mercredi 2 octobre 2013

UTMB2013 - chapitre 1 - le départ

CHAPITRE 1 - départ

CHAMONIX - 0km - alt 1035m
On passe quelques jours au camping des Arolles pour se mettre dans l'ambiance de Chamonix, son salon du trail bondé, sa queue de 2 heures à la remise des dossards (pour arriver devant une bénévole qui commence par admirer longuement mon buff, puis me regarde longuement d'un air béat, je dois lui demander ce qu'elle veut vérifier comme matériel obligatoire, elle a l'air complètement à la masse, finalement elle regardera vaguement ma lampe frontale et signe le papier magique... c'était bien la peine d'attendre 2h pour ça !), ses rues pleines de trailers déjà en tenue et prêts à en découdre avec les montagnes. Le jeudi soir je prépare mon sac de course, mon sac de décharge, et les sacs de ravito pour Mika.



Le vendredi matin on plie déjà la tente et on quitte les lieux. Il fait grand beau, youpi ! :-) Sieste au soleil, pasta party, sieste sur un lit de camp. 


Vers 15h il faut déposer le sac de décharge au gymnase, on y retrouve Thierry (dossard 963) et son club Crapast avec aussi Hyacinthe (dossard 4724) et Arnaud. 


On rejoint la "ligne" de départ où se massent déjà des centaines de trailers, ça pousse dans tous les sens, on est loin du bel esprit de solidarité. On essaye de s'assoir contre le mur avec Martin (un allemand de Frankfurt) et on écoute le speaker qui essaye de chauffer la foule et de nous faire tous nous tenir la main. Mais on a tous plutôt envie d'être tranquille dans notre bulle. 
Enfin il balance la musique, et les frissons commencent à monter. Combien j'ai pu imaginer ce moment à chaque fois que j'entendais ce morceau, depuis un an, même plusieurs années, et ça y est, j'y suis. Plus rien n'existe autour que cette place du Triangle de l'Amitié, et cette montagne immense qui se dresse devant nous et dont nous allons faire le tour. Tout le tour. Rendez-vous sur cette même place dans une quarantaine d'heures. Sans faute. 10. 9. 8. 7. 6. 5. 4. 3. 2. 1. C'est parti !


CHAMONIX - LES HOUCHES - 7.9km - +118m -145m
Enfin, c'est parti pour les élites, qui s'élancent dans les rues vides qui s'étendent devant eux. 

Pour nous commun des mortels, il faut commencer par essayer de rester debout dans cette marée humaine qui mettra de longues minutes à passer la ligne de départ, en navigant tant bien que mal entre marches et poteaux invisibles entre les milliers de jambes. Quand on peut enfin courir, c'est un soulagement, mais il faut faire attention à ne pas se laisser emporter par l'ambiance de folie, et par la foule, celle des autres coureurs excités qui nous entourent, tous contents d'enfin se délier les jambes, et celle des milliers de spectateurs massés le long du parcours sur plusieurs kilomètres, qui nous encouragent, nous applaudissent comme de vraies stars, du premier au dernier. Et nous proposent des bières, quand on passe devant un bar... D'ailleurs je vois avec surprise que certains coureurs les acceptent, et se descendent une bière en trottinant. Ils le paieront sans doute plus tard.

De mon côté je surveille constamment mon GPS pour garder ma vitesse dans des limites raisonnables (autour de 10-11km/h). Je ralentis aussi Thierry qui se laissait entraîner, Hyacinthe part devant et on le perd. Et on trottine comme ça dans les rues bondées de Chamonix (on réussira à voir Mika placé plus loin pour faire des photos), 


puis sur les 8km de trajet vallonné mais globalement plat jusqu'aux Houches. Quelques petites flaques de boue à éviter, quelques embouteillages quand le sentier se rétrécit ou que la pente se redresse, et en moins d'un heure on est au premier ravitaillement. 

RAVITO 1 - LES HOUCHES - KM7.9 - alt 1012m - 53'28" de course - 30" d'arrêt
C'est la cohue absolue, tout le monde arrive en même temps. Une véritable armée de bénévoles approvisionne les tables pour nous. J'attrape un gobelet jetable d'eau gazeuse tout prêt et repart aussitôt.

LES HOUCHES - LE DELEVRET - 5.9 km - 778m+ - 22m-
Mon but est de ne pas voir passer la montée, et ça se passe bien. Je discute avec Thierry, de trail bien sûr, quelles courses on a faites, comment et combien on s'est entraînés... On y va vraiment facile, et ça passe super bien, alors que tout autour j'entends des souffles courts et je me dis qu'ils forcent trop, trop tôt. Je double dans la montée tant que je peux mais sans jamais forcer. On passe un enclos à cochons, le paysage n'est pas encore fantastique, je me dis que je n'avais pas raté grand chose en passant là de nuit l'an dernier. D'autant plus que les hauts sommets sont cachés par quelques nuages.

On passe 2 ravitos sauvages dans la montée. Le premier à peine 2.5km après celui des Houches, est tenu par des japonais qui nous encouragent en japonais. Je m'y arrête à peine 15", il y a des morceaux de barres céréales, j'en prends 3 en me disant que justement je commençais à avoir faim, et aussi un nounours Haribo, comme Kilian aussi :-) ça fait plusieurs ravitos assez rapprochés, mais ça compense l'impossibilité de s'arrêter dans la cohue des Houches, car ici le peloton est déjà un peu plus étiré par la montée, et beaucoup passent devant ces tables sans s'arrêter.

LE DELEVRET - KM13.8 - ALT 1778m - 2h07'31" de course
Pas de ravito ici, on bascule de l'autre côté.

LE DELEVRET - SAINT-GERVAIS (descente) - 7.2 km - 55m+ - 1001m-
Il fait encore plein jour, et ça change tout ! La descente est beaucoup plus sympa de jour, sans boue, et avec de la visibilité, à comparer avec les rafales de pluie-neige et les glissades sur gadoue de l'an dernier. Je ne reconnais pas du tout le paysage passé de nuit l'an dernier, mais rien raté. Le début de la descente se fait sur cette large piste très très raide, dont je me rappelais. Mais pas de glissade ni de blessure cette année, c'est quand même plus facile quand c'est sec. Et j'y vais très prudemment (ma devise de ce début de course ? "jusqu'à Courmayeur, c'est l'échauffement"). 

On enchaîne ensuite sur un super single, toujours en descente, à travers la forêt et sa bonne odeur d'épines de pin. il est très difficile de doubler mais j'essaye quand même, tout en m'économisant au maximum. En fait il aurait fallu se placer sur la ligne de départ 2h avant pour être sûre de partir bien positionnée et éviter trop de bouchons... Je suis toujours avec Thierry, j'espère qu'on pourra faire la nuit ensemble pour s'aider à la passer. Le single débouche sur une piste plus large et j'en profite pour doubler. Thierry s'arrête à une fontaine / abreuvoir, je ralentis mais il y a la queue et pas envie de devoir re-doubler les mêmes lents, donc je repars sans boire et il me rejoint après. Thierry m'avait annoncé que c'était dur de doubler à cet endroit, mais je ne me rappelais pas avoir eu de problème l'an dernier. 

RAVITO SAINT-GERVAIS - 21km - alt 810m - 3h03'34" de course (vendredi 19h30) - 3'22" de pause
On est accueillis comme les rois du monde par une foule dense et bruyante, génial ! :-D
Mais le ravito est sur-bondé, je me fais bousculer et n'arrive pas à accéder aux tables, je finis par demander à un bénévole de me servir une soupe et de me la passer par-dessus les autres coureurs qui oublient totalement tout politesse pour ne pas perdre une minute de leur temps. Enervant, et en plus totalement stupide et inutile sur une course de plus de 30 heures... Thierry s'est arrêté à l'entrée pour reprendre de l'eau (moi j'en ai encore) et je n'arrive plus à le retrouver. Un gars avec ses bâtons fixés sur le sac pointe en haut m'en met un dans l'oeil en me bousculant, et je ne trouve toujours pas Thierry, donc je préfère m'enfuir de la cohue. Je rattrape le gars avec ses bâtons à l'envers, sur le bitume en sortie de ravito, et je le vois faire exactement le même coup à un autre coureur, du coup je lui dis de faire gaffe et il se rebiffe et me dit que c'est pas sa faute il voit pas dans son dos. Ah... certes... et mettre tes bâtons pointe en bas, t'y as pensé ? Du coup je le dépasse et me casse.

SAINT-GERVAIS - LES CONTAMINES - 9.7 km - 535m+ - 200m- - 1h36
Après une courte traversée du village, on monte vers les Contamines. Il fait de plus en plus sombre mais je repousse le moment de sortir la frontale (pourtant accessible dans ma poche côté de mon sac) le plus tard possible. Tout le monde autour de moi commence à la sortir, mais je voulais attendre d'arriver aux Contamines pour passer en mode nuit. On arrive sur ce pont où des signaleurs nous font descendre sur un petit chemin, l'an dernier je stressais d'avoir raté le ravito (retour aux Contamines) et d'être repartie sur la boucle du signal, mais en fait avec plus de visibilité et surtout plus de lucidité, je me rends compte qu'on ne fait que descendre au bord de l'eau pour traverser la route par en dessous... petit sentier qui descend, dans la forêt, et il fait vraiment noir. Je descend à l'aveugle quelques minutes avant de réaliser qu'il serait vraiment idiot de me blesser bêtement en ne voyant pas un trou ou une branche... je finis donc par me résoudre à sortir ma torche (même pas besoin de m'arrêter), et me rend vite compte que j'étais stupide de pas la sortir avant : je vais d'un coup beaucoup plus vite, quand je vois où je pose les pieds... Puis on remonte très vite en face, au village des Contamines pour le ravito. 

RAVITO LES CONTAMINES - 30.7 km - alt 1170m - 5h00'38" de course (vendredi 21h30) - 16'23" de pause
Je remplis poche à eau et bidon (ou plutôt une bénévole dotée d'un tuyau me remplis tout ce que je lui tends, super sympa et pratique) puis je demande la zone d'assistance et vais y retrouver Mika. C'est le premier ravito avec assistance autorisée, après à peine 30 bornes de course, mais ça fait déjà du bien. 

Du coup j'en profite pour déjà changer de chaussures : j'étais partie avec les Salomon speedcross au cas où il y aurait de la boue sur le Delevret, et je les échange pour les Mizuno bleues avec un meilleur amorti (ça commençait à manquer). Je laisse les lunettes de soleil aussi, et embarque un V shoot pour la nuit au cas où (l'assistance n'est pas autorisée aux Chapieux donc je le prend maintenant). Et enfin je récupère la pochette étanche pour emballer mon téléphone, au cas où pour l'humidité de la nuit. Je me change aussi pour la nuit, j'avais chaud en arrivant alors j'hésitais à enfiler le t-shirt thermique long, mais en sortant il faisait déjà bien frais et j'ai pas regretté de l'avoir mis ! Je mets mon kway à portée de main dans la poche de côté à la place de la frontale qui est maintenant sur ma tête, sinon je sais très bien que j'aurai la flemme de m'arrêter, et je vais continuer à me geler plutôt que de faire l'effort d'enlever mon sac en pleine course pour aller chercher mon kway :-) 

Et après ce petit quart d'heure de pause, c'est reparti pour une longue nuit. Prochain rdv avec Mika aux Chapieux vers 1h du matin (si je tiens mon plan).

LES CONTAMINES - Notre-Dame DE LA GORGE - 3.9 km - 68m+ - 0m-
C'est quasi plat et il faut donc trottiner, mais c'est plutôt agréable, sous le magnifique ciel étoilé. En arrivant sur la route à Notre-Dame de la Gorge le signaleur m'encourage "Allez Carole !" (le prénom est sur le dossard) quand j'arrive vers lui, puis "allez Grenoble !" quand je m'éloigne de l'autre côté (sans doute à cause de la balise UT4M accrochée derrière mon sac en guise de porte-bonheur ^^). L'église est illuminée de bleu, c'est joli, beaucoup de monde est attablé en train de pique-niquer, mais je passe mon chemin très vite.

ND de la GORGE - LA BALME - 4.2 km - 482m+ - 0m- - 
La 2e partie de la section monte un peu plus en direction de la Balme, mais toujours trottinable, en alternance avec de la marche. Le parcours est jusqu'ici similaire à ce qu'on a fait l'an dernier. 

RAVITO LA BALME - 38.8 km - alt 1706m - 6h31'30" de course (vendredi 23h)
La grosse balle lumineuse a laissé place à un tube, je ne risque plus de le prendre pour la pleine lune cette année :) surtout qu'elle n'est plus pleine depuis 10 jours. Un croissant se lève sur notre droite derrière les montagnes. Le feu de joie dehors est beaucoup moins attractif, il fait bon, et je passe très vite le ravito pour repartir dans la montée. Maintenant on entre enfin vraiment en montagne, pour y passer notre première nuit.

A suivre au chapitre 2 !

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