui rit et un peu de jambon, ou tranches de pomme, il y a eu des bouts de pizza aussi) et/ou un verre d'eau ou de jus de fruits. A un moment je cours toute seule côté boulevard Clémenceau quand je m'entend appeler : c'est Axelle et Marie qui passent par là nous encourager, Axelle court même pour me rattraper ^^ Sur ce même côté du circuit, on a aussi le livreur de pizzas de la pizzeria Serge qui nous encourage à coups de klaxons à chaque livraison toute la soirée, ainsi que certains automobilistes. De l'autre côté on a des gens bourrés (dont un plutôt agressif, verbalement heureusement, déjà bourré alors qu'il ne fait même pas encore nuit) qui commencent à remplacer les familles et les promeneurs de l'après-midi.

21h : enfin, mes 84 tours (double marathon en tours, 88km en fait) sont bouclés, cette fois je n'ai pas besoin de me forcer pour la pause. Direction la halle avec Mickael (on courait ensemble à ce moment), il n'y a même pas tellement la queue aux kinés, mais pas envie d'y perdre trop de temps. Je me masse moi-même (bien fait d'apporter de a crème ^^), enlève les chaussettes et découvre une énorme ampoule sur mon orteil du milieu, presque aussi grosse que l'orteil lui-même... Du coup je la perce (c'est Mickael qui fournit le désinfectant, j'ai plus l'habitude d'avoir des ampoules, moi...), Nok, chaussettes, nouvelles chaussures, je change mon débardeur pour un T-shirt à manches courtes (il ne fait pas encore froid), j'avale mon premier shooter de V, m'allonge un peu, une pause de 20mn ça passe très vite, c'est bien dur de repartir quand l'heure fatidique du départ fixé à 21h30 arrive. En plus mon ampoule juste percée me fait bien mal pendant quelques temps, puis ça passe. Il ne me faut pas longtemps pour me réchauffer. Par contre j'ai déjà bien du mal à rester réveillée... Le manque de sommeil accumulé pour cause de boulot se fait sentir... On court encore ensemble un moment. Le projecteur illumine l'anneau de vitesse. Une ambulance emmène un coureur qui a fait un malaise, ça sera le seul "blessé".

22h? : Nicolas et Maud arrivent sur le circuit, Nicolas en tenue de footing court un peu avec nous, sur la partie éloignée du tour côté stade. Puis il demande quand est-ce qu'on fait une pause, j'en avais pas prévu au programme mais comme Daniel le speaker m'avait annoncé que j'étais pas loin des 100km à mon dernier tour, je me fixe ça comme objectif pour une pause. Après 4 ou 5 tours de plus, j'arrive à 99.950 km, donc je repars pour un tour de plus, pour voir le 100km au tableau après 13h de course, avoir droit à un mot de Daniel qui fait toujours plaisir :), et direction le ravito. Je m'étire un peu sur place, me fait un de mes sandwichs spéciaux ^^ puis ne m'attarde pas trop parce qu'on se refroidit vite. C'est un peu frustrant d'avoir des amis venus nous encourager et de ne pas avoir beaucoup de temps à leur consacrer. Mais ça n'empêche qu'on est contents de les voir quand même ! Et c'est reparti dans la nuit. J'ai perdu Mickaël qui je crois est allé dormir, ou voir un kiné, ou les 2. Après cette pause à 95 tours, je skippe la pause des 100 tours et la repousse à 105, ça tombe bien ça me met à peu près à minuit.

00h : 105 tours au compteur, je refais une mini pause dans la halle, le temps de m'étirer et d'attraper un 2e shooter de V qui ne suffit même pas à me réveiller. Je vois Mickael qui essaye en vain de dormir pzr terre dans la halle. J'enfile aussi mon sweat avant de repartir. Et je continue à m'endormir debout mais je n'ai pas l'intention de m'arrêter à nouveau avant mon prochain marathon en tour, c-à-d 126 tours. Résultat, je finis par succomber au Red Bull servi au ravitaillement, une demi-canette coupée avec de l'eau, puis la 2e demi, puis je décide que c'est assez de caféine et que pour le reste je me débrouillerai avec ma musique. Je fais quand même quelques tours en dormant debout, les yeux qui se ferment, arrivant malgré tout à me forcer à tenir un rythme de 6km/h. Puis d'un coup je me mets à chanter et ça me réveille, je me remets à courir, c'est magique. Mais ça ne dure pas.

3h : 3 marathons en distance, 127km, et je continue à tourner en courant avec la même pause marche à tous les tours. Il s'est mis à pleuvoir vers 2h du matin, heureusement j'ai une capuche. Il y a très peu de monde sur la piste. Je tourne un peu avec Thierry. A un moment Piero nous dépasse sur le parking, un bénévole est là et Piero lui dit d'aller se mettre à l'abri "je travaille, là   - on s'en fout il y a personne...   - et nous alors ?! " je lui dis en rigolant ^^ Mais en tous cas tous ces bénévoles ont bien du courage d'être restés là sur place pendant des heures à nous regarder tourner, avec toujours un encouragement, une blague, des applaudissements... On continue avec Thierry, sur un rythme fixe de courir à partir du début du chemin au coin du palais des sports, tout le tour, l'anneau de vitesse, jusqu'à arriver au parking, où on se met à marcher à peu près à hauteur du ravito. C'est moi qui commence à me traîner un peu, j'attends mes 126 tours avec impatience. On s'organise pour rester ensemble malgré les pauses de l'un ou de l'autre au ravito ou aux toilettes. A cette heure de la nuit ne pas être seul est un avantage indéniable.

4h : j'ai enfin atteint mes 126 tours et ça veut dire pause. Cette fois-ci direction les kinés qui n'ont pas grand monde à cette heure où énormément de gens se sont arrêtés pour dormir, surtout avec la pluie. J'en profite bien, j'ai droit au massage quads+isquios+mollets+genoux, il prend longtemps mais j'ai tellement la flemme de repartir que je ne presse pas l'étudiant qui me masse d'accélérer... Mais après 30 bonnes minutes de massage il faut bien repartir. J'abandonne mon short trempé et repars après presque 40mn pour cette dernière pause. Je récupère Thierry qui je crois était allé s'allonger. A une arrivée sur l'anneau de vitesse on discute de voir le bon côté des choses, et je compare le projo qui se réflète sur le bitume trempé à la pleine lune reflétée sur un lac gelé. Y en a qui ont trop d'imagination :)

5h : le matin est encore loin, mais on tourne, on tourne, et on tourne. Les bénévoles et les coureurs commencent à réapparaître après quelques heures de sommeil. Le juge arbitre à vélo nous croise et observe que j'ai toujours le sourire. Je lui réponds que si on était pas là pour s'amuser, on serait ailleurs :-D Puis je m'endors encore, ou de nouveau... du coup je lance mon ipod dans une oreille. On récupère Mickael quand il en a marre d'essayer de dormir (ou alors je confonds tout) Thierry veut faire 150 bornes, Mickael veut faire 3 marathons, et je veux faire 100 miles. On calcule le temps qu'il nous reste, la vitesse nécessaire. On se soutient mutuellement. Un bénévole nous annonce que le jour va bientôt se lever, je crois qu'il se moque, mais un oeil à ma montre me confirme qu'on en est à 21h de course, il est 7h du mat' ! :-o

7h : on ne dirait pas qu'il est si tard, le ciel est tellement gris et bas qu'on n'a aucune chance de voir un lever de soleil. Mais la luminosité augmente indéniablement, le noir tourne au gris, le gris au rose, et d'un coup il fait jour. Je me rappelle encore quand j'ai soudain entendu un oiseau chanter, et d'un coup j'étais à nouveau juste heureuse d'être là, dehors, à marcher. Je revis, lance à mes partenaires que le ciel est bleu le soleil brille les oiseaux chantent, même si on est loin du compte :) Mon regain d'énergie dure quelques tours, puis je me re-endors, et Thierry suggère que je remette de la musique, du coup je me remets à chanter. Désolée à mes partenaires pour le mix infâme de français, anglais, italien, espagnol, corse, japonais, de vraies chansons et de génériques de dessins animés, et merci de m'avoir supportée quand même ^^ mais ça a marché pour me réveiller.

8h : je passe mon record personnel de l'an dernier vers 8h, 150km, avec un mot de Daniel qui me dit que je suis qualifiée pour les championnats de France, et d'aller maintenant chercher les 160km. Défi accepté :) j'ai pas l'intention de m'arrêter avant la fin en tous cas. Martine (des Enfants du Tamil Nadu) m'encourage depuis son stand en me demandant si les jambes vont bien cette année. Daniel fait des blagues sur mes partenaires de course. Le circuit revit. Mais j'ai vraiment mal partout, les jambes en compote, je commence à en avoir marre. Encore 2h, encore 1h, encore une demi-heure. Thierry atteint ses 150km vers 9h30 ou 40. On a re-perdu Mickael, je raconte à Thierry mon super fan club, et pense combien j'aimerais qu'il revienne, quand soudain sur l'allée côté Clémenceau, on tombe sur Cyrille et Pauline, en vestes, sous la pluie, venus nous encourager ! :-o  Trop contente ! :-D ça me redonne la pêche, en plus il reste très peu de temps maintenant avant le finish, et je veux atteindre mes 160 bornes au compteur. On attrape les bâtons en bois avec notre numéro en passant la ligne 15 mn avant la fin. Sur ce qui est presque notre dernier tour je remercie le bénévole qui nous a applaudis à chaque tour hier matin, et était de retour ce matin sous les arbres. On commence par marcher plus vite, du coup Mickael part en footing, puis quand on arrive sur le chemin, je propose à Thierry de courir, je commence à trottiner, croit que je vais le regretter, la machine a du mal à repartir, mais après quelques dizaines de mètres les jambes se délient, j'accélère, et accélère encore, en plus j'ai Adelante dans les oreilles, j'ai perdu Thierry depuis longtemps, je suis à fond et je n'ai même pas mal, nulle part, foulée minimaliste, je dépasse tout le monde, j'ai les larmes aux yeux, je passe la ligne, Cyrille est là avec l'appareil photo, il reste peu de temps, je repars pour un autre tour, à fond, je ne veux plus que ça s'arrête, ou en fait si pasque je vais pas tenir très longtemps à cette vitesse :) je n'entend pas la corne de brume, ni le compte à rebours, c'est un bénévole qui m'arrêtera en criant "stop, stop" alors que je le passais. Ah oui, tout le monde s'arrête, j'ai dû rater le signal :)

10h : je reste là sur place, pose mon bâton, hésite un peu, et m'assied par terre, c'est mouillé mais tant pis, moi aussi de toutes façons. Je rigole toute seule par terre, jusqu'à ce que deux secouristes qui faisaient le tour arrivent à ma hauteur et me demandent "à part mal aux jambes, tout va bien ?  - très bien" je leur réponds avec un grand sourire. Je leur demande quand même un coup de main pour me relever, le bénévole m'aide aussi, et je me dirige vers l'anneau de vitesse (j'ai réussi à aller presque au palais des sports sur ce dernier tour...) en discutant avec la secouriste qui m'a reconnue de l'an dernier (la fille aux poches de glace). Sur la ligne je retrouve Daniel qui me félicite, je lui demande d'appeler Cyrille au micro, ils me cherchaient aussi. On va se poser dans la halle, puis ils doivent partir au ciné. Je me change pour un T-shirt sec (et avec le logo du LIG ^^) et me dirige vers les masseurs. Et là pendant que j'attend tranquillement sur une chaise, bam, malaise hypoglycémique, je le sens venir, je me couche par terre, le masseur appelle la secouriste qui vient me prendre la tension, même pas si basse (dans les 9/6) et me donne de l'eau sucrée, en me disant que je suis la 8e à tomber depuis l'arrivée. 10 mn plus tard ma tension est à peine remontée, j'ai encore droit à du jus de pomme sucré, avant d'avoir le droit de me lever pour mon massage :)

11h : remise des prix. L'italien Federico a fait 228 km, puis Ilaria en forme cette année a battu son record perso et fait 203 km, 2e au scratch. Piero fait aussi 203 km, tout en organisant la course. Laura une autre italienne fait 196km, 6e au scratch, 2e fille, 1e senior. Mais comme elle ne peut pas cumuler les coupes, j'ai droit à la coupe senior fille pour ma 2e place avec 161km et 400++ mètres. Soit tout juste au-delà de mon objectif de 100 miles. Et cette fois je peux marcher moi-même sur le podium ! :)
Marielle est 5 km derrière moi, coupe de la 1e V1 (derrière Ilaria juste V1 cette année qui a déjà la coupe femmes). Pascale qui était longtemps devant Laura s'est fait dépasser dans la dernière heure et finit avec 183km. Corinne qui avait ralenti au milieu de la nuit a eu un second souffle et a recommencé à courir et à accumuler les tours pour finir 4e fille. Carl, le gars dont je croyais qu'il était italien et Mickael le croyait suédois, à l'air d'être en fait espagnol, et finit 1e V1. Henri qui avec ses 76 ans revenait des 100km de Millau le week-end précédent a abandonné pendant la nuit avec une centaine de kilomètres. Stéphane le parisien martiniquais qui n'avait pas couru depuis 2 ans, inscrit par un ami, a réussi plus de 100km avec une douleur au genou. Arnaud le plus jeune l'an dernier était de retour, aussi avec un genou douloureux, et dépasse les 100km. Gilles qui a couru pas mal avec Mickael a fait 117 km. Tetsuya le japonais qui avait failli ne pas pouvoir s'inscrire faute de certificat médical, et avec qui j'ai échangé 3 mots d'encouragement en japonais, a fait 135km. Mickael a réussi ses 3 marathons, et Thierry ses 150km. Bravo à tous, merci à tous les bénévoles, et à l'année prochaine pour le championnat de France ! :-D


mardi 9 octobre 2012

Les 24h de Grenoble 2012

Samedi (et dimanche) dernier c'était les 24h de Grenoble, édition 2012. En 2 mots, c'était génial.

Nous sommes deux coureurs Synergy-running, Mickaël avec le dossard 35 pour sa première participation, et moi avec le dossard 54 pour ma 2e. Cyrille est là pour nous encourager (et nous photographier) au départ. Il repassera dans l'après-midi avec tout un fan club (merci Cyrille, Pauline, Céline, Fabien, Aurélia, et Léanne ^^) qui restera à discuter au centre de l'anneau de vitesse en nous encourageant au passage. Puis c'est au tour d'Axelle et Marie de passer en coup de vent en début de soirée. Et enfin Nicolas et Maud arrivent en début de nuit et restent jusqu'à ma pause ravito du 100e kilomètre. Vient ensuite la longue nuit, pas trop froide mais pluvieuse à partir de 2h du matin, courue en dormant debout par moments, et en discutant soit avec Mickael (quand il ne dormait pas :p) soit avec Thierry (un traileur rencontré sur la course) le reste du temps. Un lever de soleil inaperçu sous un bas plafond gris, et d'un coup il fait jour. Et Cyrille et Pauline sont de retour, sous la pluie ! Encore quelques dizaines de minutes et la corne de brume retentit (je ne l'ai même pas entendue...) et la course s'arrête. J'ai tout juste atteint mon objectif de 100 miles, et Mickaël a explosé son objectif de 100km en réalisant 3 marathons (127 km). En plus je gagne la coupe senior femmes (grâce à la trop bonne performance de la vraie 1e senior qui se classe 2e au classement femmes et 6e au scratch avec 196 km, et ne peut pas cumuler les prix) et le bouquet qui va avec. Et pour couronner le tout, aucune blessure, et même pas de courbatures ! :-)

Merci encore à tous nos supporters ! Et à tous les organisateurs et bénévoles, et aux autres coureurs avec qui j'ai pu discuter pendant la course.

Quelques liens

Et mon résumé en détails à venir quand je n'aurai plus 3000 choses à faire en même temps...

mercredi 3 octobre 2012

Montée de la Bastille


Après quelques semaines sans course à pied et de nombreuses séances de kiné, j'ai recommencé à courir samedi dernier (22 Septembre, 3 semaines après l'UTMB). Partie pour un ou deux tours du parc "pour voir", j'ai changé d'avis pour longer l'Isère jusqu'au campus, puis jusqu'au lac de la Taillat, puis autour du lac, puis... Résultat, retour à la maison en pleine forme après plus de 18 km :-D
Donc rassurée, mercredi j'enchaîne 2 sorties, et jeudi une montée matinale à la Bastille avec Synergy running pour préparer la course de samedi : la 20e Montée de la Bastille.

Trace GPS : Garmin
Photos : Picasa
Résultats sur le site du club Spiridon : 7e de ma catégorie (SEF), 12e fille, 189e au scratch.

Départ de la piscine sur le campus, le temps n'est pas brillant mais pour l'instant il ne pleut pas. 3 participants Synergy en tout avec aussi Nicolas (63) et Mickael (39) (j'ai le dossard 2, vive l'ordre alphabétique ^^). Un gars du club fait l'animation au micro en racontant des blagues, nous annonce un quadrathlon avec natation dans la boue, course à pied (quand même), escalade des escaliers de la Bastille, et descente en bulles. Les marcheurs prennent le départ une demi-heure avant nous, puis le camion part avec nos sacs de vêtements de rechange, puis nous (quelques 300 coureurs, ça fait du monde sur le parvis de la piscine). Mickael part devant comme un dératé, et je suis Nico qui est plus tranquille.

50m plus loin je tombe sur Michel, le V4 qui est de toutes les courses, je lui parle du Grand Duc, il se rappelle aussi de moi, puis me dit qu'il a fait toutes les éditions de la Montée de la Bastille. Puis je le laisse pour essayer de rattrapper Nicolas, il me faudra un bon moment. A cause des travaux sur la digue on traverse l'Isère pour courir de l'autre côté sur un sentier légèrement boueux mais rien de bien méchant... Puis on retraverse vers les Taillées sur une petite passerelle, je vois Nico devant et accélère dans la descente de la passerelle pour le rejoindre, on discute un peu le long de l'Isère au niveau de Flandrin-Valmy, puis je le laisse derrière pour accélérer un peu. Il a vite fait de me re-dépasser et de disparaître. J'ai déjà trop chaud et je me félicite de ne pas avoir pris un k-way ou des manches longues comme la météo aurait pu le suggérer. On passe ensuite sous le pont du tram à La Tronche avant de le traverser pour redescendre sur les quais. Je ralentis un peu pour arriver en forme à la montée. Un ravito propose quelques quartiers d'orange et de l'eau, puis on arrive au pied de la Bastille à la porte Saint-Laurent, et on attaque la montée.

La vitesse diminue d'un coup pour tout le monde autour. Sauf Michel, qui me dépasse dès le premier lacet, avec un mot d'encouragement, et continue tranquillement avec sa foulée qui ressemble un peu à de la marche rapide. J'essaye de copier, puis adopte ma stratégie de marcher les virages, qui sont les morceaux les plus raides, et trottiner les lignes droites, même si certaines sont bien longues. Mais ça marche bien, et je me maintiens à niveau de quelques gars, dont un qui marche aussi de temps en temps. Je dépasse même quelques personnes ^^ en les encourageant. Il commence à pluvioter un peu, plutôt rafraîchissant. Puis arrivent enfin/déjà les escaliers, et un ravito en eau. J'attrape un gobelet et commence à marcher tranquillement les escaliers, derrière un groupe de touristes, essayant de reprendre mon souffle avant d'avaler mon verre d'eau. Il me faudra toute la première volée de marches et le bout de plat pour réussir à boire un peu d'eau avant la volée de marches finales. J'abandonne mon gobelet et repart en trottinant dans la section plate en balcon au-dessus des escaliers. Entre temps il s'est mis à pleuvoir plus fort. Et je suis en hypoglycémie... Mais on n'est plus très loin de l'arrivée maintenant, et je n'ai plus besoin de marcher les virages. Dans le dernier lacet sous le mur final, je me fais doubler par quelques coureurs motivés par la proximité de l'arrivée, mais continue sur mon rythme déjà assez difficile. Je débouche sur la place, on continue sous la porte, et là un bout de descente sur la route où je lâche complètement les freins et dépose une fille qui venait de me passer en montée. Puis ça remonte vers le parking du père Gras, j'essaye de maintenir ma vitesse, virage à droite et sprint final entre des barrières, et c'est la ligne d'arrivée, bien essoufflée. Un bénévole m'arrête dans mon élan, me voyant prête à continuer "ou alors faut recommencer" :)

Temps final : 55mn. Vu que je me demandais si je pouvais faire moins d'une heure, c'est pas mal :) Et mon genou a bien tenu le coup. Un petit passage au ravito (orange et pain d'épice) avec Mickael et Nicolas qui ont fini avant, et on prend les bulles pour descendre, sous la pluie. Pour la vue, on repassera... Conclusion : chouette course. Le lendemain était aussi organisée la Wider Classic, une course verticale un peu plus sérieuse où la Bastille ne servait que d'échauffement avant d'attaquer le Jalla et le Rachais. Mais les 24h de Grenoble approchant, j'ai préféré un entraînement à plat, direction le Drac, enchaîné avec les séances de fitness en plein air de Vitaform pour les Virades de l'Espoir au parc Mistral. Sans compter les préparations de cours, mais c'est une autre histoire...

Prochaine course : les 24h de Grenoble, samedi 6 octobre à 10h (arrivée dimanche 7 octobre à 10h, c'est facile :) ). Viendez tous m'encourager au parc Mistral !

lundi 1 octobre 2012

UTMB 2012

Vendredi 31 Août, 19h + quelques minutes, plusieurs centaines de traileurs s'élancent de la Place du Triangle de l'Amitié à Chamonix, pour un tour... de la vallée de Chamonix...



Enfin, s'élancer, c'est vite dit. Devant ça part vite, très vite, après tout il paraît qu'il ne s'agit que d'un "sprint" de 100km, et que le nouveau parcours est "roulant" (sic). Mais pendant ce temps, derrière, ça bouchonne, ça pousse dans tous les sens, ça essaye de ne pas se casser la figure dans les marches d'escaliers ou de se prendre un poteau masqué par la marée humaine. Plusieurs minutes pour passer la ligne, plusieurs de plus dans les rues de Chamonix entre les barrières de sécurité qui contiennent une foule non moins importante de spectateurs surexcités. Moi aussi, à vrai dire. Quand je peux enfin courir, je ne me gêne pas. Vangelis est toujours à fond dans nos oreilles, il ne pleut même plus, j'en ai presque chaud avec mon collant long, mon haut thermique et mon gore tex par-dessus. Sans compter le buff autour du cou et la casquette sur la tête. 4 couches, on nous a dit !

La première section consiste à rejoindre les Houches, légèrement plus bas que Chamonix, ce qui ne veut pas dire que ça ne fait que descendre. Une succession de petites bosses nous attend, mais que du bonheur. Je ne fais quasi que courir sur cette section, les bâtons toujours dans le dos, pour atteindre les Houches en moins d'1h en ayant déjà commencé à grignoter un peu (Mule Bar protein). Stop ultra rapide (il y a beaucoup trop de monde qui se bouscule) pour boire un coup et c'est reparti. Là je sors les bâtons car on attaque la montée du Delevret. Je ne me sens pas super en forme, mais ça va. Par contre il recommence à pleuvoir, je redescend les manches du k-way, sort les gants légers de ma poche, remet la casquette à l'endroit, et c'est parti. Peu de souvenirs de cette montée boueuse, mais plus de la redescente qui s'ensuit. Boueuse, c'est le moins qu'on puisse dire. La nuit tombe progressivement par ici, et c'est à la frontale qu'on redescend, avec un brouillard qui empêche de voir plus loin que le bout de son pied. Pas facile dans les lacets. Heureusement il y a une file assez continue de coureurs à suivre. J'en passe quelques-uns par les côtés, jusqu'à me casser la gueule sur une belle glissade. Mais sinon ça va, les quadris absorbent bien, et me voilà à Saint-Gervais.

Le ravito est juste abominable. Une tente blindée de monde qui pousse dans tous les sens comme si ça allait arranger les choses. Il faut se battre pour accéder à nourriture ou boisson, donc j'avale rapidement quelques verres de boisson énergétique, des morceaux de barre ou de fruits, attrape quelques provisions pour la route et zou ! Même pas le temps (ni la place) de se changer au sec (relatif, sous une tente au sol détrempé par le passage des coureurs précédents), donc comme beaucoup d'autres, je m'arrête sous la pluie quelques dizaines de mètres plus loin, au bord d'un pont, pour enfiler le bonnet et les gants chauds (à la place des gants windstopper avec lesquels j'avais démarré et qui sont déjà détrempés. Windstopper peut-être, mais certainement pas rainstopper...). Et c'est reparti pour une longue mais tranquille montée.

On grimpe le long de la route vers les Contamines (km34). C'est dans ces eaux-là que je me rappelle pour la première fois avoir prêté attention à mon genou douloureux (ainsi que le psoas de la même jambe, la gauche). Chaque pas tire dessus et est douloureux. Heureusement la pente me donne de toutes façons une autre excuse pour ne pas courir, mais il faut quand même marcher assez vite pour ne pas perdre de temps dans cette montée goudronnée facile. On passe par Notre-Dame de la Gorge et son église illuminée de bleu, avant de continuer à monter vers la Balme. Jusque là on est toujours sur le parcours initial.


Au ravito de la Balme, on commence à être en montagne, enfin. C'est pour ça qu'on est là après tout, et les presque 2 semaines d'affûtage sans mettre les pieds en montagne m'ont laissée complètement en manque... Alors je n'attend qu'une chose, c'est de grimper et de retrouver un univers plus minéral. Enfin pour l'instant, on monte un chemin en lacets, il pleut toujours (ça ne s'est pas arrêté depuis les Houches à vrai dire...). Soudain je vois ce que je prends pour la pleine lune à l'horizon au-dessus de nous, une grosse boule orange, j'admire et je me dis que je n'ai jamais vu la lune aussi grosse et aussi belle, et que malgré la météo on a bien de la chance d'être là, dehors, dans les montagnes. Où pourrait-on être mieux d'ailleurs ? Dans un lit douillet à dormir ? Pas intéressée. Mais bon, au fur et à mesure qu'on monte, je finis par me rendre compte qu'il ne s'agit pas du tout de la lune mais d'un gros ballon qui illumine le ravito de la Balme. La lune est effectivement pleine ce soir, mais avec les nuages et le brouillard, on ne la verra pas... C'était bien la peine de faire la course un jour de pleine lune du coup. Comme beaucoup de monde je regrette qu'on n'ait pas couru le week-end dernier... Quand on pense qu'il y a une semaine on était en pleine canicule...!

J'arrive donc au ravitaillement de la Balme, encore une tente mais qui couvre juste les tables et les bénévoles cette fois (ils ont bien du courage, d'ailleurs, debout là dans le froid pour nourrir des milliers de coureurs boueux et souvent trop fatigués pour parler). Il y a aussi un feu de bois sur le côté, mais malgré mes gants déjà trempés je passe mon chemin sans m'arrêter, ne voulant pas prendre le risque de m'y attarder plus que nécessaire, ou d'avoir du mal à repartir. Je mange un peu et repars aussitôt. On est quasi au point le plus haut de la course, mais on va maintenant se balader un peu sur la crête jusqu'au Signal avant de faire demi-tour vers les Contamines, nouveau parcours oblige... La haute montagne ce ne sera toujours pas pour aujourd'hui.

En même temps, c'est peut-être pas plus mal. La pluie s'est maintenant transformée en neige qui tombe et tombe et continue de tomber. Trop concentrée à suivre le chemin avec ma frontale, qui a déjà du mal à percer l'obscurité, le brouillard et la neige combinés, j'ai mis un moment à remarquer que tout était blanc autour de nous. Le sol est couvert de neige, sauf bien sûr sur le chemin où les milliers de pas qui m'ont précédée l'ont effacée, remplacée par une couche de gadoue. C'est super joli ! Mais il fait aussi super froid. Mes gants pseudo-étanche en gore tex Raidlight achetés à Chamonix à cause des prévisions météo alarmistes ont pris la pluie, et mes gants en polaire en-dessous sont complètement trempés. En plus le vent souffle bien là-haut, et il neige encore et toujours. Résultat, je ne sens plus mes doigts, et les orteils c'est pas mieux, malgré 2 paires de chaussettes l'une sur l'autre dans les baskets. J'avance donc en mode automatique en espérant rejoindre au plus vite le prochain ravito (Contamines retour, à 54 km). Sauf qu'un coup d'oeil à mon Garmin me désespère : il reste plus de 10 km avant ce ravito, et au rythme où je vais (vu que mon psoas et mon genou gauches commencent à sérieusement souffrir et m'empêcher de courir), je suis pas rendue. 

M'enfin il faut bien avancer, donc je suis le rythme des coureurs autour de moi, bien pratique vu le manque de visibilité (il neige toujours, il y a du brouillard...). Le sentier serait super sympa s'il n'était pas aussi gadouilleux avec la neige fondue, il se balade sur ce que j'imagine être une crête (dans le noir...), entre les rochers qu'il faut constamment contourner ou enjamber, ce qui n'arrange pas mes douleurs à la jambe. Vitesse de pointe dans les 3 ou 4 km/h... Mais je reste sur pilote automatique, concentrée sur l'objectif de redescendre au ravito des Contamines et d'aller pointer directement au poste de secours pour réanimer mes doigts. Du coup je ne prend pas le temps de manger, je me rend bien compte que je commence à avoir faim et que j'aurais bien besoin d'un petit coup de sucre, mais trop froid et trop la flemme d'enlever mes gants pour accéder à une barre ; je bois aussi très peu. Je ne prends pas non plus le temps de me couvrir plus, je suis toujours en T-shirt et thermal sous mon k-way, mais ça semble suffire pour me garder au chaud tant que je bouge.

Toujours en pilote automatique, je passe soudain par surprise devant un bâtiment éclairé et peuplé, le "poste de secours du Signal", mais je ne m'arrête même pas, par crainte de ne plus en ressortir. Un bâtiment en dur, au sec et au chaud, c'est tellement tentant. Mais à l'intérieur il n'y a que des secouristes et des coureurs blessés ou fatigués, pas la meilleure ambiance. Je passe donc mon chemin sans ralentir et attaque bientôt la descente. Les autres accélèrent, mais j'ai trop mal pour courir, je dois donc me contenter de marcher vite. Au fur et à mesure qu'on perd de l'altitude je me réchauffe, je recommence à sentir mes orteils, la circulation revient puis repart dans mes doigts. Mais le ravito semble mettre une éternité à arriver. On est en ville, on marche dans des rues, mais où est le ravito ? je me demande si je ne l'ai pas raté, si je ne me suis pas perdue, si je ne suis pas en train de refaire la boucle par le Signal, d'autant qu'en plus on recommence à monter... enfin toutes les craintes irraisonnées, d'autant que le parcours était vraiment supra bien balisé (surtout pour un balisage fait en urgence sur un parcours de repli décidé le matin même). Mais enfin après tous ces détours dans les rues, j'arrive au ravito des Contamines, il est 5h du matin, 10h de course pour 54km. Pas mal pour l'instant.

Comme j'en rêvais depuis des kilomètres, je vais directement au poste de la Croix Rouge, vois des coureurs affalés sur des lits de camp, sous d'épaisses couvertures, en train de dormir ou de récupérer... J'ai presque envie de ressortir aussitôt, mais je suis accueillie par une bénévole à qui je dis simplement "j'ai juste très très froid". Elle me fait assoir sur un lit de camp, me dit d'enlever tous mes vêtements mouillés (ce qui veut dire que je retire les gants, le k-way, le t-shirt, le thermal...) et m'enveloppe dans une couverture de survie puis une vraie couverture : sensation de chaleur immédiate. Puis elle se renseigne sur ce que j'ai mangé : rien depuis plus de 3h que j'ai quitté la Balme... Aïe aïe aïe :) apparemment c'est pas bien :) elle revient avec du bouillon, des tucs, des barres céréales... je mange, et reste au chaud sous la couverture à planer complètement. Une journaliste de France 5 tourne dans la salle avec sa caméra, je crois qu'elle me filme, elle interroge la bénévole de la Croix Rouge à mon sujet, mais je suis un peu ailleurs. Je suis perdue dans mes pensées, j'hésite vraiment à abandonner là, j'imagine la sensation de repartir trempée dans la nuit et sous la pluie, mais j'imagine aussi l'arrivée à Chamonix, je repense à la douloureuse sensation de l'abandon sur la Diagonale, je pense à l'équipe de Guillaume qui compte sur moi pour les tests post-course... J'envoie même un message à Bernie qui n'est toujours pas arrivé aux Contamines (je ne sais même pas s'il va passer la barrière horaire de 7h) en lui demandant ce qu'il penserait d'abandonner là, mais lui est en plein second souffle. Au final il me faut une bonne heure avant d'enfin réussir à m'extirper de ma torpeur et à me décider à repartir. Je repousse les couvertures, les passe à un autre coureur qui vient d'arriver et est assis à côté, et commence à ma rhabiller. J'emballe les t-shirts trempés, et enfile ma polaire à même la peau à la place. Bonnet, frontale, mais au moment de remettre les gants je suis prise d'un doute, je demande donc à l'infirmière s'il vaut mieux mettre des gants mouillés ou pas de gants du tout : réponse, les 2 sont mauvais... elle me file donc une paire de gants en latex pour au moins garder mes mains au sec. Pendant ce temps la journaliste de France 5 a décidé de me passer à l'interrogatoire pour savoir si je repars (oui) et pourquoi, et qu'est-ce qui nous fait avancer... Elle peine à comprendre, et je peine à lui expliquer... Je doute qu'elle puisse tirer quoi que ce soit d'intéressant de mes réponses (de l'ordre de "bah je suis pas encore arrivée à Chamonix"... ^^). A voir de vous-mêmes dans le Journal de la Santé de mercredi 19 septembre sur France 5.

Mais je ressors finalement de l'infirmerie plus d'une heure après y être entrée... et manque y retourner aussi sec... 1h d'immobilité a complètement figé mes 2 articulations endolories de la hanche et du genou gauche : impossible de me déplier complètement, douleur, blocage, je boîte péniblement... jusqu'à la tente des kinés, où une dame me masse vaguement le quadriceps... sur le coup je me demande à quoi ça va bien pouvoir servir, mais quand elle me dit de me lever j'ai un peu moins mal, la machine est repartie... Je boitille jusqu'à la table de nourriture, hésite encore à repartir, mais ça serait trop bête de rester là après avoir passé le plus dur, la nuit est terminée... Mais dehors il pleut, il faut froid, il va falloir boiter encore plus de 50 km jusqu'à Chamonix... Et si c'était pas sérieux, et si j'aggravais l'état de ma jambe, et si... Je pars à l'envers pour trouver les toilettes, me donnant 5mn de réflexion supplémentaire, quand je tombe miraculeusement sur Patrice et sa bande du Team Guiziou qui me demande si ça va. "Bof... j'ai mal et j'ai froid" je répond d'un ton déprimé. "Comme nous tous" me dit-il... Une réponse d'une telle logique que je relativise tout de suite et décide de m'accrocher à eux "je viens avec vous sinon je repars pas". J'attrape quelques barres pour la route, range le téléphone, et c'est reparti. Il est environ 6h30, je viens de passer 1h30 ici, et j'espère que ce n'était pas du temps perdu mais un bon investissement pour la suite. On sort de la tente et on commence directement à monter hors des Contamines. Le fait de s'élever à nouveau vers le froid et hors de la civilisation me met le doute. "Je sais pas si j'aurais dû repartir..." dis-je à Patrice. Mais maintenant que je suis là... je persiste et finalement je les lâche rapidement dans la montée qui suit. Le soleil est quasi levé maintenant, ça réchauffe le corps et le coeur. Au bout d'un moment il s'arrête même de pleuvoir.

