vendredi 10 avril 2015

Grenoble-Vizille 2015 - congélateur

Dossards
Samedi aprem direction la halle Clémenceau au coeur du Parc Mistral pour récupérer les dossards et faire un petit tour des exposants. Je n'y avais pas remis les pieds depuis les dernières 24h de Grenoble (récit toujours à venir...), et avant ça l'UT4M 2014 et l'accompagnement en tant que serre-file avec Olivier du finish triomphal des derniers finishers. Mais aujourd'hui il fait beaucoup moins beau (et moins chaud). Dans la halle on nous propose du biathlon, avec ski de fond statique (en tirant sur des câbles pour simuler le pousser de bâtons) puis tir à la carabine laser (5/5 ! ^^ je tiens ma reconversion?). Je croise aussi Mayou qui vante le TPM, Gilles de Endurance Shop, Eric de Idees-Alpes (grâce à qui j'ai eu un dossard gratuit pour demain, dans le lot offert au TTT), etc. Et retrouve Prunelle et François inscrits à la dernière minute (littéralement) jeudi soir.
Puis retour chez moi avec un mal de crâne assourdissant, de la fièvre, du mal à respirer, bref une bonne vieille crève... Résultat je ne dors quasiment pas de la nuit, je me rendors 5mn avant mon réveil, c'est malin.

Dimanche
Un dimanche de Pâques qui commence dans un congélateur. Je profite de l'avantage d'habiter à 500m du départ, me lève au dernier moment (je serais bien restée dormir en fait), et part en marchant dans mon T-shirt d'ambassadeur UT4M (sur un T-shirt long thermique, pas folle...). J'ai juste le temps de déposer mon sac d'affaires de rechange à l'anneau de vitesse, où je laisse mon sweat à regret, de passer aux toilettes, de retrouver Sylvain, facile dans son costume de lapin rose :-) et on s'aligne dans le sas 1h45-2h. L'entrée dans les sas n'est pas basée sur le temps qu'on prévoit de faire aujourd'hui, mais sur notre meilleure perf déclarée à l'inscription, ou qu'ils ont dans leur base de données. Et comme j'avais fait 1h52 il y a 2 ans... Mais en l'occurrence aujourd'hui je ne pense même pas faire moins de 2h. Il y a pas mal de monde qui court en costume pour célébrer l'anniversaire de la révolution.

Et c'est parti
10, 9, 8.... 2, 1, 0, top chrono. Ah bon ? On n'a toujours pas bougé... On est quelques milliers quand même, et alors que les premiers s'élancent, on est toujours au point mort. Quelques dizaines de secondes plus tard, c'est parti pour nous aussi, d'abord lentement, si lentement que je blague qu'à ce rythme là c'est bon je devrais survivre, puis plus vite quand on s'étale sur le grand boulevard. Et rapidement trop vite. Je commence par essayer de suivre Sylvain, il faut vraiment rester très près pour ne pas être séparés par d'autres coureurs. Mais je trouve le rythme dur, et ma montre confirme qu'on est à 13 à l'heure, ok, je ralentis, et je le perds dans la foule.


Puis c'est Prunelle qui me rattrape, on court ensemble quelques kilomètres à plat ou presque jusqu'au premier ravito, je me force à aller encore un peu vite pour mon état de forme du jour pour la suivre, alors qu'elle m'avait promis que je devrais l'attendre. Quand on se fait doubler par le meneur d'allure pour 2h, elle accélère encore, puis ralentis pour sortir de la foule qui suit le ballon. Mais dès que je m'arrête pour boire et manger quelque chose en espérant me redonner un coup de boost, je la perds elle aussi...

Du coup à partir de là je lance mon iPod et je me remets sur mon rythme, un rythme de début de 24 heures, pas de début de 24km, mais il va falloir faire avec les moyens du jour. En plus ça commence vite à grimper plus sérieusement, et quand on arrive dans une grosse côte, j'essaye d'abord de monter en courant, histoire de ne pas avoir l'air ridicule au milieu de tous ces coureurs qui s'accrochent (mais combien d'entre eux aimeraient bien marcher si seulement quelqu'un d'autre marchait d'abord ?), mais mon coeur s'emballe et je marche. Et en fait je marche aussi vite que le gars à côté de moi trottine. De temps en temps je me remets à courir, et je marche quand ça devient trop dur. L'important c'est d'avancer. Je suis en mode pilote automatique, concentrée sur ma musique.

Puis cette côte se termine, un petit répit, avant qu'une autre commence. Malgré tout je n'arrive désespérément pas à me réchauffer... Je suis littéralement congelée, bonnet vissé sur la tête, buff autour du coup remonté sur le nez, mains cachées dans mes manches, à me demander pourquoi j'ai eu l'idée saugrenue de courir en short au mois d'avril... Autour de moi les tenues sont aussi variées que les coureurs : certains en short et débardeur comme en plein été, d'autres en collant long et polaire comme sur une Saintélyon en pleine nuit de décembre, et tous les intermédiaires, des traileurs avec leur sac sur le dos dont ils tirent une veste coupe-vent que je jalouse, car ce qui nous refroidit le plus à ce moment, c'est bien cette bise glaciale qui souffle sans relâche et semble s'acharner à nous arracher chaque once de chaleur... En plus on arrive au point le plus haut, et le plus exposé je suppose. Par contre à notre droite la vue qui s'ouvre sur le Vercors est juste splendide ! On distingue les falaises enneigées entre les nuages, wow. Je cours avec la tête vissée à droite, à en prendre un torticoli.