On grimpe une première mini-bosse avant de redescendre sur la Villette, de plus en plus bas dans la vallée, pour re-remonter de l'autre côté. Je reconnais des passages de la TDS de l'an dernier, quand on passe pas loin des Chalets du Truc et du Miage. Par contre le Col du Tricot est complètement hors programme aujourd'hui... à la place on monte directement à Bellevue, en évitant aussi la passerelle sur le glacier de Bionassay, dommage... Une montée un peu plus longue que la précédente mais pas bien méchante, et nous voilà à Bellevue. Au début je ne reconnais même pas le lieu de ce dernier ravito de la TDS avant la descente vers les Houches. Le soleil est bien levé, on aperçoit vaguement le paysage entre les nuages, et je suis de nouveau contente d'être là. Mais toute ardeur éventuelle de partir en courant est vite arrêtée. La descente que j'avais tant aimé sur les Houches est méconnaissable (je ne suis même pas sûre que ce soit bien la même, en fait...). Les conditions météo l'ont transformée en une mare de boue géante. Les coureurs précédents ont tracé deux ornières (une pour chaque pied) avec un mur de boue de 15cm de haut entre les deux. S'éloigner un tant soit peu du chemin tracé pour doubler équivaut à déraper dans l'herbe grasse ou s'enfoncer dans la boue jusqu'au mollet. Un vrai toboggan de boue...! Puis on se retrouve sur la route et là je reconnais vraiment le parcours de la TDS. J'essaye de courir un peu, ça va mieux, un second souffle arrive avec le soleil. Et nous voilà aux Houches. Je reconnais très bien aussi la jolie descente finale sur bitume où je renonce à me freiner et dévale jusqu'au virage serré à droite sur le trottoir vers le ravito. Il y a autant de monde que l'an dernier dans ce virage, mais par contre ma vitesse laisse à désirer, peu de risques de m'envoler cette fois ^^

A l'arrivée au ravito, un groupe de jeunes filles tient une pancarte "Ultra Talentueux Magiques Balèzes" :-D Sympa :) Je ne m'assied toujours pas à ce ravito (d'ailleurs la seule fois que je me suis assise pour l'instant, à la Croix rouge des Contamines, j'y ai passé 1h30...). Je mange et je bois la boisson énergétique fournie, je remplis mon bidon frontal avec (par contre je n'ai pas rempli une seule fois ma poche à eau de toute la course). Je commence à apprécier aussi les barres céréales abricot-amandes coupées en petits morceaux. Il y a aussi des compotes de pomme, déjà ouvertes avec une cuillère déjà à l'intérieur de chacune. Tellement bien que je remercie les bénévoles pour leur attention. Et c'est reparti pour la montée de Merlet. Des kilomètres d'une montée interminable sur le bitume, vers un parc animalier, ponctuée des panneaux indiquant les différents parking et les distances en centaines de mètres vers l'entrée. Les panneaux défilent, et l'entrée du parc semble reculer... On passe une bifurcation avec un sentier qui va aussi au parc, mais on reste sur le bitume. Et enfin, nous voilà à l'entrée du parc, beaucoup prennent une pause, il y a des tables de pique-nique, des coureurs sont assis un peu partout pour manger ou récupérer. Mais pour ma part ça va bien, et je sais que je ne serai pas plus rapide en descente qu'en montée, pour changer, donc je passe mon chemin aussitôt et m'engage sur le petit sentier qui part à droite.

Je descend en marchant, mal au genou gauche, mal au psoas gauche, et à force de compenser, maintenant j'ai aussi mal à la cheville droite. Mais bon, faut bien avancer... En bas de la descente on a un ravito surprise, où un bénévole sans doute mieux intentionné qu'informé nous dit que le village des Tines est juste après, puis qu'on descend directement à Argentières sans même passer par le col, vu comme ça ça a l'air facile et je suis un peu perdue. C'est le problème du nouveau profil, je ne le connais pas par coeur et je me laisse plus facilement influencer par les commentaires extérieurs. J'imagine déjà que le reste du parcours va aller assez vite et fait plein de plans dans ma tête. Mais force est de constater que le village des Tines n'arrive pas. J'ai le temps d'oublier et de retrouver 10 fois son nom dans ma tête, avant de voir sur un panneau de randonnée qu'effectivement il est à plusieurs kilomètres de là. Heureusement on est en faux plat, rien de bien difficile, mais par contre comme je ne peux pas courir je perds un temps fou par rapport à ceux qui le peuvent. Sauf qu'il n'y en a pas beaucoup autour de moi, on est en queue de peloton et tout le monde est crevé. D'autant plus frustrant, parce que je ne suis même pas crevée, juste blessée...

Au bout d'un moment je commence à avoir vraiment trop chaud et me pose sur le côté à un croisement pour me découvrir. Au passage je discute avec un couple qui s'arrête au même endroit pour une pause. Je remonte un peu les jambes du collant, remonte les manches de la polaire (plus de t-shirt sec pour me changer, donc obligée de la garder. C'est là qu'une équipe de soutien serait un avantage indéniable...), range la torche (il serait temps ^^), le bonnet, les gants au fond du sac, et repars un peu plus au frais. 
Heureusement parce que contrairement à l'annonce du bénévole, on attaque bien la montée du Col des Montets. Je monte encore bien, mon genou ne tire pas autant à la montée qu'à la descente, tant que je ne le met pas en extension, donc je préfère monter (pour changer !) On avale à peu près 500m de dénivelé avant d'arriver au col. Plus on monte et plus ça se rafraîchit, le vent recommence à souffler fortement, et finalement je suis contente d'avoir gardé ma polaire. Je ne m'attarde pas en haut et attaque tout de suite la descente vers Argentières. Qui est elle aussi beaucoup plus longue que prévu, j'oublie les infos fausses du bénévole et me rappelle une autre description entendue pendant la montée qui annonçait 5 km de descente vers Argentières. Et enfin, le soleil commence à percer entre les nuages, qui s'espacent pour laisser entrevoir les montagnes, (très) fraîchement enneigées, juste magnifique ! :-O

Par contre je commence à dormir debout donc je fouille ma poche de côté pour retrouver le shooter de V concentré que je trimballe depuis le départ (je comptais en mettre dans le sac d'allègement à Courmayeur mais comme on ne va plus à Courmayeur... bref) et le descend. Effet magique :-) En quelques minutes, je passe du mode "marche péniblement en baillant et en luttant pour ne pas fermer les yeux" à "bon je m'ennuie en marchant, et si je courais un peu" :) Je pars donc en courant sur le sentier qui est assez sympa et technique à ce moment-là, et m'amuse bien à bondir de caillou en caillou, oubliant un peu les douleurs aux jambes. Manque de bol à peine quelques centaines de mètres plus loin le sentier recommence à monter, et je recommence à marcher. Peu de temps après on arrive à Argentières, et je trottine encore sur le bitume, des grosses descentes entre les maisons, jusqu'à arriver à un virage à droite devant une barrière où sont alignés des bénévoles qui nous font la ola au passage, super ! :) De l'autre côté de la barrière les coureurs ressortent du ravito dans l'autre sens derrière les bénévoles, et tournent en face pour continuer la descente sur le bitume encore un peu.

Je me sens en super forme donc je ne fais qu'un passage très express dans la tente du ravito, le temps d'attraper quelques morceaux de barres céréales abricot-amande (miam) pour maintenant et pour la route. ça serait bête d'interrompre ce vent d'énergie nouvelle par une hypoglycémie... Il est à peu près 
17h, le CP ferme à 19h, je suis largement en avance sur les barrières. Je sors de la tente, le soleil brille, je suis en pleine forme et j'ai trop chaud, donc je décide d'enlever la polaire, l'accroche au sac à portée de main, et repart en brassière. Je sors aussi la musique (le premier iPod m'a lâchée, refusant de jouer plus de 30 secondes de musique à la fois, donc je sors le 2e) pour me motiver, et c'est reparti. Je repasse derrière les bénévoles et continue à descendre. Il reste 10 km pour rejoindre l'arrivée à Chamonix. Plus rien ne peut m'empêcher d'y arriver maintenant. Quand je pense que j'ai failli ne pas finir...

La dernière section est quasi plate, je cours un peu quand je peux, dans les descentes, et marche le reste du temps. Trottiner sur le plat est trop difficile, il me faut vraiment une descente pour réussir à accélérer un peu. On commence par traverser le village et des bouts de forêt, puis on se retrouve sur cette large piste vers le village des Bois, on passe par le site du Nordic'athlon et je commence à reconnaître, puis on passe derrière mon hôtel Arveyron. Les paysages sur cette section sont magnifiques, les nuages laissent apercevoir la Mer de Glace, les Drus, tous les sommets enneigés. Je sors aussi mon téléphone, Guillaume m'appelle pour savoir où j'en suis, le site web n'est pas encore à jour et il s'inquiétait de ne pas m'avoir vue passer à Argentières encore. Un coup de fil à Carcassonne où tout le monde m'encourage, ça met du baume au coeur. Je "discute" aussi avec un italien, qui ne parle pas un mot d'anglais ni de français, alors je mélange mes quelques mots d'italiens et de corse avec mes restes d'espagnol, et on arrive plus ou moins à se comprendre :) De toutes façons à ce stade on n'a pas des discussions très profondes :) Mais ça aide à passer le temps, puisque j'ai de nouveau renoncer à courir et que cette longue section plate n'en finit plus. Un gars court juste derrière moi et discute avec un pote venu l'accompagner un peu (bonjour le respect du règlement concernant l'interdiction d'être accompagné par un non-coureur de l'UTMB, clairement ceux qui avaient la chance d'avoir des potes sur place ne se sont pas gênés pour se faire accompagner, et on les comprend bien) qui lui dit qu'il n'y a plus de gilets finishers ; sur le coup je rejette complètement l'info, me disant que c'est une blague. Le soleil ne va pas tarder à se coucher derrière les hauts sommets qui nous entourent, déjà on est dans l'ombre, la température se rafraîchit, mais pas question de m'arrêter pour remettre ma polaire.

Puis enfin, on arrive dans Chamonix, des gens se promènent en ville, la vie passe normalement pour tout le monde, on est samedi après-midi. J'éteins mon ipod pour profiter de l'ambiance, m'attendant déjà à entendre les Chariots de feu, mais la ville est grande... Quand il commence à y avoir du monde, je me met à courir, en me demandant combien ça va durer. Réponse : pas longtemps. Donc je me résous à marcher de nouveau, pour garder mon énergie pour le sprint final. Et le voilà, on arrive en vue de la place du Triangle de l'Amitié, les bénévoles indiquent le chemin, les barrières, l'effet magique de l'approche de la ligne d'arrivée qui fait courir malgré toutes les douleurs et toute la fatigue, plus j'approche et plus j'accélère, et soudain je tourne et je la vois, l'arche d'arrivée. Je slalome entre les barrières en tapant dans les mains des enfants (et des adultes) qui m'encouragent, il y a un monde dingue amassé derrière ces barrières, il ne manque plus que la musique de Vangelis, qui ne jouera pas pour moi, et je passe la ligne, ça y est, c'est fini... 

Le commentateur m'annonce au micro, surpris de ma "tenue exotique" :) M'accueille sur la ligne en me demandant si je suis partie comme ça. Non non, je répond en remettant ma polaire, les mains un peu gelées. Puis Guillaume me récupère sur la ligne, me dit qu'il m'attend au bout. Je vais rendre ma puce et récupérer mon gilet finisher, sauf que "désolé, on n'en a plus, on vous l'enverra par la poste". Non... pour de vrai ? c'était pas une blague alors. Bon... Je récupère ma caution, même pas le temps de manger un truc, direction le labo de Guillaume à l'ENSA "juste à côté", mouais, sauf que c'est pas tout près et qu'il marche trop vite pour moi, avec une autre fille arrivée juste après moi, on slalome dans la foule. Standing ovation qui fait plaisir de la part de tout le monde à l'arrivée au labo :-D Puis c'est parti pour 3 heures de tests et expériences divers et variés, mais c'est une autre histoire...

UTMB 2012, over...

UTMB 2012 - Ultra-tour de la vallée de Chamonix

Les photos officielles par Maindru sur Picasa

Et la trace GPS sur Garmin

Arrivée à Chamonix - samedi 1e Septembre vers 19h après 24h de course