Puis je marche. Une fois que tu as commencé à marcher, c'est plus dur de résister. Et puis une fille me rattrape, me tape sur l'épaule et m'encourage à m'accrocher, et je repars en courant, je la distance, remarche, elle me re-rattrape, m'encourage encore une fois, c'est bientôt la descente, alors je puise ce qu'il me reste de motivation pour courir jusqu'en haut. Et effectivement ça redescend, je peux relâcher un peu les jambes, mais avec le froid impossible de les délier complètement, je n'arrive pas à me détendre... Et puis arrive un panneau de lieu-dit "Le Replat" de mauvais augure... et si on n'avait pas fini de grimper ? Effectivement peu de temps après c'est reparti vers le haut, mais heureusement pas longtemps, et la coureuse de tout à l'heure ne me rejoindra plus jamais.

Après ça c'est parti pour la descente, et les kilomètres commencent à défiler un peu plus vite. Les panneaux annoncent "14km avant l'arrivée", et le compte à rebours se poursuit. Le vent nous transperce toujours, même en redescendant. Passage d'une arche à la mi-course en un peu moins d'une heure, pas mal. Ravito, il faut se frayer un chemin entre les fusées qui tiennent absolument à attraper au vol leur verre d'eau quitte à bousculer tout le monde sur leur passage, pour gagner quoi ? 2 secondes ? J'en profite au contraire pour marcher un peu, je rêve de trouver un verre de thé bien chaud... Puis je repars, doublée par Jean-Yves dans un T-shirt UTMB qui me salue mais que je n'ai pas le temps de reconnaître. Toujours congelée, je compte les kilomètres avant de pouvoir me mettre au chaud. J'ai renoncé à faire moins de 2h (pas que j'y aie jamais cru très fort de toutes façons), et vise totalement au hasard de faire 2h07, comme mon n° de dossard la semaine prochaine.

7km avant l'arrivée, mal au ventre pour la 1e fois, à cette vitesse ça ira bien, en plus c'est plat maintenant. 6km avant l'arrivée. On est au bord de ce ruisseau où on avait croisé de nombreux pêcheurs il y a deux ans. Aujourd'hui il fait bien trop froid pour eux, même si ça commence à se réchauffer imperceptiblement avec la perte d' "altitude". Tout est relatif bien sûr, le dénivelé total approchait les 300m, une broutille en temps normal.  5km avant l'arrivée, un groupe joue "Les copains d'abord" sur le bord de la route, ça me donne un coup de boost. 4km avant l'arrivée, on se fait doubler par une ambulance qu'on retrouve un peu plus loin s'occupant d'un coureur roulé dans une couverture de survie. Un peu plus tôt j'avais bien cru finir comme ça moi aussi. 3km avant l'arrivée, un ravito, je ralentis puis renonce à m'arrêter, la flemme de me faire encore bousculer. 2km avant l'arrivée, une bénévole avec un grand sourire appuyée au panneau, je me dis qu'il est temps d'accélérer un peu, mais paf, hypoglycémie. Bon, je vais re-ralentir alors... Aucune idée de l'heure, je n'ai pas regardé ma montre depuis des siècles, cachée au chaud sous la manche de mon T-shirt tirée par-dessus ma main.

Puis on entre dans le parc du château de Vizille, tout le monde accélère, moi aussi, mais très doucement. Panneau 1km, cascade au bout du parc, on traverse le pont, on revient de l'autre côté, on ressort du parc (?), on passe une première arche, puis on passe les tapis de chronométrage et on termine dans une aire d'arrivée à l'extérieur.


Arrivée
C'est le bordel complet, des centaines de coureurs terminent en même temps et se bousculent dans tous les sens. On est dirigés comme un troupeau de sardines entre des barrières, d'abord vers les bénévoles qui récupèrent nos puces, puis des centaines de mètres plus loin, marchés au ralenti dans la cohue, vers un ravito où je retrouve Sylvain qui a fini une dizaine de minutes plus tôt. Il a eu chaud, lui, dans son costume de lapin rose. Alors que moi je me refroidis sérieusement et j'attends avec impatience mon sac de rechange et l'entrée dans le gymnase chauffé. Mais au lieu de ça un obstacle de taille nous attend, il faut sortir de la cour dans laquelle on se trouve, et il y a une seule petite porte ouverte sur l'extérieur, par laquelle des personnes se faufilent aussi en sens inverse... Autant dire qu'on a mis un moment à sortir. Et là, enfin, le graal, nos sacs étalés par terre derrière une barrière, et un peu plus loin le gymnase. On se dépêche d'aller se changer, puis Sylvain rentre (à pieds) pendant que je me fais craquer le dos par un étiopathe (non, je ne savais pas non plus ce que c'était, mais apparemment ils savent tout soigner, des maux de ventre et de tête aux entorses, tendinites et autres douleurs musculaires, c'est magique n'est-ce-pas ? :-D ). En ressortant je croise Franck de SMAG qui a fini depuis bien longtemps :-) Après ça dernière épreuve : le bus. Il y a une queue gigantesque (en extérieur bien sûr) de centaines de coureurs, et pas un bus à l'horizon. Je suis toujours en short... je retrouve Christophe des samedis du jogging du GUC, on est tous congelés, mais heureusement on voit bientôt arriver un, puis 2, puis 4 bus vides, et à 13h on peut enfin monter au chaud. Il nous dépose à l'opposé du parc Mistral 1h plus tard, et retour à pieds, douche chaude, repas chaud, et sieste tout l'aprem.

Conclusion
Faut pas courir avec la crève :-D
Heureusement je suis complètement guérie pour courir demain. Et en plus à Toulouse le printemps est à l'heure.






























Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire